NOUVELLE ÉCONOMIE ET CROISSANCE
qNouvelles technologies et productivité
Les nouvelles technologies permettent-elles une accélération de la productivité du tra-
vail? Jusqu’au milieu des années quatre-vingt-dix, l’économie américaine n’a pas connu
une relance de ses gains de productivité. Un économiste, Robert Solow, a résumé ce para-
doxe de la manière suivante : « On voit des ordinateurs partout, sauf dans les statistiques
de productivité. »
Perplexes, les économistes ont recherché les causes de ce paradoxe, ce qui a donné lieu
à de nombreux débats, notamment sur la fiabilité des statistiques. Mais, depuis 1995, les
gains de productivité sont plus importants aux États-Unis et on peut faire l’hypothèse que
ce redressement a comme origine les TIC. Cependant, les gains de productivité restent
encore inférieurs à ceux dus aux « anciennes technologies » pendant la période 1960-1973.
qNouvelles technologies et emploi
Les données statistiques, notamment aux États-Unis, ne montrent pas une forte crois-
sance des emplois liés aux TIC. Si l’informatique et Internet semblent susciter beaucoup
d’embauches, c’est essentiellement parce que, à l’origine, le nombre des emplois dans ces
domaines était très faible. Ainsi, entre 1986 et 1996, aux États-Unis, 618000 emplois ont
été créés dans le secteur des services contre 2,94 millions dans celui de la santé. En outre,
les études réalisées par les institutions américaines montrent que, sur les 30 professions
en tête des créations d’emplois sur la période 1996-2006, trois seulement correspondent à
une spécialisation dans les TIC.
Les effets des TIC sur l’emploi concernent surtout les conditions de travail. Ainsi, on peut
constater que les entreprises adoptent de nouvelles pratiques, caractérisées par une plus
grande flexibilité, remettant en cause
l’orga nisation taylorienne du travail.
La flexibilité peut s’analyser de deux
manières. La première consiste à considé-
rer que la volonté d’une meilleure réponse
à une demande plus exigeante impose une
plus grande autonomie des salariés. Mais,
derrière cette responsabilisation des tra-
vailleurs regroupés en équipes autonomes,
on trouve de nouvelles contraintes : tâches
très spécialisées, délais très courts, etc.
De plus, le monde doré d’Internet a son
revers. Les « petits génies » ne travaillent
pas seuls. Ils sont assistés de nouveaux
salariés qui réalisent des travaux répétitifs
et connaissent une forte précarité de l’em-
ploi et des salaires. Les TIC ont également
leurs ouvriers spécialisés qui sont peu pro-
tégés par la législation du travail qui, dans
ce secteur, reste très incertaine.
55
La revanche de la nouvelle
économie
Google, c’est pour l’instant l’entreprise
qui réconcilie les marchés financiers
avec la nouvelle économie. L’entreprise a
mobilisé 2,3 milliards de dollars lors de
son introduction en Bourse et la presse
financière n’a eu que louanges pour sa
stratégie depuis. Depuis ses débuts au
Nasdaq, le marché des valeurs des nou-
velles technologies à New York, à l’été
2004, l’action de Google a vu son cours
grimper de plus de 160 %. C’est aujour-
d’hui la
Net company
la mieux valorisée,
avec une capitalisation boursière de près
de 63 milliards de dollars.
Source :
Alternatives Économiques
, n° 237,
juin 2005.