La Lettre du Gynécologue - n° 334 - septembre 2008
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Ponkey (1) retrouve statistiquement comme facteur de risque
la petite taille maternelle : 164,3 cm en occipito-pubien ver-
sus 163,6 cm en occipito-sacré (p = 0,03) et un âge supérieur
à 35 ans, notamment chez les multipares. Pour Le Ray (6), la
nulliparité serait un facteur de risque de VP avec un odds-
ratio (OR) de 1,45. Sizer (7) montre, à partir de 16 781 patien-
tes, un taux croissant d’accouchements en occipito-sacré en
fonction du poids croissant de l’enfant, atteignant 17,6 % pour
les enfants de plus de 4 kg.
L’utilisation de fortes doses d’ocytocine est liée de façon sta-
tistiquement significative à la présence d’une occipito-sacrée,
ainsi que le dépassement de terme.
Hidar (3) retrouve un taux significativement élevé de placen-
tas antérieurs chez les patientes accouchant en occipito-sacré :
43,3 % versus 28,7 % (p = 0,005). Il note, par ailleurs, un taux
significativement très élevé de dos postérieurs : 41,8 % versus
0 % (p = 0,001). Même si le lien placenta antérieur-dos pos-
térieur semble évident, il est cependant difficile à mettre en
évidence dans une étude épidémiologique.
Gardberg (8) montre qu’il existe chez certaines patientes des
positions occipito-sacrées récidivantes, et Ponkey (1) retrouve
de façon significativement plus importante la présence d’un uté-
rus cicatriciel chez les patientes présentant une occipito-sacrée.
Les études américaines (1, 9) montrent que le facteur ethni-
que (population afro-américaine) est statistiquement corrélé
à la présence d’une occipito-sacrée. Dans ces études, la pré-
sence d’une occipito-sacrée protégerait contre la dystocie des
épaules, mais lorsque celle-ci survient, elle est d’un pronostic
plus défavorable, avec une augmentation du taux de lésions du
plexus brachial.
La responsabilité de l’anesthésie locorégionale (ALR) est forte-
ment débattue, car il est difficile de déterminer sa place réelle,
en tant que facteur de risque ou en tant que simple nécessité
devant la présence de douleurs lombaires fréquemment décri-
tes chez ces patientes.
Il est admis que l’ALR diminue l’activité utérine et la tonicité
périnéale, qui peuvent être mécaniquement responsables
d’une persistance d’une VP. Peuvent également intervenir la
dose d’anesthésiques locaux et le niveau de la présentation
lors de la pose de l’ALR.
Une étude française dirigée par Le Ray (6) apporte certaines
réponses, à partir de l’observation de 398 patientes, dont
200 patientes incluses qui étaient en VP. L’ALR était posée
à 5 cm de dilatation maximale. Parmi les facteurs de risque
retrouvés dans la littérature, que sont la nulliparité, la macro-
somie, le déclenchement et la mise en place de l’ALR à faible
niveau de dilatation, seul le niveau de présentation “céphali-
que haute” était responsable de façon significative (OR = 2,49)
d’une persistance de VP.
Concernant le rôle du relâchement périnéal dû à l’ALR, Lie-
berman (10) montre de façon significative que l’ALR diminue
le taux de rotation antérieure et cela lors des trois étapes du
travail. En début de travail, la VP était de 23,4 % avec ALR ver-
sus 26 % sans, 4 heures après de 24,9 % avec ALR versus 28,3 %
sans, puis lors du dégagement, dégagement en occipito-sacré
de 12,9 % avec ALR contre 3,3 % sans (OR = 4). Pour mémoire,
Hidar (3) retrouvait seulement 0,6 % de rotations postérieures
sans ALR.
Le rôle de la rupture artificielle des membranes précoce
a largement été étudié par Cheng (11), à partir d’une étude
rétrospective de 30 839 patientes, qui montre un taux signifi-
cativement plus élevé de VP lors d’une rupture artificielle de
la poche des eaux. Cela souligne le rôle facilitateur de la pré-
sence de liquide amniotique dans le phénomène de rotation.
CONCLUSION
L’étiopathogénie des VP est loin d’être établie, et seules quelques
hypothèses peuvent être formulées. L’idée principale est qu’une
VP reste la conséquence d’une non-rotation antérieure. Cette
donnée est retrouvée lors d’études prospectives observationnel-
les, il existe en effet un très faible taux de rotation postérieure
pour les variétés antérieures vérifiées par échographie.
Plusieurs facteurs épidémiologiques influencent la non-rota-
tion sans pour autant totalement expliquer ce phénomène,
l’association de deux ou plusieurs éléments restant la plus
vraisemblable. La confrontation materno-fœtale laisse peu de
solutions au praticien pour favoriser la rotation. Seule la ges-
tion de la rupture des membranes, de l’ALR et des postures de
la parturiente peut favoriser cette rotation. ■
RéféRences bibliogRaphiques
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