30 | La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XIV - n° 1 - janvier-février 2011
DIAGNOSTIC DIFFICILE
Dans le cas de notre patiente, nous avons évoqué
initialement le diagnostic d’une GIST gastrique
au vu de l’aspect endoscopique à la fibroscopie
gastrique et des résultats de l’échoendoscopie. En
effet, la majeure partie des tumeurs sous-muqueuses
gastriques sont des tumeurs mésenchymateuses,
et, parmi ces dernières, les GIST représentent le
contingent le plus important (7). Cette formation
tumorale hétérogène d’allure sous-muqueuse,
ulcérée, développée aux dépens de la quatrième
couche hypo échogène pouvait être compatible
avec ce diagnostic (8, 9). Les résultats du scanner
thoraco-abdomino-pelvien réalisé dans le cadre du
bilan d’extension nous avaient amenés à évoquer
le diagnostic de GIST gastrique avec métastases
hépatiques. Devant ces localisations secondaires
hépatiques, il paraissait judicieux de proposer une
ponction-biopsie hépatique. L’anatomopathologie
concluait à une prolifération cellulaire tumorale peu
différenciée, d’aspect malin. L’immuno-histochimie
ne permettait pas d’éliminer formellement une GIST,
et il y avait une expression du CD117 focalement,
sans expression du CD34 (10). On notait une expres-
sion douteuse des marqueurs mélaniques PS 100,
HMB 45 et PNL 2.
La patiente a donc bénéficié d’une nouvelle ponc-
tion-biopsie hépatique, associée à une ponction de la
formation tumorale gastrique. L’anatomopathologie
concluait à un aspect similaire sur le plan morpho-
logique, avec un profil immuno-histochimique
compatible avec le diagnostic de mélanome malin,
à savoir négativité de CD117 et CD34 ,et positivité
de HMB 45 et PNL 2.
Pour ce qui est de la ponction sous échoendoscopie
de ces formations tumorales d’allure sous-muqueuse,
sur une série récente de 40 patients, 67,5 % des
lésions correspondaient à des GIST (11). La sensibilité
et la spécificité de la ponction sous échoendoscopie
étaient en moyenne respectivement de 58 % et 7 %.
Selon le siège et la taille des lésions, les aiguilles
utilisées étaient de 19 ou 22 gauges. Certains auteurs
ont suggéré une meilleure rentabilité des micropré-
lèvements par Trucut, ce qui n’était pas démontré
dans l’étude de Fernandez-Esparrach et al., avec 55 %
d’étude immuno-histochimique par ce biais et 52 %
pour les cytoponctions à l’aiguille fine. Dans une
autre étude récente, sur une série de 47 patients,
la sensibilité et la spécificité de la ponction sous
échoendoscopie étaient respectivement de 58 % et
8 %, superposables à ce qui est couramment retrouvé
dans la littérature. Les aiguilles de ponction étaient
de 19 ou 22 gauges, leur choix se faisant en fonction
de la taille de la masse à ponctionner (diamètre
< ou > 2 cm, présence ou absence de vaisseaux à
proximité et positionnement plus ou moins aisé
en regard de la cible). Il n’y avait pas d’avantage à
utiliser une aiguille de 19 gauges comparativement
à une aiguille de 22 gauges (12).
Conclusion
Les aspects cliniques, endoscopiques, écho-endo-
scopiques et radiologiques de cette lésion gastrique
orientaient à tort vers le diagnostic de tumeur stro-
male gastro-intestinale gastrique. Le diagnostic
différentiel n’a pu être porté que grâce à l’examen
anatomopathologique avec immunohistochimie. En
cas de tumeur atypique, positive pour la protéine
PS 100 et c-kit, le diagnostic de métastase digestive
d’un mélanome ou de mélanome primitif doit être
évoqué (13). ■
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