Prise en charge multidisciplinaire du cancer de l`œsophage me

Prise en charge
multidisciplinaire du cancer
de l’œsophage me´tastatique
Pr
es de 5 000 cancers de l’œso-
phage sont diagnostiqu
es
chaque ann
ee en France. Ce sont
tr
es majoritairement des carcinomes
epidermoı¨des et des ad
enocarcino-
mes. Le carcinome
epidermoı¨de reste
le type histologique le plus fr
equent,
mais l’incidence de l’ad
enocarcinome
augmente comme dans d’autres pays
occidentaux [1].Der
ecents progr
es
ont
et
e rapport
es dans la prise en
charge des cancers de l’œsophage,
avec les avanc
ees de la chirurgie, de la
radiochimioth
erapie et des strat
egies
n
eoadjuvantes ou p
eriop
eratoires.
En revanche, moins d’
etudes ont
concern
e les cancers non r
es
ecables
et m
etastatiques. Le pronostic est
HEPATO
y
GASTRO
et Oncologie digestive
Tir
es
a part : Y. Touchefeu
Pour citer cet article : Touchefeu Y, Rio E, Jirka A, Mabile-Archambeaud I. Prise en charge
multidisciplinaire du cancer de l’œsophage m
etastatique. H
epato Gastro 2013 ; 20 : 840-846.
doi : 10.1684/hpg.2013.0950
R
esum
e
La prise en charge des patients ayant un cancer de l’œsophage non accessible
a
une chirurgie ou une radiochimioth
erapie,
a cause de l’extension de la maladie
ou de la d
egradation de l’
etat g
en
eral, reste un probl
eme fr
equent en oncologie
digestive. Plusieurs options th
erapeutiques sont disponibles, faisant intervenir de
multiples acteurs, notamment gastro-ent
erologues et oncologues digestifs,
nutritionnistes et radioth
erapeutes. Une discussion multidisciplinaire est
indispensable pour d
efinir la strat
egie th
erapeutique en fonction des moyens
a disposition et de la situation clinique du patient. Peu d’essais randomis
es sont
disponibles concernant la prise en charge de ces patients, notamment pour
evaluer l’int
er^
et de la chimioth
erapie. Une intensification de la recherche clinique
est indispensable pour guider le clinicien vers une prise en charge optimale.
nMots cl
es : cancer de l’œsophage, chimioth
erapie, radioth
erapie, endoscopie, assistance
nutritionnelle
Abstract
The management of patients with oesophageal cancer, not eligible to curative
surgery or concomitant radiochemotherapy, because of the extension of the
disease or the deterioration of physical condition, is a common issue in digestive
oncology. Several therapeutic modalities are available, involving gastrointestinal
oncologists, endoscopists, nutritionists and radiation oncologists. A multi-
disciplinary approach is essential to discuss the therapeutic strategy, depending
both on local resources and on the patient’s clinical situation. Few randomized
trials are available concerning the management of patients with oesophageal
cancer, in particular to investigate the benefits of chemotherapy. Intensification
of clinical research is urgently needed to guide the clinician towards optimal care.
nKey words: esophageal neoplasms, chemotherapy, radiation therapy, endoscopy, nutrition
therapy
Multidisciplinary
management of
metastatic esophageal
cancer
Yann Touchefeu
(1)
, Emmanuel Rio
(2)
,
Adam Jirka
(3)
, Isabelle Mabile-
Archambeaud
(1)
1
CHU de Nantes,
Institut des maladies de l’appareil digestif,
1 place Alexis Ricordeau,
44093 Nantes Cedex 1,
France
2
Institut de canc
erologie de l’Ouest,
d
epartement de radioth
erapie,
Saint Herblain,
France
3
CHU de Nantes,
Institut des maladies de l’appareil digestif,
unit
e d’assistance nutritionnelle,
Nantes,
France
e-mail : <yann.touchefeu@chu-nantes.
fr>
doi: 10.1684/hpg.2013.0950
840 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 20 n810, d
ecembre 2013
ini-revueM
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sombre, en rapport avec un diagnostic tardif, une
d
enutrition et de fr
equentes comorbidit
es. L’objectif de
cette revue est de pr
eciser les objectifs actuels et les moyens
de la prise en charge d’un cancer de l’œsophage
m
etastatique, ou non r
es
ecable et non
eligible
a une
radiochimioth
erapie
avis
ee curative. Ne seront discut
es que
les aspects sp
ecifiques
a la prise en charge du cancer de
l’œsophage, m^
eme si les soins de confort, l’encadrement
psychologique sont d’une grande importance dans cette
situation. Nous discutons aussi des ad
enocarcinomes de la
jonction gastro-œsophagienne, dont la chimioth
erapie est
souvent assimil
ee
a celle des ad
enocarcinomes gastriques,
mais dont la prise en charge symptomatique peut ^
etre
proche de celle des cancers strictement œsophagiens.
‘‘ Le carcinome e´pidermoı¨de reste le type
histologique le plus fre´quent, mais
l’incidence de l’ade´nocarcinome augmente comme
dans d’autres pays occidentaux’’
Objectifs du traitement
Le pronostic est sombre, la survie
a 3 ans des cancers de
stade IV est de 1 % [2]. Le traitement a pour but de soulager
les sympt^
omes, de prolonger la vie en am
eliorant sa qualit
e.
La dysphagie est fr
equente et la reprise d’une alimentation
est un objectif majeur. La d
enutrition et ses sympt^
omes
doivent ^
etre pris en charge pour am
eliorer la qualit
edevieet
permettre d’envisager les autres traitements.
‘‘ La survie a` 3 ans des cancers de stade
IV est de 1 %’’
Une priorite´ : la prise en charge nutritionnelle
La pr
evalence de la d
enutrition chez des malades avec un
cancer d’œsophage peut atteindre 60 % au diagnostic. Les
causes principales sont : l’obstruction m
ecanique par la
tumeur, « la piraterie » m
etabolique (d
etournement du
glucose pour les besoins
energ
etiques de la tumeur) et les
effets des traitements antitumoraux. La d
enutrition chez
des malades avec un cancer digestif est associ
ee
aun
pronostic faible et un taux
elev
e des complications post-
th
erapeutiques.
‘‘ La pre´valence de la de´ nutrition chez
des malades avec un cancer d’œsophage
peut atteindre 60 % au diagnostic’’
L’
evaluation de l’
etat nutritionnel peut s’appuyer sur
plusieurs outils. La perte de poids est l’indicateur le plus
sensible pour le d
epistage de la d
enutrition. Une perte
pond
erale sup
erieure
a 10 % en 6 mois ou >5 % en 1
mois t
emoigne d’une d
enutrition. L’index de masse
corporelle (IMC) est un outil moins sp
ecifique, mais si la
valeur est inf
erieure
a 18,5, la d
enutrition ou le risque de
d
enutrition devient tr
es probable. L’
evaluation des apports
oraux fond
ee sur une enqu^
ete alimentaire de 3 jours peut
^
etre r
ealis
ee au cours d’une consultation di
et
etique. Une
evaluation relative par rapport
alap
eriode ant
erieure (sans
dysphagie)
a l’aide d’une
echelle visuelle analogique sur de
0
a 10 est un outil plus facile et plus rapide [3].Siler
esultat
est inf
erieur
a 7, le risque de d
enutrition est
elev
e. Le
dosage de l’albumine plasmatique est utile, car l’hypo-
albumin
emie est un crit
ere ind
ependant du risque de
morbi-mortalit
e. Le seuil inf
erieur en oncologie m
edicale
est de 35 g/L. Ce param
etre biologique de la d
enutrition
est parfois d’interpr
etation difficile (syndrome inflamma-
toire d
emontr
e par le dosage de prot
eine C r
eactive
« aggravant la d
enutrition », insuffisance h
epatocellulaire,
pertes r
enales ou intestinales).
‘‘ Une de´nutrition doit ^
etre recherche´e
a` chaque consultation’’
L’assistance nutritionnelle peut ^
etre d
ebut
ee avec des
compl
ements nutritionnels oraux
a condition que
les apports oraux soient
egaux ou sup
erieurs
a 7/10 sur
echelle visuelle des ingesta et que le malade ne pr
esente
pas de d
enutrition s
ev
ere (IMC <16 et/ou albumin
emie
<20 g/L et/ou perte pond
erale >15 % en 6 mois). Si
ces conditions ne sont pas remplies, une nutrition
artificielle devrait ^
etre mise en place. La nutrition ent
erale
doit ^
etre toujours pr
ef
er
ee en cas d’accessibilit
ede
l’estomac et d’un tube digestif fonctionnel. Cette strat
egie
ne change pas si les ingestats restent faibles m^
eme en
pr
esence d’une proth
ese, car les effets m
etaboliques de la
tumeur persistent. La pr
esence d’une chambre implantable
utilis
ee pour la chimioth
erapie ne justifie pas la mise en
place d’une nutrition intraveineuse car la nutrition ent
erale
pr
esente moins de risques infectieux et est moins co^
uteuse.
Les besoins
energ
etiques chez le patient ayant un cancer
ont fait l’objet de recommandations en 2012. Les besoins
prot
eino-
energ
etiques totaux quotidiens sont d’environ
25
a 30 kcal.kg-1 pour des patients alit
es, et de 30
a
35 kcal.kg-1 pour des patients ambulatoires. Les besoins en
prot
eines sont de 1,2
a 1,5 g de prot
eines par kg et par jour
[4]. La prise en charge nutritionnelle doit bien
evidemment
s’int
egrer dans la prise en charge globale qui inclut la
volont
e du patient, les autres traitements envisag
es, et
l’esp
erance de vie. Ainsi, une nutrition artificielle n’est pas
justifi
ee en phase terminale de cancer.
841
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 20 n810, d
ecembre 2013
Traitement du cancer de l’œsophage m
etastatique
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‘‘ Une assistance nutritionnelle, une nutrition
artificielle doivent se discuter en fonction
de l’importance de la de´nutrition, du projet the´ra-
peutique et de l’espe´ rance de vie du patient’’
Prise en charge de la dysphagie
La dysphagie est un sympt^
ome fr
equent, souvent
a
l’origine du diagnostic. Sa prise en charge est une priorit
e
pour traiter le sympt^
ome et l’
etat nutritionnel. Plusieurs
m
ethodes ont
et
e
evalu
ees en cas de cancer in
eligible
a
une r
esection chirurgicale ou une radiochimioth
erapie
a
vis
ee curative : traitement endoscopique, radioth
erapie,
chimioth
erapie.
Traitement endoscopique
Plusieurs techniques de traitement endoscopique sont
utilis
ees : dilatations, destruction tumorale par plasma
d’argon, laser ou phototh
erapie dynamique, pose de
proth
ese. La dilatation endoscopique, aux bougies ou aux
ballonnets, est une technique ancienne ayant les avantages
d’^
etre simple et facilement disponible. Cependant,
le risque de perforation est proche de 5 % et l’efficacit
e
est transitoire, n
ecessitant des proc
edures r
ep
et
ees.
Les techniques de destruction restent peu
evalu
ees.
La destruction au plasma d’argon a l’avantage d’^
etre
disponible dans de nombreux centres, facile
ar
ealiser. La
phototh
erapie laser et la phototh
erapie dynamique ont
permis des r
esultats int
eressants, mais ces techniques sont
co^
uteuses, peu disponibles [5]. La technique endoscopique
la plus couramment utilis
ee est maintenant la pose de
proth
ese par voie endoscopique. Ces proth
eses
etaient
initialement en plastique et sont d
esormais remplac
ees par
des proth
eses m
etalliques auto-expansives. Celles-ci ont
l’avantage de la simplicit
e de pose et de moindres
complications, notamment gr^
ace
a un diam
etre faible lors
de la pose permettant le plus souvent de ne pas r
ealiser de
dilatation pr
ealable. Dans une
etude randomis
ee incluant
42 patients, publi
ee en 1993, les proth
eses m
etalliques
auto-expansives ont
et
e compar
ees aux proth
eses plasti-
ques dans le traitement de la dysphagie li
ee aux cancers de
l’œsophage non r
es
ecables. L’efficacit
ea
et
e comparable,
mais la pose de proth
ese m
etallique a
et
e associ
ee
a moins
de complications (0 % versus 43 %) et une moindre dur
ee
d’hospitalisation [6]. Le risque de prolif
eration tumorale
intraproth
etique a
et
er
eduit par l’utilisation de proth
eses
couvertes actuellement largement utilis
ees. Certaines
techniques peuvent ^
etre associ
ees. Une
etude randomis
ee
a compar
e plusieurs techniques endoscopiques : destruc-
tion au plasma d’argon seule, plasma d’argon et
curieth
erapie, plasma d’argon et phototh
erapie dyna-
mique. Les combinaisons th
erapeutiques ont
et
e
plus efficaces que la destruction au plasma d’argon seule
[7].
Irradiation
Une radioth
erapie externe est fr
equemment propos
ee, car
facile d’acc
es et peu morbide. Elle permet d’am
eliorer
significativement la dysphagie avec un effet antalgique
associ
e en cas de douleurs m
ediastinales. Le protocole est
hypofractionn
e (exemple : 30 Gy/10 fractions/2 semaines)
afin de limiter la dur
ee de prise en charge (chez des patients
dont le pronostic vital est
a court terme).
‘‘ Une radiothe´rapie externe permet
d’ame´liorer significativement la dysphagie
avec un effet antalgique associe´
en cas de douleurs me´ diastinales’’
Plusieurs
etudes ont
evalu
e l’int
er^
et de la curieth
erapie
a
haut d
ebit de dose, mais cette technique n’est pas
disponible dans tous les centres et peu r
epandue en
France. De plus, la tumeur doit ^
etre franchissable par la
gaine vectrice, ce qui pose souvent probl
eme en cas de
l
esion class
ee T3. Cette technique peut ^
etre propos
ee en
cas de r
eirradiation ou de seconde l
esion chez un patient
d
ej
a irradi
e. On utilise un protocole monofractionn
eou
hypofractionn
e hebdomadaire. La gaine vectrice est
positionn
ee dans l’œsophage au contact de la tumeur
(figure 1). Dans une
etude randomis
ee incluant 209
patients, une curieth
erapie (fraction unique de 12 Gy) a
et
e
compar
ee
a la pose d’une proth
ese m
etallique expansive
sous contr^
ole fluoroscopique. Il y a eu significativement
plus de complications apr
es pose de proth
ese, notamment
3d
ec
es suite
a une perforation. La pose de proth
ese a
permis une am
elioration plus rapide du score de dysphagie,
mais l’effet a
et
e moins durable qu’avec la curieth
erapie.
L’analyse des scores de qualit
e de vie a
et
e en faveur de la
curieth
erapie [8]. Si la survie attendue est courte, la pose
d’une proth
ese peut donc ^
etre privil
egi
ee. Un meilleur
pronostic pourrait faire pr
ef
erer une irradiation.
‘‘ Si la survie attendue est courte, la pose
d’une prothe`se peut donc ^
etre privile´gie´e.
Un meilleur pronostic pourrait faire pre´fe´rer
une irradiation’’
L’irradiation peut aussi ^
etre combin
ee
a d’autres m
ethodes.
La curieth
erapie peut ^
etre associ
ee
a des techniques
endoscopiques. Dans une petite
etude randomis
ee incluant
22 patients, un traitement par laser (NdYAG) seul a
et
e
compar
e
a un traitement par laser suivi d’une curieth
erapie
(10 Gy en une fraction). La combinaison a eu une efficacit
e
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sup
erieure, plus durable, mais sans b
en
efice sur la
survie [9]. L’association curieth
erapie + proth
ese versus
curieth
erapie seule (3 s
eances de 8 Gy) a
et
e
evalu
ee
prospectivement. La combinaison a permis de lever
rapidement la dysphagie, alors qu’il n’
etait pas not
ede
diff
erence entre les 2 bras apr
es 7 semaines [10]. Une
etude
a compar
e l’efficacit
e de 3 traitements dans une s
erie
prospective de 91 patients. Les patients ont
et
e trait
es avec
une radioth
erapie externe seule (20
a 40 Gy), une proth
ese
m
etallique seule, ou l’association des deux (radioth
erapie
d’abord, puis proth
ese
a progression de la dysphagie). Il y a
eu une meilleure survie dans le groupe trait
e par radio-
th
erapie et proth
ese [11]. Une radioth
erapie externe courte
(30 Gy en 10 fractions) peut
egalement ^
etre associ
ee
a
une chimioth
erapie. Dans une s
erie de 22 patients, une
radioth
erapie externe (30 Gy en 10 fractions) a
et
e associ
ee
a une chimioth
erapie (5FU et mitomycine). Quinze patients
ont eu une r
egression compl
ete de la dysphagie, atteinte
en un temps m
edian de 5 semaines [12].
Chimiothe´rapie
L’effet de la chimioth
erapie sur la tumeur primitive peut
aussi permettre d’am
eliorer la dysphagie. Dans une s
erie
r
etrospective, 42 patients ayant un cancer de l’œsophage
et une dysphagie s
ev
ere (alimentation solide impossible)
ont
et
e trait
es par chimioth
erapie (LV-FU2-cisplatine le plus
souvent). Le score de dysphagie a
et
eam
elior
e chez 69 %
des patients apr
es un mois de traitement. Chez ces
patients, la dysphagie a r
ecidiv
e dans 62 % des cas, avec
un d
elai m
edian de 3,4 mois (0,5-24,4) et 42 % des
patients ont eu une pose de proth
ese dans leur suivi. Une
chimioth
erapie en premi
ere ligne pour traiter la dysphagie
doit donc ^
etre discut
ee, permettant de ne pas retarder le
traitement anticanc
ereux et pouvant
eviter une pose de
proth
ese [13]. Ces strat
egies devraient ^
etre
evalu
ees dans
un essai randomis
e.
‘‘ Une chimiothe´rapie en premie` re ligne
pour traiter la dysphagie doit donc ^
etre
discute´e, permettant de ne pas retarder
le traitement anticance´reux et pouvant e´ viter
une pose de prothe`se’’
Impact de la chimiothe´rapie sur la survie
et la qualite´ de vie
La chimioth
erapie est utile pour de la prise en charge de ces
patients, mais son int
er^
et sur la survie reste discut
e. Dans
une
etude r
etrospective franc¸aise analysant 284 patients
cons
ecutifs pris en charge, entre 1995 et 2008, pour un
cancer de l’œsophage m
etastatique l’administration d’une
chimioth
erapie n’
etait pas associ
ee
a une am
elioration de
survie [14]. Il existe peu de donn
ees prospectives concer-
nant le gain en survie et en qualit
e de vie par rapport
ade
meilleurs soins de confort. Des
etudes randomis
ees
evaluant une chimioth
erapie par rapport
a des soins de
confort sont actuellement peu envisageables.
‘‘ Le be´ne´ fice de la chimiothe´ rapie sur la
survie n’a pas e´te´de´montre´ ’’
Quelle chimiothe´rapie proposer ?
Les
etudes anciennes ont inclus essentiellement des carcino-
mes
epidermoı¨des. Plus r
ecemment, les ad
enocarcinomes
du bas œsophage ont
et
e
etudi
es, mais fr
equemment
50 %
80 %
100 %
50 %
80 %
100 %
A
B
Figure 1. Scanner dosim
etrique d’un patient trait
e par curieth
erapie
pour un cancer
epidermoı¨de du bas œsophage. Patient non op
erable,
et contre-indication
a une nouvelle irradiation externe en raison d’un
ant
ec
edent de radiochimioth
erapie pour un autre carcinome
epidermoı¨de du tiers sup
erieur de l’œsophage (A : coupe transversale,
B : coupe sagittale). La gaine vectrice en place dans l’œsophage est
color
ee en vert.
843
HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 20 n810, d
ecembre 2013
Traitement du cancer de l’œsophage m
etastatique
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dans des
etudes incluant aussi des ad
enocarcinomes
gastriques. Il n’existe pas de r
eel argument pour affirmer
des diff
erences de chimiosensibilit
e entre carcinome
epidermoı¨de et ad
enocarcinome.
‘‘ Il n’y a pas de re´ el argument pour affirmer
des diffe´rences de chimiosensibilite´ entre
carcinome e´pidermoı¨de et ade´ nocarcinome’’
Monochimiothe´rapies
De nombreux agents ont
et
e
evalu
es en monochimio-
th
erapie dans des
etudes de phase II. Nous pouvons
retenir que le cisplatine (mais pas le carboplatine), le 5-
fluorouracile, la mitomycine, la vinorelbine, l’
etoposide, le
paclitaxel, le doc
etaxel ont permis d’obtenir des taux de
r
eponse allant de 10
a30%[15].
Combinaisons the´rapeutiques
Les combinaisons
a base de sels de platine ont
et
e
particuli
erement
etudi
ees. Dans une
etude randomis
ee de
phase II incluant 88 patients trait
es pour un carcinome
epidermoı¨de de l’œsophage localement avanc
eou
m
etastatique, le 5FU seul et la combinaison de 5FU avec
du cisplatine ont
et
e respectivement associ
es
a des taux de
r
eponse de 19 % et 35 % et
a une survie m
ediane de 28 et
33 semaines [16]. Cette association est largement utilis
ee,
mais il n’y a cependant pas d’
etude de phase III ayant
d
emontr
e un avantage de l’association sur la survie. D’autres
etudes de phase II ont
evalu
e le cisplatine en association avec
la vinorelbine, le paclitaxel, l’irinot
ecan, l’
etoposide, et ont
rapport
e des taux de r
eponse allant de 20
a 60 % et des
survies globales m
edianes voisines de 9-10 mois, mais avec
majoration d’une toxicit
e et parfois des d
ec
es toxiques. Ces
etudes sont anciennes, non randomis
ees, des conclusions
sur leur efficacit
e sont donc difficiles [15].
Une triple chimioth
erapie peut aussi se discuter. L’
etude
REAL-2 a
evalu
e plusieurs combinaisons d’
epirubicine avec
une fluoropyrimidine (5FU ou cap
ecitabine) et un sel de
platine (cisplatine ou oxaliplatine), dans le traitement du
cancer de l’œsophage, de la jonction gastro-œsopha-
gienne ou de l’estomac. Pr
es de 90 % des cancers
etaient
des ad
enocarcinomes, pr
es d’un tiers des patients avaient
un cancer de l’œsophage, et un quart un cancer de la
jonction gastro-œsophagienne. Il est important de noter
que ni la localisation tumorale (œsophage, jonction gastro-
œsophagienne, estomac), ni le type histologique n’a
influenc
e des diff
erences de survie [17]. Une triple
chimioth
erapie
a base de doc
etaxel peut se discuter dans
les ad
enocarcinomes de la jonction gastro-œsophagienne.
Dans l’
etude V325
evaluant une triple th
erapie docetaxel-
cisplatine-5-FU (DCF) par rapport
a une bith
erapie cisplatine-
5-FU, 22 % des patients avaient un ad
enocarcinome de la
jonction gastro-œsophagienne, 78 % un cancer gastrique.
Le temps jusqu’
a progression (HR = 1,47, IC 95 % 1,19
a
1,82), la survie globale (HR = 1,29, IC 95 % 1,0
a 1,6), et le
taux de r
eponse (p = 0,01) ont
et
e significativement
meilleurs avec le DCF, au prix cependant d’une toxicit
e
accrue, notamment digestive et h
ematologique. Il faut noter
que presque tous les patients avaient un indice de Karnofsky
sup
erieur
a70%
a l’inclusion et que les trois quarts avaient
moins de 65 ans [18]. Bien s^
ur, tous les patients avec un
cancerdelœsophagenesontpas
eligibles
acette
combinaison. Plusieurs alternatives au DCF ont
et
epro-
pos
ees dans des essais de phase II et ont montr
e une
am
elioration du profil de toxicit
e. Des
evaluations dans des
essais randomis
es sont n
ecessaires.
Perspectives pour personnaliser le choix
d’une chimiothe´ rapie
Dans le futur, le choix de la chimioth
erapie pourrait
d
ependre des caract
eristiques mol
eculaires de la tumeur. Il
est par exemple possible,
a partir d’un pr
el
evement tumoral
d’identifier sa chimiosensibilit
e
a diff
erentes combinaisons
[19]. Des biomarqueurs pr
edictifs d’efficacit
eth
erapeu-
tique, tels que le g
ene BRCA1 (breast cancer susceptibility
gene 1) qui est impliqu
e dans les m
ecanismes de r
eparation
de l’ADN, pourraient
egalement ^
etre utilis
es. Dans une
etude r
etrospective r
ecente
a partir de 144 patients ayant
un carcinome
epidermoı¨de de l’œsophage (68 patients
avec cancer stade IV), une faible expression du g
ene BRCA1
a
et
e associ
ee
a une meilleure survie et un meilleur taux de
r
eponse chez les patients trait
es par chimioth
erapie
a base
de cisplatine en premi
ere ligne.
A l’inverse, une faible
expression du g
ene a
et
e associ
ee
a une moindre survie et
un plus faible taux de r
eponse chez les patients trait
es par
une chimioth
erapie
a base de doc
etaxel [20]. Ces donn
ees
r
etrospectives int
eressantes devront bien s^
ur ^
etre
valid
ees avant d’
eventuellement devenir une approche
de routine.
Place des anticorps monoclonaux
Il n’y a pas d’int
er^
et d
emontr
e des anticorps anti-EGFR
(epidermal growth factor receptor) dans le traitement
des cancers de l’œsophage. L’
etude REAL-3 a
evalu
ele
panitumumab en association avec une chimioth
erapie
(
epirubicine, oxaliplatine, cap
ecitabine). Quarante pour
cents des patients avaient un ad
enocarcinome de l’œso-
phage, 30 % un ad
enocarcinome de la jonction gastro-
œsophagienne, 30 % un ad
enocarcinome de l’estomac. La
survie a
et
einf
erieure dans le groupe trait
e par panitumu-
mab [21].L
etude EXPAND, incluant des ad
enocarcinomes
gastriques et de la jonction gastro-œsophagienne, n’a pas
non plus montr
edeb
en
efice du c
etuximab en association
a
une chimioth
erapie [22].
844 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 20 n810, d
ecembre 2013
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Prise en charge multidisciplinaire du cancer de l`œsophage me

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