La Lettre du Neurologue - n° 1 - vol. IV - février 2000
38
MISE AU POINT
siège le plus souvent d’une hypertrophie caractéristique, sans
doute d’un mécanisme de dégénérescence transsynaptique.
Cette hypertrophie est reconnaissable à l’IRM, cependant que le
Pet-scan démontre un accroissement de l’activité métabolique
de l’olive inférieure peut-être en rapport avec la rythmicité neu-
ronale altérée à ce niveau. C’est en effet à partir de l’olive bul-
baire que serait générée l’activité rythmique, mais il est loin
d’être compris comment cette activité oscillatoire se propage de
l’olive à travers le système moteur et conduit les pools moto-
neuronaux distants (des noyaux oculomoteurs à la corne anté-
rieure de la moelle) à osciller rythmiquement.
ASTÉRIXIS
C’est en 1949 qu’Adams et Foley proposèrent le terme d’astérixis
pour décrire une perte abrupte, récurrente, pseudo-rythmique du
tonus postural des bras tendus. Il est composé de deux mouve-
ments : l’un, de flexion-extension du poignet, l’autre horizontal
de flexion-latéralisation des doigts. L’astérixis est absent des
gestes volontaires. Il est recherché en mettant les bras du patient
en extension les doigts écartés : l’interruption brutale, fugace,
involontaire de la contraction survient après un temps de main-
tien d’attitude et provoque la chute du membre tendu, voire de
la tête sur le thorax ou du corps dans son ensemble. Le mouve-
ment ou flap est caractérisé sur l’électromyogramme par une
pause de l’activité musculaire affectant simultanément les
muscles de la région concernée, agonistes et antagonistes ; il
peut être accompagné de trémulations irrégulières (également
dues à des interruptions brèves et irrégulières de l’activité élec-
tromyographique) : flapping tremor.Shahani et Young en 1976
suggérèrent le terme de “myoclonie négative” pour mettre en
exergue cette période de silence électromyographique, alors que
le mouvement pouvait être apparenté cliniquement à des myo-
clonies. Ils proposèrent que l’astérixis était un désordre des pro-
grammes ou mécanismes centraux responsables du maintien
postural ou des mouvements lents unidirectionnels. Alors qu’un
astérixis bilatéral suggère presque invariablement une encépha-
lopathie diffuse, métabolique (hépatique, dont il est le signe le
plus caractéristique, respiratoire...) ou toxique (anticomi-
tiaux...), un astérixis unilatéral peut se rencontrer lors de lésions
focales controlatérales du système nerveux central (cortex
pariétal postérieur, thalamus). Bilatéral, l’astérixis pourrait
s’expliquer par un dysfonctionnement global du système ner-
veux central ; unilatéral, par lésion focale, il résulterait plutôt du
dysfonctionnement d’une boucle fonctionnelle thalamo-cortica-
le.
SYNDROMES DE SURSAUT
Le réflexe de sursaut engendre une activation corporelle, rapide,
généralisée en réponse à un stimulus inattendu. Commun à tous
les mammifères, il fait partie d’une constellation de comporte-
ments d’orientation et d’alerte permettant d’analyser le stimulus
et d’y faire face. Chez l’homme adulte, à quelques variations
interpersonnelles près, il s’agit d’un pattern stéréotypé de fer-
meture des yeux, grimace faciale, flexion de la tête, élévation
des épaules et flexion des coudes, tronc et genoux. Avec la répé-
tition de la stimulation, l’intensité de la réponse diminue mais
ne disparaît jamais complètement ; elle augmente avec la
fatigue, l’anxiété. L’intensité est plus grande chez l’enfant : le
réflexe serait présent dès la 30esemaine de gestation. C’est le
sursaut audiogénique qui a été le plus étudié, mais le réflexe
peut être déclenché par des variations brusques de l’input
d’autres modalités sensorielles. Le réflexe du sursaut acoustique
survient avec une latence habituelle de moins de 100 ms et à une
durée de moins de 1 s ; son circuit parcourt le noyau cochléaire,
le colliculus inférieur, la formation réticulaire, la voie réticulo-
spinale et le motoneurone ; il est probablement élaboré au
niveau du nucleus reticularis pontis caudalis.Le réflexe de sur-
saut peut être modulé par l’attention, le changement des para-
mètres des stimuli inducteurs, l’environnement, l’état général
du sujet et une grande variété de médicaments. La réponse en
sursaut est sujette à habituation. Certains sujets ne s’habituent
toutefois pas ou ont des réponses nettement exagérées avec
comme conséquence des perturbations de la vie sociale ou pro-
fessionnelles, des chutes, des blessures. On décrit plusieurs
pathologies du sursaut. Il est des formes acquises,où le sursaut
peut être engendré ou exacerbé par des lésions telles que com-
pression médullaire cervicale, occlusion des artères thalamiques
postérieures, ou encore être un composant mineur d’un grand
nombre d’affections telles que le syndrome de l’Homme raide,
de Gilles de la Tourette, ou sous l’effet de médicaments licites
ou non. La maladie du sursaut (Anderman et Anderman, 1992)
est une affection familiale survenant selon deux formes : une
forme mineure où la seule anomalie consiste en réactions de
sursaut quantitativement exagérées et une forme majeure dans
laquelle il y a des signes associés. C’est ainsi que dans les
formes majeures, les patients, lors de sursaut, développent une
rigidité musculaire généralisée et une perte du contrôle postural
volontaire entraînant des chutes en statue. Dès le contact avec le
sol, tonus musculaire et contrôle volontaire du mouvement rede-
viennent normaux et il n’y a pas de perte de connaissance. Cette
hypertonie peut être reconnue dès l’enfance. Les formes
mineures et majeures sont vraisemblablement des expressions
phénotypiques d’un même gène autosomal dominant. Quelques
cas sporadiques ont été rapportés. L’évolution est variable :
amélioration, stabilité ou aggravation sont possibles. L’affection
n’est pas vraiment bénigne quand on sait qu’à l’enfance, elle
peut être responsable de mort subite par spasmes des muscles
respiratoires ou encore qu’elle entraîne souvent des hernies
abdominales. Plus tard, les patients peuvent encourir de mul-
tiples fractures, dont crâniennes avec contusions cérébrales. Le
clonazépam et l’acide valproïque sont les médicaments de
choix. Sur le plan électrophysiologique, les enregistrements
démontrent, avec une latence de 10 à 40 ms, des activités débu-
tant dans les muscles frontaux pour se terminer aux muscles des
membres inférieurs, la durée des bouffées étant de 20 à 60 ms.
Suit une activité interférentielle durant une fraction de seconde
à quelques secondes. Les activités EMG sont synchrones dans
les couples agoniste/antagoniste ; par rapport aux sujets