Altérations mnésiques dans l`état de stress post

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Article de synthèse
Rev Neuropsychol
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2013 ; 5 (1) : 45-55
Fanny Dégeilh1,2,3,4 , Armelle
Viard1,2,3,4 , Jacques Dayan1,2,3,4,6 ,
Fabian Guénolé1,2,3,4,5 , Pierre-Jean
Egler1,2,3,4,5 , Jean-Marc
Baleyte1,2,3,4,5 , Francis
Eustache1,2,3,4 , Bérengère
Guillery-Girard1,2,3,4
1
Inserm, U1077, 14000 Caen,
France
2
Université de Caen - Basse-Normandie,
UMR-S1077, 14000 Caen,
France
3
École pratique des hautes études,
UMR-S1077, 14000 Caen,
France
4
CHU de Caen,
UMR-S1077, 14000 Caen,
France
<[email protected]>
5
CHU de Caen,
service de psychiatrie de l’enfant et de
l’adolescent,
France
6
CHGR Rennes-I,
service universitaire de psychiatrie de
l’enfant et de l’adolescent, 35000 Rennes,
France
doi: 10.1684/nrp.2013.0252
Pour citer cet article : Dégeilh F, Viard
A, Dayan J, Guénolé F, Egler PJ, Baleyte
JM, Eustache F, Guillery-Girard B. Altérations mnésiques dans l’état de stress posttraumatique : résultats comportementaux et
neuro-imagerie. Rev Neuropsychol 2013 ;
5 (1) : 45-55 doi:10.1684/nrp.2013.0252
Altérations mnésiques dans l’état
de stress post-traumatique : résultats
comportementaux et neuro-imagerie
Memory impairment in posttraumatic
stress disorder: behavioural and
neuroimaging findings
Quand un événement est perçu comme menaçant la vie
ou l’intégrité physique de soi ou d’un autre et déclenche
un stress extrême, un état de stress post-traumatique (ESPT) peut se développer. Cet article
propose une revue des connaissances actuelles sur les dysfonctionnements mnésiques et
les altérations cérébrales au cœur de cette pathologie. De nombreuses études permettent
aujourd’hui de décrire un profil caractéristique du dysfonctionnement du souvenir de
l’événement traumatique, associant une hypermnésie des aspects émotionnels et la faible
mémorisation de l’information contextuelle. L’ESPT est également associé à des troubles
mnésiques des événements quotidiens avec, ici encore, un biais mnésique en faveur de
l’information négative et une moindre mémorisation de l’information neutre. Ces dysfonctionnements mnésiques ont été corrélés à des altérations anatomiques et/ou fonctionnelles de
régions impliquées dans la mémoire épisodique (l’hippocampe), la mémoire émotionnelle
(l’amygdale) et la régulation émotionnelle (cortex préfrontal médian et cingulaire antérieur).
Nous développerons dans cet article les deux principales théories qui synthétisent l’ensemble
de ces connaissances chez l’adulte. Par ailleurs, chez l’enfant, bien que la symptomatologie
soit bien décrite, le manque d’investigations ne permet pas aujourd’hui l’identification précise d’un profil particulier de dysfonctionnements mnésiques et de leurs substrats cérébraux.
Nous présenterons tout de même les quelques travaux sur le sujet.
Résumé
Mots clés : état de stress post-traumatique · mémoire · émotion · cognition · neuro-imagerie
Abstract
When an event is perceived as life-threatening or potentially causing serious bodily injury to self or others, an
intense feeling of fear, horror or helplessness can be elicited and memory process can
be disrupted leading to development of posttraumatic stress disorder (PTSD). This pathology is characterised by three kinds of symptoms: (i) re-experiencing, this is probably the
principal PTSD symptom and refers to intrusive memories occurring in flashbacks or/and
nightmares so invasive that the PTSD sufferer feels as if he is reliving the sensory and
emotional aspects as occurring in the present; (ii) avoidance, the sufferer tries to avoid
everything that may remind him of the traumatic event (thoughts, places, people and
other reminders of the trauma) and (iii) hyper-arousal, this includes hyper-vigilance, exaggerated startle reaction, sleep disturbances and irritability. The purpose of this article is to
review the current state of knowledge on memory disturbances and cerebral abnormalities that are central to the pathology’s importance. On one hand, PTSD in adults is well
documented, and a concise description of impairment of traumatic event memory has
been established, involving both enhanced memory for emotional aspects and decreased
memory for contextual information. As for traumatic events, memory for everyday events is
Correspondance :
B. Guillery-Girard
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also impaired in PTSD with hypermnesia for negative information and lower memorizing
of neutral information. Structural and functional abnormalities of brain areas implicated in episodic memory (hippocampus), emotional memory (amygdala) and emotional
regulation (medial prefrontal and anterior cingulate cortices) seem involved in memory
disturbances observed in PTSD. We will describe the two main theories synthesizing current understanding in adult PTSD. On the other hand, in children, whereas symptoms are
well described, the lack of investigations hinders the accurate identification of a particular
profile of memory dysfunctions and their cerebral substrates. However, we will review the
few findings in this field.
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Key words: posttraumatic stress disorder · memory · emotion · cognition · neuroimaging
Introduction
La psychopathologie post-traumatique a tout d’abord été
décrite par la médecine militaire sous le nom de « névrose
traumatique ». Il faut attendre 1980 pour voir cette pathologie référencée pour la première fois dans le Manuel
diagnostique et statistique des troubles mentaux sous le
nom anglais de posttraumatic stress disorder (PTSD), traduit en français par état de stress post-traumatique (ESPT).
Depuis cette date, l’intérêt des scientifiques pour cette
pathologie n’a cessé d’augmenter dans le but de mieux
définir son étiologie et son évolution afin d’améliorer sa
prise en charge. L’étude de cette pathologie permet également, d’un point de vue fondamental, une meilleure
compréhension de l’organisation cognitive et anatomofonctionnelle de la mémoire, en apportant notamment
un éclairage sur les fonctionnements dynamiques entre
mémoire, émotion et processus attentionnels. L’ESPT, bien
que majoritairement décrit chez l’adulte, est également
observé chez l’enfant. En revanche, la sémiologie est en
partie différente et pourrait rendre compte de la dimension
développementale.
Aspects psychopathologiques
L’ESPT est la conséquence psychopathologique la plus
spécifique de l’exposition à un événement traumatique.
Ce trouble anxieux est consécutif à un événement ayant
été perçu par l’individu comme menaçant sa vie ou son
intégrité physique, tel que les violences des combats,
une catastrophe naturelle, un acte de terrorisme, un accident de la voie publique, une agression violente, et ayant
entraîné chez lui une sensation intense de peur, d’horreur
ou d’impuissance (critères A de l’ESPT selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux [1]).
Trois grands syndromes accompagnent l’ESPT : le
syndrome de répétition (critère B du DSM IV-R), le syndrome d’évitement (critère C du DSM IV-R) et le syndrome
d’hyperactivité neurovégétative (critère D du DSM IV-R). Le
syndrome de répétition se manifeste par des reviviscences
répétées et involontaires de l’événement qui se traduisent
46
par des souvenirs intrusifs, souvent sous forme visuelle, se
produisant au travers de flashbacks et de rêves d’angoisse,
et faisant littéralement revivre à l’individu les aspects sensoriels et émotionnels de l’événement dans le présent.
Le syndrome d’évitement se traduit par des efforts importants du patient pour éviter tout ce qui peut lui rappeler
l’événement traumatique, comme les pensées, les conversations, les lieux, les situations et les personnes en lien avec
celui-ci. Il peut s’accompagner ou plus souvent est suivi
d’un émoussement de la réactivité générale s’exprimant par
une réduction des affects et de l’élan vital, un détachement
et un pessimisme latents. Enfin, l’hyperactivité neurovégétative est caractérisée par une hypervigilance, une réaction de
sursaut exagérée, des troubles du sommeil, une irritabilité
et des difficultés de concentration.
En moyenne, 20 à 30 % des personnes confrontées à un
événement traumatique développent un ESPT, soit d’emblée
après l’exposition à l’événement traumatique, en prolongement d’un état de stress aigu ou après une longue période de
latence. La durée moyenne de l’ESPT est de trois à cinq ans
mais une symptomatologie résiduelle est retrouvée chez un
tiers environ des sujets, dix ans après l’événement déclenchant [2]. L’hyperactivité neurovégétative peut notamment
persister longtemps après l’atténuation ou la disparition
des autres signes cliniques. Plus particulièrement, il est
parfois observé un ESPT incomplet qui se traduit par
l’absence du syndrome d’évitement. Par ailleurs, l’ESPT est
rarement diagnostiqué seul et de fréquentes comorbidités
psychologiques comme la dépression, les comportements
d’addiction, l’anxiété, les crises de panique et les phobies
sont observées.
Dans le cas particulier d’une exposition à des événements traumatiques répétés ou prolongés sur plusieurs mois
ou années (guerre, violences physiques ou abus sexuels
répétés, torture. . .), il est fréquent qu’un type particulier
d’ESPT, nommé « ESPT complexe », se développe. Il se
caractérise par des troubles dissociatifs (troubles du rapport à soi et à autrui) importants dont l’intensité peut
varier de relativement peu intense (sentiment éphémère que
l’événement traumatique se reproduit dans le présent) à
sévère (la personne perd tout lien avec son identité actuelle
et son environnement présent pendant la reviviscence du
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souvenir). Ces troubles dissociatifs s’accompagnent d’une
altération de la régulation émotionnelle, de l’attention, de la
conscience et de la perception de soi, de la relation à autrui
et des croyances antérieures, ainsi que d’une somatisation
[3].
En neuropsychologique, l’ESPT est considéré comme
une pathologie de la mémoire, bien qu’il porte également atteinte à d’autres dimensions de la cognition et du
comportement. En ce sens, les syndromes de reviviscence
et d’évitement sont envisagés comme l’expression de dysfonctionnements mnésiques sous-tendus par des altérations
cérébrales fonctionnelles et/ou structurales.
État de stress post-traumatique
et mémoire
L’ESPT est associé à un profil particulier de dysfonctionnements mnésiques dont le principal s’exprime par
des difficultés à rappeler le souvenir de l’événement traumatique de façon cohérente. De manière surprenante,
l’ESPT apparaît comme étant à la fois accompagné par
une augmentation (ou hypermnésie) et une diminution
de la mémorisation de différents aspects du souvenir
de l’événement traumatique. Plus précisément, la vivacité du souvenir traumatique, exprimée au travers des
flashbacks et des cauchemars, contraste avec la faible
capacité des patients souffrant d’ESPT à rappeler de façon
volontaire et consciente les détails de l’événement traumatique. Par ailleurs, une plainte mnésique pour les
événements quotidiens non relatifs à l’événement traumatique est fréquemment rapportée par les patients. Des études
comportementales ont confirmé l’ensemble des troubles
mnésiques, attentionnels et émotionnels [4, 5].
Mémoire de l’événement traumatique
Les dysfonctionnements mnésiques observés dans
l’ESPT s’expriment à la fois par une intensification de la
mémorisation des aspects centraux de l’événement traumatique (émotionnels principalement) et par une diminution
de la mémoire des détails périphériques.
Le souvenir d’un événement fait appel à la mémoire
autobiographique qui regroupe un ensemble d’informations
et de souvenirs particuliers à un individu, accumulés
depuis son plus jeune âge, et qui lui permettent de construire un sentiment d’identité et de continuité. Elle offre à
l’individu la capacité de « voyager mentalement dans le
temps », de revivre mentalement les expériences passées
et de se projeter vers le futur [6]. Elle est constituée d’une
composante épisodique (encodant et stockant les événements personnellement vécus dans leur contexte spatial
et temporal d’acquisition) mais aussi d’une composante
sémantique autobiographique (ensemble de connaissances
générales sur soi et sur sa propre vie permettant la représentation de soi). La conscience autonoétique, associée
au rappel des souvenirs épisodiques, donne à l’individu
la possibilité de prendre conscience de sa propre identité
(sentiment d’identité) dans un temps subjectif et lui permet
la reviviscence consciente de l’événement et du contexte
d’encodage (lui permettant de dire « je me souviens ») [6].
Au contraire, l’état de conscience noétique accompagne
le rappel en mémoire sémantique et permet d’accéder à
l’ensemble des connaissances générales sans souvenir du
contexte dans lequel elles ont été encodées (« je sais »).
L’interaction des deux composantes de la mémoire autobiographique permet le maintien de la cohérence du sentiment
d’identité et de la représentation de soi au fil du temps
de telle façon que les souvenirs restent en accord avec
les aspirations, buts, désirs, croyances actuels de l’individu
[7]. Conway propose également que les souvenirs autobiographiques puissent être rappelés selon deux types de
récupération :
– la récupération générative du souvenir, via des processus top-down, est intentionnelle et contrôlée et met en jeu
l’administrateur central de la mémoire de travail ;
– la récupération directe, automatique et involontaire des
détails sensoriels du souvenir, via des processus bottom-up,
est déclenchée par des indices très spécifiques.
La récupération générative permet, par des processus
essentiellement exécutifs tels que l’inhibition, la reconstruction complète du souvenir autobiographique replacé
dans le temps et l’espace, en accord avec la représentation
de soi actuelle. Au contraire, la récupération automatique
ne permet pas toujours de retrouver le contexte du souvenir, il s’agit plutôt d’une sensation de souvenir (comme
la « madeleine de Proust »), une étape supplémentaire de
récupération générative est ensuite nécessaire pour reconstruire le souvenir complet. Cette dernière étape pourrait être
affectée dans l’ESPT.
Une altération particulière de la mémoire autobiographique concerne la fréquente incapacité des patients
souffrant d’ESPT à se distancer mentalement de l’épisode
traumatique, à l’intégrer dans une succession chronologique, à lui faire perdre son caractère d’immédiateté
[2]. Cela se manifeste par la reviviscence involontaire de
l’événement avec le sentiment intense de danger imminent (flashbacks) et peut être attribué à un phénomène
dissociatif laissant supposer des modifications du sentiment d’identité et de la représentation de soi [8, 9]. Cette
hypothèse est confirmée par une étude récente révélant,
qu’après l’exposition à un événement traumatique, les individus ayant développé un ESPT présentent des perturbations
de la représentation de soi associées à une estime de soi plus
négative. Leur passé, avant l’événement, leur semble plus
sûr que leur présent et leur futur [10].
Les flashbacks, symptômes centraux de l’ESPT, sont
donc des souvenirs intrusifs déclenchés involontairement
par des états internes ou des indices externes relatifs à
l’événement traumatique et faisant fortement revivre les
aspects émotionnels de l’événement traumatique à travers
des images multisensorielles fragmentaires affranchies d’un
contexte spatiotemporel cohérent [8]. Il semble donc qu’en
cas d’ESPT, la remémoration consciente de l’événement
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traumatique soit difficile, laissant supposer un défaut du
processus de récupération générative qui ne permettrait pas
la reconstruction complète du souvenir suite à la récupération directe des aspects sensoriels.
Par ailleurs, le récit de l’événement traumatique est
pauvre en détail, largement fragmenté et désorganisé, et
manque de cohérence [4]. Parmi les hypothèses avancées
pour expliquer ce phénomène, il est proposé que durant
un événement traumatique, l’attention tend à se restreindre
et à se focaliser sur la source principale du danger, de telle
sorte que les éléments sensoriels (indices) de la scène soient
faiblement liés entre eux. Cela laisse supposer que l’ESPT
soit associé à un défaut de contextualisation, processus
permettant que les stimuli soient différemment interprétés, représentés et utilisés pour guider les comportements
en fonction du contexte et de la situation. Ce défaut de
contextualisation mènerait à la sur-généralisation du souvenir et pourrait être à l’origine du syndrome de reviviscence.
Les différents aspects du souvenir n’étant pas liés à un
contexte spécifique, de nombreux indices non spécifiques
à l’événement traumatique pourraient raviver le souvenir
[8].
Mémoire et nouveaux apprentissages
L’ESPT n’est pas seulement associé à des dysfonctionnements de la mémoire autobiographique de l’événement
traumatique. En effet, les études utilisant des tâches de laboratoire permettant de contrôler les phases d’encodage et
de restitution en mémoire ont mis en évidence des déficits
mnésiques [11].
L’ESPT s’accompagne d’un défaut d’apprentissage et
de rappel d’informations neutres. De plus, le sentiment
de récollection qui accompagne habituellement la restitution des souvenirs épisodiques semble également moindre
[12]. Cela confirme l’hypothèse d’une altération de l’accès
à la conscience autonoétique lors du rappel du souvenir épisodique de l’événement traumatique mais aussi non
traumatique.
En parallèle, la vigilance accrue pour les stimuli négatifs ou menaçants entraîne un biais mnésique ayant pour
conséquence le meilleur rappel des informations négatives
[9]. Cette hypervigilance génère également des difficultés
importantes à désengager l’attention de ces stimuli [13].
Ces difficultés peuvent donc être interprétées comme une
diminution des capacités d’inhibition, spécifique aux informations négatives.
La difficulté à rappeler le souvenir d’un événement spécifique négatif ou positif est observée constamment dans
l’ESPT. Ce manque d’épisodicité des souvenirs est corrélé
avec la difficulté des patients ESPT à inhiber toute information en lien avec l’événement traumatique, ainsi qu’avec
la sévérité des symptômes [14]. Il est intéressant de noter
qu’une perte d’épisodicité des souvenirs autobiographiques
mesurée rapidement après l’exposition à un événement
traumatique peut être un indice prédictif du développement
d’un ESPT six mois plus tard [15].
48
Corrélats neuro-anatomiques
et fonctionnels
Les études de neuro-imagerie menées chez des patients
ESPT ont permis de révéler des modifications cérébrales
anatomiques et/ou fonctionnelles de régions impliquées
dans les processus mnésiques, attentionnels et émotionnels,
notamment l’hippocampe, l’amygdale, le cortex préfrontal
et le cortex cingulaire antérieur, qui pourraient sous-tendre
la symptomatologie de l’ESPT.
L’hippocampe
L’hippocampe est une région cérébrale largement impliquée dans la mémoire épisodique et notamment dans
l’encodage et le rappel contextuel des souvenirs [5, 16].
Une diminution bilatérale du volume de cette structure
associée à l’ESPT est rapportée après différents traumatismes
(combat, abus sexuel durant l’enfance. . .) et pourrait soustendre les troubles de mémoire épisodique (tableau 1) [5].
Il n’est pas encore clairement déterminé si la diminution du volume hippocampique est une conséquence de
l’exposition à l’événement traumatique ou s’il représente
un facteur de risque de développement d’un ESPT après
l’exposition à un événement traumatique. Dans l’optique
d’éclaircir ce point, des études s’intéressant à l’impact du
stress sur les systèmes neuronaux ont mis en évidence un
effet neurotoxique important des glucocorticoïdes (cortisol),
hormones sécrétées en réponse au stress, sur les neurones
hippocampiques entraînant une réduction de son volume
[17]. Dans ce sens, une méta-analyse récente [18] a montré une diminution du volume hippocampique à la fois chez
les patients souffrant d’un ESPT et chez les sujets exposés
à un événement traumatique mais n’ayant pas développé
d’ESPT, en comparaison à des sujets non exposés. Cela suggère que l’exposition à un événement traumatique, même
en l’absence de développement d’un ESPT, peut entraîner
une atrophie hippocampique.
Néanmoins, toutes les études de neuro-imagerie ne sont
pas en accord avec cette interprétation. Des études ont
comparé des paires de jumeaux monozygotes dont un seul
a été exposé à un événement traumatique. Dans ces études,
deux groupes de jumeaux étaient comparés : le groupe
« ESPT » constitué de patients ESPT et de leurs frères non
exposés à l’événement traumatique, et le groupe « témoin »
incluant des individus exposés à l’événement traumatique
n’ayant pas développé d’ESPT et leurs frères non exposés.
De manière intéressante, la comparaison des deux groupes
a permis de mettre en évidence une atrophie hippocampique dans le groupe « ESPT » chez les patients de la même
façon que chez leurs frères non exposés. Aucune différence
du volume hippocampique n’a été retrouvée au sein du
groupe « témoin » [19]. Ce résultat suggère que la diminution du volume hippocampique représenterait plus un
facteur de vulnérabilité au développement d’un ESPT après
l’exposition à un événement traumatique qu’un effet unique
de l’exposition.
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Tableau 1. Relations entre altérations cérébrales et troubles mnésiques dans l’état de stress post-traumatique (ESPT) chez
l’adulte.
Régions cérébrales
Systèmes et processus cognitifs
Troubles de mémoire dans l’ESPT
Hippocampe
Mémoire épisodique
Encodage et rappel du contexte
Déficit de mémoire épisodique
Fragmentation du souvenir
Décontextualisation du souvenir
Sur-généralisation des souvenirs
Amygdale
Mémoire émotionnelle
Détection de la menace
Réponse de peur
Hypermnésie des aspects émotionnels
négatifs
Biais attentionnel en faveur de la menace
Cortex préfrontal médian
Cortex cingulaire antérieur
Régulation attentionnelle
Régulation émotionnelle
Sentiment d’identité et de la
représentation de soi
Déficit de régulation de l’attention
Déficit de contrôle de la réponse
émotionnelle
Modification du sentiment d’identité et
perception de soi négative
L’amygdale
L’amygdale joue un rôle crucial dans la détection de
la menace, la réponse de peur et, particulièrement, dans
la mémoire émotionnelle ainsi que dans la régulation
attentionnelle [20]. Aucune modification anatomique de
l’amygdale n’a été retrouvée liée à l’ESPT. Cependant, les
études de neuro-imagerie fonctionnelle ont révélé une activation exacerbée de l’amygdale en réponse à des stimuli
négatifs relatifs ou non à l’événement traumatique [5] et
pendant l’acquisition de la peur conditionnée [21].
L’hyperactivation de l’amygdale promouvrait les symptômes de reviviscence et d’hypervigilance. De plus, elle
pourrait jouer un rôle dans le biais attentionnel et mnésique en faveur de l’information négative relative ou non à
l’événement traumatique, ainsi que dans l’encodage exagéré des aspects émotionnels de l’événement traumatique
(tableau 1).
Le cortex préfrontal médian
et le cortex cingulaire antérieur
Les cortex préfrontal médian et cingulaire antérieur
jouent un rôle central dans la régulation émotionnelle et
la modulation attentionnelle en évaluant la valeur des stimuli grâce à des processus d’inhibition [22]. Ces régions
sont également impliquées dans les processus de référence
à soi impliqués dans le sentiment d’identité et de la représentation de soi [23].
Au niveau anatomique, l’ESPT est associé à une diminution du volume des cortex préfrontal médian et cingulaire
antérieur [5]. Une étude menée auprès de jumeaux monozygotes a mis en évidence que les patients souffrant d’ESPT
ont une diminution du volume du cortex préfrontal médian
comparés à leurs frères jumeaux non exposés et au groupe
témoin exposé à l’événement traumatique mais sans ESPT
[24]. Il semble donc que l’atrophie du cortex cingulaire
antérieur soit une conséquence du stress chronique lié à
l’événement traumatique. Les études menées en neuroimagerie montrent que les patients souffrant d’un ESPT
présentent également une diminution de l’activation du
cortex préfrontal médian et du cortex cingulaire antérieur
durant une tâche impliquant des stimuli négatifs [25]. Ces
altérations sous-tendraient l’incapacité à contrôler efficacement l’attention et la réponse aux stimuli négatifs. De
plus, une étude récente confirme que la modification du
sentiment d’identité et de la représentation de soi observée
chez les patients ESPT est corrélée à une activation moins
importante du cortex préfrontal médian (tableau 1) [26].
Modèle neuro-anatomique de l’état de stress
post-traumatique
Le modèle actuel de l’ESPT suggère que l’hypoactivation
du cortex préfrontal médian est associée à l’augmentation
de l’activité de l’amygdale [5]. Plus précisément, un défaut
d’inhibition du cortex préfrontal médian vers l’amygdale
(effet top-down) serait à l’origine du biais attentionnel
pour la menace, de l’augmentation de la réponse de peur,
ainsi que du défaut de régulation émotionnelle. En accord
avec ce modèle, l’activation du cortex préfrontal médian
est inversement corrélée avec l’activation de l’amygdale,
laissant supposer une connectivité fonctionnelle réduite
entre ces deux régions (figure 1) [5]. Ce modèle propose
également que l’altération anatomique de l’hippocampe
sous-tende les déficits de mémoire épisodique, notamment
du matériel neutre et des aspects contextuels (périphériques) des événements. Cependant, l’origine de l’atrophie
hippocampique reste débattue.
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Cortex cingulaire antérieur
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Volume réduit
Hypoactivation
Cortex préfrontal médian
Volume réduit
Hypoactivation
Hippocampe
Volume réduit
Amygdale
Hyperactivation
Figure 1. Altérations cérébrales fonctionnelles et anatomiques liées à l’état de stress post-traumatique (ESPT) chez l’adulte. L’ESPT s’accompagne d’une
atrophie de l’hippocampe, d’une réduction du volume et des activations des cortex préfrontal médian et cingulaire antérieur, ainsi que d’une hyperactivation
de l’amygdale. La connectivité fonctionnelle entre le cortex préfrontal médian et l’amygdale semble réduite et se traduirait par un défaut d’inhibition du
cortex préfrontal sur l’amygdale.
Théories neuropsychologiques de l’état
de stress post-traumatique
Deux grandes théories de l’étiologie de l’ESPT sont
actuellement discutées dans la littérature : la théorie de la
double représentation [8, 27] et la théorie de la régulation
émotionnelle [28, 29]. Ces deux théories ont comme intérêt
de se fonder sur les caractéristiques cliniques, neuropsychologiques et cérébrales liées à l’ESPT.
Théorie de la double représentation
Cette théorie propose que le développement de l’ESPT
soit dû à un déséquilibre entre un encodage excessif
des informations perceptivo-sensorielles et une trop faible
représentation contextuelle de l’événement traumatique
[8, 27]. Elle suggère qu’un événement est encodé par deux
systèmes parallèles selon deux cadres de référence différents. D’une part, le système de mémoire sensorielle
(S-memory), mettant en jeu principalement l’amygdale,
encode les aspects sensoriels, perceptifs et émotionnels
vécus par l’individu selon un cadre de référence égocentré. Les informations sensorielles ainsi encodées ne sont pas
accessibles de manière intentionnelle, mais sont réactivées
50
par des états internes ou des indices environnementaux relatifs à l’événement (processus bottom-up) et se traduisent
par des images mentales difficiles à verbaliser. D’autre
part, le système de mémoire contextuelle (C-memory),
dépendant de l’hippocampe, encode le contexte spatial
et temporel de l’événement dans un cadre de référence
allocentré. Contrairement aux informations sensorielles, les
aspects contextuels de l’événement peuvent être rappelés
de façon intentionnelle et consciente (processus top-down)
et sont facilement verbalisables. Dans des circonstances
normales, ces deux systèmes de mémoire interagissent (l’un
activant l’autre) pour former une représentation mentale
complète et précise de l’événement placé dans son contexte
spatiotemporel [8]. Cette proposition est en accord avec
les deux types de récupération des souvenirs autobiographiques (générative et directe) proposés par Conway [7],
permettant la récollection du souvenir. En revanche, dans
l’ESPT, l’atrophie hippocampique aurait pour conséquence
un faible encodage de la représentation contextuelle de
l’événement traumatique et entraînerait la décontextualisation du souvenir lors de son rappel. Plus précisément,
dans ce cas, l’activation des aspects sensoriels du souvenir ne serait pas associée à l’activation des informations
contextuelles correspondantes (ou trop faiblement) faisant
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Article de synthèse
que le souvenir ne peut être replacé dans son contexte spatiotemporel. Ainsi, le souvenir n’est accessible que de façon
involontaire au travers d’images perceptivo-sensorielles
détaillées s’exprimant par des flashbacks ou des cauchemars et faisant revivre à l’individu les aspects émotionnels
de l’événement traumatique comme si la menace était
imminente [8].
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Théorie de la régulation émotionnelle
Cette théorie, initialement décrite par Foa et al. [28, 29],
propose qu’une altération du traitement émotionnel serait
à l’origine du syndrome d’évitement, de l’émoussement
de la réactivité générale, de l’anxiété et de l’état affectif
négatif associés à l’ESPT. Le stress est un mécanisme adaptatif permettant de fournir une réponse appropriée en cas
de menace (affronter ou fuir), néanmoins sa régulation est
essentielle car le maintien d’un état de stress peut avoir
des conséquences pathologiques. Le développement d’un
ESPT pourrait donc être dû à un dysfonctionnement du système de régulation des émotions, notamment du stress, qui
entraînerait la persistance inappropriée de la réponse de
peur après l’exposition à un événement traumatique [30].
La régulation émotionnelle implique un ensemble de processus cérébraux permettant de moduler l’état émotionnel
et la réponse de peur. Le système de régulation émotionnelle met en jeu deux réponses : une réponse rapide de
détection de la menace qui implique les régions souscorticales, notamment l’amygdale, et une réponse plus lente
des régions corticales, comme le cortex préfrontal et le cortex cingulaire, permettant la régulation de la réponse de
peur (inhibition ou maintien de la réponse de peur) par des
processus intégratifs et cognitifs [31].
Par ailleurs, l’ESPT est associé à un faible niveau de cortisol basal (hormone glucocorticoïde sécrétée en réponse
au stress) et à une grande sensibilité des récepteurs glucocorticoïdes cérébraux qui ont pour conséquence une
amplification des effets du stress [30]. En raison de son grand
nombre de récepteurs glucocorticoïdes, l’hippocampe est
particulièrement sensible à l’augmentation de la libération
de cortisol et donc au stress déclenché par un événement
traumatique. Cela pourrait perturber la fonction hippocampique et, en particulier, réduire l’encodage du contexte
spatiotemporel lors de l’événement traumatique [32].Cette
théorie a permis aux auteurs de suggérer une forme de thérapie, la thérapie par l’exposition, pour le traitement de l’ESPT
(voir [33] pour une description des différentes thérapies de
l’ESPT). Elle est basée sur l’évocation répétée du souvenir
de l’événement traumatique dans un contexte sécurisant
qui permettrait l’atténuation de l’anxiété permanente des
patients ESPT grâce au phénomène d’habituation (réduction progressive de la réponse de peur). Cela permettrait
que des informations supplémentaires (aspects contextuels,
notamment) soient intégrées au souvenir de l’événement
traumatique et ainsi de diminuer les reviviscences involontaires du souvenir puisque celui-ci serait réassocié à son
contexte. Grâce au rappel répété, le souvenir deviendrait
également plus organisé. Cette thérapie permettrait aussi de
diminuer les troubles dissociatifs et de réévaluer la représentation de soi de façon positive. En résumé, la thérapie
par l’exposition a pour objectif la réduction de l’anxiété et
la restructuration de la mémoire, ainsi qu’une réévaluation
positive des actions, des événements et de soi.
L’état de stress post-traumatique
chez l’enfant
L’ESPT n’est pas une pathologie propre à l’adulte mais
peut également se développer chez l’enfant victime ou
témoin d’un événement traumatique [34]. Bien que l’ESPT
de l’enfant soit largement similaire à celui de l’adulte, des
particularités dans la symptomatologie dans l’expression
des symptômes et également en termes de dysfonctionnements neuronaux ont été mises en évidence.
Symptomatologie de l’état de stress
post-traumatique de l’enfant [35, 36]
Chez l’enfant souffrant d’ESPT, le syndrome de répétition
reste, comme chez l’adulte, au cœur de la symptomatologie de l’ESPT bien que sa forme soit quelque peu
différente. Les reviviscences sous forme de flashbacks sont
moins importantes que chez l’adulte, elles s’expriment
préférentiellement par des rêves d’angoisses sans contenu
relatif à l’événement traumatique reconnaissable ou par
des cauchemars à thème non spécifique. La remise en
acte de l’événement traumatique s’observe au travers de
jeux répétitifs et compulsifs au cours desquels la dimension de plaisir est absente alors qu’au contraire certains
aspects de l’événement traumatique sont présents, sans que
l’enfant en prenne conscience. Par ailleurs, l’émoussement
de la réactivité générale est rarement retrouvé chez l’enfant.
Cependant, il est fréquemment observé un changement
d’attitude vis-à-vis des gens, de la vie et de l’avenir, avec
notamment un sentiment de vulnérabilité, de méfiance
et d’insécurité vis-à-vis des adultes protecteurs. Le syndrome d’hyperactivité neurovégétative, assez comparable
à celui de l’adulte, se traduit, chez l’enfant, par des difficultés d’endormissement, une irritabilité et des accès de
colère, une hypervigilance et des réactions de sursaut exagérées, des troubles de l’attention et de la concentration.
Les comorbidités associées à l’ESPT de l’enfant, fréquentes
et nombreuses, comprennent la dépression infantile, les
manifestations phobiques sévères, les plaintes somatiques
(céphalées, douleurs abdominales) et les phénomènes
de régression psychoaffective et comportementale (voir
encart 1 pour un exemple de cas clinique).
Mémoire et état de stress post-traumatique
chez l’enfant
Chez l’enfant, comme chez l’adulte, l’ESPT s’accompagne de répercussions délétères du traumatisme sur la
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cognition et notamment sur le fonctionnement mnésique.
Particulièrement chez l’enfant, ces déficits cognitifs peuvent
avoir un impact négatif et prolongé sur le développement
émotionnel, social et scolaire [35]. Chez l’enfant présentant un ESPT, il a été retrouvé un déficit de mémoire et
de concentration [37]. La littérature montre, comme chez
l’adulte, l’existence d’un biais attentionnel en faveur des
stimuli en rapport avec le traumatisme. Ce biais en faveur
des items négatifs pourrait refléter une hyperréactivité aux
stimuli négatifs observée également sur le plan neurophysiologique. Toutefois et de la même façon que chez
l’adulte, il existe une hétérogénéité qui demeure encore
peu étudiée. Nous nous sommes récemment intéressés à
cette variabilité lors d’une tâche de mémoire émotionnelle visuelle intégrant une tâche attentionnelle lors de
la phase d’encodage [38]. Nous avons également intégré deux types de stimuli négatifs, certains générant de
l’émotion à partir de détails perceptifs (processus bottomup) et les autres, à partir de la signification générale de la
scène (processus top-down). Les données obtenues auprès
d’adolescents de 13 à 18 ans nous ont permis de distinguer deux sous-groupes (« ESPT+ » et « ESPT- ») de patients
(figure 2A et B). Le premier, « ESPT+ », se caractérise par
un traitement plus rapide des stimuli lors de la phase
A) ESPT +
d’encodage à l’exception des stimuli perceptifs dont les
détails captent automatiquement l’attention des adolescents et ralentit leur traitement de la même façon que la
population témoin. Cette rapidité anormale pourrait révéler un processus adaptatif se traduisant par un évitement
contrôlé des stimulations émotionnelles. Les performances
observées lors de la phase de restitution indiquent que
ces patients se comportent comme les témoins avec une
meilleure reconnaissance des stimuli perceptifs (figure 2A).
Le second groupe, « ESPT- », présente des troubles attentionnels dès l’encodage. Les adolescents ont des difficultés
à engager leur attention sur les stimuli émotionnels. Ce
déficit attentionnel ne permettrait pas à ces patients de
bénéficier de l’émotion générée par les détails pour améliorer leurs performances en mémoire et entraînerait des
fausses reconnaissances d’items négatifs partageant des propriétés conceptuelles similaires (figure 2B). Des analyses
supplémentaires récentes suggèrent que ces deux groupes
de patients se caractérisent également par des profils psychologiques différents cohérents avec leurs performances
cognitives, le premier manifestant davantage de troubles
externalisés en rapport avec cette rapidité d’exécution anormale et le second, des troubles internalisés qui pourraient
rendre compte des déficits attentionnels.
B) ESPT -
Génération de I’émotion à partir
de détails perceptifs spécifiques
(processus bottom-up)
Génération de I’émotion à partir
de la signification générale
(processus top-down)
Génération de I’émotion à partir
de détails perceptifs spécifiques
(processus bottom-up)
Encodage
Encodage
Ignorance/évitement des
scènes réelles
Capture attentionnelle
Difficultés attentionnelles
(difficultés à inhiber une tâche routinière pour traiter une scène réelle)
Restitution
Amélioration de la
restitution grâce à la
mémorisation des détails
spécifiques
Génération de I’émotion à partir
de la signification générale
(processus top-down)
Restitution
Fausses reconnaissances des
items partageant les mêmes
propriétés sémantiques
identiques aux contrôles
Absence d’effet bénéfique
des détails perceptifs : pas
d’amélioration de la
récollection
Augmentation anormale des
fausses reconnaissances des
items partageant les mêmes
propriétés sémantiques
Figure 2. Génération de l’émotion et mémoire épisodique chez l’adolescent présentant un état de stress post-traumatique (ESPT) : deux profils distincts. Deux
groupes de patients peuvent se distinguer : ESPT+ (A) et ESPT- (B). Le groupe ESPT+ traite les scènes visuelles plus rapidement que les témoins de même âge,
suggérant que les patients, soit accordent peu d’importance aux scènes réelles, soit les évitent de façon contrôlée. Le groupe ESPT- se caractérise par des
difficultés attentionnelles se manifestant par un défaut de désengagement d’un traitement routinier pour se réorienter vers le traitement des scènes réelles.
Ces deux groupes obtiennent des résultats différents en mémoire épisodique. Le groupe ESPT+ présente un comportement comparable à celui des témoins
alors que le groupe ESPT- obtient des performances de restitution inférieures associées à une augmentation anormale des fausses reconnaissances des items
ayant un lien sémantique avec les items cibles. Ces deux profils sont à mettre en relation avec, pour le premier, la présence de troubles externalisés et pour
le second, de troubles internalisés.
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Encart 1: L’état de stress
post-traumatique (ESPT) chez l’enfant,
description d’un cas clinique
Extrait de Dayan J. L’agression sexuelle de l’enfant et de
l’adolescent. Aspects épidémiologiques, criminologiques
et psychopathologiques. Thèse de doctorat de
psychologie, Rennes, 2002.
Renée, 15 ans, nous a été adressée après un traumatisme
d’ordre sexuel. L’ESPT s’est constitué en deux temps,
l’examen clinique recueille la symptomatologie au fil
du discours. Il sera facile de reconnaître l’expression
de l’ensemble des critères du trouble et la comorbidité
dépressive et l’allusion aux troubles mnésiques.
Habillée avec soin, Renée s’exprime avec calme
et pondération. On observe toutefois l’agitation des
mains frottées sans cesse l’une contre l’autre. Elle a
récemment révélé à son père les violences subies alors
qu’elle était âgée de 11 ans : « Il m’a crue mais a été
choqué. . . Il m’a dit qu’il fallait que j’essaye d’oublier.
Ça m’a choquée, parce que j’ai vu que je ne pouvais
pas oublier ».
L’ESPT se constitue en deux temps. Le premier est marqué par un syndrome de répétition isolé : « J’y pensais
tous les jours. . . Je m’en suis voulue à moi. . . mais
je ne sais pas de quoi ». Le trouble s’aggrave nettement peu de temps après la révélation des faits,
soit quatre ans plus tard. La révélation met en pleine
lumière le traumatisme qui avait été plus ou moins mis
à l’écart de la conscience. Cet éclairage n’est pas toujours supportable : « Depuis, j’y pense tous les jours. . .
Je fais des cauchemars souvent. Dans le cauchemar,
il fait quelque chose sur des amis à moi et moi je
suis seulement témoin. J’ai fait ce cauchemar trois fois
l’an dernier et puis il y a trois semaines ». L’ESPT se
constitue : les cauchemars répètent la scène traumatique légèrement déformée ou déplacée sur d’autres
personnages, apparaissent des réminiscences diurnes,
répétées et quotidiennes qui entraînent une sensation
pénible de malaise, survenant le plus souvent de façon
inopinée. Elle fait part aussi d’un syndrome anxieux et
dépressif contemporain de la révélation des faits à son
père : « J’étais perturbée, je ne dormais plus, je prenais des somnifères et des calmants pour dormir. C’est
aussi depuis cette date que je me ronge les ongles.
Je ne le faisais pas avant ». L’adolescente cherche à
fuir les représentations insupportables et retrouver une
maîtrise de sa vie psychique par les mortifications et
les tentatives de suicide : « Je me scarifie. Une fois, j’ai
vraiment voulu me suicider en m’ouvrant les veines.
J’étais presque fière de moi, de me scarifier ». Elle
espérait de ces gestes suicidaires un soulagement alors
qu’elle était elle-même « sinistre, ayant tendance à voir
les choses en noir ». Cette vision pessimiste du monde,
cette anticipation négative a surgi en même temps que
la révélation des faits.
Neuro-imagerie de l’état de stress post-traumatique
chez l’enfant
Actuellement, peu d’études en neuro-imagerie ont été
réalisées chez l’enfant souffrant d’un ESPT. Les corrélats neuropsychologiques de l’ESPT de l’enfant ne sont
donc, aujourd’hui, pas encore clairement identifiés, mais
quelques hypothèses peuvent tout de même être formulées
et orientent les recherches futures.
Contrairement aux adultes présentant un ESPT après un
événement traumatique s’étant produit durant l’enfance,
les enfants souffrant d’ESPT n’ont aucune diminution du
volume hippocampique, ce qui suggère l’implication de
facteurs développementaux liés au stress dans l’altération
hippocampique observée chez l’adulte [39]. Dans ce sens,
une étude longitudinale a mis en évidence que la sévérité
des symptômes et le niveau de cortisol sont des prédicteurs
de la réduction du volume hippocampique 12 à 18 mois
plus tard [40, 41].
La grande variabilité des résultats mis en évidence par les
rares études de neuro-imagerie fonctionnelle chez l’enfant,
probablement due à l’utilisation de tâches très diverses, ne
permet pas aujourd’hui de décrire un profil de dysfonctionnements cérébraux spécifique à l’ESPT de l’enfant. Par
exemple, une réduction de l’activation du cortex cingulaire
antérieur a été retrouvée durant une tâche de remémoration
de l’événement traumatique [42] ; alors qu’une hyperactivation du cortex préfrontal médian était associée à une tâche
d’inhibition [43].
Conclusion
La mémoire et l’identité sont au cœur de la pathologie
de l’ESPT. Cette pathologie se distingue par la combinaison particulière d’une hypermnésie des aspects émotionnels
de l’événement traumatique et d’une faible mémorisation de son contexte. À l’heure actuelle, la description de
l’ESPT chez l’adulte est bien établie et permet de révéler un profil particulier d’altérations cérébrales des régions
impliquées dans la mémoire et la régulation émotionnelle
(l’hippocampe, l’amygdale, les cortex préfrontal médian et
cingulaire antérieur) sous-tendant les dysfonctionnements
mnésiques. Cependant, des investigations supplémentaires
sont nécessaires pour affiner les modèles descriptifs de
la pathologie, notamment en caractérisant plus précisément les différents types d’ESPT comme par exemple
l’ESPT complexe (ESPT associé à des troubles dissociatifs
importants). Les comorbidités fréquentes de l’ESPT seront
également un aspect important à prendre en compte dans
les investigations futures. De plus, quelques études ne
retrouvent pas les altérations cérébrales décrites généralement dans l’ESPT et laissent supposer que des différences
pourraient être dues au type de traumatisme, à la gravité des symptômes ou au genre. Par exemple, une étude
récente met en évidence une préservation des volumes
sous-corticaux chez des femmes souffrant d’un ESPT relatif à
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un abus sexuel [44]. Au contraire, les travaux chez l’enfant
sont peu nombreux et ne permettent pas actuellement de
proposer un modèle explicatif de l’ESPT de l’enfant.
Les modifications structurales et fonctionnelles des
régions cérébrales décrites dans l’ESPT peuvent être des
indicateurs de la sévérité des symptômes mais également de
l’évolution de la pathologie et de la réponse à la thérapie.
Des corrélations entre les dysfonctionnements neuronaux
associés à l’ESPT et la sévérité des symptômes ont été
rapportées. Ainsi, plus les symptômes sont importants,
plus les volumes de l’hippocampe, du cortex préfrontal
médian et du cortex cingulaire antérieur sont réduits, et
plus l’hyperactivation de l’amygdale et l’hypoactivation du
cortex préfrontal médian sont importantes. Une étude longitudinale met notamment en évidence que l’hyperactivation
de l’amygdale est un signe prédictif significatif d’une faible
réponse à la thérapie cognitivocomportementale. Inversement, le degré d’amélioration des symptômes après une
thérapie cognitivocomportementale est associé à une aug-
mentation d’activation du cortex cingulaire antérieur [45].
Ces résultats soulignent l’importance de proposer une
approche intégrative pour mieux comprendre cette pathologie [46]. Par ailleurs, ce type d’approche pourrait permettre
de mieux définir la spécificité des différentes altérations
liées à l’ESPT dans l’objectif de caractériser des biomarqueurs qui informeraient sur le pronostic et aideraient dans
la prise en charge de la pathologie.
Remerciements
Les auteurs remercient Béatrice Desgranges et Grégory
Lecouvey pour les relectures de l’article, Renaud La Joie
pour son aide à la réalisation de la figure 1 et Shailendra
H. Segobin pour la relecture de l’abstract.
Conflits d’intérêts
Aucun.
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