AC14-VSTM-01
Avis du CPM et CJV 3 École Saint-Gérard
ANALYSE DU PROJET
Le CPM et le CJV ont reçu les représentants de l’arrondissement Villeray – Saint-Michel – Parc-Extension, de la CSDM
et de la firme d’architectes responsable du projet de remplacement, lors de sa réunion du 16 mai 2014.
L’arrondissement a tout d’abord présenté l’école Saint-Gérard et son contexte, une synthèse de l’énoncé d’intérêt
patrimonial et les implications du projet sur le plan réglementaire. La CSDM a également fait état de l’historique du
dossier dans le contexte plus général de la problématique de contamination fongique des édifices scolaires. Le parti
architectural pour le projet de remplacement de l’école a ensuite été présenté. La période de questions et de
discussion qui a suivi a surtout porté sur les expertises techniques réalisées, leurs conclusions et recommandations
respectives et les motifs qui justifient la démolition complète de l’école aux yeux de la CSDM.
La problématique de contamination par moisissures des édifices scolaires a fait l’objet d’une grande couverture
médiatique depuis les dernières années, révélant l’étendue du défi auquel se voit confrontée la CSDM dans la gestion
du son portefeuille immobilier. C’est par le biais du cas de l’école Saint-Gérard que le CPM et le CJV sont appelés pour
une première fois à se prononcer sur cet enjeu qui affecte plusieurs autres édifices patrimoniaux appartenant à la
CSDM. Les comités en reconnaissent la nature extrêmement complexe et sensible. Il reconnaît par ailleurs qu’étant
donné ses implications pour le bien-être des occupants, et en particulier des enfants, l’enjeu de la contamination
fongique et de la meilleure réponse à privilégier ont soulevé un débat très chargé sur le plan émotif et politique. Les
comités sont aussi sensibles au sentiment d’urgence que certains ressentent en lien avec le retour des enfants dans
leur milieu.Bien qu’ils admettent la gravité du problème et la nécessité de lui trouver rapidement des solutions sûres
et durables, plusieurs considérations l’empêchent néanmoins d’appuyer la démolition de l’école Saint-Gérard, dont la
décision lui paraît prématurée.
D’une part, comme l’a souligné elle-même la CSDM, les connaissances relatives à la contamination fongique des
bâtiments constituent encore pour l’instant une science inexacte et en évolution, dont témoigne la grande variation
dans les méthodologies d’analyse, l’interprétation des résultats et les traitements recommandés par les études
réalisées à ce jour pour l’école Saint-Gérard. Contrairement au traitement de l’amiante, il n’existe à l’heure actuelle
aucun protocole précis (autre que le
Protocole de New York
), ni de balises établies, ni seuil de tolérance clair quant
aux niveaux de contamination fongique qui peuvent être tolérés.
D’autre part, l’interprétation architecturale des résultats scientifiques paraît encore défaillante à bien des égards, et on
n’a pas fait de démonstration convaincante aux comités que l’ensemble des traitements possibles avait été exploré et
invalidé. Quelle serait la performance d’alternatives telles que l’encapsulation des murs, une ventilation mécanique ou
le traitement de l’air ambiant de l’école Saint-Gérard ? La CSDM a pourtant entamé plusieurs démarches exploratoires
prometteuses dont elle lui a fait part, en collaboration avec l’Université Laval, dont une consultation d’experts
internationaux en matière de qualité de l’air et un examen des approches et solutions mises en œuvre dans d’autres
pays confrontés à l’enjeu de contamination fongique d’édifices patrimoniaux. Les comités souhaitent exprimer son
appui à la CSDM en vue de poursuivre ces démarches, dont il sera intéressé à connaître les résultats.
Par ailleurs, la CSDM a fait référence à la publication imminente d’un dossier par le comité national constitué pour
examiner cette problématique (celui-ci devait être déposé en janvier 2014). Elle a également évoqué un audit récent
de la Direction de la Santé publique par des experts internationaux, dont les résultats ne sont pas encore connus de la
CSDM. Ces exercices contribueront certainement à étayer les connaissances en matière de contamination et
d’assainissement des bâtiments et à permettre une prise de décision plus solide quant aux approches à privilégier pour
réagir à cette problématique.