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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XI), n° 5, septembre-octobre 2007
thématique
Dossier
même retrouvé pour des hyperglycé-
mies plus modérées, à savoir 8 mm/l
contre 4 mm/l, chez des sujets diabé-
tiques ou non (12). De plus, la qualité
de la vidange gastrique retentit sur
les excursions glycémiques postpran-
diales, rendant compte de 35 % de la
variance du pic glycémique postpran-
dial. Inversement, l’effet bénéfique
de la normalisation glycémique sur
les paramètres de vidange a été mis
en évidence. L’hypoglycémie, quant
à elle, accélère la vidange gastrique,
y compris en cas de ralentissement
préalable de la vidange gastrique.
Les mécanismes par lesquels l’hyper-
glycémie altère la motilité des voies
digestives impliquent des atteintes
directes du nerf vague, une anomalie
de synthèse des prostaglandines et une
réponse anormale du système nerveux
central en termes d’activité efférente
du nerf vague sous l’effet de l’hyper-
glycémie (4).
Les différentes atteintes
de la neuropathie
autonome digestive
du patient diabétique
À ce jour, un seul questionnaire
concernant la symptomatologie
digestive du patient diabétique a été
validé à grande échelle : le Diabetes
Bowel Symptom Questionnaire (1).
La prévalence des symptômes diges-
tifs au cours du diabète varie de 16 à
76 % selon les études (1). Elle semble
plus importante chez les femmes et
les patients diabétiques de type 2.
Chez près de 9 000 sujets interrogés,
plus les symptômes digestifs sont
fréquents, plus l’équilibre glycé-
mique est mauvais (13).
Atteintes de l’œsophage
Le transit œsophagien est perturbé
chez 40 à 60 % des sujets diabé-
tiques (types 1 et 2), a fortiori si le
diabète est ancien (14). La majorité
des patients diabétiques atteints de
troubles œsophagiens présentent
une neuropathie autonome asso-
ciée (15). Les symptômes le plus
souvent rapportés sont des brûlures,
un pyrosis, des régurgitations et une
dysphagie. Des érosions iatrogènes
après ingestion de médicaments sont
également mentionnées. Les anoma-
lies neuromusculaires comportent
une diminution de l’amplitude et
de la fréquence des contractions
œsophagiennes, une diminution de
la pression basale du sphincter infé-
rieur et une désorganisation du péris-
taltisme du corps de l’œsophage. Ces
anomalies sont dépistées au moyen
d’une manométrie œsophagienne.
La neuropathie autonome est impli-
quée car l’augmentation du tonus
parasympathique est associée aux
perturbations neuromusculaires de
l’œsophage chez le sujet diabétique.
De plus, des études in vitro et in vivo
montrent que l’hyperglycémie chro-
nique entraîne un remodelage de la
paroi de l’œsophage, qui devient
plus rigide (15). Le traitement de
ces anomalies œsophagiennes reste
exclusivement symptomatique,
avec un recours privilégié aux anti-
acides, aux antisécrétoires et aux
agents prokinétiques en cas de stase
gastrique associée.
Atteintes de l’estomac
La gastroparésie est la principale
atteinte digestive liée à la neuropa-
thie autonome chez le sujet diabé-
tique, mais sa prévalence reste
difficile à évaluer. Un tiers des cas
de gastroparésie paraissent attribua-
bles au diabète et 30 % des diabéti-
ques présentent une gastroparésie.
Les diabétiques de type 1 sont plus
concernés que les diabétiques de
type 2. La prévalence de la GD est
comprise entre 11 et 18 % si l’on
tient compte uniquement d’une
symptomatologie digestive qui est
peu spécifique. Elle atteint cependant
65 % si l’on effectue des tests objec-
tifs comme la scintigraphie gastrique
(17). Un pour cent des patients
atteints de GD présenteraient des
symptômes sévères réfractaires aux
traitements médicamenteux conven-
tionnels. La GD n’est pas un facteur
supplémentaire et indépendant de
mortalité dans la population diabé-
tique (18). En dehors du diabète,
les principales causes connues de
gastroparésie chronique sont la
chirurgie (13 %), la maladie de
Parkinson (7,5 %), les connectivites
(4,8 %), les pseudo-obstructions
(4,1 %). D’autres pathologies plus
rares se partagent 6 % des causes, et
36 % des gastroparésies sont consi-
dérées comme idiopathiques. Enfin,
l’utilisation chez le sujet diabétique
de nouveaux médicaments comme
les analogues de l’amyline et le
GLP-1 pourrait à l’avenir révéler ou
aggraver un retard préexistant de la
vidange gastrique.
La GD est caractérisée par une dimi-
nution de la motilité de l’antre en
période postprandiale et un défaut de
synchronisation entre les pressions
de l’antre et du duodénum, associés
à des perturbations du tonus à jeun
et à des perturbations d’adaptation du
fundus en début de repas (5). Lors de
la digestion, les liquides sont redistri-
bués au niveau de l’estomac distal et
le volume de l’antre augmente, alors
que la rétention d’aliments solides
s’accentue au niveau de la partie
proximale de l’estomac. Les facteurs
pouvant induire une GD sont multi-
ples : ils sont d’ordre neurologique
pour la plupart (cf. supra), mais
également métaboliques et hormo-
naux (3, 5). Les anomalies du SNA
paraissent largement impliquées
dans la physiopathologie de la GD,
puisque celle-ci est plus fréquente
chez les sujets diabétiques présentant
une neuropathie autonome cardiaque
(4, 19). La GD est liée à une atteinte
du nerf vague, ce qui explique que
les manifestations cliniques se
rapprochent de celles observées après
vagotomie. Les effets de l’hypergly-
cémie aiguë sur la vidange gastrique
sont commentés plus haut. D’autres
facteurs semblent impliqués dans la
physiopathologie de la GD comme