‐3
L’incidence du cancer de la prostate est en très forte augmentation, par effet combiné du vieillissement de la
population, de l’amélioration des moyens diagnostiques et de la diffusion de la technique de dépistage par
dosage du PSA3.
Etat des lieux du dépistage du cancer de la prostate4
Le « dépistage » du cancer de la prostate par dosage sérique de l’antigène spécifique de la prostate (PSA)
connait une diffusion importante depuis la fin des années 1980. L’évolution des modalités diagnostiques
(diffusion du dosage du PSA5 associé à une standardisation des techniques de biopsies prostatiques) a conduit à
une augmentation majeure de l’incidence du cancer de la prostate par la détection de tumeurs de petite taille, le
plus souvent de moindre agressivité.
Bien qu’il n’y ait pas de programme de dépistage organisé du cancer de la prostate en France :
en 2014 : 3,1 millions d’hommes ont eu au moins 1 dosage de PSA sans Cancer de la Prostate (CPr) connu.
Cela représente 3,7 millions de dosages du PSA.
entre 2012 et 2014 : 62% des hommes âgés de 50 à 69 ans avaient réalisé au moins un dosage de PSA
(sans cancer déclaré au moment du dosage). Pour les hommes de plus de 75 ans, le taux est de 68%.
Sur la période 2012-2014, les hommes de plus de 40 ans et sans cancer de la prostate ont en moyenne 1,9
dosages du PSA total. Pour les hommes de 75 à 84 ans, la moyenne est de 2 dosages du PSA total remboursés.
Un tableau détaillé est disponible dans l’Argumentaire (annexe 1) dans la partie PSA libre
En 2014, 33 millions € ont été remboursés par l’Assurance Maladie pour les dosages du PSA :
- PSA total : 23 millions €
- PSA libre : 10 millions € (ce dosage du PSA libre n’est pas recommandé en première intention)
La quasi-totalité (88%) des PSA sont prescrits par un médecin généraliste et 6% par un urologue.
95% des dosages du PSA total prescrits par des médecins généralistes (à des hommes sans cancer) sont associés
à d’autres dosages.
En moyenne un dosage du PSA est associé à 9 autres dosages (2 dosages si le prescripteur est urologue).
Les dosages associés le plus fréquemment sont : NFS, glycémie, exploration anomalie lipidique, transaminases,
créatininémie, gamma GT, HbA1C, …
La majorité des dosages du PSA sont donc réalisés dans le cadre d'un « bilan de santé ».
Les questions que soulèvent le dépistage par dosage du PSA
• Le bénéfice du dépistage du cancer de la prostate n’est pas clairement démontré : il n’est pas certain que ce
dépistage permette d’éviter des décès liés au cancer de la prostate.
Les deux plus importantes études scientifiques internationales portant sur des essais randomisées (l’étude
européenne ERSPC6 et l’étude américaine PLCO7), qui avaient notamment pour objectif d’évaluer l’effet
d’un programme de dépistage systématique du cancer de la prostate par le PSA sur la mortalité spécifique de ce
cancer, ont des résultats contradictoires sur ce point.
Ces deux études, critiquées au regard de leur qualité inégale et de biais méthodologiques, notamment par la
HAS, ne permettent pas de conclure sur les bénéfices du dosage du PSA, ni sur l’impact d’un dépistage ponctuel
ou régulier sur la mortalité.
2GLOBOCAN2012.TheInternationalAgencyforResearchonCancer(IARC):Estimatedcancerincidence,Mortalityandprevalenceworldwidein2012.
3Institutnationaldeveillesanitaire,Réseaufrançaisdesregistresdecancer,Institutnationalducancer,Institutnationaldelasantéetdelarecherchemédicale,Hôpitauxde
Lyon,Belot,A,etal.Estimationnationaledel’incidenceetdelamortalitéparcancerenFranceentre1980et2005.SaintMaurice:INVS;2008.
4Sniiram‐RégimeGénéral,2014.
5StameyTA,YangN,HayAR,McNealJE,FreihaFS,andRedwineE.Prostate‐specificantigenasaserummarkerforadenocarcinomaoftheprostate.NEJM317:909‐916,
1987.
6‐Schroder,F.H.,J.Hugosson,etal.(2012).«Prostate‐cancermortalityat11yearsoffollow‐up.»NEnglJMed366(11):981‐90.
7‐Andriole,G.L.,E.D.Crawford,etal.(2012).«Prostatecancerscreeningintherandomizedprostate,lung,colorectal,andovariancancerscreeningtrial:Mortalityresults
after13yearsoffollow‐up.»JournaloftheNationalCancerInstitute104(2):125‐132.