MICHEL BOYER On peut s’en convaincre assez facilement avec une représentation adéquate. Notons a0 au lieu de a et a1 au lieu de b. BINOME DE NEWTON ET PRINCIPE DU PIGEONNIER MICHEL BOYER (a0 + a1 )2 = (a0 + a1 )(a0 + a1 ) = a0 a0 + a0 a1 + a1 a0 + a1 a1 On a les produits avec indices , , et . De même (a0 + a1 )3 = a0 a0 a0 + a0 a0 a1 + a0 a1 a0 + a0 a1 a1 R ÉSUMÉ . Cours – durant la demo après l’intra. heures. Les exemples sont de Johnsonbaugh mais les preuves sont plutôt personnelles. 1. C OEFFICIENTS BINOMIAUX Un résultat important: le nombre de chaînes de bits de longueur n et de poids k (i.e. avec k bits égaux à ) est à ! à ! n n! n C(n,k) = = = = C(n,n − k) k k!(n − k)! n−k Clairement, il n’y a pas de chaîne de bit de longueur n avec poids k > n; il n’y en a pas non plus pour k < 0. On prendra donc C(n,k) = 0 si k > n ou k < 0. à ! à ! n +k −1 n +k −1 Exemple ... Il y a = solutions dans N pour l’équation k −1 n x1 + . . . + x k = n Preuve. C’est le nombre de façons de mettre n billes dans k tiroirs. Si n = 5 et k = 3, 0 + 1 + 4 est une façon de découper en trois, 1 + 1 + 3 en est une autre. On peut représenter chaque façon par une chaîne de bits ++ ++ ++ Pensez aux 0 comme étant des billes et aux 1 comme étant des cloisons. Le nombre de décompositions est le nombre de chaînes de n zeros à et k − 1!uns, n +k −1 i.e. le nombre de chaines de n + k −1 bits avec k −1 uns. Il y en a k −1 .. Le théorème du binôme. On veut maitenant une expressions pour (a+b)n . Le résultat est simple: Théoreme ... n (a + b) = n X k=0 C(n,k)a n−k à ! à ! n n X X n n−k k n−k k b = a b = a b k=0 k k k k + a1 a0 a0 + a1 a0 a1 + a1 a1 a0 + a1 a1 a1 3 Il y a 2 termes dans la somme, un pour chaque binaire de 000 à 111. De plus les binaires de poids par exemple correspondent tous à a0 a12 : les trois chaînes 011, 101 et 110 correspondent à a0 a1 a1 , a1 a0 a1 et a1 a1 a0 il y a C(3,2) telles chaînes. De façon générale le terme a0n−k a1k correspond aux façons de mettre ¡ ¢ n − k zéros et k uns: il y en a nk ; on en déduit donc: à ! n n X n (a0 + a1 ) = a0n−k a1k k=0 k .. L’égalité du triangle. Pascal a remarqué qu’on pouvait obtenir les coefficients binomiaux en remplissant un triangle, appelé triangle de Pascal. En haut il y a C(0,0) = 1. Sur la ligne suivante il y a C(1,0) = 1 et C(1,1) = 1. La ligne contient C(2,0) = 1, C(2,1) = 2, C(2,2) = 1. On remarque que chaque terme est la somme des deux immédiatement au dessus. Seuls les en bordure semblent venir de nulle part; de fait, si on ajoute des à l’infini à gauche et à droite sur chaque ligne, même les “en bordure” sont la somme des deux entiers ( et ) juste au dessus et on génère tout à partir de la première ligne; c’est cette règle de la somme que nous énonçons et prouvons tout de suite. Théoreme .. (Pascal). Pour tout n ≥ 0 et tout k ∈ Z on a à ! à ! à ! n +1 n n = + k k −1 k à ! n +1 Preuve. est le nombre de chaînes de bits de longueur n + 1 et de poids k k; il y a celles qui commencent parÃun 1 !et qui sont terminées par les chaînes n de n bits et de poids k − 1; il y en a ; et il y a celles qui commencent par k −1 BINOME DE NEWTON ET PRINCIPE DU PIGEONNIER MICHEL BOYER à ! n 0 et qui sont terminées par les chaînes de n bits de poids k; il y en a . Il y a k à ! à ! n n donc au total + chaînes de n + 1 bits de poids k. k −1 k .. Preuve par induction du théorème du binôme. Donc à ! à ! X n n = k k pair k impair k X i.e. le nombre de sous ensembles ayant un nombre pair d’éléments est égal au nombre de sous-ensembles ayant un nombre impair d’éléments. 2. L E PRINCIPE DES TIROIRS OU DU PIGEONNIER Preuve. On démontre maintenant par induction sur n que à ! à ! n n X X n n−k k n n−k k (..) (a + b) = a b = a b k=0 k k k .. Le pigeonnier simple. Base: On vérifie en effet le résultat pour n = 0. L’avantage de prendre C(n,k) = 0 si k > n et k < 0 est qu’on n’a même plus besoin décrire les bornes; on fait la somme sur tous les k mais il y a seulement un nombre fini de termes non nuls dans la somme; si on admet (..) pour n alors Théoreme ... Si X et Y sont finis avec |Y| < |X| et si f : X → Y est une fonction, alors il existe x1 et x2 tels que f (x1 ) = f (x2 ) et x1 6= x2 . (a + b) n+1 n = (a + b) (a + b) " à ! # X n n−k k = a b (a + b) k k à ! à ! X n n−k+1 k X n n−l l+1 = a b + a b l k k l à ! à ! X n n−k+1 k X n = a b + a n−k+1 b k k k k k −1 à ! X n + 1 n+1−k k = a b k k Exemple ... Si on a processeurs qui sont interconnectés, au moins deux sont interconnectés au même nombre de processeurs. Preuve. Notons les processeurs à et soit N(i ) le nombre de processeurs auquel i est connecté; on a 0 ≤ N(i ) ≤ 19; par contre on ne peut pas avoir N(i ) = 0 et N( j ) = 19 car j serait connecté à tous les autres alors que i ne serait connecté à personne, ce qui est contradictoire. Donc N prend au plus valeurs et ainsi il y a i et j tels que N(i ) = N( j ). Exemple ... Si il y a cours d’info numérotés de à , il y a au moins deux cours avec numéros consécutifs. k = l +1 Preuve. Notons par Pascal c1 , . . . ,c151 Remarque: comme les sommes sont infinies (avec un nombre fini de termes non nuls) on n’a pas à se préoccuper des bornes quand on fait le changement de variable. .. Applications. On a déjà vu que à ! n n X = 2n k k=0 On le redémontre comme suit à ! à ! n n n n X X n n n−1 k 2 = (1 + 1) = 1 1 = k=0 k k=0 k On a aussi à ! à ! à ! X n n−k X n X n k 0 = (1 + (−1)) = 1 (−1) = − k k k k pair k impair k n Théoreme ... Si n pigeons s’installent dans un pigeonnier avec k trous, k < n alors il y a un trou avec au moins deux pigeons. les numéros des cours. Ces valeurs vont de à . Les nombres c1 + 1, . . . ,c151 + 1 vont de à . Au total, les deux listes contiennent nombres et donc contiennent deux nombres égaux. Comme les nombres c1 , . . . ,c151 sont distincts de même que les nombres c1 + 1, . . . ,c151 + 1, il faut qu’il y ait i et j tels que ci = c j + 1. .. Le pigeonnier général. Théoreme ... Si f : X → Y, |X| = n et |Y| = m et k = dn/me alors il existe au moins k éléments x1 , . . . ,xk de X tels que f (x1 ) = f (x2 ) = . . . = f (xk ) Preuve. Soient y1 , . . . ,ym les éléments de Y et ni le nombre de x ∈ X d’image yi . m X ni = n i =1 Il faut qu’il existe un i tel que ni ≥ k car sinon on aurait ni ≤ dn/me − 1 < n/m P pour tout i et m i =1 ni < n = m × n/m d’où contradiction. BINOME DE NEWTON ET PRINCIPE DU PIGEONNIER Exemple ... On a images P1 à P6 . On juge qu’elles sont semblables si la différence de leur luminosité est inférieure à un certain seuil, sinon elles sont dissemblables. Montrez qu’il y a trois images mutuellements semblables ou trois images mutuellement dissemblables. Preuve. On pose v(Pi ,P j ) = 1 si les images sont semblables et v(Pi ,P j ) = 0 si elles sont dissemblables. On a v(Pi ,P j ) = v(P j ,Pi ) pour tout i et j . Condidérons maitenant les paires (P1 ,P2 ),(P1 ,P3 ),(P1 ,P4 ),(P1 ,P5 ),(P1 ,P6 ) Il y en a a moins d5/2e = 3 qui ont même valeur v(P1 ,Pi ). Notons b cette valeur (0 ou 1). v(P1 ,Pi ) = v(P1 ,P j ) = v(P1 ,Pk ) = b Considérons maintenant v(Pi ,P j ),v(P j ,Pk ),v(Pk ,Pi ) si l’une quelconque de ces trois valeurs, disons v(P j ,Pk ) est égale à b, alors on a v(P1 ,P j ) = v(P j ,Pk ) = v(Pk ,P1 ) = b et on a le résultat annoncé. Sinon v(Pi ,P j ) = v(P j ,Pk ) = v(Pi ,Pk ) = b et on a encore dans ce cas le résultat annoncé.