Imagerie pour une sinusite : radiologie standard, scanner ou IRM ? L’examen clinique en médecine générale d’un patient qui présente une symptomatologie sinusienne est très limité. En pratique, seuls les examens complémentaires radiologiques permettent d’approcher le diagnostic. Il n’est cependant ni utile ni souhaitable, du fait de leur coût, de demander des examens complémentaires lors de chaque épisode infectieux. Le choix d’une radiographie standard, d’un scanner ou d’une IRM dépend du caractère aigu ou chronique de la symptomatologie et du résultat des traitements et des examens antérieurs. Les radiographies de sinus permettent de confirmer le diagnostic de sinusite. En cas de symptomatologie bilatérale, elles facilitent le diagnostic et permettent de différencier une sinusite d’une rhinite aiguë virale traînante. Elles ne sont en principe demandées que dans les formes atypiques, récidivantes ou Correspondances en médecine - n° 1, vol. II - janv./févr./mars 2001 après échec du traitement médical. Elles n’ont pas de raison d’être effectuées en première intention si les symptômes sont typiques et unilatéraux, ou dans les formes bilatérales si, de toute façon, une antibiothérapie doit être prescrite. Quelle(s) incidence(s) demander ? Incidence de Blondeau, face haute, profil, Hirtz, quatre incidences. L’incidence de Blondeau permet à elle seule le diagnostic des sinusites maxillaires puisque la projection nez-menton-plaque permet de visualiser les sinus sans projection du bas fond sinusien sur les arcades dentaires. Les images radiologiques évocatrices de sinusite bactérienne sont un niveau liquide ou une opacité complète du sinus maxillaire. Un épaississement en cadre de la muqueuse sinusienne n’est pas synonyme de sinusite chronique. Il est associé dans un nombre non négligeable de cas (s’il est supérieur ou égal à 6 mm) à la présence de germes dans le sinus, et donc à une sinusite aiguë. 49 Q u e s t i o n s d e c o n s u ltat i o n sur le vif Les radiographies standard des sinus permettent en outre de rechercher un corps étranger intrasinusien, ou (mais cela est rarement nécessaire) de confirmer la guérison après un épisode aigu. Elles sont en revanche difficiles à interpréter. Il existe en effet de nombreux faux positifs. Cela peut notamment être lié à l’épaisseur des parois des sinus (image de sinus plein chez un patient porteur d’une hypoplasie sinusienne frontale ou maxillaire). Fréquemment, les images d’opacité du bas fond d’un sinus maxillaire sont ininterprétables (niveau liquide, kyste, polype ou épaississement muqueux ?). Si une seule incidence est demandée pour confirmer un diagnostic de sinusite maxillaire aiguë, l’incidence de Blondeau est nécessaire et suffisante. Les autres incidences permettent de mieux visualiser les sinus frontaux (pour l’incidence face haute), ethmoïdaux et sphénoïdaux (pour le profil et l’incidence de Hirtz). Il n’est pas justifié de demander les quatre incidences pour faire un diagnostic de sinusite maxillaire aiguë en première intention. D’un point de vue coût-efficacité, le scanner est plus informatif que les quatre incidences dans le bilan d’une sinusite. Il a supplanté les tomographies, qui ne sont plus utilisées. Le scanner n’a pas d’indication dans le diagnostic d’une sinusite aiguë non compliquée sur un terrain non immunodéprimé, essentiellement du fait de son coût. Il peut cependant permettre le diagnostic de sinusite sphénoïdale avec plus de précision que des radiographies standard. Il a toutefois un intérêt chez les patients présentant des sinusites à répétition pour la recherche d’une sinusite chronique ou d’une anomalie anatomique favorisant les épisodes de surinfection. Il doit alors être pratiqué à distance d’un épisode de surinfection aiguë (un mois environ après la fin du traitement). Le scanner est également utile pour le diagnostic et le bilan des sinusites chroniques, lorsque la symptomatologie résiste au traitement médical ou s’il persiste une sympto- 50 matologie (écoulement nasal, obstruction nasale, anosmie) en dehors des épisodes infectieux. Il est indispensable dans le diagnostic des tumeurs de la face, notamment en ce qui concerne les populations à risque de cancer de l’ethmoïde (travail du bois, du cuir), dans la recherche d’une brèche méningée (méningites à répétition, écoulement nasal clair unilatéral évoquant une fuite de LCR, surtout si le patient a des antécédents de traumatisme facial et/ou de chirurgie des sinus ou de la cloison) et dans le bilan des sinusites compliquées. Il est nécessaire d’obtenir des coupes dans deux plans de l’espace (axial et coronal, éventuellement sagittal). Le scanner précisera les anomalies anatomiques, les réactions muqueuses (leurs localisation, étendue et aspect, qui orienteront sur l’étiologie) et l’aspect de l’os (condensation si infection chronique, lyse si tumeur ou infection aiguë compliquée). L’existence d’une image n’est pas synonyme de pathologie : – un épaississement modéré de la muqueuse sinusienne est fréquent au cours des rhinites virales ou chez les patients présentant une rhinite allergique et ne signe pas l’existence d’une sinusite ; – une image de polype ou de kyste dans un sinus maxillaire est banale et ne justifie pas son exérèse chirurgicale. L’IRM n’est pas indiquée dans le diagnostic des pathologies nasosinusiennes. Cet examen, très sensible, a en effet tendance à majorer les images muqueuses. Il est en revanche indispensable de faire une IRM en complément du scanner lorsqu’une tumeur bénigne ou maligne est diagnostiquée. L’IRM permettra de préciser l’envahissement de l’orbite, de la base du crâne et de la dure-mère, et de différencier des images rétentionnelles (mucus) de la tumeur solide. B. Barry, ORL Correspondances en médecine - n° 1, vol. II - janv./févr./mars 2001