De la Récupération Rapide Après Chirurgie (RRAC) à la

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De la Récupération Rapide Après Chirurgie
(RRAC) à la chirurgie mini-intrusive.
26 mai 2016
La récupération rapide après chirurgie, parfois appelée récupération améliorée
ou réhabilitation améliorée après chirurgie, est de plus en plus connue et de plus en
plus proposée à nos patients.
La RRAC est désormais centrale dans la stratégie hospitalière de la DGOS qui a
bien compris que le potentiel d’amélioration de la qualité, de la satisfaction des
patients et de l’efficience via la réduction de la durée de séjour, est aussi important
en hospitalisation complète que dans le fameux virage ambulatoire.
Même s’il reste beaucoup à faire pour que cela devienne la prise en charge standard
en France, des progrès significatifs ont été faits, notamment sous l’impulsion
du groupe Capio qui a été, dès 2010, en partenariat avec ses équipes médicales, le
pionnier de la diffusion sur le territoire national de cette démarche initiée il y a plus de
20 ans par le Pr Kehlet.
Signalons également le rôle positif joué par l’association GRACE sur sa diffusion en
France.
Il est temps à présent de dessiner de nouvelles frontières pour se fixer de nouvelles
ambitions. C’est ainsi que je propose le concept de la chirurgie mini-intrusive.
La chirurgie mini-invasive est bien connue, c’est notamment la cœlioscopie qui, en
réduisant le traumatisme de la paroi (souvent abdominale), a facilité la cicatrisation,
la réduction des douleurs et des complications. Qu’il est loin le temps (en concept
mais pas en années!) où les grandes cicatrices faisaient les grands chirurgiens.
Le concept de chirurgie mini-intrusive va plus loin. Il s’agit non seulement de
préserver le corps du patient (comme dans la chirurgie mini-invasive), mais aussi son
esprit et plus globalement empêcher la maladie de venir perturber sa vie dans toute
ses dimensions.
C’est donc réduire la douleur, mais aussi le stress et l’inconfort, et ce, quelle qu’en
soit l’origine.
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C’est rendre le patient autonome, maître de décider ce qu’il souhaite, après bien sûr
avoir été informé et conseillé par les professionnels de santé.
C’est changer de paradigme et faire en sorte que la compétence vienne au patient
et non l’inverse et ce, en utilisant les outils du numérique pour faciliter, fluidifier et
fiabiliser son parcours de patient. En lui évitant par exemple de venir à l’hôpital
uniquement pour remplir un formulaire administratif.
Il suffit par exemple de comparer les procédures d’enregistrement avant un vol en
avion et celui des démarches préalables à une hospitalisation pour comprendre que
nous devons proposer mieux sur ce point ainsi que sur de nombreux autres
domaines.
C’est lui permettre de rester dynamique, de travailler, de profiter des loisirs, de sa vie
affective et sexuelle, en un mot de vivre pleinement. Et ainsi de sortir du statut de
celui qui, parce qu’il est malade, devrait renoncer à tout le reste. C’est donc ajouter
des années à la vie ET de la vie aux années selon la formule consacrée.
C’est repenser autrement l’organisation des soins, outils, protocoles et architecture
hospitalière (à quand des drive-in en santé !) pour que tout soit fait pour faciliter la vie
des patients et de leurs proches. C’est à nous, professionnels, de nous adapter à ces
nouvelles attentes du patient et non plus le contraire.
C’est tout faire pour que le patient puisse bénéficier le plus souvent possible du
maintien dans son environnement familier, ceci étant une constante dans la
demande des malades, y compris pour la fin de vie.
L’information sur son parcours de soin est essentielle pour que le patient puisse
gagner en autonomie. Mais est- il normal qu’il soit plus facile de trouver des
informations fiables et accessibles sur la dernière automobile ou sur un pays inconnu
que l’on projette de visiter, que sur une pathologie ou une intervention chirurgicale ?
Il existe forcément un moyen de concilier besoin d’information personnalisée et
réitérée du patient et emploi du temps surchargé des professionnels. Bien des
entreprises permettent aujourd’hui d’accéder facilement 24h/24 à une information qui
nous facilite la vie et/ou de « passer commande » de soins. Nous devons en faire
autant.
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La digitalisation de la santé est un formidable outil pour satisfaire ces nouvelles
attentes, à condition qu’elle soit centrée sur
le patient et qu’elle ne finisse pas
étouffée par la bureaucratie tatillonne à la française qui nous prive de nombreux
outils et services disponibles ailleurs dans le monde.
La maladie ne sera jamais une promenade de santé mais ne doit plus être un
parcours du combattant). Au moment où elle sera de plus en plus chronique, il est de
notre devoir de tout faire pour la rendre supportable et faire en sorte qu’elle
impacte le moins possible la vie des patients.
Même l’épisode pathologique aigu sévère devrait peu à peu tendre vers une
péripétie démystifiée, non seulement par un pronostic favorable mais aussi par une
prise en charge n’altérant que faiblement le quotidien du patient. C’est cela qui a de
la valeur pour le patient.
Nous n’en sommes pas encore là, mais le but de la vision exposée dans ce billet est
justement de commencer à tracer la route vers cette nouvelle chirurgie miniintrusive.
Le chemin parait long, mais qui aurait pu penser en 2010 que prothèses de hanche,
de genou, d’épaule, hernies discales lombaires, colectomies et remplacement
valvulaire cardiaque pourraient être réalisés en ambulatoire en France ?
La chirurgie mini-intrusive peut être rapidement accessible à tous demain, il suffit de
la préparer dès aujourd’hui.
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