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Epilepsie
Stéphane PEYSSON
Octobre 2003
Définition
Epilepsie = répétition chronique de crise
d’épilepsie
Crise d’épilepsie :
Décharge paroxystique, excessive, hypersynchrone et
autoentrenue d’une population ±étendue de neurones
corticaux hyperexcitables
Aspects cliniques très variables selon le lieu de la
décharge
Prévalence : 6-7 / 1000 soit 400 – 500 000 en
France
Incidence annuelle : 70 / 100 000
Crises généralisées (1)
Introduction :
Décharge d’une population de neurones cérébraux au
sein des deux hémisphères s’accompagnant toujours
d’un trouble de la conscience (sauf myoclonies
massives bilatérales)
Pas de valeur localisatrice sauf en cas de déficit post-
critique prolongé
EEG : anomalies bilatérales, synchrones,
symétriques, critiques et parfois intercritiques
Crises généralisées (2)
Crises généralisées de type grand mal :
Description :
Prodromes : brève sensation de malaise général
Phase tonique (10 – 12 s) : PC brutale, contracture, puis
Phase clonique (30 s) : ensemble du corps
Phase stertoreuse (1 – 2 min) : sujet flasque, reprise de la
respiration, hypersécrétion salivaire et bronchique
Retour progressif à la conscience : confusion post-critique,
courbature, asthénie. Amnésie lacunaire de l’épisode.
Autres formes : crises toniques, atoniques, …
CAT :
Éviter les blessures lors de la chute, liberté des VAS …
Ne pas s’opposer au malade en période post-critique
Prévention non systématique d’autres crises : BZD
Crises généralisées (3)
Absence (petit mal) :
Description :
enfant de 4 – 8 ans souvent
Brève suspension de la conscience (5-10 s)
Retour immédiat à un état de conscience normal
Parfois automatismes (mâchonnement, déglutition), de
secousses de la face
Pas d’aura ni d’élément post-critique
Diagnostic : EEG typique
Décharge de pointes-ondes bilatérales, symétriques et
synchrones à 3 Hz
Test de sensibilisation par l’hyperpnée ++
Pronostic :
Guérison +++ à l’adolescence ou à l’age adulte
Evolution possible : absences, grand mal …
Crises généralisées (4)
Facteurs de bon pronostic :
Début entre 4 – 8 ans et développement psychomoteur normal
Pas d’autres manifestation comitiale
Contrôle thérapeutique facile en monothérapie
Aspect EEG typique (PO à 3 Hz)
Myoclonies massives bilatérales :
Secousses musculaires massives bilatérales et
synchrones, sans trouble de conscience
Spontanés ou provoqués (stimuli visuels ++, auditifs)
EEG : activité paroxystique
Étiologies :
Panencéphalite subaiguë sclérosante,
Creutzfelt-Jakob, intoxications
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Crises partielles
Introduction :
En règle secondaire à une lésion corticale
Décharge d’une population de neurones d’aires
corticales spécifiques,
Avec parfois un déficit post-critique +++
Peut se propager généralisation secondaire
Mode de début : caractère focal
Description du début de la crise, aura ?
Anomalie focale sur l’EEG de grande valeur
Crise partielle simple :
conscience OK
Crise partielle complexe :
troubles de la conscience
Crises partielles simples (1)
Crises motrices
Crise somato-motrice
Crise tonico-clonique ou clonique, localisée à un segment de
membre, un membre ou un hémicorps
Décharge de la frontale ascendante controlatérale
Crise bravais-jacksonienne motrice
Extension des contractions toniques puis cloniques vers la
racine du membre atteint, voire de l’hémicorps (marche)
Généralisation secondaire possible
Décharge s’étendant en tache d’huile sur la FA controlatérale
Crise de l’aire motrice supplémentaire
Élévation du MS controlatéral avec vocalisation itérative (répétition
indéfinie d’un mot ou d’une syllabe)
Crises partielles simples (2)
Crise versive
Rotation forcée de la tête et des yeux (décharge de l’aire oculo-
céphalogyre)
Avec parfois élévation du MS en abduction puis possible rotation
de l’ensemble du corps (crise giratoire) : décharge frontale
controlatérale
Généralisation fréquente
Crise phonatoire
• Vocalisation
Décharge frontale ou temporale
Crises sensitives
Paresthésies, douleurs, ± localisées
Avec parfois marche jacksonienne
Décharge de la pariétale ascendante controlatérale
Crises partielles simples (3)
Crises sensorielles
Visuelle
Paropsies (phosphènes, scotome, troubles du champ visuel)
Décharge du cortex occipital
Auditive
Paracousie (acouphènes, assourdissement)
Décharge de T1 (1ère circonvolution temporale)
Olfactive
Parosmie (odeurs désagréables)
Décharge de l’uncus de l’hippocampe ou crise frontale
Gustative
• Paragueusie
Décharge du cortex insulaire
Crises partielles simples (4)
Crise vertigineuse :
décharge du cortex pariétal
Crise végétative
Salivation, déglutition, crise épigastrique ou abdominale, troubles
vasomoteurs (pâleur, rougeur, sueur)
Décharge de la partie profonde du cortex temporal
Crises partielles complexes (1)
Crise se limitant à une perte de contact
Crise psychomotrice
Automatismes
Oro-alimentaires (mastication, déglutition), mimique, gestes
simples ou complexes, verbaux (stéréotypies, jurons)
Et surtout ambulatoires : poursuite de l’activité inadaptée
Troubles mnésiques :
impression de déjà-vu, déjà-entendu,
déjà-vécu, pensée forcée, contexte d’étrangeté
Troubles affectifs :
angoisse, sensation de bien-être
Crise psychosensorielle
Perception sans objet (hallucination) ou déformée (illusion)
De nature visuelle, auditive, olfactive, gustative
• Localisation
:
cortex temporal ou frontal interne, aires associatives
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Diagnostic différentiel
Migraine avec aura
Accident vasculaire cérébral transitoire
Syncope cardio-vasculaire et lipothymie
Psychiatrique : hystérie, simulation
Autres : spasme du sanglot chez l’enfant, dystonie
paroxystique
Étiologies des épilepsies
symptomatiques (1)
Introduction : causes multiples
Toute anomalie entraînant un mauvais fonctionnement cérébral
Toute agression aigue cérébrale
Facteurs génétiques et néonataux :
Influence génétique (ATCD familiaux)
Anomalies congénitales (chromosomes)
Malformations cérébrales
Facteurs antenataux
(infections, toxiques, anoxie)
Facteurs périnataux
(traumatismes de l’accouchement,
hypoxie, infection …)
Étiologies des épilepsies
symptomatiques (2)
Maladies infectieuses
Méningites, méningo-encéphalites, encéphalites
Abcès épiduraux et sous-duraux
Abcès cérébraux et granulomes
Maladie de Creutzfelt-Jakob
Facteurs toxiques
Intoxication au CO
Alcool
Drogues et sevrage
Autres : plomb, mercure
Étiologies des épilepsies
symptomatiques (3)
Traumatismes et agents physiques
Plaies cranio-cérébrales
Hématomes, épanchement sous et épiduraux
Cicatrice méningocérébrale post-traumatique
Anoxie et hypoxie
Pathologie vasculaire
Hémorragie sous-arachnoïdienne
Thrombophlébite cérébrale
Cicatrice d’AVC ischémique ou hémorragique
Encéphalopathie hypertensive
Étiologies des épilepsies
symptomatiques (4)
Maladies métaboliques et nutritionnelles
Trouble ionique : dysnatrémie, hypocalcémie …
Hypoglycémie, glycogénose
Métabolisme des acides aminés
Métabolisme des graisses
Déficits vitaminiques (pyridoxine)
Tumeurs
Primitives intracrâniennes : gliomes, méningiomes
Métastases, lymphome cérébral, leucémies
Malformations vasculaires
Étiologies des épilepsies
symptomatiques (5)
Hérédodégénérescence familiale
Neurofibromatose (Recklinghausen)
Sclérose tubéreuse de Bourneville
Angiomatose encéphalo-trigéminée de Sturge-Weber
Épilepsie myoclonique progressive
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Chez un épileptique connu :
rechercher un facteur déclenchant +++
Arrêt ou diminution du traitement
Interférence pharmacocinétique
Médicament épileptogène (ADT, théophylline)
Épisode infectieux
Privation de sommeil
Jeûne, fatigue, traumatisme, exposition au soleil, excès
d’apport hydrique
Alcool : ingestion aiguë, sevrage
Trouble métabolique intercurrent
Épilepsie secondaire : reprise du processus évolutif
Bilan diagnostique (1)
Interrogatoire et examen clinique :
Interrogatoire : patient et entourage +++
Description « policier » du déroulement de la crise
Recherche d’un départ focal +++
Recherche de facteurs déclenchants
Examen clinique +++ :
recherche d’un déficit post-critique
FO :
recherche d’un œdème papillaire (HTIC)
Electroencéphalogramme :
Normal n’élimine pas le diagnostic +++
A distance de la crise : recherche
Signes de souffrance cérébrale
Activités paroxystiques
Recherche d’un foyer focal
EEG : EME avant RIVOTRIL EEG : EME après RIVOTRIL
Bilan diagnostique (2)
Scanner cérébral sans et avec injection
IRM encéphalique avec gadolinium
Ponction lombaire
Non systématique
Si suspicion de méningite et/ou de méningoencéphalite
TOUJOURS après une imagerie cérébrale +++
Bilan biologique
NFS – plaquettes, VS, CRP, ionogramme
Calcémie, glycémie
Bilan hépatique
Bilan rénal
Traitement (1)
Principe du traitement
Après une première crise
Sans lésion sous-jacente : 20 % sans récidive
Pas de traitement si facteurs environnementaux +++
Traitement systématique en cas de lésion corticale
Début du traitement
Toujours débuter par une monothérapie
Augmentation progressive des doses
Utilisation des formes LP (2 prises / jour)
Bithérapie si échec des monothérapies à doses efficaces
Éducation du patient
Jamais stopper brutalement un traitement anti-épileptique +++
Prévenir le patient des effets secondaires
Éviter les facteurs déclenchants, les activités dangereuses
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Traitement (2)
Cas particulier de la grossesse
Risque malformatif
Même en l’absence de traitement : 2 – 4 %
Avec traitement : 4 – 8 % surtout si polythérapie, doses élevées
Tous les anti-épileptiques sont concernés, surtout le valproate
de sodium (spina bifida)
CAT
Monothérapie à dose minimale si possible
Surveillance clinique, EEG et des taux thérapeutiques
Adjonction vitaminique :
Acide folique : M-2 fin de la grossesse
Vitamine D en fin de grossesse
Vitamine K1 chez la mère (fin grossesse) et chez le nouveau-né
Surveillance obstétricale +++ (écho ± amniocentèse (αFP))
Traitement (3)
Tous types de crises
Action rapide ++
0,5 – 1 mg/kg/j
Clobazam
URBANYL
Tous types de crises
Action rapide ++
0,1 – 0,2 mg/kg/j
Clonazépam
RIVOTRIL
Crises généralisées sauf absences typiques
Crises partielles
5 mg/kg/j
Phénytoïne
DI-HYDAN
Crises généralisées sauf absences typiques
Crises partielles
2 – 3 mg/kg/j
Phénobarbital
GARDENAL
Tous types de crises
20 – 25 mg/kg/j
Valproate de
sodium
DEPAKINE
Crises partielles +++
Crises généralisées sauf absence typique
10 mg/kg/j
Carbamazépine
TEGRETOL
Traitement (4)
Traitement chirurgical
Indications à discuter quand
Crises épileptiques sévères
Pharmaco-résistance
Mise en évidence d’un foyer cortical bien localisé
Bilan pré-opératoire
Enregistrement vidéo-EEG
Examens neuro-radiologiques : TDM, IRM, PET-scan
Stéréo-EEG : électrodes profondes sous-durales et intra-
cérébrales
Tests neuropsychologiques
Résection de la zone épileptogène
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