4 IGAS, RAPPORT DEFINITIF N°2013-163R
Pour autant, cet acquis ne doit pas conduire à éluder aujourd'hui certaines questions : quel est
le rapport coût-bénéfice des actions de gestion du risque à court terme et à moyen terme ?
Comment sont établis et mesurés les gains économiques ou qualitatifs engendrés ? Comment se
traduit en pratique le partage des rôles entre Etat et Assurance maladie institué en 2009 par la loi
Hôpital-Patients-Santé-Territoires (HPST) ? Quelle est la place des ARS dans la GdR et la place de
la GdR dans les ARS ? Comment l'action sur les actes et les comportements des professionnels de
santé rejoint-elle la régulation de l'offre ? Dans quelle mesure l'instrument tarifaire est-il intégré à
la gestion du risque ? Les modalités de travail autour de cette gestion du risque peuvent-elles
progresser ?
La GdR aujourd'hui est moins menacée d'essoufflement (elle demeure un thème très
fédérateur au sein des organismes locaux d'Assurance maladie et l'attention qui lui est portée en
ARS progresse incontestablement) que d'une confusion grandissante née de ses actions multiples,
génératrices de nombreux chevauchements de compétences au niveau central et territorial.
L'efficacité de la GdR en pâtit, la portée des messages dispensés aux établissements en ressort
affaiblie et le coût de gestion de ces chevauchements est peu conforme à une bonne gestion des
ressources publiques.
Il est vrai que le nouveau cadre institutionnel de la gestion du risque introduit en 2009 par la
loi HPST se caractérise par son caractère complexe et confus, notamment en raison de
l’architecture contractuelle sur laquelle il repose. Si la loi fait de la gestion du risque une
compétence partagée entre l’Assurance maladie et l’Etat, cela n’a pourtant pas eu pour corollaire
une conception en commun des programmes de gestion du risque. Ce défaut reflète autant le
manque d'implication des directions d'administration centrale concernées que l'antériorité
historique de la CNAMTS sur le champ de la GdR et la force opérationnelle de son réseau. Le
programme de maîtrise médicalisée à l'hôpital déployé par le régime général en est une illustration :
recoupant plusieurs autres programmes de GdR, le soutien qu'il pourrait apporter aux autres acteurs
est très incertain faute de coordination avec ceux-ci au niveau national ou local. En toute
hypothèse, l'articulation entre le contrat Etat-UNCAM, les priorités arrêtées en comité de pilotage
des ARS, la COG et ses déclinaisons, reste difficile.
Au niveau local, le programme pluriannuel régional de gestion du risque (PPR-GdR), porté
par une instance commune, la commission régionale de gestion du risque (CR-GdR), est censé
permettre une mise en œuvre partagée de ces actions par les ARS et par l’Assurance maladie.
Néanmoins, dans les faits, les deux réseaux agissent plus en parallèle qu’en concertation. La CR-
GdR est cependant davantage une instance institutionnelle d’échanges d’information qu’une
structure opérationnelle permettant de préciser conjointement la déclinaison territoriale des
priorités nationales.
Le pilotage de la gestion du risque pâtit en outre de la multiplicité et de l’instabilité des
indicateurs mis en place par chaque réseau, entre lesquels plusieurs incohérences ont été relevées
par la mission, comme c'est le cas pour les programmes transports, insuffisance rénale chronique
ou chirurgie ambulatoire. Dans bien des cas, l'instabilité des indicateurs et leur faible capacité à
refléter la qualité des actions de maîtrise des dépenses tiennent aux tâtonnements dans la
conception des programmes et à la dispersion du pilotage national.
La gestion du risque ne joue pas encore le même rôle fédérateur au sein des principaux
réseaux mobilisés. Au cœur de l’action des CPAM et du service médical, comme en témoigne la
place centrale qu’elle occupe dans les contrats pluriannuels de gestion (CPG), elle mobilise des
moyens conséquents puisqu'environ 9 200 ETP sont affectés aux fonctions de gestion du risque-
régulation au sein du réseau du régime général (dont environ 4900 ETP en CPAM et 4300 dans les
directions régionales du service médical), soit plus que les effectifs totaux des ARS. Du côté de
celles-ci, la diffusion de la culture de la gestion du risque progresse, même s’il est frappant de
constater que ces actions restent largement portées par des personnels issus de l’Assurance maladie.