Scène nationale de Sénart Création 2016 - 09/03/2015
L’art de la comédie
De Eduardo de Filippo
Mise en scène Patrick Pineau
Création le 28 janvier 2016
Disponible en tournée
février > avril 2016 / octobre > décembre 2016
L’art de la comédie!
Eduardo!de!Filippo!–!Patrick!Pineau!
Scène nationale de Sénart Création 2016 - 09/03/2015
Distribution
Texte
Eduardo de Filippo
Mise en scène
Patrick Pineau
Scénographie
Sylvie Orcier
Lumières
Christian Pinaud
Musiques
Nicolas Daussy
Costumes
Brigitte Tribouilloy
Vidéo
(en cours)
Avec 8 comédiens
Aline Le Berre
Fabien Orcier
Sylvie Orcier
Marc Jeancourt
(distribution en cours)
!
Mentions
Production déléguée
Théâtre-Sénart, Scène nationale
Coproduction
Compagnie Pipo
Le Grand T, Théâtre de Loire-Atlantique
Théâtre Dijon Bourgogne,
Centre dramatique national Théâtre
Firmin Gémier/La Piscine, Antony et
Châtenay-Malabry
Théâtre-Sénart, Scène nationale
La compagnie Pipo-Patrick Pineau est
subventionnée par la DRAC Île de
France - Ministère de la Culture et de la
Communication
.
L’art de la comédie!
Eduardo!de!Filippo!–!Patrick!Pineau!
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Résumé
Une journée ordinaire dans lItalie des années 60. Oreste Campese, chef de famille et chef de troupe, a
une modeste requête a soumettre aux autorités. Celles-ci sont représentées par Son Excellence De
Caro, qui sapprête justement à entrer dans ses nouvelles fonctions de Préfet. À ce titre, il songe ce
matin-là à faire la connaissance de quelques-uns de ses administrés. Giacomo Franci, le secrétaire de
la préfecture, informe donc son supérieur des différentes visites prévues pour laprès-midi : le médecin,
le curé, le pharmacien, linstitutrice…
Évidemment, Oreste Campese ne figure pas sur cette liste, sa compagnie théâtrale étant itinérante, il
n’est pas à proprement parler lun des notables de ce chef-lieu de province. Mais quà cela ne tienne.
Ce matin, De Caro se sent plein de bienveillance. Et puis, après tout, un entretien imprévu avec un
comédien peut savérer distrayant… Oreste Campese aura donc droit à son audience.
Cependant rien ne va se passer comme prévu. La conversation entre le grand fonctionnaire gentiment
paternaliste et lhumble artiste un peu maladroit débouche très vite sur un malentendu irréparable.
Pourtant, De Caro est dautant plus enclin à parler dart quil a lui-même joué la comédie dans sa
jeunesse. Il est même prêt à parler des problèmes du spectacle vivant, de la place du théâtre dans la
cité, voire des principes qui devraient guider le choix du répertoire (classique ou contemporain ?). Mais
De Caro et Campese, décidément, nont pas lair de parler des mêmes choses, ni dans les mêmes
termes. À croire que lartiste y met de la mauvaise volonté.
Au fait, quest-ce que Campese est venu demander exactement ? Sa roulotte ayant brûlé, il ne reste
plus à sa troupe que de quoi se grimer, perruques, costumes et maquillages. Tout le reste est parti en
fumée. Ah, nous y voilà. De Caro croit comprendre : les saltimbanques veulent une aide exceptionnelle.
Peut-être quun coup de pouce pour quitter la ville en voyageant gratis, un simple permis de transport
en chemin de fer en deuxième classe, réglerait la question ? Sur un geste du Préfet, Giacomo
s’empresse détablir le document.
Or Campese refuse de le prendre. Ce nest pas de largent quil veut, ni rien qui soit dordre matériel. En
fait, la simple présence du Préfet à une dernière représention de bienfaisance suffirait à son bonheur,
pourvu quelle soit annoncée par voie daffiche, car elle encouragerait ses administrés à suivre son
exemple. Et cette demande-là, curieusement, vexe De Caro : c’est quil na pas de temps à perdre au
théâtre, lui ! Il a bien trop daffaires à régler ! Le monde réel lattend, les fictions dramatiques devront
attendre ou décamper. Perdant patience, le Préfet intime à son secrétaire de raccompagner
immédiatement linsolent artiste vers la sortie, sans oublier de lui remettre quand même son permis de
transport, et là-dessus, bon vent ! Seulement voilà : Giacomo, dans sa hâte, se trompe de document et
remet à Campese la liste des notables attendus dans laprès-midi…
Il suffit au vieux comédien dun simple coup d’œil sur la feuille pour comprendre la méprise et le parti
quil pourrait en tirer. Ce Préfet si bien informé, si pénétré de ses responsabilités vis-vis du monde, si
convaincu de pouvoir faire la différence entre réalité et fiction, comment peut-il être tout à fait certain
que le médecin, le curé, linstitutrice qui seront introduits tout à l’heure ne seraient pas des acteurs qui
lui joueraient la comédie ? Pour De Caro, cen est trop : ce défi que lui lance Campese nest quun
dérisoire outrage de plus. Mais après tout, est-ce si sûr ? À peine le comédien est-il parti que déjà le
poison du doute commence à sinsinuer dans lesprit de Son Excellence
L’art de la comédie!
Eduardo!de!Filippo!–!Patrick!Pineau!
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Nous passons aux travaux pratiques dès la première visite, celle du médecin, Quinto Bassetti. Dautres
suivent. Et à chaque fois, le Préfet ne peut sempêcher de se poser la troublante question : cette
personne devant moi est-elle un vrai notable, est-elle un acteur interprétant son rôle ? La requête quon
me soumet est-elle née dun problème concret, ou nest-elle que le fruit de limagination mélodramatique
d’une bande de cabotins de province ? Dans le premier cas, les histoires présentées à De Caro sont
douloureuses ; dans le second, elles sont franchement risibles. Quelle attitude faut-il donc adopter ?
Après laudience du médecin, celles du curé, de linstitutrice et du pharmacien ne font que compliquer le
problème, dune urgence toujours plus grave. Touche par touche, tout un petit monde se dessine mais
comment savoir sil est réel ? Et lorsquOreste Campese opère in extremis un retour inattendu, est-ce
pour mettre le point final au tourment du Préfet, ou pour lui infliger un dernier point dinterrogation ?…
L’art de la comédie!
Eduardo!de!Filippo!–!Patrick!Pineau!
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Note
Eduardo de Filippo sait ce dont il parle, et il sait comment le montrer. Enfant de la balle, acteur, auteur,
metteur en scène, il a tout connu du théâtre. Il maîtrise aussi bien les grandes discussions théoriques que
les ficelles du métier. Il a lu Pirandello, il a aussi le sens des formes populaires. Le premier acte de LArt de
la comédie a lair dun débat didées, ce quil est à certains égards, mais cest aussi une rencontre qui
tourne à laigre, un rapport de force entre deux êtres vivants. Le deuxième acte paraît bâti sur une parade
de silhouettes dignes de la grande tradition italienne, mais leur succession construit aussi, peu à peu, le
portrait typique de toute une petite société provinciale vivante, elle aussi. Le titre même de L’Art de la
comédie est à limage de lart dEduardo de Filippo. Il est simple et subtil à la fois. Tout dépend du regard
que vous, spectateurs, posez sur lui, et de votre façon de participer à ce qui arrive. Et de ce point de vue,
cette pièce nest pas seulement l’« Art poétique » dEduardo. Elle est aussi, si lon peut dire, un autoportrait
de cet art même.
En un premier sens, le titre semble promettre une « mise en abyme » à la Pirandello, une nouvelle variation
sur le vieux thème du théâtre dans le théâtre. La « comédie » dont il est question est alors la comédie
théâtrale, tout entière du côté de la fiction. Mais à y regarder de plus près et cest bien ce à quoi le
bonhomme Campese contraint De Caro dans le vertigineux deuxième acte cette « comédie » est aussi
bien celle dans laquelle nous jouons tous un rôle, la « comédie humaine » (trop humaine) où médecin, curé,
institutrice ou pharmacien… et Préfet arborent fièrement leurs costumes et demandent quon leur
reconnaisse un sens et une valeur réels. Où donc se situe la frontière dune comédie à lautre celle qui
sépare les rôles « de lart » ou de la commedia dellarte, purs produits du savoir-faire traditionnel de la tribu
Campese, et ceux que nous jouons « dans la vraie vie » en nous efforçant plus ou moins consciemment de
ressembler à ce que nous sommes censés être ?
Cette frontière, le Préfet, homme sérieux, cultivé et habitué à trancher, se croit capable de lidentifier. Elle
va sans dire : le réel, nest-ce pas, cest le réel (telle est la réponse que font généralement les pouvoirs,
tous les pouvoirs). Sil faut un critère, disons alors que le réel, cest ce qui mérite prioritairement que le
Préfet lui consacre son temps. Le théâtre, dès lors, nest quun reste : ce à quoi on peut occuper le temps
que le réel vous laisse, sil y en a.
Quand Campese demande à De Caro de safficher officiellement au théâtre, il attend de lui quil
reconnaisse ce dernier dans sa noblesse propre, voire quil lui concède parfois la priorité. Dabord et tout
simplement parce quil est réel, au même titre (par exemple) que la médecine, la religion, léducation. Mais
justement : si le théâtre était réel, sil nétait réel quen ce sens, alors doù viendrait que le Préfet ait tant de
mal à accorder à lhistrion la dignité quil accorde sans difficulté au docteur ou au cu ?
Le Préfet ne voit pas sa propre cécité. Il incarne lautorité, qui a pour rôle de sanctionner et de publier
l’échelle des valeurs et des urgences. Au fond, pour lui, le théâtre nest quune distraction, même sous sa
forme la plus haute. Il ne peut admettre quil puisse être constitutif du sens même de ce quon appelle le
réel. Mais Eduardo de Filippo, de façon discrète, a glissé un indice qui nous aide à mieux saisir à quelle
limite le représentant de lautorité se heurte : Campese est à la tête dune troupe itinérante contrairement
aux notables, lhistrion na pas de résidence. Est-ce à dire que les comédiens nappartiennent pas à la
cité ? Au contraire, ils lui appartiennent, ils lui sont même essentiels. Mais ils ne lui appartiennent pas au
même titre que le pharmacien ou linstituteur. Ils lui appartiennent comme le poète (que Platon déjà,
autorité éminente sil en est, voulait expulser de la cité). Au fond, la place du théâtre telle que la conçoit le
Préfet nest quun lieu résiduel et vide (de tout contenu réel, de tout sens). Il ne voit pas quil est dabord
une place libre, une aire dégagée, un carrefour qui seul permet le mouvement parce quil appartient à tous
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