revue
aussi été décrite [8, 9] tout comme une relocalisation dans
le réseau golgien après la rupture de l’enveloppe nucléaire
lors de la mitose [10]. Enfin, gC1qR a été mise en évidence à
la membrane plasmique bien qu’elle ne possède ni segment
transmembranaire ni ancre GPI [1]. Il a donc été postulé que
gC1qR s’associe à une ou plusieurs protéines intrinsèques
de la membrane [11], ce qui pourrait être favorisé par sa
présence dans la voie de sécrétion [12].
Rôles putatifs de gC1qR
dans le métabolisme cellulaire
À l’origine, gC1qR a été mise en évidence par son associa-
tion avec le facteur d’épissage ASF/SF2, ce qui suggérait
un rôle dans le métabolisme de l’ARN [13]. Quelques
années plus tard, Petersen-Mahrt et al. ont affiné cette
hypothèse en proposant que gC1qR inhibe la fonction
d’ASF/SF2 en empêchant une association stable entre
l’ARN et ce facteur [14]. Sachant que ASF/SF2 active ou
réprime l’épissage selon son site de fixation sur le pré-ARN
[15], gC1qR pourrait intervenir indirectement dans cette
régulation en bloquant l’interaction entre ASF/SF2 et le
pré-ARN. Ensuite, la démonstration d’une interaction de
gC1qR avec le facteur de transcription CBF/NF-Y a sug-
géré un rôle inhibiteur de gC1qR dans la régulation de la
transcription [16].
Plus récemment, il a été décrit que gC1qR a la propriété
de transporter le facteur d’épissage U2AF26 à travers la
membrane nucléaire [17], les auteurs suggérant que gC1qR
pourrait avoir le même rôle pour d’autres protéines cel-
lulaires ou virales, en accord avec le fait que gC1qR
n’entrerait dans le noyau que de fac¸on transitoire [9].
Deux rôles liés à la localisation mitochondriale de gC1qR
ont été proposés. Le premier repose sur l’analyse structu-
rale de la protéine. Selon Jiang et al., grâce aux charges
négatives présentes sur une des faces du trimère, gC1qR
stockerait des ions Ca++. Ainsi, gC1qR pourrait moduler la
concentration en Ca++ dans la matrice mitochondriale et,
en conséquence, l’ouverture du pore de perméabilité mito-
chondrial impliquée dans l’apoptose [4]. Cette hypothèse a
ensuite été confirmée par les travaux montrant un effet proa-
poptotique de gC1qR [18]. Très récemment, il a été suggéré
que gC1qR soit un régulateur du métabolisme tumoral en
empêchant la glycolyse de se mettre en place au détriment
de la phosphorylation oxydative dans les cellules tumorales
[19].
Le dernier rôle de gC1qR est lié au système immunitaire.
En 1994, gC1qR a été caractérisée comme le récepteur du
facteur C1q du complément et, en conséquence, dénommée
gC1qR [1]. Cette association suggère son implication dans
les processus inflammatoires [20], hypothèse appuyée par
le fait que gC1qR s’associe avec le kininogène [21, 22] et
la fibrine-fibrinogène [23]. Plus récemment, il a été montré
que gC1qR inhibe les réponses antivirale médiées par RIG-I
et MDA5 [24, 25].
Bien qu’il ne s’agisse pas du sujet de cette revue, notons que
gC1qR à la surface de la cellule est sans doute le récepteur
permettant l’entrée de pathogènes non viraux dans la cellule
[26-28]. Les différentes localisations subcellulaires et les
différents rôles proposés font donc de gC1qR une protéine
particulièrement intrigante.
Avant d’évoquer les partenaires viraux de gC1qR, il faut
souligner que, comme le montre la figure 1B, les zones
de gC1qR qui interagissent avec les protéines virales pré-
sentent de nombreux résidus acides. Comme beaucoup de
protéines virales partenaires sont basiques, la spécificité de
ces interactions peut être mise en doute. Ce point a été pris
en compte par les auteurs et les expériences adéquates, sur
lesquelles nous ne reviendrons pas, ont permis d’exclure cet
éventuel artéfact. Le tableau 1 récapitule, virus par virus,
les différentes données présentées ci-dessous.
Un rôle de gC1qR dans le contrôle
de l’expression des gènes viraux ?
Aussi bien au niveau cellulaire que dans le cadre de son
association à une protéine virale, historiquement la fonc-
tion attribuée à gC1qR est liée au contrôle de l’expression
des gènes viraux par une modulation de la transcription, de
l’épissage ou de l’export des ARN non épissés.
Une modulation de la transcription virale via gC1qR peut
être tout d’abord envisagée. En effet, des observations por-
tant sur l’expression des gènes de quatre herpesvirus, du
virus de la grippe et de l’adénovirus (AdV) vont dans le
sens de cette hypothèse.
En ce qui concerne les herpesvirus, les observations concer-
nent, d’une part, le human cytomegalovirus (HCMV), un
virus de la classe des herpesvirus bêta et, d’autre part, trois
gammaherpesvirus. Pour HCMV, deux protéines virales,
pUL84 et pUL97, interagissent avec gC1qR. La protéine
pUL84 est une phosphoprotéine à propriétés multiples :
inhibition de l’activation de la transcription médiée par IE2,
activité UTPase, liaison à l’ARN, présence dans le noyau et
le cytoplasme. Elle est très vraisemblablement la protéine
qui permet l’assemblage du complexe de réplication dans
le cycle lytique. Si l’association de pUL84 avec gC1qR est
clairement documentée par des expériences de protéomique
et de co-immunoprécipitation dans des cellules infectées
par HCMV, la fonction du complexe ne peut actuellement
que faire l’objet d’hypothèses. La plus vraisemblable est
que gC1qR puisse réguler l’activation transcriptionnelle du
promoteur oriLyt [29]. Quant au complexe pUL97-gC1qR,
Virologie, Vol 16, n◦2, mars-avril 2012 87
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