Faut-il dérembourser le dosage du PSA ? Le rapport du Pr Jean-Paul Vernant, professeur d'hématologie à l'Université Pierre et Marie Curie, préconise notamment de « supprimer le remboursement du dosage du PSA réalisé sans signe d'appel clinique chez les hommes sans risque élevé». Le Dr Patrick Coloby, Président de l'Association Française d'Urologie (AFU) réagit. Comment expliquer cette proposition de dérembourser le dosage du PSA ? Je pense que c'est une proposition un peu provocatrice pour mettre un terme au dépistage intempestif du cancer de la prostate. La surconsommation des dosages de PSA est une réalité. Les dosages du PSA libre ou du PSA réalisés au-delà de 75 ans sont encore beaucoup trop importants. Il est vrai que la réalisation des dosages du PSA telle qu'elle a été faite a induit des sur-diagnostics et un certain degré de sur-traitements. Mais, nous sommes déjà dans une démarche de régulation puisqu'un certain nombre de patients chez qui nous découvrons des petites tumeurs avec des caractéristiques histologiques non-agressives sont maintenant en surveillance active. Le déremboursement est-il une mauvaise réponse? Le déremboursement du PSA est une réponse économique. Ce n'est pas la bonne réponse. Ne plus proposer aux patients qui ont une espérance de vie de plus de 10 ans de rentrer dans une démarche de dépistage individuel du cancer de la prostate par le toucher rectal et par le dosage du PSA serait une erreur car on reviendrait à un diagnostic tardif des cancers de la prostate comme avant les années 80 quand la plupart des cancers de la prostate étaient diagnostiqués au stade des métastases. Quelles sont les pistes pour diminuer l'utilisation des dosages du PSA ? Il faut mieux informer les patients sur cette démarche de dépistage individuel. Il faut également bien interroger nos patients sur les facteurs de risques héréditaires. Il faut se poser la question de la réelle utilité de ce dépistage individuel pour le patient et de l'intérêt de traiter dans le cas de la découverte de cellules cancéreuses dans les biopsies. Le test qu'il faudrait dérembourser est le PSA libre. Beaucoup de laboratoires font le dosage systématiquement alors que son utilité est extrêmement limitée. Il faudrait réserver la prescription du PSA libre aux urologues spécialisés. D’après article de medscape.fr (3 octobre 2013)