L S4 facolo 02-Malet et Isaac, 1961, 06p

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L’expansion coloniale française aux XIX et XXes siècles
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L'EXPANSION COLONIALE FRANÇAISE
AUX XIX ET XXes SIECLES
cours de Malet et Isaac - "La naissance du monde moderne" (1961)
LDH Toulon
Le domaine colonial français
Comparé au domaine anglais contemporain, le domaine colonial français restait bien limité en 1850. Il
comprenait : 1° les débris de l'ancien empire colonial, c'est-à-dire Saint-Pierre et Miquelon, la Guadeloupe, la
Martinique et la Guyane, en Amérique; les comptoirs du Sénégal, en Afrique; l'île de la Réunion, dans l'océan
Indien ; les cinq comptoirs hindous, en Asie ; 2° les acquisitions de la Monarchie de Juillet : l'Algérie, les
comptoirs de la Côte d'Ivoire et du Gabon, Mayotte et Nossi-Bé - aux abords de Madagascar -, quelques îles du
Pacifique, dont Tahiti.
Soixante-quatre ans plus tard, en 1914, l'empire colonial français,
s'il était toujours moins vaste que l'empire anglais, n'en
comprenait pas moins d'immenses possessions en Afrique du Nord
et en Afrique Noire, ainsi qu'un bloc cohérent et riche de
territoires en Indochine, sans compter des îles ou des archipels
océaniens, et divers établissements dispersés.
La politique coloniale française jusqu'à 1880
Quatre périodes successives peuvent être distinguées dans
l'évolution de la politique coloniale française entre 1852 et 1914;
De 1852 à 1860, le gouvernement impérial fit preuve d'un large
esprit d'entreprise, sous l'impulsion des marins- soucieux d'établir
des points d'escale – et des missionnaires catholiques - désireux
d'assurer le plus grand succès possible à leur oeuvre
d'évangélisation. D'autres problèmes - difficultés européennes ou
expédition du Mexique - détournèrent, par la suite, plus ou moins
Napoléon III des questions coloniales. Cependant l'expansion ne
cessa pas, grâce aux initiatives de certains administrateurs
locaux, le commandant du génie Faidherbe au Sénégal, les
amiraux qui gouvernaient la Cochinchine.
Après sa défaite de 1871, la France traversa, dans le domaine
colonial comme sur le plan de la politique internationale, une
période de « recueillement», qui se prolongea jusque vers 1880. Il
y eut moins d'initiatives gouvernementales encore que de 1860 à
1870. On conserva ce qu'on possédait; on n'acquit à peu près rien.
Une quatrième période commença à ce moment. Elle comporta
d'abord des initiatives privées : ainsi les missions de Savorgnan de Brazza. Puis les républicains, satisfaits d'avoir
enfin établi solidement la République, se lancèrent délibérément dans la voie, alors toute nouvelle, de
l'impérialisme.
L'essor de l'impérialisme français (1880-1885)
Le premier entre tous les dirigeants de la IIIème République, Gambetta osa rompre avec la politique de
recueillement. Il mit son influence et son prestige au service de l'action coloniale ; il fut le véritable inspirateur
de l'expédition française en Tunisie qui aboutit à l'occupation de ce pays (1881). Jules Ferry, soucieux par-dessus
tout de politique intérieure, se montra d'abord plus réservé et ne suivit qu'avec hésitation Gambetta, mais il
devint bientôt, à son tour, un partisan ardent de l'expansion; par son initiative et grâce à sa ténacité, le domaine
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français s'agrandit, entre 1883 et 1885, de l'Annam et du Tonkin, en même temps que l'occupation ou la conquête
du Congo, du Soudan et de Madagascar était amorcée. Ferry, par ailleurs, fut le principal théoricien de
l'impérialisme français; il fut le premier à en dégager les principes fondamentaux et les buts essentiels.
La politique coloniale, telle que Gambetta et Ferry la conçurent ou la pratiquèrent après 1880, fut combattue à la
fois par les royalistes et par les radicaux, qui suivaient Clemenceau. Le principal argument des adversaires de
l'expansion était à ce moment l'argument national: une pareille politique. Disaient-ils, mettait ,la France hors
d'état d'agir sur le continent européen; elle risquait surtout de faire oublier aux Français ce qui devait rester leur
souci essentiel: la reprise de l'Alsace et de la Lorraine.
La politique coloniale après 1885
L'opposition à la politique d'expansion persista après la chute de Ferry (1885}. Elle fut dès lors conduite surtout
par les socialistes, adversaires par principe du «colonialisme», dans lequel ils voyaient un intolérable moyen
d'oppression ; leur principal porte-parole fut, à partir de 1900, le grand orateur Jaurès: il ne cessa de dénoncer
avec vigueur, à la tribune de la Chambre comme dans ses articles de L 'Humanité, les « louches spéculations
financières» qui se tramaient, disait-il, derrière les diverses
entreprises de colonisation.
Cependant, en dépit de cette opposition, la politique coloniale
resta entreprenante et de nouveaux résultats substantiels furent
obtenus tant en Afrique qu'à Madagascar et en Extrême-Orient,
de 1890 à 1914. La présence fréquente dans les gouvernements
d'anciens collaborateurs de Ferry explique en partie cette
persévérance. D'autre part les gouvernements furent encouragés
et soutenus par le revirement de l'opinion publique. Longtemps
indifférente aux questions coloniales ou même hostile aux
expéditions, celle-ci s'y montra en effet plus favorable à partir
du moment où la colonisation commença à se révéler payante.
La constitution d'une armée coloniale de métier (1900) fit aussi
disparaître la crainte qu'on avait de voir les appelés du
contingent participer à des campagnes outre-mer.
Les Français en Afrique. Algérie et Tunisie
L'Afrique a été, de 1850 à 1914, le domaine principal de la
colonisation française. Un effort vigoureux y a été poursuivi
dans toutes les directions à partir des bases ou des comptoirs
que la France y possédait déjà. Les trois grands secteurs de cette
politique africaine ont été : l'Afrique du Nord et le Sahara;
l'Afrique Noire; Madagascar .
La conquête de l'Algérie était à peu près terminée en 1850. Il
restait cependant à soumettre les montagnards des Kabylies : ce fut fait dès 1857. Il restait aussi à assurer la
sécurité des confins algériens du Sud, sans cesse menacés par les pillards sahariens : les oasis du nord du Sahara
Laghouat,
Ouargla, Touggourt
- furent occupées
progressivement de
1852 à 1860. La
possession
de
l'Algérie une fois
assurée,
une
nouvelle tâche se
proposa
aux
dirigeants français :
garantir la présence
française
en
Algérie en étendant
l'influence ou la
domination
françaises sur les
pays limitrophes :
la
Tunisie,
le
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Maroc, le Sahara central et méridional. Différée de 1860 à 1879, cette tâche fut inaugurée après l'arrivée au
pouvoir des républicains, en 1880 ; elle était à peu près achevée en 1912, à la veille de la Grande Guerre.
La question de Tunisie fut posée et résolue la première. La Tunisie était un État vassal de la Turquie, qui avait
pour souverain un bey. Les Français y exerçaient une forte influence, mais s'y heurtaient à la résistance d'une
nombreuse colonie italienne, fermement soutenue par le gouvernement italien. En 1881, la situation devint telle
que, sur les instances de Gambetta, Jules Ferry, alors président du Conseil, se décida à agir. Les incessantes
pilleries commises à la frontière algérienne par des tribus tunisiennes, les Kroumirs, servirent de prétexte à
l'entrée des troupes françaises en Tunisie (avril 1881). Le bey n'essaya pas de résister; il signa le traité du Bardo
qui plaçait la Tunisie sous le protectorat de la France (12 mai 1881)
Le Sahara et le Maroc
Après la Tunisie, l'expansion française au Maghreb a visé
le Sahara algérien, dont l'occupation devait assurer à la fois
la sécurité de l'Algérie vers le Sud et la liaison avec les
nouvelles colonies de l'Afrique Noire. On occupa dès 1882
Aïn-Sefra et les oasis du Mzab, puis il y eut, pendant vingt
ans, un temps d'arrêt. Les opérations décisives eurent lieu à
partir de 1900.
On prit possession des oasis du Touat (1901), puis de
celles du Hoggar, en plein cœur du désert saharien. La
police du désert fut assurée par l'organisation de
compagnies indigènes de « méharistes».
La situation du Maroc, qui flanque l'Algérie à l'ouest
comme la Tunisie le fait à l'est, explique que tôt ou tard les
Français devaient chercher à y établir leur influence.
Envisagée à plusieurs reprises depuis 1840, la pénétration
française avait cependant toujours été différée soit par
crainte de complications internationales, soit parce que des
sultans énergiques avaient réussi à maintenir un calme au
moins relatif. L'intervention française ne fut, en fait,
décidée que lorsque l'incapacité d'un nouveau sultan, Abdul Aziz, eut fait renaître l'anarchie et que des empiétements
étrangers purent être redoutés (1896). Contrairement à ce
qui s'était passé pour la Tunisie, l'entreprise apparut tout de
suite très difficile par suite de la nature montagneuse du
pays, de la valeur guerrière de ses habitants et surtout de
l'opposition que fit aux tentatives françaises l'empereur allemand Guillaume II. La signature d'un accord francoallemand sur le Maroc n'intervint qu'en 1911. Le protectorat français sur ce pays fut aussitôt proclamé (1912). Il
ne resta plus dès lors qu'à assurer militairement la pacification
des régions dissidentes. Le général Lyautey, qui avait fait ses
preuves au Tonkin et à Madagascar, en fut chargé. Dès avant la
fin de 1912, la capitale du Sud, Marrakech, était occupée; en
1914, la prise de possession de Taza, aux confins algéromarocains, assurait la liaison avec l'Algérie.
L'Afrique Noire
L'expansion française en Afrique Noire reçut une impulsion
décisive dès le Second Empire, grâce à l'action de Faidherbe au
Sénégal. Nommé en 1854 gouverneur des comptoirs français de
la région, celui-ci entreprit en effet aussitôt de transformer ces
comptoirs en colonie, en conquérant leur arrière-pays; il sut aussi
trouver les modes de conquête et de colonisation appropriés à ce
nouveau champ d'action. En 1865- année du départ définitif de
Faidherbe - le Sénégal s'étendait jusqu'au cours supérieur du
fleuve dont il porte le nom; son commerce – la traite des
arachides- avait triplé ; des missions d'exploration avaient été
envoyées plus loin encore vers l'intérieur, en direction du Niger
supérieur.
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Après un temps d'arrêt qui dura jusque vers 1880, la pénétration du Soudan occidental recommença, la conquête
et la pacification allant souvent de pair avec l'exploration. Elle se fit en partant à la fois de la colonie du Sénégal
et des comptoirs établis sur la côte du golfe de Guinée. Les missions envoyées du Sénégal parvinrent, en dépit de
la résistance acharnée de certains potentats locaux, jusque sur le cours supérieur du Niger (1880-1893), puis les
Français entrèrent à Tombouctou, tête de ligne des caravanes à destination du Maghreb (1893). La pacification
des régions situées dans la boucle du Niger fut effectuée un peu plus tard, après la destruction de l'empire
musulman qu'avait fondé un chef noir, Samory (1898). La progression, à partir des côtes du golfe de Guinée, fut
relativement aisée dans l'arrière-pays de la Guinée et de la Côte d'Ivoire (1887-1889), mais elle nécessita de
vigoureux efforts militaires au Dahomey; il fallut envoyer des forces importantes pour vaincre le puissant roi de
ce pays, Behanzin (1892).
La fondation du Congo français, en Afrique équatoriale, fut due à Savorgnan de Brazza, qui agit d'abord à titre
privé (1875-1878), puis en tant que chargé de missions officielles (1879-1880). Brazza fit passer le Gabon et le
Moyen Congo sous la domination de la France, sans coup férir et en gagnant la confiance des indigènes par son
comportement loyal. Au contraire, la pénétration dans la région du Tchad se révéla très difficile. Elle ne
s'acheva, en fait, qu'en 1900, quand trois missions venues de l'Algérie, du Soudan et du Moyen Congo eurent fait
leur jonction et eurent détruit l'empire noir établi par un émule de Samory, le féroce marchand d'esclaves Rabah.
L'Afrique orientale. Madagascar
Alors qu'elle s'est formé un vaste empire dans la partie occidentale de l'Afrique Noire, la France ne s'est guère
manifestée en Afrique orientale où
l'Angleterre et l'Allemagne se sont
taillé les meilleures parts. La seule
occupation française dans ces régions
fut, au débouché de la mer Rouge sur
l'océan Indien, celle d'un petit
territoire sur la côte des Somalis. Le
port d'Obock (1862), puis celui de
Djibouti (1892) y furent fondés et
équipés pour servir d'escales sur la
route des Indes et de voies d'accès
vers l'empire d'Ethiopie.
Exclue d'Afrique orientale, la France a
trouvé une appréciable compensation
dans l'annexion de la grande île de
Madagascar, séparée de l'Afrique
australe par le canal de Mozambique.
Cette annexion, qui se fit en 1896,
apparut comme la conclusion logique
d'une longue histoire.
Les Français avaient pris pied à
Madagascar dès le XVlIe siècle. Puis
ils avaient engagé, dans la première
moitié du XIXe siècle, une lutte
d'influence avec les Anglais: Français
et Anglais s'étaient disputé - avec des
chances alternées - la faveur des
souverains hovas, maîtres des hauts
plateaux de l'île. Une première
intervention française, en 1884,
aboutit à la signature d'un traité - assez
vague - de protectorat. L'insuffisance
même de ce traité et de nouvelles
crises provoquèrent, en 1895, une
autre intervention militaire, beaucoup
plus énergique. Un traité plus strict de
protectorat fut imposé au souverain
hova, puis, dès 1896, l'annexion pure
et simple de l'île fut proclamée. La
pacification, l'organisation et la mise
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en valeur de la nouvelle colonie furent aussitôt menées de main de maître par un colonisateur remarquable, le
général Gallieni.
Les Français en Océanie et en Asie
Déjà maîtresse de plusieurs îles ou archipels en Océanie, la France y a aussi acquis, en 1853, la grande île de la
Nouvelle Calédonie. Cependant les acquisitions qui ont été faites après 1850 en Asie ont eu une tout autre
importance. La France est en effet devenue, par son installation dans la péninsule indochinoise, une puissance
extrême-orientale au moment même où l'Extrême-Orient
commençait à tenir une place de plus en plus grande dans la vie
économique et politique du monde.
La Cochinchine et le Cambodge
La première intervention militaire de la France en Indochine,
sous le Second Empire, a été directement provoquée par le
souci d'assurer la sécurité des missionnaires catholiques que
l'empereur d'Annam persécutait. Le désir de développer le
commerce français en Indochine même et surtout d'établir, à
travers l'Indochine, des voies de pénétration commerciale vers
le Sud de la Chine a ensuite poussé à maintenir et à étendre les
premiers établissements qu'on avait acquis. Les deux
événements essentiels, entre 1852 et 1870, furent la conquête,
d'abord partielle (1863), puis totale (1867) de la Cochinchine;
l'établissement du protectorat français sur le royaume de
Cambodge, voisin immédiat de la nouvelle colonie
cochinchinoise (1863).
Le Tonkin, l'Annam et le Laos
Maîtresse de la Cochinchine et protectrice du Cambodge, la
France a ensuite étendu sa domination ou son influence sur
l'Annam, le Tonkin, les plateaux mois et laotiens. Ces diverses
acquisitions ont toutes été réalisées sous la Troisième
République, entre 1880 et 1900.
L'idée de conquérir le Tonkin apparut dès avant 1870, à la suite d'une mission d'exploration que Francis Garnier
dirigea dans l'intérieur du pays; cette mission permit en effet d'établir que la vallée du Fleuve Rouge, au Tonkin,
constituait la meilleure voie d'accès vers les provinces de la Chine du Sud. cependant une première tentative pour
occuper le Tonkin échoua tragiquement (1873) ; cet échec entraîna, pendant dix ans, l'arrêt de toute opération.
En Indochine, comme en Afrique du Nord, en Afrique Noire ou à Madagascar, l'arrivée des républicains aux
affaires marqua la reprise des initiatives. Gambetta et Ferry furent, ici encore, les deux initiateurs. Un incident,
au cours duquel une petite force française envoyée au Tonkin, sous le commandement de Rivière. fut anéantie,
fut suivi de l'envoi d'un corps expéditionnaire en Extrême-Orient (1883). Après une courte guerre, l'empereur
d'Annam, maître du Tonkin, se soumit: L'Annam et le Tonkin
passèrent sous le protectorat français. La crise ne fut pas
terminée pour autant car la Chine, qui prétendait à une
suzeraineté sur l'Annam, refusa de reconnaître le traité. Il fallut
faire aussi la guerre à la Chine ; celle-ci dut en fin de compte
s'incliner (1885).
La prise de possession des régions situées entre le territoire
annamite proprement dit et le cours du Mékong fut effectuée
par des moyens surtout pacifiques entre 1885 et 1895. Un
courageux explorateur, Maître, fit reconnaître l'autorité
française par les rudes habitants des plateaux moïs, tandis
qu'un autre explorateur, Pavie, parcourait, tel Brazza au Congo,
les montagnes et les plateaux du Laos, passant avec les chefs
indigènes de nombreux traités de protectorat.
Les problèmes locaux d'organisation
Comme la colonisation anglaise la colonisation française n'a
pas consisté seulement dans l'acquisition de nouveaux
territoires. Des problèmes d'organisation ont exigé des
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solutions. On peut, à cet égard, distinguer les problèmes locaux, propres aux divers territoires, et les problèmes
d'organisation générale de l'ensemble du domaine colonial.
Sur le plan local, les problèmes et les solutions ont naturellement varié selon les pays, les circonstances, le
contexte politique ou international. Le Cambodge, la Tunisie, l'Annam puis le Maroc ont été organisés en
protectorats, la France n'y assumant- en droit - qu'une fonction de contrôle. En revanche, la Cochinchine, les
territoires de l'Afrique Noire, Madagascar ont été organisés en colonies soumises à une administration directe.
Les deux aspects de la question qui doivent retenir le plus l'attention ont été la formation de grandes fédérations
coloniales, ainsi que la longue série de tentatives faites pour donner à l'Algérie un statut durable. La première
grande fédération coloniale qui fut formée fut l'Union indochinoise (1887). Elle servit plus ou moins d'exemple
pour les autres: l'Afrique occidentale française (1904) et l'Afrique équatoriale française (1910). A la dIfférence
des dominions britanniques, ces trois fédérations constituèrent seulement des cadres administratifs. Elles ne
comportèrent ni parlement ni gouvernement responsable.
Le problème de l'organisation de l' Algérie fut, quant à lui, tout autant économique et humain qu'administratif. Il
s'est présenté, durant toute la période, sous la forme d'une alternative : fallait-il considérer l'Algérie comme un
pays ayant ses caractères particuliers ? fallait-il la traiter comme un simple prolongement de la France
métropolitaine ? La première conception - dite de l'association - fut l'objet de deux essais de réalisation: l'un- qui
prit une forme extrême -, de 1860 à 1870 ; l'autre, où l'application
fut plus nuancée, de 1896 à 1914. La seconde conception - qualifiée
d'assimilation - fut pareillement expérimentée à deux reprises: de
1852 à 1860, puis de 1870 à 1896. A dire le vrai, ni l'une ni l'autre
conception ne donnèrent satisfaction. L'hésitation persistait encore
en 1914.
Le problème d'organisation générale
Le problème d'une organisation générale de l'empire français ne
s'est guère posé, en fait, qu'après 1885. Quelques efforts furent dès
lors tentés pour donner une plus grande cohésion aux divers
éléments que le domaine d'outre-mer comportait : un secrétariat
d'État aux colonies, dépendant du ministère de la Marine, fut créé en
1887 et confié à l'un des chefs du «parti colonial», Etienne, député
d'Oran ; un Conseil supérieur des Colonies - comprenant les
sénateurs et les députés coloniaux ainsi que les délégués des
colonies sans député - fut organisé en 1890 ; enfin un ministère des
Colonies fut établi en 1894. Dans l'ensemble, cependant, les
résultats restèrent très incomplets ; en 1914, par exemple, les
territoires français d'outre-mer continuaient à dépendre, pour leur
administration ou leur surveillance, de trois ministères différents:
celui des Colonies, celui des Affaires étrangères- pour les
protectorats - et celui de l'Intérieur - en ce qui concernait l'Algérie.
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