L’expansion coloniale française aux XIX et XX
es
siècles
Après un temps d'arrêt qui dura jusque vers 1880, la pénétration du Soudan occidental recommença, la conquête
et la pacification allant souvent de pair avec l'exploration. Elle se fit en partant à la fois de la colonie du Sénégal
et des comptoirs établis sur la côte du golfe de Guinée. Les missions envoyées du Sénégal parvinrent, en dépit de
la résistance acharnée de certains potentats locaux, jusque sur le cours supérieur du Niger (1880-1893), puis les
Français entrèrent à Tombouctou, tête de ligne des caravanes à destination du Maghreb (1893). La pacification
des régions situées dans la boucle du Niger fut effectuée un peu plus tard, après la destruction de l'empire
musulman qu'avait fondé un chef noir, Samory (1898). La progression, à partir des côtes du golfe de Guinée, fut
relativement aisée dans l'arrière-pays de la Guinée et de la Côte d'Ivoire (1887-1889), mais elle nécessita de
vigoureux efforts militaires au Dahomey; il fallut envoyer des forces importantes pour vaincre le puissant roi de
ce pays, Behanzin (1892).
La fondation du Congo français, en Afrique équatoriale, fut due à Savorgnan de Brazza, qui agit d'abord à titre
privé (1875-1878), puis en tant que chargé de missions officielles (1879-1880). Brazza fit passer le Gabon et le
Moyen Congo sous la domination de la France, sans coup férir et en gagnant la confiance des indigènes par son
comportement loyal. Au contraire, la pénétration dans la région du Tchad se révéla très difficile. Elle ne
s'acheva, en fait, qu'en 1900, quand trois missions venues de l'Algérie, du Soudan et du Moyen Congo eurent fait
leur jonction et eurent détruit l'empire noir établi par un émule de Samory, le féroce marchand d'esclaves Rabah.
L'Afrique orientale. Madagascar
Alors qu'elle s'est formé un vaste empire dans la partie occidentale de l'Afrique Noire, la France ne s'est guère
manifestée en Afrique orientale où
l'Angleterre et l'Allemagne se sont
taillé les meilleures parts. La seule
occupation française dans ces régions
fut, au débouché de la mer Rouge sur
l'océan Indien, celle d'un petit
territoire sur la côte des Somalis. Le
port d'Obock (1862), puis celui de
Djibouti (1892) y furent fondés et
équipés pour servir d'escales sur la
route des Indes et de voies d'accès
vers l'empire d'Ethiopie.
Exclue d'Afrique orientale, la France a
trouvé une appréciable compensation
dans l'annexion de la grande île de
Madagascar, séparée de l'Afrique
australe par le canal de Mozambique.
Cette annexion, qui se fit en 1896,
apparut comme la conclusion logique
d'une longue histoire.
Les Français avaient pris pied à
Madagascar dès le XVlIe siècle. Puis
ils avaient engagé, dans la première
moitié du XIXe siècle, une lutte
d'influence avec les Anglais: Français
et Anglais s'étaient disputé - avec des
chances alternées - la faveur des
souverains hovas, maîtres des hauts
plateaux de l'île. Une première
intervention française, en 1884,
aboutit à la signature d'un traité - assez
vague - de protectorat. L'insuffisance
même de ce traité et de nouvelles
crises provoquèrent, en 1895, une
autre intervention militaire, beaucoup
plus énergique. Un traité plus strict de
protectorat fut imposé au souverain
hova, puis, dès 1896, l'annexion pure
et simple de l'île fut proclamée. La
pacification, l'organisation et la mise