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Bulletin Infirmier du Cancer Vol.13-n°3-juillet-août-septembre 2013
Compte rendu de congs
e 28 mars 2013 s’est déroulé le 2ecolloque inter-
sociétés savantes (Association francophone pour
les soins oncologiques de support [AFSOS],
Société française d’étude et de traitement de la douleur
[SFETD], Société fraaise d’accompagnement et de soins
palliatifs [SFAP], Société française de psycho-oncologie
[SFPO]) de la clinique de l’incertitude à l’auditorium
de l’pital européen Georges Pompidou à Paris, regrou-
pant environ 150 personnes.
L’incertitude peut se finir comme la limite de la
certitude des sciences. La science diminue la zone de
l’ignorance mais lorsqu’il y a échec thérapeutique, il faut
retrouver un équilibre, accepter l’incertitude et rétablir
la confiance.
Malheureusement, dans notre société, l’incertitude
est perçue de façon négative.
Pourtant, un des moteurs de la médecine est le doute
et il est créatif.
Un premier colloque a eu lieu en 2011 ; le but de
cette clinique est de s’orienter vers une compétence de
l’incertitude, de faire émerger la conscience et d’être en
relation avec l’autre.
Les thèmes suivants ont été abordés, mais il est pos-
sible de retrouver le compte-rendu détailde cette jour-
née sur le site : « cliniquedelincertitude.fr »
Interdisciplinarité
Le Dr Derniaux, vice-président de la SFAP a ensuite
abordé l’interdisciplinarité, le rôle de chacun est déli-
mité dans son savoir et sa compétence qui ne sont pas
interchangeables.
Mais cela nécessite de prendre en compte différentes
problématiques :
le trio patient-maladie-soignant,
comment faire pour inclure la famille et les
proches ?
la réalité financière,
et de redéfinir les soins comme une association du
savoir, de léchange, et de laccompagnement dont
l’écoute est le garant du lien.
Il est nécessaire de se comprendre, de travailler
ensemble et daccepter de « perdre » (échec des traitements).
Une phrase de Daniel Mermet devrait être une évi-
dence pour tout soignant : « Faire pour les autres, sans
les autres, c’est faire contre les autres ».
La clinique
de lincertitude
« Faire pour les autres, sans les autres,
cest faire contre les autres »
Daniel Mermet
L
Sylvie Persem
Infirmière libérale à Pau
Compte rendu congrès n°3-2013 :nouvelles AFIC n°1vol5 19/11/13 18:52 Page91
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Compte rendu de congs
Dans les secteurs où la mort est proche, il est
conseillé de ne pas banaliser, ni de mystifier, mais de
s’adapter à la réalité de l’autre et non à ses propres
convictions.
Notre pratique est axée sur les protocoles et nous
avons un problème de rentabilité : il arrive même qu’une
infirmre qui reste longtemps dans une chambre de
patient, puisse être considérée comme « inactive » même
par ses propres collègues…
L’interdisciplinarinous permet de « tenir » ensemble
et de poursuivre des actions de soins jusqu’au bout, mais
elle demande énergie et temps.
Les malentendus
transculturels
de l’incertitude
Mme Moro, professeur en dopsychiatrie et eth-
nopsychiatrie, a abordé cette clinique par l’approche
des différences culturelles et de langages.
L’incertitude est un processus intellectuel qui est dif-
férent de l’insécurité qui est du domaine de l’émotion-
nel. L’incertitude peut être due à un problème de langue
qui même avec l’intermédiaire dun traducteur, peut
entraîner un malentendu.
Deux thèmes sont très difficiles à la traduction :
le rapport au sacré, à la religion, et le rapport à la
sexualité.
Mme Moro suggère de sortir de la dimension néga-
tive de la différence et de ne pas considérer que notre
théorie est la seule possible.
Il est nécessaire de tolérer l’incertitude et cette incer-
titude devient créative.
Les dispositifs traitant
de l’incertitude
Les réunions de mortalité
et de morbidité (RMM)
Elles se finissent comme une analyse collective
rétrospective et systémique de cas marqués par la sur-
venue d’un cès, d’une complication ou d’un événe-
ment qui aurait pu causer un dommage à un patient. Ces
réunions sont bien-sûr soumises au secret profession-
nel et abordent entre autres les différences entre les effets
secondaires qui sont pris en compte par les decins
et les effets insirables qui sont ressentis par les patients.
Les comités de retour
d’expérience (CREX)
C’est l’analyse collective et systémique d’événements
sources de dysfonctionnement, sans nécessairement de
conséquence sur le patient.
Les réunions de concertation
pluridisciplinaire (RCP)
Elles permettent la concertation pluriprofessionnelle
et pluridisciplinaire autour des dossiers difficiles de patients
atteints de maladies graves quel que soit le stade évolutif.
Leur but est de travailler ensemble avec chacun ses
spécialités et ses compétences.
Tous ces dispositifs sont des lieux de débats sur l’in-
certitude.
Le début d’après-midi a été agrémenté d’une inter-
vention théâtrale sur les réunions pluridisciplinaires par
la Compagnie « Inédit Théâtre de Strasbourg » qui a fait
sourire et rire, et chacun y a retrouvé du vécu !
La dernière partie s’intitulait « Jeu cessaire entre
théorie et pratique » et faisait constater qu’il existe une
importante disparité entre les recommandations de
bonnes pratiques et le terrain.
L’incertitude est liée au passage de la réflexion à l’ac-
tion.
Le progrès crée de nouveaux problèmes.
Au XIXesiècle, il y a eu de nombreuses découvertes
qui ont donné des certitudes. Au XXe, il y a eu des doutes
et au XXIesiècle apparaît l’incertitude.
En conclusion, il apparaît que l’incertitude est une
donnée fondamentale.
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