Figure 4. Bilan locorégional d’une lésion de l’hypopharynx droit découverte devant une
dysphagie. TDM dans le plan axial avec injection d’un produit de contraste iodé.
A. L’acquisition en respiration spontanée montre une tuméfaction mal défi nie du sinus
piriforme droit, rehaussée par le contraste.
B. L’acquisition en Valsalva montre une masse bourgeonnante de la paroi postérieure
droite de l’hypopharynx, débordant sur la paroi latérale gauche du sinus piriforme, sans
extension à l’angle antérieur ou au mur pharyngo-laryngé.
A B
La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 2 - février 2011 | 111
DOSSIER THÉMATIQUE
La TDM présente également une excellente valeur
prédictive négative lorsque l’articulation crico-aryté-
noïdienne est mobile.
L’IRM est plus sensible que la TDM dans la détection
de l’envahissement des cartilages laryngés, mais elle
est moins spécifi que (10).
Par ailleurs, l’IRM de cette région est soumise à de
multiples artéfacts (mouvements de déglutition,
respiration, pulsations vasculaires et hétérogénéité
du champ magnétique local en raison de l’interface
entre tissu et air) qui rendent la qualité de cet
examen très aléatoire.
L’exploration d’une dysphagie haute nécessite une
étude de l’hypopharynx au cours d’une manœuvre
dynamique de Valsalva modifi ée (souffl ant dans les
joues comme dans un ballon), qui permet l’ouverture
des sinus piriformes et, parfois, la séparation de la
paroi postérieure du pharynx de la région rétro-crico-
aryténoïdienne (4). Grâce à sa bonne résolution
temporelle, seule la TDM permet d’explorer l’hypo-
pharynx en pratiquant la manœuvre de Valsalva
modifi ée (fi gure 4).
Bilan d’extension des chaînes
ganglionnaires cervicales
Après le contrôle local des cancers primitifs des
VADS, l’extension ganglionnaire est le facteur
pronostique le plus important (11). En effet, en cas
d’adénopathie cervicale métastatique, la survie à
5 ans est diminuée de 50 % ; lorsqu’il existe une
deuxième adénopathie controlatérale, la survie à
5 ans est de 25 % (12-15).
Seule l’analyse histologique permet de détecter
la présence de métastases ganglionnaires micros-
copiques. L’imagerie en coupe ne peut exclure
la présence de métastases ganglionnaires. Des
études montrent que 15 % des patients atteints
d’un cancer primitif des VADS sans adénopathie
cervicale détectée cliniquement ou par l’imagerie
en coupe présentent des métastases ganglionnaires
microscopiques (11).
En revanche, lorsque les métastases ganglionnaires
sont suffisamment volumineuses pour être décelées
par l’imagerie, il existe des critères permettant
de les identifier : taille, forme, nécrose centrale,
regroupement ganglionnaire dans le territoire
de drainage du cancer primitif et rupture capsu-
laire (16-23).
Lorsque l’ensemble des critères TDM est utilisé, la
détection des métastases ganglionnaires augmente
de 7 à 19 % par rapport à la palpation (16-23).
La rupture capsulaire est un critère de mauvais
pronostic qui diminue de 50 % la survie à 5 ans.
La TDM représente le gold standard pour la détection
d’une rupture capsulaire, avec une sensibilité de
100 % (16-23). Le diagnostic repose sur le rehaus-
sement capsulaire du ganglion, qui présente des
limites floues, à distance de toute intervention
chirurgicale, de radiothérapie ou d’infection active
dans la région.
Le critère de taille de l’adénopathie correspond à
la limite du plus petit diamètre (supérieur à 11 mm
pour le groupe II [jugulo-digastrique], supérieur
à 10 mm pour les autres groupes, sauf pour le groupe
des cancers rétropharyngiens, pour lequel il s’agit
d’une taille supérieure à 6 mm) [24].
Le regroupement de 3 ganglions ou plus (8-10 mm)
dans le territoire de drainage du cancer primitif est
très évocateur d’une atteinte métastatique (17, 18).
Le critère d’imagerie par TDM le plus prédictif de
la présence de métastases ganglionnaires est la
nécrose centrale, qui se traduit par une diminution
de l’atténuation au centre du ganglion, et l’aspect
est accentué par le rehaussement de la périphérie du
ganglion après l’injection d’un produit de contraste
iodé (16-23).
L’IRM utilise les mêmes critères de taille et de
morphologie que la TDM pour la distinction des
adénopathies cervicales métastatiques, et semble
aussi performante (25).
En revanche, les multiples artéfacts de la région
cervicale (déglutition, respiration, pulsation vasculaire,
susceptibilité magnétique) rendent la qualité de cet
examen plus aléatoire que celle de la TDM.