roots _ dens in dente I
résultats sont obtenus sur les dents voisines. La dent
présente une restauration au composite sur sa pointe
cuspidienne. La taille de la couronne est augmentée
dans le sens vestibulo-lingual et est symétrique à la ca-
nine contro-latérale sur le versant palatin. Les autres
dents du groupe incisivo-canin de la patiente, ne pré-
sentent pas d’anomalies embryologiques telles qu’une
invagination ou un sillon cingulaire plongeant du coté
palatin de la racine, sous la forme d’une gouttière plus
ou moins marquée (Fig. 1). On observe également une
dyschromie jaunâtre, ainsi qu’une récession tissulaire
marginale vestibulaire dévoilant la dentine radiculaire
sur 2 mm.
Sur la radiographie panoramique, prise le jour de sa
consultation aux urgences, on remarque la présence
d’une lésion radio-claire arrondie, centimétrique, aux
contours bien délimités, intéressant la paroi radiculaire
externe mésiale du tiers apical de la racine de 23. Le cli-
ché rétroalvéolaire (Fig. 2) confirme les caractéristiques
de la lésion et nous permet de remarquer une anatomie
dentaire complexe sur cette dent aux dimensions exa-
gérées, et mêlant des structures amélaires et dentinaires
au sein de son endodonte. Un examen CBCT (Figs. 3–6)
est réalisé et permet de localiser précisément la position
de cette invagination, ainsi que ses rapports avec la dent
hôte. On y distingue la dens in dente constituée d’émail,
localisée en disto-vestibulaire dans sa partie coronaire,
refoulant en disto-palatin la pulpe dentaire sous forme
d’un « C » en coupe axiale. Puis, dans le tiers radicu-
laire médian, la radio-opacité amélaire disparaît, et les
constituants dentinaires de la dens in dente se recen-
trent au milieu du canal pulpaire, pour nous permettre
d’apprécier son entité, totalement indépendante des
parois du canal radiculaire).5La voie de sortie de l’inva-
gination est difficile à identifier contrairement à la sor-
tie du canal pulpaire dans la région apicale, légèrement
décalée en distal. À l’aide de ces éléments, le diagnostic
de parodontite périradiculaire chronique d’origine en-
dodontique est posé. Dans ce cas particulier la pulpe est
cependant vivante et l’irritant microbien ne provient pas
du canal pulpaire mais du conduit de l’invagination de
l’émail. Le traitement « endodontique » est alors planifié.
_Stratégie thérapeutique
Les objectifs thérapeutiques sont la suppression
de l’irritant microbien localisé dans l’invagination, tout
en essayant de garder la pulpe dentaire vivante, ce qui
s’annonce difficile compte tenu de la grande proximité
radiologique entre ces deux entités. Après anesthésie
locale et pose du champ opératoire, la restauration
cuspidienne au composite est déposée et nous permet
de mettre en évidence ce qui semble être une lésion de
teinte brunâtre. Son examen sous microscope nous
permet de discerner une forme de trèfle à trois feuilles,
davantage caractéristique d’une formation embryo -
logique que carieuse. Son exploration par une lime de
faible diamètre (K06) prouve l’existence d’une voie de
communication entre le milieu extérieur et la dent
(Fig. 7). On peut supposer que le praticien précédent a
interprété la lésion brunâtre à tort, comme étant ca-
rieuse, et l’a traitée comme telle, pour l’obturer ensuite
par une restauration au composite.
La cavité d’accès déportée en mésio-vestibulaire est
donc réalisée au-dessus de la dent invaginée, à partir de
la voie d’entrée précédemment matérialisée. Elle nous
permet alors de visualiser l’intérieur de cette dens in
dente, bordée d’un tissu minéralisé blanchâtre très ré-
sistant, caractéristique du tissu amélaire. L’aménage-
ment de cette cavité entraîne l’effraction du canal
Fig. 7_Vue clinique après dépose
de la restauration composite
et mise en évidence de la voie
d’entrée embryologique.
Fig. 8_Effraction du canal pulpaire
localisé en position palatine.
Fig. 9_Radiographie rétroalvéolaire
avec les limes en place dans le canal
pulpaire et dans le canal
de la dens in dente.
Fig. 10_Retrait de la dens in dente
grâce aux inserts ultrasonores.
Fig. 11_Matérialisation du conduit de
la dens in dente grâce à une lime K.
Fig. 12_Radiographie rétroalvéolaire
matérialisant grâce à la lime
en place, la voie de sortie
supplémentaire
en regard de la lésion.
Le magazine 3_2015 I 15
Fig. 10
Fig. 8Fig. 7 Fig. 9
Fig. 12
Fig. 11