Soins infirmiers aux patients porteurs de plâtres L’immobilisation plâtrée est un des gestes les plus courants de l'arsenal thérapeutique en orthopédie et traumatologie. Janvier 2017 V.GUENOT C.NEUVILLE Compétence 4 UE 2-4 S1 CANDICE NEUVILLE comp 4 UE 2-4 S1 promotion 2011. 2014 2 DÉFINITION Moyen de contention d’une zone traumatisée, qui consiste à maintenir les fragments osseux dans leurs rapports normaux jusqu'à la formation d’un cal osseux solide. Le + souvent, immobilisation des articulations supérieures et inférieures au trait de fracture. 3 INDICATIONS Après un geste chirurgical Mise au repos des ligaments articulaires : entorse, luxation, traumatisme. Action anti-inflammatoire et antalgique : polyarthrite, scoliose… En attente d’une intervention ou d’un examen : scanner 4 POURQUOI IMMOBILISER ? Immobiliser, oui, mais pourquoi ? Comment ? Pour combien de temps ? Notions de perte d’autonomie, de perte de liberté, de handicap temporaire. Soins infirmiers techniques, mais aussi et surtout éducatifs. L’information et l’éducation seront indispensables. 5 QUELQUES DIAGNOSTICS IDE ASSOCIÉS En fonction des problèmes réels et potentiels : syndrome de Volkmann, cal vicieux, risque infectieux si broches ou autres matériels... Anxiété liée à l’altération de la mobilité physique… Risque de perturbation dans l’exercice du rôle parental ? Pour un enfant porteur d’un plâtre ou inversement Risque de dysfonctionnement neurovasculaire périphérique….. 6 CADRE REGLEMENTAIRE Dans le cadre de son rôle propre,… la surveillance et la recherche de signes de complications pouvant survenir chez un patient porteur d’un dispositif d’immobilisation ou de contention. Article R 4311- 5 n°27 Dans le cadre du rôle prescrit, donc sur prescription médicale, ou protocole écrit, …l’ablation des dispositifs d’immobilisation et de contention. Article R 4311- 7 n°12 7 CADRE REGLEMENTAIRE Sur prescription, et à condition qu’un médecin puisse intervenir à tout moment , la pose d’un dispositif d’immobilisation (en l’absence de traumatisme osseux : entorse…) Art R 4311- 9 n° 6 L’IDE participe à la mise en œuvre par le médecin à : « la pose de systèmes d’immobilisation après réduction ». Art R 4311-10 n° 7 8 PRINCIPAUX PLÂTRES POINTS DE COMPRESSION, STRICTIONS Le plâtre doit assurer le confort du patient. Pour cela il doit mouler correctement les reliefs osseux en évitant les zones de compression. Il doit être léger, solide, simple, lisse et résistant. 9 PLÂTRE ANTE- BRACHIO-PALMAIRE OU MANCHETTE F basse de l’avant bras. Entorse ou fracture du carpe (scaphoïde). Contusion du poignet ( 80% F poignet : Pouteau-Colles, extrémité ˂ radius) Immobilise les os du poignet, le carpe et des métacarpiens. Il s’arrête au pli palmaire (pli main) et libère le coude. 10 PLÂTRE MANCHETTE 11 PLÂTRE BRACHIO-ANTEBRACHIAL ou BRACHIO PALMAIRE F des 2 os de l’avant bras. F ou entorse du coude Plâtre du bras et de l’avant bras Il immobilise le coude, le poignet, l'avant bras Il laisse libre les doigts 12 PLÂTRE BRACHIO-PALMAIRE 13 PLÂTRE THORACO-BRACHIAL Il sert à immobiliser l'épaule, le bras et l'avant-bras et il prend appui sur les crêtes iliaques. Appareil difficile à confectionner avec de nombreuses zones à capitonner soigneusement tout en protégeant le creux axillaire. De moins en moins utilisé, il est remplacé par des contentions souples / coudes au corps. 14 PLÂTRE THORACO-BRACHIAL et COUDES AU CORPS BOTTE PÉDIEUSE OU GOUTIÈRE PÉDIEUSE F malléolaires, F 1/3 inf de la jambe, F des os du pied, entorse de cheville Débute sous le genou et laisse la face supérieure des orteils libre. Elle peut être avec ou sans appui, sur avis médical. 16 PLÂTRE DE STAR… 17 PLÂTRE CRURO-JAMBIER OU GENOUILLÈRE PLÂTRÉE Pour entorse et contusion du genou. Immobilise le genou en légère flexion. Débute à la racine de la cuisse et s’arrête au dessus des malléoles qui restent libres. La région malléolaire sera particulièrement protégée par du feutre. 18 PLÂTRE CRURO-JAMBIER 19 LE TRONC Le corset plâtré de type Boehler : lésions basses instables et non déplacées du rachis. 20 CONFECTION D’UNE CONTENTION PLÂTREE OU RÉSINE La salle de plâtre Les instruments Les matériaux ( le plâtre et la résine) La technique de la réalisation d’un plâtre MATÉRIAUX Le plâtre La résine Le jersey tubulaire Le matériel de rembourrage Le thermo formable (kinésithérapeutes) Les strappings 22 BASES THÉRAPEUTIQUES Préalables avant l’immobilisation Enlever les bijoux S’assurer de l’absence de troubles vasculaires (pouls) Rechercher la sensibilité des doigts et orteils Apprécier l’état cutané (lésion, propreté…) 23 PRINCIPES DE CONFECTION Pas d’application directe du plâtre sur la peau protection par 2 éléments : jersey tubulaire + matériel de rembourrage Plâtre : modelé et ajusté sans zones d’appui Éviter les positions extrêmes Un plâtre sèche, devient solide en 24 h / 48h L’extrémité distale du membre plâtré doit être libre Tout plâtre nécessite une surveillance 24 RÉALISATION Contention plâtrée bloque l’articulation sus et sous jacente en position satisfaisante. Immobilise articulations en position de fonction, afin d’éviter les raideurs articulaires (ex: coude maxi 90°, pied à angle droit) Circulaire (tout le tour du membre) ou gouttière (non fermé ; seulement dans certains cas : entorse ) ; plâtre peut être fendu pour éviter la compression. Position donnée pour le membre ; si pas d’indication, mettre en position de fonction. Pas de position extrême 25 26 ABLATION DU PLÂTRE https://youtu.be/elMhjedd0QI https://www.youtube.com/watch?v=6X-VU6gO6w&feature=player_detailpage 27 Scie à plâtre 28 LES DIFFÉRENTES COMPLICATIONS LES SOINS INFIRMIERS Complications à court terme Complications à long terme 29 COMPLICATIONS À COURT TERME 1. Complications thrombo - emboliques 2. Complications vasculo-nerveuses 3. Complications cutanées 30 1.Complications thrombo - emboliques Phlébite (TVP), Embolie Pulmonaire : Signes cliniques et paracliniques Douleur modérée surtout au mollet, dorsifléxion pied Signes locaux : rougeur, chaleur, perte du ballottement mollet : non visible sous plâtre Œdème du mollet et des orteils parfois douloureux Dissociation pouls (élevé) / température (fébricule) Augmentation VS ou CRP Si embolie : Douleur thoracique, dyspnée, angoisse 31 2.Complications vasculo-nerveuses Syndrome des loges : concerne le membre inférieur Augmentation des pressions tissulaires, responsable d’une pression artérielle, veineuse et nerveuse. Un œdème, un hématome ou un plâtre trop serré peuvent être la source de l’augmentation de pression dans les loges aponévrotiques qui sont inextensibles. La circulation artériolaire est ainsi interrompue une nécrose ischémique des parties molles musculaire et nerveuse en est la conséquence. 32 Syndrome de Volkmann. Complication la plus redoutable de toutes les immobilisations = syndrome des loges du membre supérieur. Urgence médicale voire chirurgicale Il s’agit d’une ischémie tissulaire par compression des muscles, vaisseaux et nerfs occasionnées par l’œdème et l’hématome tissulaire → rétractation des tendons fléchisseurs des doigts et du poignet, aboutissant à une main en griffe caractéristique. Quand ce syndrome apparaît, il est irréversible. Il est redouté dans les fractures du coude ou de l’avant bras. 33 Signes cliniques Douleur dans l’avant bras et les doigts, à type de tension : crampes Œdème et cyanose si compression veineuse dans les doigts avec ébauche de flexion (doigts froids, boudinés) Pâleur et refroidissement des extrémités si compression artérielle Trouble de la sensibilité Engourdissement, Paresthésie à type de fourmillement ( picotement, sensation de raideur cutanée) ou d’ hypoesthésie Paralysie et rétraction des fléchisseurs des doigts Fixation irréversible des doigts en griffe 34 SURVEILLANCE / ACTIONS IDE Extrémités : coloration, œdème, chaleur, sensibilité, mobilité Douleur Surélever le membre pour favoriser le retour veineux et diminuer l’œdème Il faut d’urgence le signaler au chirurgien qui va fendre le plâtre afin de lever la compression. 35 3.Complications cutanées Rougeur, phlyctène, nécrose, escarre → ostéite ˂ plâtre circulaire Signes cliniques Douleurs ; démangeaisons Augmentation de la température Lésion cutanée visible ( lésion de striction ou frottement) Odeur malodorante Tâche sur le plâtre 36 SURVEILLANCE / ACTIONS IDE Plaintes du patient ; mais attention aux patients comateux, polytraumatisés, paraplégiques… Odeur, chaleur, tâches État cutané visible Matelas adapté si besoin Mobilisation : changer les points d’appui 37 TRAITEMENT PRÉVENTIF Lever précoce Mise au fauteuil Massage du mollet si possible Béquillage dès que possible Mobilisations des membres et contractions musculaires sous plâtre Surélever le membre Traitement anticoagulant préventif (HBPM) sur PM 38 COMPLICATIONS À MOYEN ET LONG TERME 4. Complications orthopédiques 5. Complications articulaires 6. Complications musculaires 39 4.Complications orthopédiques Déplacement secondaire de la fracture après immobilisation (perte d’alignement) : cal vicieux (consolidation en position anormale ) Pseudarthrose… Signes cliniques : douleurs Signes radiologiques : cal vicieux ou déplacement 40 5.Complications articulaires ˂ immobilisation articulation Signes cliniques : Raideur, ankylose Libérer le plus tôt possible l’articulation Kinésithérapie immédiate des articulations non immobilisées en préventif et rééducation active de l’articulation immobilisée en curatif. 41 6.Complications musculaires Fonte musculaire (amyotrophie) Traitement préventif : Contractions volontaires des groupes musculaires plusieurs fois par jour Algodystrophie : syndrome douloureux articulaire et péri articulaire (ostéoporose localisée) Signes : raideur, douleur de l’articulation, œdème Traitement long : rééducation douce, calcitonineR 42 RÔLE IDE : INFORMER Expliquer et donner un document écrit concernant la surveillance de la contention : Coloration des doigts, présence du pouls, mobilité des doigts et orteils, œdème, douleur, odeur (escarre sous plâtre) Insister sur le calendrier de soins (éviter les déceptions concernant les délais) 43 INFORMER Info sur la position : système de soutien, pas de membre ballant. Surélévation des pieds du lit , pied sur tabouret… Info sur les traitements : antalgiques, antioedémateux, anti-coagulants… Prévenir l’amyotrophie (contractions statiques journalières). 44 45 RÔLE IDE : ÉDUQUER Fièvre, frissons, douleur thoracique, essoufflement inhabituel. Ne pas tenter d’introduire un quelconque objet sous le plâtre pour palier à des démangeaisons. Si insupportable faire voir le plâtre. Garder surélevé le plus possible le membre plâtré. Remuer les extrémités (doigts ou orteils). Mobiliser ses articulations. Éviter les stations debout prolongées, le piétinement, le croisement des jambes. Ne pas porter de vêtement serré ou de bijoux qui gênent la circulation. 46 ÉDUQUER Maintenir le plâtre dans un état de propreté suffisant. Conserver l’ efficacité du plâtre : ne jamais le mouiller, ni le laver. éviter de le couvrir de graffitis, dessin… le protéger pour prendre une douche Si résine, une douche tiède rapide est possible, mais le bain est déconseillé Éviter de cogner ou d’en émietter les bords. 47 ÉDUQUER S’alimenter, s’hydrater correctement : L’alimentation pauvre en lipides, glucides rapides (chocolat, bonbons), mais riche en protéines, calcium et fibres pour faciliter le transit. Respecter prescription médicale, notamment d’antalgique, d’anti-inflammatoire et surtout d’anticoagulant préventif. Revenir aux urgences au moindre signe anormal. 48 CONCLUSION ?