Finance La logique financière a pris le pas sur l’approche économique. A tel point que les économistes liés à la finance de marché ont une influence déterminante sur la formation des croyances et des opinions des chefs d’entreprise comme des pouvoirs publics ou encore du grand public. Une ligne de pensée qui a conduit à l’impasse dans laquelle se trouve aujourd’hui la France. Pourtant, ni les délocalisations, ni les pertes d’emplois qualifiés, ni la baisse de l’investissement productif en France ne sont une fatalité. Il est indispensable d’imaginer des stratégies alternatives, avec de nouvelles incitations pour relocaliser la croissance mais aussi encourager la finance et l’épargne à mieux soutenir le développement de l’activité sur le territoire national. Tel était l’objectif du colloque « La finance face à l’emploi, logique des marchés et relocalisation des activités » qui s’est tenu en juin 2010 à Paris. Pour stimuler la réflexion, Xerfi a réuni des industriels, des banquiers, des experts, mais aussi ses équipes d’économistes et de spécialistes sectoriels, tous préoccupés par la nécessité impérieuse d’une mobilisation afin de relancer une dynamique d’activité en France et remettre prioritairement la finance au service du développement des entreprises sur le territoire. Le colloque a été organisé par Xerfi, premier institut d’études économiques privé en France et totalement indépendant. Avec des centaines d’études publiées chaque année sur l’évolution des secteurs d’activités en France et dans le monde, Septembre 2010 – isbn 978-2-8190-0190-4 Prix 22 e PrevisisCouvDef.indd 1 il dispose d’une expertise exceptionnelle. Xerfi organise régulièrement des colloques et des conférences pour apporter sa contribution citoyenne au débat économique. -:HSMILJ=UUV^UY: Finance, emploi, relocalisations emploi relocalisations Sous la direction de Laurent Faibis Sous la direction de Laurent Faibis Previsis avec la collaboration de Jean-Michel Quatrepoint Finance emploi relocalisations Actes du Colloque Xerfi Michel Aglietta Eric Bourdais de Charbonnière Jérôme Cazes Louis Gallois Jean-Hervé Lorenzi Gilles Michel Etienne Pflimlin François Rachline Yazid Sabeg Avec les contributions de Jean-Baptiste Bellon, Alexander Law et Alexandre Mirlicourtois. Previsis 5/08/10 10:48:53 Extrait des Actes du colloque Xerfi Finance, emploi, relocalisations Sous la direction de Laurent Faibis En collaboration avec Jean‐Michel Quatrepoint Septrembre 2010 Groupe Xerfi Replacer les banques au centre de l’économie par Jean-Baptiste Bellon L a crise a remis sur le devant de la scène le rôle des banques dans l’économie. Si des établissements profitables sont nécessaires, ceux-ci doivent avant tout être au service de l’économie et ne pas tourner « à vide » uniquement pour leur propre compte en utilisant leur position privilégiée sur les marchés à court terme. Le thème de l’organisation idoine des banques s’est retrouvé au cœur des réflexions sur les causes de la crise. À tel point que les pouvoirs publics et les autorités de tutelle des établissements bancaires ont suggéré de séparer les activités « utiles » et les activités de « casino ». Ces propositions commenceront à s’appliquer en 2011 aux États-Unis avec les règles dites « Volcker » – même si leur portée a été atténuée – et font l’objet en Grande-Bretagne des travaux d’une Commission royale qui devrait rendre un avis d’ici l’an prochain. Comme le montre le graphique 1, extrait d’une présentation de lord Turner, président de la FSA, les pistes du possible étaient déjà relativement bien cartographiées dès la fin 2008. Xerfi_mep.indd 173 5/08/10 10:36:37 Groupe Xerfi 174 Finance, emploi et relocalisations ! graphique 1 Les projets de banque « restreinte » font écho à ceux de banque « éclatée »1 qui avaient marqué la fin de la précédente crise bancaire. À l’époque, la doctrine dominante prônait l’abolition du Glass Steagall Act adopté après la crise de 1929. Ce fut chose faite en 1998. Dans tous les cas, l’objectif implicite est de limiter l’activité bancaire pour mieux la contrôler. Toutefois, les recommandations actuelles insistent sur la nécessité pour les banques d’allouer des ressources adéquates au crédit et d’en assurer une rentabilité sans péréquation. Faute de quoi, les allocations de capitaux opérées par le système économique seraient déficientes. 1. Voir par exemple « Breaking up the Bank » de Bryan Lowell (1988, DJ Irwin). Xerfi_mep.indd 174 5/08/10 10:36:37 Groupe Xerfi Replacer les banques au centre de l’économie 175 Les modèles et la régulation bancaires diffèrent profondément des deux côtés de l’Atlantique. Aux États-Unis, une régulation morcelée a laissé non couverts plusieurs champs de l’industrie financière, pour le plus grand bonheur des banques d’investissement. À la faveur du développement de la titrisation, le secteur financier américain se révèle très économe en fonds propres et très prodigue en commission pour les banques qui structurent les produits de placement à risque, destinés aux investisseurs. En Europe, la division entre banque de marché et banque commerciale n’est pas aussi prégnante et le modèle dominant est celui des banques « universelles ». La place déterminante des banques dans le financement les entreprises en Europe Aux États-Unis, le crédit bancaire représente 80 % du PIB contre 350 % en Europe. Autrement dit, les banques réalisent 24 % de l’intermédiation de crédit outre-Atlantique et 74 % sur le Vieux Continent. Cette différence dans l’intermédiation se retrouve dans les fonds propres employés dans l’industrie financière. Les fonds propres des banques américaines s’élèvent à 0,9 mille milliards d’euros à fin 2009 contre 2,3 mille milliards d’euros pour les établissements européens, soit un rapport de 1 à 2,5, alors que l’Europe affiche un PIB supérieur de 30 % à celui des États-Unis. Xerfi_mep.indd 175 5/08/10 10:36:38 Groupe Xerfi 176 Finance, emploi et relocalisations Si le redémarrage de la titrisation est au cœur des préoccupations américaines, c’est la dynamique de l’intermédiation bancaire classique qui est revenue au centre du débat de ce côté-ci de l’Atlantique. Les banques ont été mises en demeure de démontrer leur utilité. L’intensité des échanges est assez similaire en Europe, que les États aient été obligés d’intervenir massivement (GB, Irlande…) ou que les aides aient été ponctuelles et très limitées (France, Italie…). Le débat sur la responsabilité des banques vis-à-vis de la conduite de l’économie s’est concentré sur leur capacité à prêter aux entreprises de manière à éviter une récession accentuée. Il semblerait que les banques aient d’abord réduit leur offre de crédit au deuxième semestre 2007 puis que la diminution de la demande ait expliqué l’atonie des évolutions de crédits à compter de l’été 2008. Focus : L’évolution des volumes de crédits aux entreprises En France, la variation des crédits bancaires est devenue négative à partir du deuxième trimestre 2009. Et il a fallu que les pouvoirs publics prennent des mesures d’incitation forte pour que le système bancaire s’engage sur des objectifs de hausse des encours de crédits, « en contrepartie » de l’engagement de l’État lors de la crise aiguë de septembre/ octobre 2008. Les banques qui avaient promis une croissance des encours de 3 % à 4 % à fin 2009 ont pratiquement atteint cet objectif (aux alentours de +2,5 %), alors que la croissance de l’économie s’est avérée assez sensiblement inférieure aux hypothèses initiales. Les crédits aux entreprises non financières sont donc entrés en territoire négatif en 2009-2010 mais – a priori – sur une période plus courte que ce qui avait été constaté lors des récessions précédentes. Les derniers chiffres connus à fin mai 2010 sont toujours légèrement dans le rouge (– 0,8 %) mais la dynamique s’améliore avec une croissance annualisée de 1,7 % sur trois mois en données cvs. Les pouvoirs publics ont Xerfi_mep.indd 176 5/08/10 10:36:38 Groupe Xerfi Replacer les banques au centre de l’économie 177 graphique 2 : croissance des crédits – rythme annualisé réclamé des engagements au système bancaire avec un objectif de production pour 2010 en hausse de 6 % sur les crédits aux entreprises, PME comprises. L’action de l’État en faveur des TPE ne s’apprécie pas directement dans ces chiffres. En effet, le bilan de la médiation du crédit évalue l’octroi de crédits à 3 milliards d’euros sur 2 ans, soit moins de 5 % de la production. L’action de la médiation du crédit porte en effet en quasi-totalité (plus de 90 % des interventions) sur des entreprises de moins de 10 personnes. • Les différentes enquêtes disponibles1 mettent en évidence que si l’offre de crédit bancaire se contracte dès le troisième 1. Principalement, l’enquête trimestrielle sur la distribution du crédit, réalisée depuis 2003 dans toute la zone euro (Bank Lending Survey). Voir par exemple : « Analyse de la portée des résultats du Bank Lending Survey au regard des données de crédit », R Lacroix et J Montornès, Bulletin de la Banque de France, n° 178, T4-2009. Xerfi_mep.indd 177 5/08/10 10:36:38 Groupe Xerfi 178 Finance, emploi et relocalisations trimestre 2007 pour des contraintes de bilan (c’est-à-dire de fonds propres) des banques, la demande se réduit aussi fortement dès le troisième trimestre 2008 en raison de la chute des investissements et des besoins en fonds de roulement des entreprises. Les arguments des trésoriers d’entreprises et ceux des banquiers semblent ainsi représenter chacun une facette de la réalité. Les interrogations sur l’implication des banques dans le financement de l’économie sont d’autant plus grandes que les fonds propres ne constituent pas une alternative réelle à la dette. Le marché actions ne représente pas en France une source de financement alternatif. Le montant des émissions d’actions (nette de rachat d’actions) oscille entre 1 % et 2 % de la capitalisation boursière des sociétés non financières. Ce qui est toujours inférieur au seuil de 3 %, soit sur moyen terme le niveau d’équilibre du rendement des dividendes. Cela signifie que le flux net de capitaux des investisseurs vers les sociétés est constamment négatif (graphique 3). L’arrêt brutal du soutien des banques à la croissance de l’activité a été d’autant plus durement ressenti que les entreprises avaient largement délaissé les financements de marché, notamment en raison des écarts de coût de la ressource. Les financements de marchés n’avaient connu qu’une période limitée de développement (novembre 2006 à juin 2007), au cours de laquelle les écarts de prix entre les deux sources de financement s’étaient d’ailleurs resserrés. Ils étaient passés de 25 points de base contre 100 points de base en moyenne Xerfi_mep.indd 178 5/08/10 10:36:39 Groupe Xerfi Replacer les banques au centre de l’économie 179 graphique 3 : émissions d’actions (en % de la capitalisation boursière) depuis 2004 pour une entreprise dont les obligations sont notées BBB (graphique 4). À compter du premier trimestre 2009, la réduction brutale du crédit bancaire jusqu’alors abondant et bon marché a conduit les entreprises à se tourner vers les financements de marché. Ces recours aux financements par des titres se sont accrus significativement à la faveur de la très forte baisse des taux de marchés. Pour l’essentiel, ces opérations ont consisté à émettre des obligations à plus d’un an. Xerfi_mep.indd 179 5/08/10 10:36:39 Groupe Xerfi 180 Finance, emploi et relocalisations graphique 4 : flux de financement des SNF : cumul 12 mois Focus : L’évolution des marges sur les crédits aux entreprises L’enquête sur les taux pratiqués par les banques1 montre que les marges théoriques – soit l’écart entre les taux des crédits et les taux de marchés de même durée, donc sans les spreads de refinancement bancaire – des établissements français se sont accrues à partir du troisième trimestre 2008. Elles ont doublé entre le troisième trimestre 2008 et la fin de 2009. Comme prévu, cette hausse est sensible pour les « petits » crédits (moins de 1 million d’euros dans l’enquête) puisqu’elle atteint pratiquement 100 points de base pour s’établir à 200 points de base 1. L’enquête MFI est réalisée tous les mois dans les pays de la zone euro depuis janvier 2003 sur la base d’une méthode homogène et fournit 45 données de prix de crédits et de dépôts. Xerfi_mep.indd 180 5/08/10 10:36:41 Groupe Xerfi Replacer les banques au centre de l’économie 181 contre 100 points de base auparavant. Cette augmentation est moins marquée (50 points base) pour les crédits de taille unitaire plus élevée (supérieurs à 1 million d’euros dans l’enquête) qui passent de 50 à 100 points de base. Il est possible d’attribuer les petits crédits aux PME et les grands crédits aux grandes et moyennes entreprises. (Graphiques 5 et 6 ci-dessous.) Xerfi_mep.indd 181 5/08/10 10:36:44 Groupe Xerfi 182 Finance, emploi et relocalisations Par comparaison avec leurs concurrentes de la zone euro, les banques françaises se singularisent par une marge sur les petits crédits (donc plutôt ceux octroyés aux PME) structurellement plus faible que la moyenne. Le résultat le plus surprenant vient du comportement des banques allemandes dont les marges se sont redistribuées entre PME et grandes et moyennes entreprises. Les marges sur les « grands crédits » explosent littéralement à compter du troisième trimestre 2008, de 50 à 200 points de base, alors que celles sur les petits crédits redeviennent proches du niveau observé en France et dans le reste de l’Europe (ici Pays-Bas, Italie, Espagne). La banque de détail plus rentable que la banque de marché La rentabilité des activités de crédit aux entreprises, qui n’est pas directement publiée par les banques françaises, ne devrait pas a priori avoir évolué significativement sur la période1. Cette activité d’intermédiation est pour l’essentiel réalisée dans le réseau, mais elle fait aussi partie de l’activité de BFI (Banque de financement et d’investissement) pour les grandes entreprises. Sur la base d’hypothèses simples concernant l’analyse des revenus et le partage des coûts, il est possible d’estimer la rentabilité des fonds propres des seules activités 1. Le saut des marges approche en moyenne 75 points de base sur les crédits aux entreprises, ce qui suit à peu près l’accroissement observé des risques couverts par des provisions. Xerfi_mep.indd 182 5/08/10 10:36:44 Groupe Xerfi Replacer les banques au centre de l’économie 183 de crédits aux entreprises dans le bas d’une fourchette allant de 5 % à 10 %. Le crédit est en effet un produit d’appel qui permet d’entrer en relation et de vendre d’autres services. Les banques ont fortement accru leurs engagements sur les activités de marché à partir de 2003 et la rentabilité des BFI a fortement progressé puisque le RoE (rendement des fonds propres) est passé de 10 % à 25 % entre 2002 et 2006. Cette performance moyenne, déjà significative, est encore plus spectaculaire une fois analysée sa dispersion puisque les BFI les plus performantes ont allègrement franchi la barre des 30 % en 2005 et 2006. Cette analyse n’a bien sûr pas résisté aux pertes et difficultés de la crise financière. Mais, pour en revenir aux seules banques françaises, la rentabilité des fonds propres alloués à la banque de détail atteint environ 17 % à 18 % sur la décennie écoulée contre moins de 12 % pour les BFI. ! graphique 7 : RoE des activités bancaires Xerfi_mep.indd 183 5/08/10 10:36:44 Groupe Xerfi 184 Finance, emploi et relocalisations Sur le long terme, la rentabilité de l’activité de banque de réseau est donc supérieure d’au moins 50 % à celle de la BFI. Ces chiffres sous-estiment les écarts réels car jusqu’à la révision des accords de Bâle – qui fixent le cadre prudentiel et les règles de calcul des fonds propres exigés – les activités de trading étaient très peu consommatrices de fonds propres. En effet, leurs positions en titres étaient supposées totalement liquides. Le besoin de fonds propres ne couvrait dès lors que des positions de très court terme (deux semaines). Les études récentes montrent que les actifs de trading pouvant représenter 30 % à 50 % du bilan des grandes banques, ne pesaient que pour 5 % du total des besoins en fonds propres. La crise de liquidités a exposé au grand jour l’absence de marchés (au moins secondaires) d’une large quantité de produits complexes issus de la titrisation. Aujourd’hui, les demandes des investisseurs comme les règles prudentielles sont en train d’évoluer. D’une part, les banques accroissent le capital alloué aux activités de trading alors que les risques ont été réduits. D’autre part, les règles prudentielles se durcissent. Toutes choses égales par ailleurs, le nouveau cadre de Bâle 2 qui va s’appliquer en 2012 pour les actifs de trading – dont l’application a été reportée d’un an à la demande des banques américaines – va entraîner un triplement des besoins de capital. Si la malléabilité apparente des rendements des activités de BFI est une caractéristique susceptible de survivre à ces réformes – rendant d’ailleurs ces métiers si attractifs pour des banques en difficultés – les « signaux » transmis par les RoE seront durablement modifiés. L’examen par les princi- Xerfi_mep.indd 184 5/08/10 10:36:45 Groupe Xerfi Replacer les banques au centre de l’économie 185 pales banques européennes des activités de BFI va conduire de nombreux acteurs de moyenne taille à cesser toute activité dans ce domaine qui s’est révélé le plus dangereux lors de la crise1. Des réformes qui incitent paradoxalement à adopter le modèle bancaire américain Ces évolutions vont renforcer la concentration de l’industrie bancaire, déjà favorisée par la disparition des établissements les plus faibles. Cette tendance, qui se vérifie tant aux États-Unis qu’en Europe, impose donc de nouveaux défis à la réglementation bancaire. Les débats sur la nouvelle supervision financière les prennent en compte, comme en témoignent les discussions sur les futures règles destinées aux établissements dits systémiques. Rappelons que Lehman Brothers, Bear Stearns, Northern Rock ou IKB n’étaient pas considérées comme telles… De son côté, le projet de nouvelle réglementation bancaire, appelé Bâle 3, durcit à la fois les règles de calculs du capital et les règles de gestion de liquidités. Ces règles proposées par le Comité de Bâle sont paradoxales. Elles poussent en effet les banques européennes à adopter le modèle d’intermédiation 1. Paradoxalement, ces activités pouvaient être assez marginales en terme de revenus récurrents, ainsi Crédit Agricole SA montrait lors du plan de restructuration de sa BFI (10 septembre 2008) que l’essentiel des pertes provenaient d’activités qui comptaient pour 3 % de ses revenus. Xerfi_mep.indd 185 5/08/10 10:36:45 Groupe Xerfi 186 Finance, emploi et relocalisations américain. Les analyses critiques – chiffrées et réalisées par l’IIF, la FBF ou McKinsey – mettent en lumière l’augmentation considérable de fonds propres (40 % à terme) et de financement de long terme (encore 40 %) susceptible d’être imposés aux banques européennes désireuses de conserver inchangée leur place dans l’intermédiation. Le renforcement du niveau de capital et l’amélioration de sa qualité sont certes des étapes nécessaires. Mais la refonte radicale de la supervision bancaire américaine l’est tout autant. Les États-Unis doivent empêcher le redéploiement d’un système bancaire parallèle sans capital, à l’image du shadow banking system particulièrement prospère dans les années 2000 et à l’origine de la crise. L’enjeu essentiel pour les autorités américaines est le sauvetage de la titrisation, tant l’économie d’outre-Atlantique ne peut fonctionner sans. Dans ce contexte, la logique consiste donc à soutenir Wall Street et les marchés, au détriment des banques régionales. L’activité « casino » des banques (le saloon) serait ainsi préservée mais davantage policée (un meilleur sheriff). En clair, les pouvoirs publics américains pourraient se laisser tenter par une logique de taxation des activités bancaires, et cela ne serait certainement pas la première fois que le « vice » serait taxé pour financer la « vertu ». Il serait alors fort probable qu’émergent des stratégies régionales distinctes, l’Europe s’écartant alors des choix opérés aux États-Unis. Extrait des Actes du colloque du Groupe Xerfi : " LA FINANCE FACE A L'EMPLOI " Xerfi_mep.indd 186 5/08/10 10:36:45