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avons des cours absolument effarants, des cours hitlériens et nazis, que nous pouvons lire depuis
peu de temps. Ni Lévinas ni Foucault ne connaissaient ces cours. Donc, à cet égard, par rapport
à ce que disait Alain Finkielkraut, je lui dirais que ce n'est pas le passé que nous regardons mais
c'est le présent et notre futur. C'est-à-dire, le risque c'est de se demander quelle sera l'influence
de ces écrits actuellement en cours de parution alors même qu'ils vantent l'anéantissement total
de l'ennemi "enté sur les racines du peuple". C'est quand même terrible. En 1934 Heidegger
parle de la völlige Vernichtung soit d'anéantir totalement l'ennemi intérieur, "le débusquer dans
le peuple".
Nous avons donc un ensemble de textes non encore traduits en français et c'est pour cela que
dans mes recherches j'ai voulu donner à lire ces textes. J'ai un travail qui a duré de longues
années et c'est pourquoi lorsque j'entends parler de paresse intellectuelle je peux sourire parce
qu'il m'a fallu travailler quinze heures par jour, au milieu de mes séminaires sur Heidegger
donnés à l'Université Paris X pour sortir ces textes. Alors que voyons-nous aujourd'hui? Nous
voyons que, à mon avis, on ne peut plus dire, comme on pouvait peut-être encore le dire ily a
20 ans, qu'il y a un grand philosophe qui aurait écrit une oeuvre majeure, en 27, Etre et temps,
pour ensuite se compromettre en 33. Je dirais plutôt qu'il y a un homme qui a volontairement
tenté de compromettre toute la philosophie occidentale tout d'abord en exprimant, sous des
termes d'apparence philosophique comme "vérité de l'être" ou "essence de l'homme" un contenu
qui ne l'était pas. Et ensuite après la défaite nazie de 45 en faisant comme si toute la
métaphysique occidentale était responsable de ce qui s'était produit de pire au 20° siècle.
Or la question maintenant est de savoir, et c'est d'autant plus important que ce texte, pour la
première fois est au programme de l'agrégation pour l'an prochain, est de savoir si Etre et temps
est une grande oeuvre indemne qui n'aurait rien de politique. En réalité lorsqu'on lit déjà dans
Etre et temps les paragraphes sur la mort et l'historicité avec leur éloge du sacrifice du choix
des héros du destin authentique du Dasein dans la Volksgemeinschaft - dans la communauté du
peuple - et lorsqu'on sait par ailleurs, comme je l'ai montré dans mon livre les liens noués dans
les années vingt par Heidegger avec des auteurs pré-nazis comme Baeumler qu'il veut faire en
28 son successeur à Marbourg, ou Rothacker ou Becker cela donne à penser que l'analytique
existentielle de Etre et temps se meut déjà dans l'horizon d'un combat politique lié à la montée
en puissance du mouvement hitlérien dans la société allemande. Or, en 33, dans les cours que
nous pouvons lire depuis 3 ou 4 ans, en allemand, Heidegger lui-même affirme à ses étudiants,
je cite que "le souci - le souci c'est le terme essentiel de Etre et temps - le souci et la condition