LA MAÎTRISE DE L’ÉNERGIE_AUTOMNE 2015 7
En entrant dans l’édifice Victoria, l’effet est
frappant. Le hall monumental, avec ses grandes
portes de bois vitrées et son imposte en forme d’arc,
rappelle cette époque révolue où l’on construisait
de façon massive et durable. Puis, c’est la richesse
des matériaux qui frappe: lambris, planchers de
bois franc et moulures imposantes. On croirait
entrer dans une luxueuse résidence, mais en
fait nous nous trouvons à l’École des métiers de
la restauration et du tourisme de Montréal. Le
bâtiment patrimonial, appartenant à la Commission
scolaire de Montréal (CSDM), a été l’objet d’un
projet de réhabilitation majeur et vient tout juste
de recevoir la certification LEED Argent. Situé
au centre-ville de Montréal, il est l’une des rares
écoles de la métropole ayant survécu au 19
e
siècle. Retour sur un projet unique et ambitieux.
LA CONSERVATION DES BÂTIMENTS
PATRIMONIAUX: UN DÉFI DE TAILLE
UN BÂTIMENT AU RICHE PATRIMOINE HISTORIQUE
Avant le début du 19e siècle, au Québec, il n’existait pas de véritable
système d’éducation organisé. Bien que l’Église ait mis en place quelques
institutions scolaires gérées par des communautés religieuses, il faudra
attendre la deuxième moitié du 19e siècle pour que le système scolaire
québécois, tel qu’on le connaît aujourd’hui, voie le jour. La création des
deux commissions scolaires, catholique et protestante, entraîne alors
l’édication de plusieurs écoles. Les nombreux projets de construction se
feront à un rythme accéléré, au point de devenir l’objet de rivalité entre les
communautés anglophone et francophone qui s’identient à l’architecture
de leurs bâtiments.
L’école protestante, érigée en 1887 sur la rue Saint-Luke (aujourd’hui devenue
le boulevard de Maisonneuve), est nommée Victoria en l’honneur de la
Reine Victoria, en visite au Canada cette année-là. Conçue par l’architecte
Alexander Francis Dunlop, elle ouvre ses portes le 1er septembre 1888.
Jusque dans les années 1960, elle orira l’éducation de niveau primaire à
la clientèle anglophone protestante du quartier.
Au début des années 1960, le Québec connaît une vague de réformes
politiques qui engendrent des bouleversements sociaux importants. Dans
la foulée de ces événements, plusieurs parents protestants considèrent
l’importance de l’apprentissage du français pour assurer la réussite de
leurs enfants dans le Québec moderne. En 1962, l’école Victoria devient
Par Benoît Paillé, ing., CEM, Chargé de projets - Efficacité énergétique, systèmes mécaniques et gestion de l’énergie //
COMMISSION SCOLAIRE DE MONTRÉAL
L’école Victoria après
sa restauration