Corinne MAIRONE et Jean-Jacques DUPIN
34 Didaskalia | no 33 | 2008
tion and creationism » (NAS, 2008) « servant de ressource aux personnes qui
se trouvent confrontées aux débats autour de l’évolution ». Les enseignants
sont principalement concernés. Tout récemment, la Federation of American
Societies for Experimental Biology (FASEB, 2008) présente dans son journal les
résultats d’une enquête menée auprès de sujets américains. L’étude concerne
en particulier leurs vues sur l’évolution de « toutes les choses vivantes (all
living things) » : 61 % des sujets testés acceptent l’idée que « toutes les cho-
ses vivantes ont évolué au cours des temps ». Cependant, ces réponses se
décomposent en deux groupes : 36 % pensent que cette évolution est « due
à un processus naturel comme la sélection naturelle », tandis que 25 %
pensent « qu’un être suprême a guidé l’évolution des choses vivantes dans
le but de créer la vie sous la forme qui existe aujourd’hui » ; enfin 28 % font
directement référence au créationnisme. Si la question posée concerne l’évo-
lution humaine, 53 % des sujets font référence à l’évolution (32 % par un
processus de sélection naturelle, 21 % grâce à l’action d’un guidage) et 31 %
au créationnisme. L’adhésion aux thèses évolutionnistes est donc largement
minoritaire et croît rapidement avec la culture scientifique.
La situation en France peut sembler plus pacifiée car les thèses création-
nistes ont peu de relais dans les médias. De nombreux ouvrages de vulga-
risation sont parus sur la question (Lecourt, 1998 ; Gould, 2000 ; Arnould,
2007 ; Picq, 2007) atteignant des tirages respectables. Les revues pour « grand
public » comme les émissions de télévision diffusent largement les vues évo-
lutionnistes. Aussi, à ce jour, il paraîtrait abusif de parler de cet enseignement
comme celui d’une « question socialement vive », au sens où les auteurs
qui ont introduit cette catégorie en parlent (Simonneaux, 2003 ; Legardez et
Simonneaux, 2006). La théorie de l’évolution dans ses fondements n’est objet
de contestation notable ni dans la société, ni dans les communautés savantes,
ni dans les savoirs scolaires. Seuls ses mécanismes font aujourd’hui débat.
Cependant, des tentatives récentes pour populariser les approches création-
nistes en France sont apparues au grand jour (Yahya, 2006). Des institutions
telle que l’université interdisciplinaire de Paris soutiennent des thèses proches
de celles de l’intelligent design américain qui visent à donner une crédibilité
scientifique à la « science dite de la création ».
En France, cet enseignement est généralisé au niveau secondaire dans le
champ des sciences de la vie et de la terre. Fortin (1993) s’est notamment
intéressée aux conceptions des élèves de collège et de lycée et à la place
de l’enseignement de l’évolution dans les différents niveaux. À l’école pri-
maire, une approche de l’évolution devrait être étudiée au cours du cycle
des approfondissements ou cycle 3 (grade 3 à 5, élèves de 8 à 10 ans). Mais
cet enseignement y semble peu répandu. On peut penser qu’il est négligé
comme tous les enseignements scientifiques et technologiques à l’école pri-