Par contre, les retours sont beaucoup plus intéressants lors des consultations post-opératoires, une
fois que les patients ont bénéficié de ces nouvelles méthodes. Leur satisfaction est souvent très
importante. C'est donc cela qui est plus marquant, beaucoup plus que leur réticence à accepter ce
qu'on leur proposait avant. En fait, tout se passe dans l'information et la préparation
préalable. L'ordre des choses s'est inversé.
Si l'on veut caricaturer au maximum : - avant, le patient était vu en consultation, l'intervention lui
était proposée, puis réalisée, et les suites opératoires étaient organisées après. - maintenant, le
patient est vu en consultation, l'intervention lui est proposée, les suites opératoires sont expliquées,
proposées et préparées, et alors, et seulement si tout est prêt, l'intervention est réalisée. C'est
beaucoup plus sécurisant pour le patient, et il n'a aucun mal à accepter, par exemple une
hospitalisation très courte, voire aucune hospitalisation.
Le rôle de CAPIO dans la promotion et l'aide à la mise en place de ces protocoles innovants a été
déterminant dans ma décision de "franchir" le pas, notamment pour la réalisation de certains gestes
en ambulatoire, ce qui était considéré comme inconcevable il y a peu.
Pouvez-vous expliquer ce qu'est une prothèse unicompartimentale en ambulatoire, qui est
pratiquée dans votre établissement dans le cadre de la démarche sur la récupération rapide
(RRAC) ?
Dr Villeminot : Il s'agit tout simplement de la mise en place d'une prothèse unicompartimentale du
genou (prothèse partielle du genou), chez un patient en admission le matin même de l'intervention, et
à qui on permet le retour au domicile le soir même de l'intervention.
Le patient ne rentre que s'il est capable de se déplacer de façon autonome pour les gestes de la vie
quotidienne, avec où sans cannes! Le patient passe entre 8 à 10 heures à la clinique. Et contrairement
à certaines idées reçues en chirurgie ambulatoire, le patient rentre bien à domicile, et non pas dans
l'hôtel situé en face de la clinique avec une infirmière de garde au rez-de-chaussée (de toute façon, il
n'y a pas d'hôtel en face de la clinique!). Et le fait de permettre un retour extrêmement rapide à
domicile, lui permet une récupération encore plus rapide de son autonomie. On bouge beaucoup
moins dans les locaux d'un établissement hospitalier que chez soi... Je suis persuadé que beaucoup de
mes confrères ou beaucoup de patients auront du mal à croire que ça puisse être possible, et ce
d'autant que nous n'avons trouvé aucune publication, française ou mondiale, qui décrive ce type de
prise en charge pour ce type d'acte chirurgical.
Certaines publications nord-américaines l'évoquent, mais sans être certain qu'il s'agisse d'une vraie
prise en charge ambulatoire (doute sur ce fameux hôtel en face de la clinique). Pour autant, c'est
possible, les patients l'ont fait, et je les remercie sincèrement de leur "audace" et de leur confiance. Ils
sont des pionniers, de pratiques qui se développeront inéluctablement dans les années qui viennent.
Pour que l'explication soit complète, il faut aussi faire remarquer que l'audace est aussi du côté de la
Clinique Sainte Odile et de CAPIO, car réaliser cet acte chirurgical en ambulatoire est pénalisant
pour l'établissement, cet acte n'étant pas prévu dans la nomenclature, avec ce type de prise en
charge.
Malgré cet aspect financier très défavorable, l'établissement a encourager la réalisation et la mise en
place de cette technique innovante. Nous avons également décider d'appliquer cette prise en charge à
la reconstruction du ligament croisé antérieur du genou, avec la même réussite initiale.