Journée d’échan
g
es 22 septembre 2005
« Actions et dispositifs en faveur des enfants atteints
d’un trouble spécifique du langage oral ou écrit »
Résumé de l’intervention du docteur Pierre Rose, fédération des CMPP
Le centre de références et ses partenaires en Picardie
Invité à cette journée d’échanges pour représenter la Fédération des Associations Nationales des CMPP, je
tiens d’abord à préciser que, mandaté dans d’autres situations pour des questions concernant les troubles des
apprentissages et du langage , entre autres l’élaboration en cours par l’INPES du guide à l’attention des parents,
c’est d’abord d’une place de praticien d’un CMPP, partenaire du centre de référence de Picardie, que j’engage
ici mon propos sans pour autant me départir de mon appartenance à la Fédération.
L’établissement des relations entre le centre de références et ses partenaires a bénéficié en Picardie d’un
contexte favorable :
- il s’est mis en place à une période ou différents acteurs sollicités par le dépistage et la prise en charge
des difficultés du langage et des apprentissages ( services de PMI, de santé scolaire, enseignants des
Rased, orthophonistes, praticiens des CMP ou CMPP,médecins hospitaliers …) se retrouvaient dans des
groupes de travail qui, dans le cadre d’un Programme Régional de Santé, ont mis en place des projets
de formation et d’actions transversale ;
- il a bénéficié dans certains secteurs, en particulier dans le sud de l’Oise , d’une expérience, voire d’une
culture, déjà ancienne du travail ‘ en réseaux ’.
Une approche plurielle
Le concept de trouble spécifique des apprentissages ou du langage fait encore l’objet de discussions qui ne sont
pas sans incidence sur les modalités de prise en charge organisées en fonction d’approches et de références
différentes, voire divergentes . La notion de ‘trouble spécifique’ présuppose une atteinte développementale
d’une fonction cognitive par opposition à une conception dans laquelle le trouble est à comprendre comme un
symptôme témoignant d’une souffrance psychique méconnue.
Une perspective développementale ne signifie pas que soit promue une conception réductrice, purement
biologique du trouble: dans cette perspective, il n’apparaît pas possible de dissocier la maturation des fonctions
cognitives, comme nous l’avons entendu, du bain culturel dans lequel elles s’expriment, plus largement de les
isoler du développement psycho-affectif et d’en ignorer les intrications et les influences réciproques. Il s’agit
donc toujours d’une certaine manière d’un fait d’épigenèse.
Les approches psychodynamique, neurobiologique, ou cognitive sont alors plutôt à considérer comme des
regards complémentaires, portés sous des angles différents
Des pratiques concertées
La volonté commune de l’équipe du centre de références de Picardie et d’un certain nombre de ses partenaires
est de développer des pratiques concertées en cultivant une approche multimodale pour ajuster au mieux, au cas
par cas, les réponses rééducatives ou thérapeutiques .
Il ne s’agit pas d’aboutir à des protocoles de soins standardisés dans un ‘consensus mou’ mais au contraire de
conserver la spécificité et la richesse singulière des différentes approches dans une recherche de synergie ,en
essayant de dépasser sans y renoncer nécessairement les positions théoriques qui pourraient apparaître
contradictoires pour le patient.
Favoriser les pratiques concertées sous-entend que soient reconnues et respectées les compétences et les
éclairages de chacun, en ne négligent pas de resituer le trouble dans l’histoire personnelle de l’enfant.
Un objectif affirmé est aussi que soient évités les parcours du combattant ’auxquels sont trop souvent
confrontés les enfants et les familles et que prennent sens pour eux les approches des différents professionnels
sollicités.
Des formations interactives
Cette culture des approches plurielles ne se construit pas avec l’apprentissage d’un langage commun, sorte
‘d’espéranto ’s’imposant à chaque praticien, mais plutôt avec une ouverture au langage de l’autre et à la prise en
compte d’une façon différente de penser la difficulté rencontrée par un enfant
La méthode actuellement retenue,en particulier dans le cadre du Programme Régional de Santé, consiste, lorsque
les conditions le permettent , dans la mise en place ‘ d’ateliers ’dans un territoire de proximité ou plus largement
de ‘journées départementales’ favorisant une meilleure connaissance respective des pratiques des professionnels
des différents champs, des échanges de savoirs et de savoir-faire et des formations transversales.
Vers une logique de réseaux ?
Le caractère opérationnel de ces rencontres est bien sûr à la hauteur de l’investissement des professionnels et
des responsables institutionnels mais aussi de l’existence localement de réseaux plus ou moins formalisés,ou
plutôt d’une culture du partenariat.
L’expérience du terrain vèle une situation variable dans chacun des trois départements de la région picarde et
des échanges plus ou moins faciles selon les secteurs géographiques.
Il y a loin d’une culture du partenariat construite avec le temps et qui ne se décrète pas à la formalisation de
réseaux. Mais petit à petit les choses avancent, semble-t-il, mettant à distance les positions dogmatiques, les
querelles de chapelle et les replis corporatistes pour favoriser des parcours d’enfant.
Un centre de références pour quoi faire ?
Avions nous besoin d’un centre de références spécifique pour les troubles des apprentissages et du langage
comme il en existe déjà ou comme il faudrait peut-être aussi en créer pour d’autres pathologies ? Les réponses à
ces question divergent toujours allant d’un scepticisme certain au plus grand enthousiasme…Elles dépendent
peut-être surtout de ce que peuvent en faire les acteurs des centres et leurs partenaires :
- au plan universitaire et scientifique, surtout pas pour établir pour l’ensemble des professionnels les références
du savoir, mais pour dispenser des savoirs référencés, des référentiels…en assurant après les formations initiales
des formations continues en lien avec les différents acteurs de la santé et de l’éducation.
- au plan clinique, surtout pas pour élaborer ‘ la doxa ‘des bonnes pratiques et prescrire les conduites à tenir que
devront exécuter les partenaires. Il n’est ni un centre de déférence ni un centre de fiance maisun centre
ressources’ favorisant la complémentarité des approches et la cohérence de leur synthèse permettant au jeune
patient de s’en approprier le sens.
Docteur Pierre Rose
Directeur médical du CMPP de Beauvais
Fédération de Associations Nationales des CMPP
22 septembre 2005
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