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un ensemble de plateaux calcaires connus sous le nom de « massif calcaire » (fig. 2). Avec une superficie
d'environ deux mille km2, celui-ci se divise en quatre groupes de chaînons: Gebel Simaan et Gebel
Halaqa au Nord, Gebel Baricha et Gebel I1-A'la au centre, Gebel Wastani à l’ouest et enfin, au sud, Gebel
Zawiye que nous avons parcouru plus en détail dans le cadre du programme patrimonial.
Les ruines du massif calcaire ont été repérées, au XIXe siècle par M. de Voguë 2, puis de nouveau
explorées par H. C. Butler 3, de 1901 à 1910. On leur doit des ouvrages fondamentaux qui nous livrent
une très riche documentation. Mais c’est à G. Tchalenko 4, entre 1934 et 1975, qu’il revient d’avoir
explicité les problèmes historiques posés par l’existence de ces ruines de villages et non pas de villes. De
nouvelles études furent lancées, sous l’égide de l’Institut Français d’Archéologie du Proche-Orient. Elles
se sont poursuivies dans le cadre de la mission de la Syrie du Nord qui a obtenu depuis 1994 un statut de
mission mixte syro-française, resserrant ainsi les liens de coopération entre la Direction Générale des
Antiquités de Syrie, l’Université de Damas représentée par le responsable de son département de
l’archéologie et co-directeur de la mission (M. Abdulkarim), et les institutions françaises représentées,
dans le cadre de cette mission MAE, par le CNRS et les Universités de Lyon 2 et de Versailles-Saint-
Quentin 5.
Des recherches ont été engagées sous différents aspects liés à l’environnement géographique,
aux changements éventuels du climat, à l’évolution des ressources en eau, en fonction des critères
chronologiques liés à l’évolution des villages, grâce aux fouilles archéologiques engagées sur les sites de
Sergilla, de Déhès, d’El-Bara et de Ruweiha. Ainsi, les géologues, les pédologues et les archéologues
étudient, dans ses permanences et dans la diachronie, dans ses traits généraux et dans ses particularités
locales, une région rurale de l’Antiquité en prenant en compte les paysages ruraux, les structures de
l’habitat, l’évolution démographique et sociale dans son cadre environnemental. D’autres recherches,
directement liées au patrimoine, sont consacrées à l’étude des vestiges antiques, par l’analyse
architecturale de monuments spécifiques comme les temples, les églises, les tombes, les pressoirs, les
bains et bien sûr les maisons qui représentent la grande majorité des bâtiments antiques 6.
En raison du nombre considérable de vestiges en place et de l’état remarquable dans lequel ils sont
conservés, les études de prospections, menées conjointement aux opérations de fouilles, restent en grande
partie focalisées sur les périodes romaine et byzantine. Toutefois, de nouveaux programmes sur les
périodes islamique et médiévale ont été engagés, avec la fouille d’une mosquée et d’un hammam dans le
village d’El-Bara. En revanche, les recherches réalisées pour les époques modernes et contemporaines
sont quasiment inexistantes. Ces phases d’occupation sont pourtant bien réelles et de nouvelles études
dans ce domaine permettraient de combler un hiatus sur l’occupation des villages du massif calcaire, de
l’Antiquité à nos jours.
2 Vogüé 1865-1877.
3 Butler 1903 et 1920.
4 Tchalenko 1953-58.
5 Tate 1992.
6 Charpentier et alii 2007.