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régionaux comptent désormais dans le panorama architectural des villes grandes ou moyennes, leurs
hôtels jouent souvent un rôle déterminant dans l'aménagement de nouveaux quartiers et dans la
constitution de nouveaux pôles d'activité (Antigone à Montpellier, les Confluences à Lyon,
Euralille). La rupture du début des années 1980 est d'autant plus nette qu'elle voit la mise en
extinction progressive du corps des architectes des bâtiments civils et, avec la loi MOP, la
généralisation du concours comme mode de dévolution de la commande en termes de maîtrise
d’œuvre pour la commande publique. Jouant sur de ténues nuances régionales, les architectes de
l’État avaient, plus d'un siècle durant, su imposer aux administrations des villes françaises
l'empreinte unique d'un style, garant de l'unité de la nation et expression formelle de sa
centralisation administrative.... aux collectivités, désormais, de faire valoir leur existence et leur
jeune puissance via des bâtiments qui seront moins souvent marqués par les références régionales
que par la personnalité de leur concepteur : Christian de Portzamparc pour Rhône-Alpes, Ricardo
Boffil pour Languedoc-Roussillon, Dominique Perrault pour la Meuse, William Alsop pour les
Bouches-du-Rhône, ou encore Luc Delemazure pour le Nord-Pas-de-Calais.... Cette affirmation de
nouveaux pouvoirs politiques, régionaux ou départementaux, passe aussi par la réhabilitation et la
reconversion de bâtiments historiques présents au cœur des métropoles régionales (Metz, Caen...).
A bien des égards, on se situe moins dans l'affirmation de la continuité de l'action publique que dans
l'affirmation ostentatoire d'une nouvelle forme de pouvoir politique, nuançant ainsi les termes de la
préface de Jack Lang au dossier de la revue Monuments historiques : « Aujourd’hui, l’architecture
des bâtiments nés avec la décentralisation ne symbolise-t-elle pas, par l’utilisation du verre et la
dynamique des formes, la détermination de l’État à perpétuer cette tradition et à l’adapter aux
conditions exigées par la modernité ? La création des hôtels de département destinés aux Conseils
généraux, dépositaires de nombreuses prérogatives préfectorales, a ainsi donné naissance à un
nouveau langage architectural, plus lisible et plus fonctionnel ».
Cadrage de l’appel à communication
Ce dossier de la Revue In Situ entend explorer les transformations de l’architecture
administrative de la France contemporaine, en fixant un cadre suffisamment large pour que
cette question soit abordée non pas seulement à l’aune des effets de la décentralisation, mais
en prenant en compte la période antérieure, à partir des années 1950. Des réalisations très
récentes, datant du début du XXIe siècle, pourront être prises en compte, de même que des
études et projets non réalisés.
Ambassades, ministères, préfectures, sous-préfectures, hôtels de région et hôtels de département
sont au cœur de la problématique de ce numéro. Toutefois, il importe de prendre également en
compte les effets de la déconcentration administrative, avec, par exemple l’architecture des
directions régionales des affaires culturelles (dont le récent ouvrage collectif Architectures de la
culture a dressé un tableau qui appelle des approfondissements), mais aussi celle des DDE, DDA ou
des trésoreries. A côté de ces édifices dédiés aux administrations de l’État, sont concernés par
l'appel à contributions ces lieux des nouveaux pouvoirs territoriaux que sont les hôtels des régions
ou des départements. De même, la décentralisation de certaines administrations – on pense par
exemple aux archives départementales – a profondément modifié les fonctions, la physionomie et la
place de la cité de ces établissements. Enfin, il sera intéressant de prendre également en compte les
hôtels de ville, autres lieux de pouvoir ancrés dans le territoire, relativement peu étudiés pour la
période considérée. Une attention particulière pourra être apportée à l'insertion de ces bâtiments
dans des programmes urbains souvent ambitieux, incluant parcs et jardins. Comme il se doit, la
question des décors, dans le cadre du 1% culturel, pourra faire l’objet de propositions spécifiques. Il
en va de même pour le mobilier, particulièrement exposé aux transformations, mutilations et autres
disparitions peu expliquées. Enfin, comme il est de règle pour In Situ les contributions portant sur
les sources archivistiques (fonds d'architectes, fonds publics, collections de maquettes) ou