HEPATO GASTRO et Oncologie digestive D ossier thematique nocarcinome Ade de l’estomac doi: 10.1684/hpg.2011.0592 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 26/05/2017. Gastric adenocarcinoma Pierre Michel, Isabelle Iwanicki-Caron ^pital Charles-Nicolle, Ho unite d’oncologie digestive, service d’hepatogastroenterologie et nutrition, 1, rue de Germont, 76031 Rouen Cedex, France e-mail : <[email protected]> Adenocarcinome gastrique sume Re L’ad enocarcinome de l’estomac se d eveloppe sur des l esions induites par l’infection a Helicobacter pylori (HP). Les donn ees r ecentes permettent d’identifier des sujets asymptomatiques a risque elev e qui justifient d’une surveillance endoscopique (^ age sup erieur a 60 ans, taux bas de pepsinog ene I, anticorps anti HP, ant ec edent familial de cancer gastrique). Chez les sujets ayant une endoscopie, l’utilisation syst ematique du score OLGA fond e sur l’analyse histologique des biopsies antrales et fundiques est un moyen d’identifier les sujets a risque tr es elev e. Le pronostic du cancer de l’estomac reste grave et n ecessite une am elioration de la qualit e de la chirurgie avec un curage ganglionnaire D1,5 analysant au moins 25 ganglions et des traitements m edicaux p eriop eratoires avec actuellement un avantage a la chimioth erapie pour tous les patients ayant une tumeur de stade II-III (T3 et/ou N+). En phase m etastatique, plusieurs protocoles de polychimioth erapie permettent d’augmenter la dur ee de vie des patients. Il est indispensable de chercher l’hyperexpression du r ecepteur HER2, pr esente dans 15 a 20 % des cas, pour permettre l’utilisation du trastuzumab (inhibiteur de HER2) en association a la chimioth erapie. L’utilisation du trastuzumab avec le 5 fluorouracile et le cisplatine permet d’augmenter significativement la dur ee de vie des patients. s : adenocarcinome de l’estomac, gastrite a Helicobacter n Mots cle pylori, chirurgie, chimiotherapie Abstract Adenocarcinoma of the stomach grows due to gastritis lesions induced by infection with Helicobacter pylori (HP). Recent data help to identify asymptomatic individuals at high risk to justify endoscopy surveillance (age over 60 years, low serum pepsinogen I, antibodies to HP, family history of gastric cancer). In those undergoing an endoscopy, the routine use of OLGA score based on histological analysis of antral and fundic biopsies is a way to identify those at highest risk. The prognosis of stomach cancer is serious and needs to improve the quality of surgery with a D1,5 lymph node dissection, analyzing at least 25 lymph nodes and peri-operative medical treatment with currently an advantage to chemotherapy for all patients with tumor stage II-III (T3 and/or N+). In metastatic stage, several chemotherapy regimens can increase the survival time of patients. Currently, it is important to determine the Pour citer cet article : Michel P, Iwanicki-Caron I. Adenocarcinome de l’estomac. Hepato Gastro 2011 ; 18 : 305-312. doi : 10.1684/ hpg.2011.0592 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 18 n8 3, mai-juin 2011 305 HEPATO GASTRO et Oncologie digestive D ossier thematique Ad enocarcinome gastrique overexpression of the HER2 receptor, present in 15-20% of cases, to allow the use of trastuzumab (HER2 inhibitor) in combination with chemotherapy. The use of trastuzumab with 5 fluorouracil and cisplatin significantly increases the survival time of patients. n Key words: gastric adenocarcinoma, Helicobacter pylori gastritis, surgery, chemotherapy Introduction Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 26/05/2017. L’incidence du cancer de l’estomac diminue en France depuis plus de 30 ans, mais son pronostic reste grave. Le ^le de l’infection ro a Helicobacter pylori (HP) est primordial dans la cancerog en ese de l’ad enocarcinome de l’estomac. La connaissance des m ecanismes aboutissant a l’adenocarcinome doit aider le clinicien a s electionner la population a risque justifiant d’une surveillance endoscopique. Une fois l’ad enocarcinome constitu e, la prise en charge comporte le bilan pr eth erapeutique et la d efinition de la strategie de traitement. Il est utile de connaı̂tre les evolutions r ecentes pour participer activement a la proposition de traitement d efinie en r eunion de concertation pluridisciplinaire d’oncologie digestive. L’h epatogastroenterologue occupe une place centrale dans le diagnostic, le bilan et la prise en charge th erapeutique de la situation precanc ereuse a la phase m etastatique. rogene se applique e a la gestion Cance rogene se du risque de cancer : la cance gastrique roge ne se gastrique Plusieurs facteurs favorisants la cance ont ete identifi es [1]. Les facteurs g en etiques, la consommation de sel, de tabac, l’infection par le virus Epstein-Barr pesent pour 20 % alors que l’infection a HP repr esente 80 % des facteurs de risque (figure 1). L’infection a HP est la premiere etape du processus conduisant a l’ad enocarcinome gastrique. Apr es plusieurs d ecennies, l’infection a HP provoque une gastrite atrophique antrale et fundique. L’etape cle et irr eversible est repr esent ee par l’apparition de foyers de metaplasie intestinale au sein de la gastrique chronique fundique. L’objectif principal du gastroent erologue est d’identifier puis de surveiller les patients a risque eleve de cancer. Helicobacter pylori L’infection a re e tape du processus est la premie l’ade nocarcinome gastrique conduisant a ‘‘ ’’ sence d’ante ce dents familiaux La pre sente un facteur de risque souvent repre glige qui justifie l’e radication syste matique ne s au de Helicobacter pylori chez les apparente d’un patient porteur d’un premier degre nocarcinome de l’estomac ade ‘‘ ’’ En cas d’ant ec edent familial ou personnel de cancer de l’estomac avant l’^ age de 50 ans et/ou de cancer lobulaire du sein, il faut syst ematiquement evoquer une predisposition h er editaire soit par mutation du g ene de la E cadherine (CDH1) soit dans le cadre d’un syndrome de Lynch et pr esenter le dossier en r eunion de concertation pluridisciplinaire d’oncog en etique. Tr es r ecemment, une mise a jour des recommandations sur ce sujet a et e publi ee [4]. Chez les sujets justifiant une endoscopie, il est recommand e de faire au moins cinq biopsies dans l’estomac en Hélicobacter pylori Cancer 80 % + 20 % Génétiques Autres (EBV, alcool, tabac,...) Gastrite atrophique Métaplasie intestinale Chez les sujets asymptomatiques, plusieurs travaux montrent que l’^ age sup erieur a 60 ans, le sexe masculin, la presence d’anticorps anti HP dans le s erum et le taux 306 s erique de pepsinog ene I inf erieur a 70 ng/mL sont des facteurs li es au risque de cancer gastrique avec un risque relatif multipli e par six a dix [2]. La pr esence d’antec edents familiaux repr esente egalement un facteur de risque souvent n eglig e qui justifie l’ eradication syst ematique d’HP chez les apparent es au premier degr e d’un patient porteur d’un ad enocarcinome de l’estomac [3]. Il n’y a pas de recommandation sur l’attitude a proposer a ce groupe de sujets, mais il est raisonnable de proposer une endoscopie digestive haute d es le moindre doute clinique. Figure 1. Les principaux facteurs de risque de l’adenocarcinome gastrique d’apres Talley NJ [1]. HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 18 n8 3, mai-juin 2011 D ossier thematique Mise-au-point HEPATO GASTRO et Oncologie digestive Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 26/05/2017. Adenocarcinome gastrique l’absence de lesion macroscopique, deux dans l’antre, deux dans le fundus et une sur l’angulus [5]. En effet, le risque de developper un ad enocarcinome est li e a l’intensite de la gastrite atrophique, mais egalement a son siege evalue par le score Operative Link on Gastritis Assessement (OLGA) (tableau 1) [6]. Le si ege fundique des alterations de la muqueuse (gastrite de grade III, m etaplasie intestinale) est un signe important qui justifie la surveillance endoscopique r eguli ere. Les donnees retrospectives de la base de donn ees hollandaise montre que le risque de d evelopper un adenocarcinome gastrique en cas de m etaplasie intestinale est de l’ordre de 1,8 % a dix ans [7]. Cependant, la localisation de la m etaplasie n’est pas pr ecis ee dans ce travail. Il est probable que le risque est tr es largement superieur en cas de m etaplasie intestinale extensive multifocale au sein de la muqueuse fundique. Ce travail montre egalement qu’en pratique, 28 a 38 % seulement des sujets a risque elev e sont surveill es par endoscopie. Est-il possible de reduire le risque de cancer par l’ eradication ese est avanc e d’HP alors que le processus de canc erogen (metaplasie intestinale, cancer in situ) ? La reponse est oui. L’ etude randomis ee japonaise a montre une diminution du risque de cancer apr es traitement endoscopique de cancer superficiel avec une diminution du risque de 66 % a trois ans (hazard ratio de 0,339 IC 95 % 0,157-0,729) [8]. Dans cette situation, l’ eradication ne permet pas d’arr^ eter la surveillance endoscopique mais diminue le risque de r ecidive. ^ lon il faut L’estomac c’est comme le co risque e leve : surveiller les sujets a ne – homme de plus de 60 ans avec pespinoge 70 ng/mL et Ac anti HP ; I inferieur a ce dent familial de cancer – sujet avec ante de l’estomac ; – et les sujets avec une gastrite OLGA III qui ont un s e leve risque tre ‘‘ ’’ nocarcinome gastrique L’ade tastatique non me nocarcinoLe traitement endoscopique concerne les ade mes superficiels bien diff erenci es limit es a la muqueuse sans envahissement vasculaire ou lymphatique, quel que soit le type histologique [9]. Le traitement curatif du cancer gastrique repose sur la r esection chirurgicale compl ete de la tumeur primitive et des territoires de drainage lymphatique. En cas de r esection histologiquement compl ete (R0), le principal facteur pronostique est la pr esence d’un envahissement ganglionnaire. La survie a cinq ans est de 60 a 80 % en l’absence d’envahissement ganglionnaire et de 15 a 30 % en pr esence d’un envahissement ganglionnaire [10]. La connaissance du statut ganglionnaire d epend du nombre de ganglions examin es et du site du curage [11]. Deux etudes r ecentes sugg erent que les pratiques evoluent avec une augmentation du nombre de ganglions d etect es sur les pi eces op eratoires et une am elioration de la survie [12, 13]. Les donn ees des etudes de phase III europ eennes r ecentes fournissent une estimation du r esultat d’un traitement chirurgical seul. L’influence de la qualit e de l’acte chirurgical est majeure avec des r esultats de survie a cinq ans qui varient de 23 a 49 % pour des tumeurs de stade egal [14, 15]. de l’acte chirurgical L’influence de la qualite sultats de survie a est majeure avec des re 49 % pour des tumeurs cinq ans qui varient de 23 a gal de stade e ‘‘ ’’ des malades op En pratique, la grande majorite eres en France ont un ad enocarcinome gastrique de stade sup erieur ou egal a IIA de la classification UICC (en pratique N+ et/ou T 3). L’am elioration des pratiques chirurgicales avec l’adoption syst ematique du curage de la gastrite atrophique et Tableau 1. Evaluation du risque de cancer de l’estomac en fonction de l’intensite ge dans l’estomac. Score OLGA selon Rugge M et al. [6]. de son sie Corps Score d’atrophie Pas d’atrophie ge re Atrophie le re e Atrophie mode ve re Atrophie se (score 0) (score 1) (score 2) (score 3) Antre Pas d’atrophie Stade 0 Stade I Stade II Stade II Antre ge re Atrophie le Stade I Stade I Stade II Stade III Antre re e Atrophie mode Stade II Stade II Stade III Stade IV Antre ve re Atrophie se Stade III Stade III Stade IV Stade IV HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 18 n8 3, mai-juin 2011 307 HEPATO GASTRO et Oncologie digestive D ossier thematique Ad enocarcinome gastrique D1,5 (25 ganglions examin es) peut permettre d’esp erer un risque de r ecidive de l’ordre de 50 %. Pour descendre sous ce seuil. Il est n ecessaire d’envisager des traitements compl ementaires a la chirurgie adapt es aux sites de recidive de la maladie. Les curages extensifs D2 ou D3 n’ont pas montr e d’effet b en efique sur la survie [16]. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 26/05/2017. ri-gastriques : D1 (en praCurage des ganglions pe tique superieur a 15 ganglions) Curage des ganglions p eri-gastriques et r egionaux : D2 (en pratique sup erieur a 25 ganglions plus splenectomie) Curage des ganglions p eri-gastriques et r egionaux sans splenectomie : D1,5 vis Les sites de recidive apr es une chirurgie a ee curative (R0) ont ete etudi es dans deux grandes s eries asiatiques comportant plus de 500 patients op er es selon une procedure rigoureuse [17, 18]. La r ecidive etait locor egionale dans 32,5 %, p eriton eale dans 45,9 % et hematogene (a distance) dans 34,2 % des cas. Pour le sous-groupe des tumeurs T3 la r ecidive etait locor egionale dans 66 % des cas et pour les tumeurs N1-2 la r ecidive etait locoregionale dans plus de 30 % des cas. Cette analyse justifie l’ evaluation de traitements syst emiques et locoregionaux associ es a la chirurgie. L’efficacite de la chimioth erapie syst emique a ete evalu ee en utilisation postop eratoire (adjuvante) et en utilisation perioperatoire (pr e- et postop eratoire). Une meta-analyse des donn ees individuelles de 17 essais portant sur 3 838 patients montre un effet b enefique de la chimiotherapie postop eratoire a base de 5 fluorouracile avec une diminution du risque de d ec es de 18 % (hazard ratio 0,82 IC 95 % : 0,76-0,90, p < 0,001) [19]. Pour les etudes europ eennes, l’effet b en efique reste statistiquement significatif (hazard ratio 0,83 IC 95 % : 0,74-0,94). evalu e la chimioth erapie Deux etudes randomis ees ont perioperatoire. Une etude britannique multicentrique randomisee [15] a evalu e l’int er^ et d’une chimioth erapie pre et postop eratoire par epirubicine-cisplatine-5FU versus chirurgie seule. Les risques de r ecidive et de d ec es etaient significativement diminu es dans le bras chimiotherapie de respectivement 30 et 25 %, avec des hazard ratio de 0,7 (IC 95 % 0,56-0,88) p = 0,002 et 0,75 (IC 95 % 0,60-0,93) p = 0,009. Le taux de survie a cinq ans des patients du groupe chirurgie seule etait particulierement faible (23 %) et les crit eres de qualit e de la chirurgie n’ etaient pas connus. La survie du groupe 308 cinq ans. Une chimioth erapie et chirurgie etait de 36 % a etude française, multicentrique randomis ee, a compar e la chirurgie seule a la chirurgie encadr ee de deux cures de chimioth erapie par 5 fluorouracile et cisplatine. Parmi les 224 patients inclus, 64 % avaient une tumeur du cardia. Les risques de r ecidive et de d ec es etaient significativees dans le groupe chimioth erapie de 35 et ment diminu 21 % respectivement, avec des hazard ratio de 0,65 (IC 95 % 0,48-0,89) et 0,69 (IC 95 % 0,50-0,95). Le pourcentage de patients vivants sans r ecidive a cinq ans etait significativement sup erieur dans le groupe chimioth erapie (34 vs 17 %, p = 0,018) [20]. Cette strat egie de chimioth erapie p eriop eratoire est r ealisable en routine, dans les deux etudes la chimioth erapie pr eop eratoire a et e r ealis ee chez plus de 85 % des patients et la chimioth erapie postop eratoire n’a et e possible que dans 40 % des cas. Parmi les traitements locor egionaux, la radioth erapie a et e la plus evalu ee. La radioth erapie perop eratoire est une technique s eduisante, mais son accessibilit e est toujours r eduite en raison de la lourdeur du plateau technique n ecessaire. La radiochimioth erapie postop eratoire a et e validee par les r esultats de l’ etude am ericaine publi ee en 2001 [21]. La population etudi ee etait compos ee de l esions T3 dans plus de 60 % des cas avec un envahissement ganglionnaire trois ans, les risques relatifs de dans 85 % des cas. A recidive et de deces en l’absence de traitement adjuvant etaient augment es respectivement de 52 (hazard ratio 1,52 IC 95 % 1,23-1,86) et 35 % (hazard ratio 1,35 IC 95 % 1,09-1,66). La survie sans r ecidive a trois ans etait de 31 % dans le bras chirurgie contre 48 % dans le bras chirurgie plus radiochimioth erapie. La survie globale a trois ans etait de 41 % dans le bras chirurgie seule et de 50 % dans le bras chirurgie plus radiochimioth erapie. L’analyse de la courbe de survie du bras chirurgie montre que la survie globale a cinq ans est de l’ordre de 30 %. Ce r esultat a et e obtenu alors que 54 % des patients avaient et e op er es de mani ere suboptimale (lymphadenectomie inf erieur a D1). R etrospectivement, l’index de Maruyama a et e calcul e. Cet index permet d’estimer la probabilit e d’envahissement des stations ganglionnaires de la classification japonaise, a partir de donn ees cliniques et anatomopathologiques es elev e trouv e dans la population simples. L’index moyen tr de l’ etude am ericaine signifie qu’une proportion importante, estim ee a 70 % des patients, a eu une resection incompl ete laissant en place du tissu ganglionnaire m etastatique [22]. La radiochimioth erapie postop eratoire a donc d emontr e son efficacit e dans la population des patients op er es de mani ere suboptimale d’un cancer de l’estomac. Une etude de registre r ealis ee au Canada sur plus de 4 000 patients trait es par chirurgie ou chirurgie puis radiochimioth erapie semble confirmer HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 18 n8 3, mai-juin 2011 D ossier thematique Mise-au-point HEPATO GASTRO et Oncologie digestive Adenocarcinome gastrique rapie postope ratoire. Les l’inter^et de la radiochimiothe hazard ratio etaient de 0,71, p = 0,000 7 et 0,66, p < 0,000 1 respectivement pour les stades III et IV (M0) de [23]. rapie postope ratoire La radiochimiothe montre son efficacite a de re s dans la population des patients ope re suboptimale d’un cancer de manie de l’estomac Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 26/05/2017. ‘‘ ’’ re s avec un curage Qu’en est-il chez les patients ope ganglionnaire optimal ? Une etude cor eenne comparative, prospective sur 990 patients mais non randomis ee apporte une partie de la r eponse avec un niveau de preuve faible. Dans ce travail, le traitement postop eratoire comportait une radiochimioth erapie selon les m^ emes modalites que dans l’ etude am ericaine (45 Gy, 5 Fluoruracile bolus et acide folinique). Le groupe chirurgie seule etait compose de patients s electionn es pour la radiochimiotherapie dont l’entourage avait refus e le traitement postoperatoire. [24]. Dans les deux groupes, l’analyse du statut ganglionnaire a port e sur plus de 25 ganglions chez respectivement 85 et 87 % des patients. Le b en efice en faveur du groupe radiochimioth erapie a et e trouv e pour la survie globale a cinq ans dans le groupe des stades IIIA (61,6 vs 43,9 %, p = 0,001 3) et IIIB (40,8 vs 20,5 %, p = 0,004 5) avec un hazard ratio respectivement de 0,60 (IC 95 % 0,43-0,83) et 0,53 (IC 95 % 0,34-0,84). Ces r esultats plaident en faveur d’un effet b en efique de la radiochimiotherapie dans la population des patients operes avec un curage ganglionnaire sup erieur a D1. Cependant, ce traitement pr esente des limites. Lazagne R ecemment, l’inefficacit e de la radiochimioth erapie postoperatoire a ete sugg er ee pour les ad enocarcinomes a cellules independantes [25]. Enfin, il est indispensable de rappeler que la radiochimioth erapie postop eratoire ne peut ^etre realisee que chez des patients en etat gen eral et nutritionnel satisfaisant. Dans les etudes am ericaine et coreenne, les patients n’ etaient eligibles que si l’apport calorique quotidien etait sup erieur a 1500 kcal. Cette precaution doit ^ etre maintenue pour eviter de r ealiser ce type de traitement a des patients d enutris et les exposer a des complications s ev eres [26]. Cette limite ne permet pas de connaı̂tre la faisabilit e de la radiochimiotherapie postop eratoire sur une population de patients operes d’un cancer de l’estomac. En effet, etait pratiqu ee dans l’etude americaine la randomisation en postoperatoire chez des patients aptes a recevoir le traitement. La radiochimioth erapie pr eop eratoire pr esente l’avantage th eorique d’^ etre r ealisable chez tous les malades op erables d’un ad enocarcinome de l’estomac. Cette strat egie pr eop eratoire a et e evalu ee dans un petit nombre d’ etudes de phase II [27-29]. La dose totale de radioth erapie utilis ee est de 45 Gy en etalement classique, dans les trois etudes. Les sch emas de chimioth erapie ont associe du 5 fluorouracile et du cisplatine plus ou moins paclitaxel avec de mani ere concomitante a la radioth erapie du 5FU en perfusion continue associ ee ou non a du paclitaxel. La faisabilit e des sch emas etudi es etait sup erieure ou egale a 80 %. Une r eponse compl ete histologique a ete constat ee dans plus de 20 % des cas. Cependant, une toxicit e grade 4 est rapport ee chez plus de 20 % des patients. La progression m etastatique sous la forme d’une carcinose p eriton eale est la principale cause de non-r esection de la tumeur chez les patients trait es par radiochimioth erpaie pr eop eratoire [30]. Cette option th erapeutique ne doit pas ^ etre utilis ee en dehors d’une etude clinique. rapie pe riope ratoire est La chimiothe actuellement le traitement efficace le plus cidive ^ r pour diminuer le risque de re su ratoire. En pratique on peut utiliser soit postope pirubicine-cisplatine-5FU) ou trois cycles d’ECF (e pirubicine-oxaliplatine-capecitabine) soit d’EOX (e s quatre cycles de LV5FU2 cisplatine avant et apre la chirurgie. Les deux solutions se re alisent sur 42 jours (trois cycles de 21 jours ou quatre de 14 jours) ‘‘ ’’ nocarcinome de l’estomac L’ade tastatique me En dehors de situations sp ecifiques (h emorragie, obstruction), la chirurgie n’est pas envisag ee. La question reste cependant non r esolue dans quelques rares cas de m etastases h epatiques facilement r es ecables parfaite ment stables sous chimiotherapie. La chimioth erapie syst emique doit ^ etre envisag ee avec le patient si son etat g en eral le permet (activit e au moins 50 % de la journ ee). L’effet des poly-chimioth erapies a et e d emontr e mais reste modeste avec des m edianes de survie dans les etudes randomis ees qui restent inf erieures a 12 mois. Il est indispensable d’int egrer ce traitement a un projet personnel du patient, ce travail doit ^ etre fait en consultation lors de la pr esentation du plan personnalis e de soin. Les principaux protocoles de chimioth erapie recommand es dans le th esaurus national de canc erologie HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 18 n8 3, mai-juin 2011 309 HEPATO GASTRO et Oncologie digestive D ossier thematique Ad enocarcinome gastrique Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 26/05/2017. rapies de l’ade nocarcinome gastrique me tastatique, selon le the saurus Tableau 2. Principales polychimiothe rologie digestive (version 2010 non encore disponible online). national de cance Niveau de recommandation Protocole Commentaires rence, grade B R efe 5 Fluorouracile Cisplatine Trastuzumab Si hyperexpression de HER2 Immunohistichimie 3+ Ou immunohistochimie 2+ et hybridation in situ positive jection ventricule Surveillance fraction d’e gauche/3 mois rence, grade B R efe Epirubicine Cisplatine (ou oxaliplatine) 5 Fluorouracile (ou capecitabine) rence, grade B R efe Docetaxel Cisplatine 5 Fluorouracile rence, grade B R efe Cisplatine 5 Fluorouracile rence, grade C R efe FOLFOX rence, grade C R efe FOLFIRI Pas de difference d’efficacite par rapport a rance ECF mais meilleure tole Option LV5FU2 simplifie Utilisable chez le sujet ^age Option, accord professionnel LV5FU2 Cisplatine s utilise mais pas de validation scientifique Tre vention primaire de l’hemato toxicite Pre par G CSF digestive sont rappel es dans le tableau 2 [31]. Parmi les donnees les plus r ecentes, l’ etude de la FFCD 0307 montre que le FOLFIRI (LV5FU2 + irinot ecan) a une efficacite identique a celle d’une polychimiotherapie de reference comme l’ECX ( epirubicine, cisplatine, xeloda) avec une meilleure tol erance [32]. L’irinotecan n’a cependant pas d’autorisation de mise sur le march e dans cette indication. L’introduction d’une th erapie cibl ee inhibitrice de tyrosine kinase (HER2) apporte un el ement nouveau. Comme certains cancers du sein, 15 a 20 % des cancers de l’estomac surexpriment le r ecepteur HER2. L’utilisation d’une association de chimioth erapie (5 fluorouracile, cisplatine) et d’inhibiteur d’HER2 (trastuzumab) a montre une efficacit e sup erieure a la chimioth erapie seule (hazard ratio 0,74 IC 95 % 0,60-0,91 p = 0,0046), dans le groupe des patients dont la tumeur surexprime HER2 [33]. L’utilisation du trastuzumab (herceptin1) necessite une surveillance trimestrielle de la fonction cardiaque. La recherche de l’hyperexpression du r ecepteur HER2 peut ^ etre faite sur la pi ece op eratoire ou sur les biopsies endoscopiques par immunohistochimie ou hybridation in situ. Les recommandations europ eennes 310 Surveillance de la fonction cardiaque pour la d etermination du statut HER2 ont et e r ecemment publi ees [34]. cessaire de chercher une Il est ne hyperexpression de HER2 dans le cancer de l’estomac ‘‘ ’’ Conclusion Le cancer de l’estomac garde un pronostic tr es sev ere et justifie l’identification des groupes a risque a surveiller par endoscopie. Le traitement pr eventif comporte l’ eradication de l’infection a HP, mais ne dispense pas de la surveillance endoscopique. Le traitement a but curatif du cancer de l’estomac evolue a la fois en optimisant le traitement chirurgical et en associant la chimioth erapie perioperatoire. Une proposition d’arbre de d ecision est pr esent ee dans la figure 2. En situation metastatique, la possibilit e d’utiliser un anti HER2 doit ^ etre syst ematiquement evoquee. HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive vol. 18 n8 3, mai-juin 2011 D ossier thematique Mise-au-point HEPATO GASTRO et Oncologie digestive Adenocarcinome gastrique OMS Perte de poids ECG +/- echocœur Clearance créatinine NFS, TP, TCA Albumine Adénocarcinome gastrique (histologie) non linitique chez un patient opérable TDM TAP Injecté M0 Sténose hémorragie Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 26/05/2017. Non urgent Chirurgie : gastrectomie + curage D1.5 N+ et/ou T3 N0 et T<3 Chimiothérapie péri-opératoire Echoendoscopie +/- coelioscopie Résection R0 N+ et/ou T>2 N0+ et/ou T>2 N0 et T<3 OMS 0-1 1500 Kcal/24h Radio-Chimio Si pas de cellules indépendantes Chirurgie : gastrectomie + curage D1.5 N0 et T<3 Surveillance OU Chimio. à base de 5FU Figure 2. Proposition d’arbre de decision pour un adenocarcinome gastrique de stade II ou III. re ^ts : non renseign Conflits d’inte e par les auteurs. & 9. Lee JH, Choi IJ, Kook MC, et al. Risk factors for lymph node metastasis in patients with early gastric cancer and signet ring cell histology. Br J Surgery 2010 ; 97 : 732-6. €ttcher K, Doder JD, et al. Prognostic factors in gastric 10. Siewert JR, Bo carcinoma. Results of the German gastric carcinoma study.. Cancer 1993 ; 72 : 2089-97. 1. Talley NJ. Is time to screen and treat H. Pylori to prevent gastric cancer? Lancet 2008 ; 372 : 350-1. 11. Ichikura T, Tomimatsu S, Okusa Y, et al. Comparison of the prognostic significance between the number of metastatic lymph nodes and nodal stage based on their location in patients with gastric cancer. J Clin Oncol 1993 ; 11 : 1894-900. fe rences Re Les r ef erences importantes apparaissent en gras. 2. Watabe H, Mitsushima T, Yamaji Y, et al. 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