Rôle(s) de la protéine cellulaire gC1qR dans les cycles viraux

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Virologie 2012, 16 (2) : 85-94
Rôle(s) de la protéine cellulaire gC1qR
dans les cycles viraux
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
Cécile Lagaudrière-Gesbert1
Maija Purvina2
Nadine Assrir3
Jean-Michel Rossignol4
1
Laboratoire de virologie moléculaire
et structurale, UPR 3296, 91198
Gif-sur-Yvette, France
2 Université de
Versailles - Saint-Quentin-en-Yvelines,
laboratoire de génétique et biologie
cellulaire, EA 4589, 78035 Versailles,
France
3 Institut de chimie des substances
naturelles, UPR 2301, 91198
Gif-sur-Yvette, France
4 Université Paris-Sud, laboratoire
évolution, génomes et spéciation,
UPR 9034 et IDEEV FR 3284 CNRS,
avenue de la Terrasse, 91198
Gif-sur-Yvette, France
<[email protected]>
Résumé. La protéine cellulaire gC1qR (aussi connue sous le nom de HABP1,
p32, p33 ou TAP) a été identifiée par différents groupes comme une partenaire
de plusieurs protéines virales. Présente initialement dans la mitochondrie, elle
est aussi retrouvée à la surface de la cellule ou dans le noyau. Dans la cellule
normale, les fonctions qui lui sont attribuées sont liées à ces trois localisations
subcellulaires : apoptose pour la localisation mitochondriale, épissage pour la
localisation nucléaire et réponses immunitaires et inflammatoires pour la localisation membranaire. La diversité de ses fonctions, liée à la diversité des fonctions
des protéines virales avec lesquelles elle interagit, en fait une protéine intrigante dont le rôle dans les cycles viraux n’est pas totalement élucidé. Le but de
cette revue est de résumer brièvement les connaissances actuelles sur gC1qR,
d’évoquer plus en détail les rôles envisagés pour les complexes gC1qR-protéines
virales, qu’ils soient démontrés ou encore hypothétiques et de proposer un modèle
pour les rôles potentiels de gC1qR dans les cycles viraux.
Mots clés : gC1qR, p32, persistance, mitochondrie, trafic cellulaire
Abstract. The cellular protein gC1qR (also named HABP1, p32, p33 or TAP)
has been identified as a partner of several viral proteins belonging to different
virus families. gC1qR is a mitochondrial protein also present at the cell surface
and in the nucleus. In normal cells, gC1qR seems involved in diverse biological
processes related to its cellular localization. gC1qR could be involved in apoptosis
in mitochondria, in RNA splicing in the nucleus or in immune and inflammatory
responses at the cell surface. The multiple functions of gC1qR, as the variety of
its viral partners, raise the question of its possible function(s) in the viral cycle.
The goal of this review is to: (i) summarize what is known about gC1qR, (ii)
focus on the demonstrated or hypothetical functions of the gC1qR-viral proteins
complexes reported in the literature and (iii) propose a model on the possible
roles of gC1qR in the viral life cycles.
Key words: gC1qR, p32, persistence, mitochondria, cellular trafficking
doi:10.1684/vir.2012.0443
Introduction
Les infections virales reposent sur des mécanismes dans lesquels interviennent non seulement des protéines codées par
le génome viral mais aussi des protéines cellulaires. La littérature propose très régulièrement de nouveaux exemples
de ces interactions entre protéine virale et protéine cellulaire, composante d’une machinerie cellulaire détournée par
un virus (traduction, épissage, export-import nucléaire) ou
Tirés à part : J.-M. Rossignol
Virologie, Vol 16, n◦ 2, mars-avril 2012
impliquée dans la défense de l’hôte. En revanche, il existe
peu d’exemples de protéines cellulaires ayant plusieurs
fonctions et localisations cellulaires, interagissant avec différentes protéines virales et pouvant être impliquées dans
différentes étapes du cycle viral, selon le virus considéré.
La protéine gC1qR (aussi connue sous le nom de p32,
p33, HABP1 ou encore TAP) relève de ce cas de figure.
En effet, la protéine gC1qR (seule cette dénomination
sera utilisée dans la suite du texte) a plusieurs localisations subcellulaires (membrane plasmique, cytoplasme,
noyau, mitochondrie). Par ailleurs, elle a été jusqu’à présent retrouvée associée à 16 protéines virales ayant des
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Pour citer cet article : Lagaudrière-Gesbert C, Purvina M, Assrir N, Rossignol JM. Rôle(s) de la protéine cellulaire gC1qR dans les cycles viraux. Virologie 2012; 16(2) : 85-94 doi:10.1684/vir.2012.0443
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fonctions différentes, ces protéines appartenant à plusieurs
familles virales (Flaviviridae, Hepadnaviridae, Herpesviridae, Orthomyxoviridae, Retroviridae et Togaviridae). La
situation est donc complexe, puisque :
– les interactions protéine virale-gC1qR ont été observées
dans tous ces compartiments cellulaires ;
– chacune de ces protéines virales a un rôle différent ;
– gC1qR serait une protéine multifonctionnelle.
Dans cette revue, nous allons tout d’abord faire un bref rappel sur les différentes fonctions et localisations décrites pour
gC1qR dans les cellules non infectées. Ensuite, nous ferons
le point des connaissances sur les interactions protéines
virales-gC1qR et leurs implications dans la modulation de
certaines fonctions cellulaires. Enfin, nous proposerons un
modèle permettant d’expliquer comment gC1qR est impliquée dans différentes stratégies virales.
Biosynthèse, structure
tridimensionnelle et localisation
subcellulaire de gC1qR
La protéine humaine gC1qR, codée par le gène C1QBP est
exprimée de façon ubiquitaire [1]. Elle est synthétisée sous
la forme d’une préprotéine de 282 aminoacides qui contient
à son extrémité N-terminale, un signal de localisation à la
mitochondrie [2]. La protéine mature (209 aminoacides)
a un pI acide de 4,15 [3]. La résolution de sa structure
tridimensionnelle par cristallographie révèle une structure
assez peu courante, avec une hélice ␣ en N-terminal suivie de sept feuillets ␤ et de deux hélices ␣ en C-terminal
(figure 1) [4]. La structure quaternaire majoritaire est un
homotrimère (figure 1A), avec une distribution asymétrique
des charges sur les deux faces de la molécule [4] mais une
forme hexamérique a aussi été observée dans un environnement oxydant [5]. L’ensemble de ces résultats suggère que
la conformation et le degré d’oligomérisation de gC1qR
varient en fonction de son microenvironnement physicochimique, permettant ainsi d’assurer différentes fonctions
[5].
En ce qui concerne sa localisation cellulaire, il convient
de distinguer les travaux effectués avec la protéine gC1qR
endogène de ceux réalisés avec des protéines gC1qR étiquetées, ce qui peut conduire à une localisation artéfactuelle de
la protéine [6]. En conséquence, nous avons considéré dans
ce cadre uniquement les résultats obtenus avec la protéine
gC1qR endogène.
Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, une des localisations de la protéine gC1qR est la mitochondrie, peut
être la matrice mitochondriale comme son homologue chez
Saccharomyces cerevisiae [7]. Une localisation nucléaire a
C-ter
N-ter
Panneau A
Panneau B
Figure 1. Structure de gC1qR.
Panneau A) Structure quaternaire de gC1qR. La structure est tirée de la Protein Data Bank (pdb1P32) et les boucles absentes (invisibles
dans les cartes électroniques) ont été modélisées à partir du serveur Swiss-MODEL (http://swissmodel.expasy.org/). Chaque monomère a
sa propre coloration (magenta, vert et cyan). Panneau B) Représentation tridimensionnelle d’un monomère de gC1qR. La région incluant
les zones d’interaction des protéines virales est indiquée en bleu (tableau 1). Les chaînes latérales des résidus acides présentes dans
cette partie de gC1qR sont représentées en rouge. Les extrémités aminoterminale et carboxyterminale sont indiquées respectivement par
les abréviations N-ter et C-ter.
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aussi été décrite [8, 9] tout comme une relocalisation dans
le réseau golgien après la rupture de l’enveloppe nucléaire
lors de la mitose [10]. Enfin, gC1qR a été mise en évidence à
la membrane plasmique bien qu’elle ne possède ni segment
transmembranaire ni ancre GPI [1]. Il a donc été postulé que
gC1qR s’associe à une ou plusieurs protéines intrinsèques
de la membrane [11], ce qui pourrait être favorisé par sa
présence dans la voie de sécrétion [12].
Rôles putatifs de gC1qR
dans le métabolisme cellulaire
À l’origine, gC1qR a été mise en évidence par son association avec le facteur d’épissage ASF/SF2, ce qui suggérait
un rôle dans le métabolisme de l’ARN [13]. Quelques
années plus tard, Petersen-Mahrt et al. ont affiné cette
hypothèse en proposant que gC1qR inhibe la fonction
d’ASF/SF2 en empêchant une association stable entre
l’ARN et ce facteur [14]. Sachant que ASF/SF2 active ou
réprime l’épissage selon son site de fixation sur le pré-ARN
[15], gC1qR pourrait intervenir indirectement dans cette
régulation en bloquant l’interaction entre ASF/SF2 et le
pré-ARN. Ensuite, la démonstration d’une interaction de
gC1qR avec le facteur de transcription CBF/NF-Y a suggéré un rôle inhibiteur de gC1qR dans la régulation de la
transcription [16].
Plus récemment, il a été décrit que gC1qR a la propriété
de transporter le facteur d’épissage U2AF26 à travers la
membrane nucléaire [17], les auteurs suggérant que gC1qR
pourrait avoir le même rôle pour d’autres protéines cellulaires ou virales, en accord avec le fait que gC1qR
n’entrerait dans le noyau que de façon transitoire [9].
Deux rôles liés à la localisation mitochondriale de gC1qR
ont été proposés. Le premier repose sur l’analyse structurale de la protéine. Selon Jiang et al., grâce aux charges
négatives présentes sur une des faces du trimère, gC1qR
stockerait des ions Ca++ . Ainsi, gC1qR pourrait moduler la
concentration en Ca++ dans la matrice mitochondriale et,
en conséquence, l’ouverture du pore de perméabilité mitochondrial impliquée dans l’apoptose [4]. Cette hypothèse a
ensuite été confirmée par les travaux montrant un effet proapoptotique de gC1qR [18]. Très récemment, il a été suggéré
que gC1qR soit un régulateur du métabolisme tumoral en
empêchant la glycolyse de se mettre en place au détriment
de la phosphorylation oxydative dans les cellules tumorales
[19].
Le dernier rôle de gC1qR est lié au système immunitaire.
En 1994, gC1qR a été caractérisée comme le récepteur du
facteur C1q du complément et, en conséquence, dénommée
gC1qR [1]. Cette association suggère son implication dans
les processus inflammatoires [20], hypothèse appuyée par
Virologie, Vol 16, n◦ 2, mars-avril 2012
le fait que gC1qR s’associe avec le kininogène [21, 22] et
la fibrine-fibrinogène [23]. Plus récemment, il a été montré
que gC1qR inhibe les réponses antivirale médiées par RIG-I
et MDA5 [24, 25].
Bien qu’il ne s’agisse pas du sujet de cette revue, notons que
gC1qR à la surface de la cellule est sans doute le récepteur
permettant l’entrée de pathogènes non viraux dans la cellule
[26-28]. Les différentes localisations subcellulaires et les
différents rôles proposés font donc de gC1qR une protéine
particulièrement intrigante.
Avant d’évoquer les partenaires viraux de gC1qR, il faut
souligner que, comme le montre la figure 1B, les zones
de gC1qR qui interagissent avec les protéines virales présentent de nombreux résidus acides. Comme beaucoup de
protéines virales partenaires sont basiques, la spécificité de
ces interactions peut être mise en doute. Ce point a été pris
en compte par les auteurs et les expériences adéquates, sur
lesquelles nous ne reviendrons pas, ont permis d’exclure cet
éventuel artéfact. Le tableau 1 récapitule, virus par virus,
les différentes données présentées ci-dessous.
Un rôle de gC1qR dans le contrôle
de l’expression des gènes viraux ?
Aussi bien au niveau cellulaire que dans le cadre de son
association à une protéine virale, historiquement la fonction attribuée à gC1qR est liée au contrôle de l’expression
des gènes viraux par une modulation de la transcription, de
l’épissage ou de l’export des ARN non épissés.
Une modulation de la transcription virale via gC1qR peut
être tout d’abord envisagée. En effet, des observations portant sur l’expression des gènes de quatre herpesvirus, du
virus de la grippe et de l’adénovirus (AdV) vont dans le
sens de cette hypothèse.
En ce qui concerne les herpesvirus, les observations concernent, d’une part, le human cytomegalovirus (HCMV), un
virus de la classe des herpesvirus bêta et, d’autre part, trois
gammaherpesvirus. Pour HCMV, deux protéines virales,
pUL84 et pUL97, interagissent avec gC1qR. La protéine
pUL84 est une phosphoprotéine à propriétés multiples :
inhibition de l’activation de la transcription médiée par IE2,
activité UTPase, liaison à l’ARN, présence dans le noyau et
le cytoplasme. Elle est très vraisemblablement la protéine
qui permet l’assemblage du complexe de réplication dans
le cycle lytique. Si l’association de pUL84 avec gC1qR est
clairement documentée par des expériences de protéomique
et de co-immunoprécipitation dans des cellules infectées
par HCMV, la fonction du complexe ne peut actuellement
que faire l’objet d’hypothèses. La plus vraisemblable est
que gC1qR puisse réguler l’activation transcriptionnelle du
promoteur oriLyt [29]. Quant au complexe pUL97-gC1qR,
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Tableau 1. Partenaires viraux de gC1qR.
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Protéine virale
Résidus impliqués dans
l’association
Rôle proposé de gC1qR ou du complexe
Références
Adénovirus
Protéine V
Arginine-lysine
Transport mitochondrie noyau
[8]
EBV
EBNA-1
Répétitions arginine-glycine
Régulation de l’activité transcriptionnelle
[34-36]
HBV
P22
Îlots arginine
Inhibition de la prolifération des
lymphocytes T ?
[45, 66]
HCMV
pUL84
pUL97
IE63
ND
ND
Îlot riche en arginine
Régulation de l’activité transcriptionnelle
Recrutement à la membrane nucléaire
Export des ARN
[29]
[57]
[50]
Région contenant des charges
positives
Inhibition de la prolifération des
lymphocytes T
[64]
Non chargé
Région basique
ND
Déplétion des lymphocytes T
Export des ARN
Modulation de l’épissage
[60]
[39, 47]
[40, 41]
Région contenant des charges
positives
Régulation de l’activité transcriptionnelle
[71]
Virus de la rubéole
Protéine de capside
Îlots arginine
Redistribution cellulaire des mitochondries
[52, 53]
White Spot syndrome virus
ND
Inhibition de la réplication
[72]
HCV
Protéine core
VIH
gp41
Rev
Tat
MHV-68
M2
Les résidus impliqués dans l’association à gC1qR sont indiqués ainsi que le rôle proposé du complexe ou de la protéine cellulaire dans le cycle viral. EBV :
virus d’Epstein-Barr ; EBNA-1 : Epstein-Barr nuclear antigen-1 ; HBV : virus de l’hépatite B ; HCMV : human cytomegalovirus ; HCV : virus de l’hépatite C ;
VIH : virus de l’immunodéficience humaine ; MHV-68 : gammaherpes murin 68 ; ND : non déterminé.
il jouerait un rôle dans le transport cellulaire (voir cidessous).
Durant la phase de latence, les gammaherpesvirus se
répliquent de façon épisomique dans les cellules infectées.
Chez les Rhadinovirus, une sous-famille des gammaherpesvirus, le produit de l’open reading frame (ORF) 73, la
protéine latency-associated nuclear antigen (LANA), joue
aussi un rôle essentiel dans le maintien du génome dans
sa forme épisomale durant la latence [30]. Dans les cellules infectées par l’herpesvirus du singe Saïmiri (HVS),
gC1qR a été identifiée comme un des partenaires cellulaires
de LANA, les deux protéines agissant de façon synergique
dans l’activation transcriptionnelle de certains promoteurs
[31].
Dans le cas du virus d’Epstein-Barr (EBV), la réplication requiert la protéine Epstein-Barr nuclear antigen-1
(EBNA-1), une des rares protéines virales synthétisées pendant la phase de latence. EBNA-1 interagit avec l’origine de
réplication utilisée pendant la phase de latence (oriP) [32]
et agirait de plus comme un transactivateur de la transcription [33]. Par différentes méthodes et stratégies, plusieurs
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groupes ont identifié gC1qR comme un partenaire cellulaire de EBNA-1 [34-36]. De façon fort intéressante, des
protéines mutantes EBNA-1 qui ne possèdent plus qu’un
site de liaison à gC1qR (au lieu de deux) ont une capacité de transactivation diminuée et sont déficientes pour la
réplication ou le maintien d’un plasmide contenant oriP
[34, 36]. Bien que des études supplémentaires soient nécessaires pour valider cette hypothèse, on peut imaginer que
gC1qR joue un rôle dans l’établissement ou le maintien de
la latence de l’EBV via une régulation de la transcription,
comme pour les deux autres gammaherpesvirus.
Très récemment, il a été montré, par des expériences de
protéomique, que la sous-unité PB2 de l’ARN polymérase
du virus de la grippe avait comme partenaire gC1qR. Les
auteurs envisagent bien entendu un rôle dans la régulation
de la transcription, mais les démonstrations expérimentales
restent à faire [37].
Les observations de Ohrmalm et Akusjarvi sur la transcription tardive de l’AdV sortent du cadre strict de l’interaction
gC1qR-protéine virale mais méritent cependant notre attention [38]. En effet, ces auteurs montrent que la surexpression
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de gC1qR réprime la transcription tardive via la phosphorylation du domaine C-terminal de l’ARN polymérase II.
Ce résultat est à rapprocher des observations de Matthews
et Russell sur ce même virus (voir ci-dessous).
La modulation de l’épissage des ARNm viraux via gC1qR
est une deuxième stratégie qui pourrait conduire à la régulation de l’expression des gènes viraux.
Le rôle de gC1qR dans l’épissage des ARN du virus de
l’immunodéficience humaine (VIH) a été démontré par les
expériences du groupe de Peterlin. Ce groupe a montré que
l’épissage des ARN messagers (ARNm) du VIH n’est pas
régulé dans les cellules de souris, ce qui réduit considérablement la quantité d’ARN génomique exporté et se traduit
par un blocage de la réplication du virus dans ces cellules.
Le remplacement de gC1qR murin par la protéine humaine
lève ce blocage [39], ce qui suggère que gC1qR humain – à
l’inverse de la protéine murine – exercerait une régulation
négative sur la machinerie d’épissage. À l’heure actuelle,
l’hypothèse la plus vraisemblable est que la protéine Tat de
VIH est impliquée dans ce processus. Son association avec
gC1qR a été montrée dès 1991 [40, 41], mais des résultats
décisifs ont été obtenus récemment. Berro et al. ont en effet
démontré que gC1qR en se liant préférentiellement à Tat
sous sa forme acétylée et en complexant la kinase CDK13,
empêche la phosphorylation de ASF/SF2 et par conséquent
l’épissage des ARN viraux, permettant ainsi la production
de l’ARN génomique à la fin du cycle viral [42, 43].
La protéine précore du virus de l’hépatite B (HBV)
humaine, précurseur de l’antigène HBe, est une protéine
présente de façon prédominante dans la voie de sécrétion
mais aussi observée dans le cytoplasme et le noyau [44].
C’est dans ces deux derniers compartiments qu’une association de gC1qR avec la protéine précore a été mise en
évidence [45]. Bien que l’expression des protéines majeures
d’HBV ne nécessite pas d’épissage de l’ARN, on retrouve
des ARNm épissés dans le foie des patients chroniquement
infectés. On peut imaginer que gC1qR joue un rôle dans
cet épissage et que la protéine précore en s’associant avec
cette protéine cellulaire module le taux d’épissage de ces
ARN, ensuite encapsidés dans des particules défectives. Le
fait que le nombre de ces particules défectives varie avec
la gravité de l’atteinte hépatocytaire et pourrait s’expliquer
par cette modulation mais cette hypothèse intéressante reste
pour l’instant à démontrer [46].
Une autre possibilité pour contrôler l’expression des gènes
est de moduler l’export des ARNm viraux et gC1qR intervient aussi dans cette étape pour deux virus, VIH et
HSV. Dans le cas de VIH, une autre protéine accessoire
a été retrouvée associée à gC1qR. Il s’agit de la protéine Rev, une protéine essentielle pour l’export des ARNm
non épissés (ARN génomique) ou incomplètement épissés.
L’association de Rev avec gC1qR (humain ou murin) a été
Virologie, Vol 16, n◦ 2, mars-avril 2012
Figure 2. Zones d’interactions de la forme trimérique de gC1qR
avec les protéines Rev et Tat du virus de l’immunodéficience
humaine (VIH). La protéine Rev interagit avec les régions de gC1qR
indiquées en bordeaux et la protéine Tat avec celles indiquées en
violet.
mise en évidence il y a une quinzaine d’années [47, 48].
L’approche par la technique du double hybride a montré
que Rev s’associait par son domaine basique [48], tandis
que les expériences de co-immunoprécipitation dans des
conditions stringentes permettaient de rejeter l’hypothèse
d’une interaction artéfactuelle [47]. La quantité d’ARN
génomique exportée serait donc plus importante, ce qui
par conséquent favoriserait l’assemblage et la production
de particules virales. Si on rapproche ce résultat de celui
obtenu avec la protéine Tat, on constate que gC1qR favorise,
via son interaction avec Tat et Rev et par deux voies différentes, la production d’ARN génomique. Il est d’ailleurs
intéressant de souligner que les deux protéines n’utilisent
pas les mêmes sites de fixation sur gC1qR (figure 2), ce qui
peut être la traduction de fonctions différentes de gC1qR.
Chez HSV, la protéine IE63 (aussi connue sous le nom
d’ICP27) est une protéine multifonctionnelle exprimée au
tout début de l’infection virale [49]. IE63 interagit avec
différentes protéines cellulaires, dont gC1qR, identifiée
comme partenaire de IE63 par trois stratégies différentes.
De plus, des études d’immunofluorescence ont montré une
colocalisation d’IE63 et gC1qR dans le noyau [50]. En
s’appuyant sur le fait qu’IE63 facilite l’accumulation de certains transcrits cellulaires dans le cytoplasme [51], Bryant
et al. suggèrent que le complexe gC1qR-IE63 faciliterait
l’export des ARNm viraux non épissés [50].
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Un rôle de gC1qR dans le transport
cellulaire ?
Un rôle de gC1qR dans la défense
antivirale ?
La protéine gC1qR semble aussi avoir un rôle dans le cytoplasme, comme l’indique les expériences réalisées avec le
virus de la rubéole (RV). Une interaction spécifique entre
la capside du RV et gC1qR dans les cellules infectées a été
démontrée par différentes approches. Cette interaction se
fait via le domaine C-terminal de gC1qR [52], ce qui laisse
accessible son signal de localisation mitochondrial présent
à son extrémité N-terminale. Une translocation au moins
partielle de gC1qR dans la matrice mitochondriale est donc
envisageable, ce que confirment des études de microscopie
confocale qui indiquent que, dans des cellules surexprimant
les protéines structurales du RV, gC1qR est localisée dans
la mitochondrie et les protéines virales à la périphérie de
l’organelle [53]. Une redistribution des mitochondries vers
l’espace périnucléaire (où s’effectue la réplication virale)
a ensuite été montrée dans des cellules infectées par RV.
Cette redistribution n’existe pas lorsque l’interaction entre
la protéine de capside et gC1qR est abolie [54, 55]. Les
auteurs proposent que cette redistribution des mitochondries à proximité des sites de réplication de RV permette
l’apport d’ATP nécessaire à la réplication du virus. De plus,
cette interaction entre les deux protéines réduit la quantité
de gC1qR dans la mitochondrie et, en conséquence, entraîne
un blocage de l’apoptose [56].
Il est intéressant de rapprocher ces résultats d’autres un peu
plus anciens portant sur l’interaction entre la protéine V
de l’AdV et gC1qR. Les AdV sont des virus dont le site
d’assemblage est le noyau et la protéine V est une des
quatre protéines virales associées au génome viral. Des
expériences de microscopie confocale ont montré qu’elle
interagissait avec gC1qR à la fois dans le cytoplasme et
dans le noyau pendant la phase tardive de l’infection. Ces
résultats ont conduit les auteurs à proposer, d’une part, que
gC1qR soit l’un des composants de la machinerie de transport reliant la mitochondrie au noyau et, d’autre part, que
l’AdV détourne cette machinerie afin de favoriser l’entrée
de son génome dans le noyau [8].
Il est probable que gC1qR ait aussi un rôle dans la localisation nucléaire de la kinase pUL97 du HCMV. Les résultats
obtenus avec la protéine cellulaire endogène montrent
qu’elle recrute pUL97 à la membrane nucléaire via la
formation d’un complexe gC1qR-récepteur de la lamine BpUL97 [57]. Étant donné les multiples fonctions proposées
pour pUL97 [58], il est difficile de conclure sur le rôle du
complexe ainsi formé. Signalons aussi qu’en utilisant une
approche tandem affinity purification (TAP) suivie d’une
analyse par spectrométrie de masse, Kamil et Coen n’ont
pas mis en évidence d’association entre gC1qR et pUL97
[59].
La capacité d’un virus à échapper au système immunitaire
repose sur différents mécanismes plus ou moins liés entre
eux. Par exemple, les virus peuvent cibler les lymphocytes T
(LT), comme le font le VIH-1, le virus de l’hépatite C
(HCV) et HBV. Ils peuvent aussi inhiber l’activité antivirale
de l’interféron (HCV, gammaherpes murin 68 [MHV-68]),
la protéine gC1qR semblant impliquée dans ces deux types
de mécanisme.
Dans le cas de VIH-1, gC1qR est un récepteur pour le motif
3S de la protéine d’enveloppe gp41. En se liant à gC1qR à la
surface des LT CD4+, gp41 induit l’expression de surface de
la protéine NKp44L, rendant ces cellules sensibles à la lyse
par les NK autologues. Ce mécanisme pourrait participer à
la déplétion des LT CD4+ observée au cours de l’infection
par ce virus [60].
La capacité d’HCV à échapper au système immunitaire est
sans doute due, pour partie, à la protéine de capside de ce
virus. Dans un modèle expérimental murin, cette protéine
inhibe la réponse immunitaire [61] via l’inhibition d’étapes
précoces de l’activation des LT [62, 63]. En 2000, Kittlesen
et al. ont montré que gC1qR interagit avec une protéine
de capside recombinante (liée à GST) et ont suggéré qu’in
vivo cette interaction prenne place entre la protéine virale,
sécrétée dans le milieu extracellulaire et gC1qR, exprimée
à la surface des LT [64].
Comme nous l’avons vu ci-dessus, gC1qR interagit avec la
protéine précore d’HBV [45]. Nous avons montré in vitro
que les deux protéines interagissent via leurs domaines Cterminaux et plus particulièrement via une séquence riche
en îlots arginine dans le cas de la protéine précore (Assrir
et al., non publié). Nous venons de montrer que P20,
une protéine sécrétée dérivée de la protéine précore [65],
interagissait elle aussi avec gC1qR [66]. Il était tentant
d’imaginer, que comme dans le cas de HCV, cette interaction puisse inhiber la prolifération des LT, d’autant que les
aires d’association se recouvrent partiellement (figure 3).
Nous avons, en effet, démontré que P20 inhibe la prolifération des LT mais indépendamment de sa fixation à gC1qR
[66]. Il reste à caractériser la signalisation affectée par cette
interaction.
En ce qui concerne l’inhibition de l’activité antivirale
de l’interféron, deux travaux indépendants montrent que
HCV provoque une inhibition de l’activité antivirale de
l’interféron-␥, par induction de la synthèse d’IL-8 [67] ou
par l’inhibition de la production d’IL-12 dans les monocytes
et les macrophages [68]. Cette inhibition interviendrait au
niveau transcriptionnel via l’activation de la phosphoinositide 3-kinase [69]. Il faut néanmoins souligner que ces
expériences ont été réalisées comme précédemment avec
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revue
Panneau A
Panneau B
Figure 3. Comparaison des zones de gC1qR impliquées dans l’interaction avec la protéine précore du virus de l’hépatite B (HBV) (panneau A) ou la protéine core du virus de l’hépatite C (HCV) (panneau B). Les zones d’interaction sont indiquées respectivement en bleu
(précore HBV) et vert (core HCV).
une protéine core recombinante, donc dans des conditions
artificielles. Cependant, les auteurs ont observé que les
protéines de capsides isolées de patients infectés chroniquement se liaient plus fortement à gC1qR et inhibaient de
façon plus efficace la prolifération des LT et la production
de l’interféron-␥ que celles isolées de patients guéris. Bien
que le mécanisme ne soit pas encore connu en détail, il
semble donc que les dysfonctions engendrées chez les LT
par le complexe capside HCV-gC1qR implique l’induction
de protéines SOCS, inhibitrices de voie de signalisation
des cytokines [70]. Donc, de façon très vraisemblable, les
interactions entre gC1qR et la protéine de capside d’HCV
inhibent à la fois les fonctions des LT et la production de
cytokines inflammatoires. Si ces hypothèses se confirment,
ce complexe a donc un rôle central dans l’établissement et
le maintien de la persistance virale.
On peut rapprocher de ces résultats, l’observation faite chez
le MHV-68. Il a en effet été montré que la protéine M2 de ce
virus bloque l’activation de la transcription de l’interféron
via une régulation négative de STAT1 et/ou STAT2. Étant
donné qu’elle est retrouvée associée à gC1qR dans le noyau,
les auteurs proposent que gC1qR contribue à cet effet négatif [71].
Enfin, on peut mentionner les travaux réalisés sur le virus
du syndrome de la tache blanche (white spot syndrome
virus [WSSV]), un virus à ADN double brin enveloppé,
dont un des hôtes est l’écrevisse signal. Il existe chez ce
crustacé un homologue de gC1qR dont la transcription augmente au cours de l’infection par le WSSV. De plus, la
suppression de gC1qR induit une réplication virale augmentée. Enfin, in vitro, gC1qR interagit avec une protéine
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d’enveloppe (VP 28) et deux protéines de la nucléocapside
(VP 15 et 26) du WSSV. En se basant sur ces résultats, les
auteurs suggèrent que l’homologue de gC1qR joue un rôle
dans les mécanismes de défense du crustacé, soit en bloquant l’entrée virale via son interaction avec VP 28, soit la
réplication via son interaction avec VP 15 et VP 26 [72].
Conclusion
La diversité des fonctions mentionnées pour gC1qR dans
la littérature en font une protéine particulièrement intrigante. On peut cependant noter que, jusqu’à présent, de
nombreuses fonctions qui lui sont attribuées reposent plus
sur des déductions que sur des démonstrations. Les résultats obtenus avec les protéines virales permettent, d’une
part, de venir en appui des études portant sur les fonctions
cellulaires, d’autre part, d’envisager un nouveau rôle pour
gC1qR.
À la lumière des résultats exposés ci-dessus, deux hypothèses quant au rôle de gC1qR nous apparaissent plausibles :
– un rôle dans le trafic cellulaire des protéines ;
– un rôle dans la réponse antivirale.
L’hypothèse d’un rôle dans le trafic cellulaire (figure 4)
s’appuie sur trois publications. La première porte sur
l’association entre gC1qR et la protéine V de l’AdV. Pour
expliquer les résultats obtenus, ces auteurs avaient proposé que gC1qR fasse partie d’une machinerie de transport
reliant la mitochondrie au noyau [8]. Dix ans plus tard, la
publication de Heyd et al. vient conforter cette hypothèse
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Noyau
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ARNm
viraux
RE
Golgi
Figure 4. Modèle d’action hypothétique de gC1qR dans les cycles
viraux. La protéine gC1qR initialement présente dans la mitochondrie, participerait à la migration des mitochondries (flèche rouge
en pointillés) le long des microtubules (en vert) jusqu’aux sites
de réplication de certains virus à la périphérie du noyau (flèche
pleine bleue). De là, elle pourrait rejoindre le noyau (flèche jaune
en pointillés) pour participer à la modulation de l’expression des
gènes (cercle jaune) ou via le RE et la voie sécrétoire (flèche violette en pointillés), la membrane plasmique pour interagir avec des
protéines virales sécrétées (flèche pleine violette).
en démontrant que gC1qR transporte un facteur d’épissage
à travers la membrane nucléaire (la taille de gC1qR permet son transport passif à travers le pore nucléaire) [17].
Enfin, une publication très récente montre que gC1qR dirige
les mitochondries près du site de réplication du RV [55].
On peut donc imaginer que les observations suggérant un
rôle des complexes gC1qR-protéines virales dans la régulation de l’expression des gènes viraux reposent sur ce rôle
dans le trafic cellulaire. En effet, ces différentes observations mettent en évidence des interactions et éventuellement
des localisations dans le noyau qui peuvent parfaitement
s’interpréter grâce à l’hypothèse énoncée par Matthews et
Russell en 1998. Toutefois, il n’est pas exclu qu’une fois
dans le noyau, gC1qR puisse avoir un second rôle en interagissant avec telle ou telle protéine virale, d’autant que
les études portant sur sa structure suggèrent qu’elle peut
présenter des états d’oligomérisation variables suivant le
microenvironnement physicochimique [5]. Cela pourrait
expliquer la variété des partenaires viraux identifiés et la
variété des mécanismes liés à une infection virale dans
lesquels elle pourrait intervenir.
L’hypothèse d’un rôle dans la réponse antivirale repose sur
des travaux souvent plus récents, portant notamment sur
VIH, HCV et HBV. Dans les trois cas, les résultats publiés
92
relèvent clairement d’une stratégie visant à contrer le système immunitaire. En interagissant avec gC1qR à la surface
des LT, la protéine virale perturberait la réponse immunitaire spécifique soit en inactivant directement les LT ou
bien modulant l’expression de leurs récepteurs de surface.
Dans le cas du complexe protéine de capside d’HCVgC1qR, le complexe a un rôle central dans l’inhibition
de la synthèse des cytokines, en particulier l’interféron-␥.
Bien que le mécanisme ne soit pas entièrement compris,
il semble impliquer l’induction des protéines SOCS qui
interfèrent avec la cascade de signalisation Jak/STAT et en
conséquence abaisse la production de cytokines. Il faut rapprocher ce résultat de celui obtenu avec la protéine M2 de
l’herpès murin 68, qui a aussi été décrite comme inhibant
la synthèse de l’interféron. Dans ce cas, le complexe M2gC1qR est localisé de façon prédominante dans le noyau
et induit une dérégulation de STAT1 et/ou STAT2. Par analogie, on peut donc se demander si la protéine de capside
d’HCV, qui possède un signal de localisation nucléaire [73]
délocalise gC1qR dans le noyau. Quoiqu’il en soit, la protéine de capside d’HCV jouerait un rôle dans l’infection
chronique par deux mécanismes, d’une part, en interagissant avec gC1qR à la surface des LT et empêchant leur
activation et, d’autre part, via une régulation négative de
la synthèse des protéines STAT, en relation directe ou non
avec gC1qR.
Lutter contre l’apoptose est un autre aspect des mécanismes
de défense contre les virus mis en place par la cellule. Étant
donné qu’un rôle proapoptotique de gC1qR a été envisagé
[4, 18], il est concevable que certains virus, notamment
ceux qui développent une infection persistante, contrecarrent cette fonction. Cependant, une interaction directe
entre gC1qR dans la mitochondrie et une protéine virale
est peu vraisemblable, aucune publication n’allant dans ce
sens.
Ainsi, la façon dont gC1qR interagit avec les différentes
protéines virales est en parfait accord avec ce qu’on connaît
de la diversité des stratégies que les virus emploient pour
assurer leur survie, toutes contribuant à la même finalité.
Cependant, une de ses caractéristiques les plus intéressantes
est qu’elle intervient dans au moins deux grands processus,
contrairement à la plupart des protéines cellulaires interagissant avec des protéines virales impliquées dans un seul
mécanisme de contrôle de l’apoptose, par exemple p53 et
Rb.
Remerciements. M.P. a bénéficié d’une allocation de
recherche de la région Île-de-France pendant la préparation
de son doctorat. Ce travail a bénéficié du soutien de l’ANRS
(contrat d’initiation à CLG CCS4-2010). Les auteurs remercient Ewen Lescop (ICSN) pour son aide dans la réalisation
des figures 1 à 3 et Delphine Sitterlin pour sa lecture critique
du manuscrit.
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Conflits d’intérêts : aucun.
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