Journal Identification = PNV Article Identification = 0436 Date: December 4, 2013 Time: 2:50 pm
Les troubles mentaux liés à des lésions cérébrales dans le DSM-5
La démence devient ainsi un syndrome spécifique, indé-
pendant de l’étiologie, dont l’origine organique est attestée
par l’anamnèse, l‘examen physique ou les examens de labo-
ratoire, ou bien par l’exclusion des troubles autres que
les troubles organiques. Sa définition est proche de celle
du DSM-II et associe retentissement social et profession-
nel et déficits cognitifs multiples. Toutefois, elle introduit
une hiérarchie des symptômes au profit des troubles de
la mémoire, considérés comme un critère majeur, alors
que les autres troubles des fonctions supérieures (dont
la pensée abstraite, le jugement, éléments essentiels
des définitions traditionnelles de la démence2, deviennent
des critères mineurs, non obligatoirement présents). La
démarche diagnostique se fait alors en deux temps : remplir
les critères de démence, puis en préciser l’étiologie.
L’élément fondamental est que, pour la première fois,
ces critères diagnostiques sont définis de fac¸on opératoire
et présentés avec des définitions précises.
La sévérité de la démence est appréciée sur le degré de
restriction de l’autonomie.
Le DSM-III-R [7] reprend la même classification,
mais la Démence dégénérative primaire devient Maladie
d’Alzheimer (MA) sénile ou présénile, les autres affections
dégénératives étant incluses dans les démences non spé-
cifiées.
Commentaires
Les raisons du vif succès international du DSM-III
tiennent sans doute à la publication, pour la première fois,
de critères opératoires permettant une certaine homogé-
néisation des diagnostics. En même temps, il représentait
une alternative crédible à la domination de la psychana-
lyse, ébranlée par le développement des neurosciences et
de la pharmacothérapie. Les critiques qui lui furent adres-
sées furent néanmoins tout aussi vives que son succès,
accusant le DSM-III de réductionnisme et soulignant les
insuffisances du système catégoriel. Par ailleurs, la caté-
gorie Démence du DSM-III était définie sur le modèle de la
MA, donnant la primauté aux troubles de mémoire. Cette
définition était adaptée pour la MA comme en témoigne
l’utilisation, dans les essais thérapeutiques, des critères de
démence conjointement aux critères spécifiques de la MA
[8], car ces derniers n’exigeaient qu’un déficit portant sur
deux fonctions cognitives non spécifiées. En revanche, les
2La démence était jusqu’alors caractérisée, depuis la fin du XIXesiècle, par
une altération globale des fonctions intellectuelles, chronique et irréversible,
les premiers troubles étant une altération du jugement et de la pensée abs-
traite. Cette définition n’était pas définie au plan opératoire et correspondait
ainsi à des déficits cognitifs de types et de sévérité très variables.
critères de démence ont vite été reconnus comme inadé-
quats pour le diagnostic des autres syndromes démentiels.
En outre, la catégorie Démence restait mal définie [9] en
même temps qu’elle introduisait une dichotomie entre nor-
malité et démence qui était loin de correspondre à la réalité.
La quatrième édition, DSM-IV
La mise en chantier du DSM-IV est développée sous
la présidence d’Allen Frances (1942-) et est associée à la
préparation de la CIM-10 (publiée en 1993). Les révisions
ont été effectuées après analyse des critiques des DSM-
III et DSM-III-R, et des essais cliniques ont été effectués
pour vérifier la fiabilité des nouveaux diagnostics. Publié en
1994 [10], le DSM-IV diffère notablement de la CIM-9 et du
DSM-III-R. Son objectif affiché est d’en faciliter l’utilisation
par les cliniciens et la communication entre différents uti-
lisateurs, en améliorant la concision des textes, la clarté
du langage et en rendant plus explicite le contenu des cri-
tères diagnostiques, tout en corrigeant les insuffisances et
les erreurs des précédents DSM. Un changement notable
est introduit au plan théorique : la disparition de la distinc-
tion entre troubles mentaux organiques et non organiques,
les auteurs considérant, en effet, que cette division est
un «anachronisme réductionniste du dualisme esprit/corps
(mind/body)»reconnaissant l’importance des troubles phy-
siques dans les troubles mentaux et inversement.
Le DSM-IV supprime donc la catégorie Troubles men-
taux organiques et la nouvelle classe diagnostique ne
contient plus que des troubles cognitifs : Delirium,
Démence, Troubles amnésiques et Autres troubles cogni-
tifs. Les syndromes non cognitifs associés à des lésions
cérébrales (dépression, idées délirantes, troubles de la
personnalité...) sont maintenant répertoriés dans les caté-
gories correspondantes.
Le DSM-IV reprend les critères de démence du DSM-III,
mais introduit plusieurs modifications : le retentissement
sur l’activité sociale et professionnelle doit marquer un
déclin par rapport au fonctionnement antérieur et les
troubles des fonctions exécutives sont inclus dans les défi-
cits cognitifs. En revanche, la référence à des modifications
de la personnalité disparaît de même que l’évaluation de la
sévérité.
Le DSM-IV fait apparaître la mention d’examens complé-
mentaires comme les examens neuropsychologiques,
l’imagerie cérébrale structurale (scanner X ou IRM) et fonc-
tionnelle (PET-scan ou Spect). Toutefois, ces éléments ne
sont pas retenus dans les critères diagnostiques car ils ne
sont pas accessibles à tous.
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 11, n ◦4, décembre 2013 407
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