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des phénomènes géologiques ou biologiques). En particulier, la
représentation (et la mesure du temps) se fait à travers une spatialisation.
5- Le lien entre le temps et le mouvement devra être clarifié. En particulier, le
temps est souvent spatialisé en physique.
Le temps et sa mesure dans la physique classique :
On peut presque dater l’apparition du temps dans la formulation des lois de la
physique (mais je prends plein de bémols car je ne suis pas historien). Elle se fait avec l’étude
du mouvement. La science grecque classique s’était principalement intéressée à la statique et
la compréhension des lois du mouvement était assez limitée. Commençons par rappeler
comment la mesure du temps a évolué.
Les principaux outils dont on disposait étaient des clepsydres, des sabliers, des bougies
graduées et des cadrans solaires. Ces derniers permettaient de mesurer le temps sur de longues
durées mais en un endroit fixe et avec une faible précision (au mieux 5 à 10 minutes). Les
clepsydres et les sabliers pouvaient être précis mais étaient souvent restreints à la mesure de
petits temps et devenaient peu précis sur de longues périodes (il faut retourner le sablier, etc.
ce qui entraîne une dérive non régulière). Les bougies étaient peu précises et ne permettaient
pas de mesures reproductibles (chaque bougie étant différente). Les horloges apparaissent dès
le XIVème siècle mais n’indiquent alors que les heures.
En 1583, Galilée réalise que les pendules permettent de mesurer le temps avec une
bonne précision. Il dessina un projet d’horloge à pendule mais elle ne fut jamais construite et
c’est Christiaan Huygens et Salomon Coster qui réalisèrent la première horloge de ce type en
1657. Les premières horloges « précises » et stables apparaissent au XVIIIème siècle,
principalement sous l’élan de John Harrisson (1734).
Une horloge doit permettre de définir des intervalles de temps réguliers. Un problème
semble cependant apparaître car comment savoir que les intervalles de temps donnés par
l’horloge sont réguliers si on ne possède pas déjà une horloge ? Expliquons comment
construire une horloge même si on ne possède pas un phénomène physique régulier.
Supposons que nous disposions de deux objets (des clepsydres par exemple) qui peuvent ne
pas être identiques et que nous voulions les graduer pour en faire des horloges. La seule
hypothèse importante est que les phénomènes étudiés soient reproductibles (c'est-à-dire que,
pour chaque clepsydre, si la situation initiale est identique alors l’écoulement est identique).
Pour obtenir la première graduation, on fait débuter l’écoulement des deux clepsydres en
même temps et on les arrête, arbitrairement, en même temps. On obtient ainsi une première
graduation, notre unité de temps, qui est arbitraire. Pour obtenir la seconde graduation, on
remplit une des deux clepsydres et on fait repartir l’écoulement des deux clepsydres en même
temps jusqu’à ce que le niveau de la première atteigne la première graduation. On arrête alors
l’écoulement dans les deux clepsydres. On marque alors une deuxième graduation sur la
seconde clepsydre. On peut continuer ainsi pour obtenir une clepsydre graduée régulièrement
même si l’écoulement de l’eau n’est pas régulier.
On voit ainsi que l’on peut fabriquer des horloges régulières à partir de phénomènes
non réguliers pour peu que ces phénomènes soient reproductibles, c.-à-d. que le phénomène
ne dépende pas de l’instant dans le temps où il est initié. Il s’agit là d’une hypothèse forte de
la physique : les lois physiques recherchées sont universelles, et ne dépendent pas du lieu où
de l’époque. Dans la construction précédente, le temps est assimilé à la notion de durée.