BNP et sujets âgés Dr. Nicolas CIBLAC ICARLIM 26 octobre 2006 Qu’est-ce que le BNP ? Brain Natriuretic Peptide (isolé d’un broyat de cerveau de porc) découvert en 1988. Famille des peptides natriurétiques (ANP, CNP, DNP, Urodilatine). Forme annulaire, pont disulfure, 32 acides aminés. Sécrété par les myocytes ventriculaires (ventricule gauche principalement) en cas d’étirement (stretch) des fibres musculaires ventriculaires (augmentation des pressions de remplissage). Mécanisme actif de sécrétion. Demi-vie 20 minutes. Dépendant de la fonction rénale (Cl<60 ml/min). Origine du BNP Pro BNP Myocyte Ventriculaire Sérine NT-proBNP Protéase BNP Rôle du BNP Antagoniste du système Rénine/Angiotensine. Inhibe la sécrétion d’ACTH et le système sympathique. Au niveau périphérique : - Reins : filtration glomérulaire, inhibe réabsorption sodique (effet diurétique+natriurétique). - Vaisseaux : vasodilatation, artérielle. - Myocarde : relaxation. précharge+pression Facteurs de modification du BNP Sexe et âge (plus élevé chez le sujet âgé et la femme). Taux de BNP faussement bas si délai entre symptômes et dosage trop court ou si obésité. Augmentation du taux avec l’insuffisance rénale, l’HTA, les troubles du rythme, l’HTAP, la cirrhose, les syndromes coronariens ou l’hyperthyroidie. Dosage à faire avant toute thérapeutique (diurétiques) car action sur la PTDVG et modification du taux de BNP. Notre étude Etude rétrospective sur 182 patients hospitalisés en Cardiologie à la Clinique CHENIEUX, réalisée avec l’aide du Dr J-C MEYNIER (directeur de thèse). Inclusion de patients âgés de 75 ans et plus avec dosage de BNP à l’entrée (de 75 à 100 ans). Période de 2 ans, avec suivi de 6 mois pour chacun. Age moyen de 83,46 ans, 45,6% de femmes (83 femmes et 99 hommes). Clairance de la créatinine moyenne : 48 ml/min. Profil des patients Antécédents: HTA (29%), coronaropathie (23%), valvulopathie (15%), Pace-maker (12%), diabète (11%), BPCO (10%). Motifs d’hospitalisation: dyspnée isolée (35,7%), dyspnée sur I.C connue ou signes d’I.C dte (39%), dyspnée sur BPCO (17,5%), patho cardio-vasculaire (23%), autres motifs (11%). 93 patients en I.C systolique (51%), 60 en I.C diastolique (33%), et 29 exempts d’I.C (16%). Intérêt diagnostique du BNP Seuil satisfaisant de VPN donné par la courbe ROC dans notre étude : 200 pg/ml avec Sp=75,9% et Se=81,7%. A ce seuil : 7 faux positifs et 28 faux négatifs. Seuil VPN identique pour les patients I.C diastoliques mais Sp=75,9% et Se=65% (21 cas ignorés). Seuil de VPN à 445 pg/ml pour les I.C systoliques avec Sp=100% et Se=72% (7 cas ignorés au seuil de 200 pg/ml). Zone grise de diagnostic douteux entre 200 et 400 à 500 pg/ml. BNP : Facteur pronostique ? Corrélation entre taux de BNP à l’entrée et évolution (compliquée ou non) (p<0,0001). Moyenne taux de BNP = 542 pg/ml (évolution simple), = 980 pg/ml (évolution compliquée). Corrélation entre taux de BNP à l’entrée et survie du patient (moyenne BNP >1000 pg/ml pour les patients décédés). Correspond aux résultats de plusieurs études : un taux élevé de BNP est associé à un mauvais pronostic. Un taux de BNP stagnant ou s’élevant pendant l’hospitalisation serait un facteur prédictif d’évolution compliquée. Doser le BNP à la sortie du séjour ? Corrélation entre ce taux et l’évolution simple ou complexe du patient (p=0,0181). Moyenne taux de BNP à la sortie = 325 pg/ml (simple) = 827 pg/ml (complexe). D’après différentes études, le taux de BNP à la sortie est prédictif du risque de réadmission à court terme (6 mois), et servirait dans le suivi ambulatoire. 27,5% de réhospitalisation (42% dans le 1er mois). 20 décès. Motifs de réhospitalisation: 76% causes cardiovasculaires ou iatrogènes. BNP et prise en charge thérapeutique But : Faire baisser le plus possible le taux de BNP pendant l’hospitalisation. Optimisation thérapeutique (notamment avec utilisation des bêtabloquants sous-utilisés souvent) le plus possible : IEC/AA2, bêtabloquants, diurétiques. Suivi ambulatoire : revoir et équilibrer le traitement si augmentation du taux de BNP sur un contrôle ou si signes de décompensation (prise en charge réseau). CONCLUSION Intérêt diagnostique (même si plus discuté que pour la population globale, notamment pour l’I.C diastolique). Grand intérêt diagnostique, se confirmant de plus en plus chez les sujets âgés (mais aussi les moins de 70 ans) et outil important du suivi ambulatoire. En pratique : pas de consensus pour l’instant mais on pourrait indiquer un dosage à l’entrée du séjour et un autre à la sortie (résultats PEC thérapeutique, évolution compliquée ?). Suivi ambulatoire : un dosage régulier (2 à 3 ans si stable) et nouveau dosage si signes de décompensation imminente.