Mise au point M ise au point Le cœur du cirrhotique The heart in liver cirrhosis IP A. Cohen-Solal*, F. Durand** POINTS fORTS La cirrhose entraîne un remodelage cardiaque par vasodilatation et modifications de la volémie. Une dysfonction myocardique peut être masquée par les conditions favorables de charge. Un BNP augmenté peut se voir en cas de cirrhose. Penser à l’hypertension portopulmonaire et au syndrome hépatopulmonaire en cas d’hypoxémie. Mots-clés : Cirrhose - Insuffisance cardiaque - Syndrome hépatopulmonaire - Hypertension artérielle pulmonaire. Keywords: Cirrhosis - Heart failure - Hepatopulmonary syndrome - Pulmonary hypertension. I l existe dans la cirrhose hépatique un certain nombre d’anomalies de structure et de fonction du cœur et du système circulatoire, quelle que soit l’étiologie de la cirrhose, alcoolique ou non, qui peuvent poser des problèmes diagnostiques et thérapeutiques au médecin. Nous aborderons essentiellement les questions d’insuffisance cardiaque gauche ; celles d’hypertension portopulmonaire ou de syndrome hépatopulmonaire avec leur retentissement cardiaque droit, posant des problèmes de nature différente, ne seront qu’évoquées. CIRRHOSE ET ANOMAlIES dE lA fONCTION CARdIAquE La cirrhose entraîne des modifications importantes des conditions de charge du cœur (1, 2). L’anomalie la plus marquante est une vasodilatation artérielle. Le mécanisme de cette vasodilatation a été largement étudié ces dernières années ; il semble en grande partie lié à une augmentation de la production d’oxyde nitrique (NO), ceci notamment au niveau de la circulation splanchnique puisque ces anomalies semblent moins marquées au niveau des autres circulations périphériques. Il existe aussi une réponse * Service de cardiologie, hôpital Lariboisière, Paris. ** Service d’hépato-gastroentérologie, hôpital Beaujon, Clichy. 2 RÉSuMÉ La cirrhose entraîne des modifications importantes des conditions de charge du cœur. L’anomalie la plus marquante est une vasodilatation artérielle expliquant l’augmentation du débit cardiaque et du volume systolique chez le cirrhotique. Les modifications de la volémie sont plus variables. L’exploration échographique retrouve en général une augmentation des diamètres télédiastolique et télésystolique avec un volume d’éjection systolique normal ou plutôt augmenté, un débit cardiaque augmenté. Le problème pour le clinicien devant une cirrhose, alcoolique ou non, est de détecter une éventuelle altération de la fonction cardiaque. Celle-ci, si elle est méconnue, peut se démasquer à l’occasion : – d’un bêtabloquant initié trop rapidement ; – de la création d’un TIPS ou d’une dérivation péritonéojugulaire ; – d’une transplantation hépatique. Les modifications cardiaques de la cirrhose ne nécessitent pas de traitement particulier. Dans certains cas, on assiste à un véritable tableau d’hyperdébit qui réagit bien au traitement bêtabloquant. Un traitement par IEC n’est pas logique du fait de la vasodilatation existante. accrue aux substances vasodilatatrices. Cette vasodilatation, se traduisant pour le clinicien par une baisse de la pression artérielle, se manifeste au niveau du cœur par une diminution de la postcharge qui a pour conséquence une facilitation de l’éjection. C’est l’explication essentielle à l’augmentation du débit cardiaque et du volume systolique chez le cirrhotique. Des débits cardiaques de 8 à 10 l/mn ne sont pas rares dans certaines cirrhoses. L’augmentation du débit cardiaque est corrélée à la gravité de la cirrhose, dont témoigne par exemple le score de Child-Pugh. Par ailleurs, une hypertonie sympathique est fréquemment observée, secondaire à la baisse de pression au niveau des barorécepteurs de la grande circulation. Cette hyperactivité sympathique entraîne une augmentation de l’inotropisme cardiaque mais surtout de la fréquence cardiaque. Il existe toutefois, comme dans l’insuffisance cardiaque, une downregulation (c’est-à-dire une diminution du nombre) des bêtarécepteurs cardiaques, La Lettre du Cardiologue - n° 400 - décembre 2006 associée à une altération des voies de transduction (adénylcyclase, AMP cyclique). Néanmoins, cette downregulation doit être vue plus comme un mécanisme de protection du cœur que comme une anomalie pouvant expliquer une altération de la performance cardiaque, comme cela avait parfois été suggéré. D’autres hormones sont produites en excès : il existe en particulier une stimulation du système rénine-angiotensine-aldostérone (SRAA) se traduisant notamment par une rétention hydrosodée. C’est la baisse de la pression de perfusion rénale qui est à l’origine de cette stimulation du SRAA. L’endothéline et la vasopressine sont également augmentées. Les modifications de la volémie dans la cirrhose sont connues depuis plusieurs dizaines d’années (3). Il est classiquement admis que cette augmentation du secteur extracellulaire a lieu essentiellement dans le secteur extravasculaire avec une relative “hypovolémie” efficace (d’où la stimulation du système rénineangiotensine). En ce qui concerne la précharge, c’est-à-dire le volume télédiastolique ventriculaire gauche secondaire aux modifications de la volémie centrale, les résultats des études ne sont pas homogènes : certaines études montrent une augmentation (4, 5), d’autres une diminution du volume sanguin central (6, 7). Il semble que ces modifications soient influencées par l’orthostatisme puisque, dans la majorité des études, la volémie centrale est retrouvée diminuée en position verticale. Le tableau semble également différent selon qu’il y a ou non une ascite. Il semble exister une baisse de la volémie centrale en présence d’une ascite ; les dimensions ventriculaires gauches sont en effet, en général, plus faibles en présence d’une ascite (5). Cette augmentation de volume des cavités cardiaques entraîne une augmentation de l’étirement des myocytes à l’origine d’un processus d’hypertrophie dite excentrique, c’est-à-dire avec une diminution du rapport épaisseur/rayon du cœur. Le peptide natriurétique de type B (BNP) sécrété par le myocarde en réponse à cette distension pariétale est généralement modérément augmenté dans la cirrhose (8). Des études ont également montré une augmentation de la troponine suggérant une nécrose des zones sous-endocardiques lors de dilatations ventriculaires gauches importantes (9). Quoi qu’il en soit, lorsque la volémie centrale est augmentée, elle participe à l’augmentation du débit cardiaque. On doit citer l’anémie, fréquente du fait des hémorragies secondaires à l’hypertension portale (gastropathie d’hypertension portale ou rupture de varices œsophagiennes), qui peut encore favoriser l’augmentation du débit cardiaque. Il existe enfin des anomalies du système nerveux autonome dont le rôle délétère est mal connu. De même, des anomalies de l’espace QT ont été rapportées sans que l’on puisse objectiver une augmentation de fréquence des troubles du rythme ventriculaire chez ces patients. Il faut noter que la fibrillation auriculaire est toutefois fréquente dans la cirrhose, du fait de la dilatation auriculaire et de l’hypertonie sympathique. L’examen cardiaque du cirrhotique est en général relativement pauvre. La pression artérielle est habituellement diminuée ; la tachycardie est fréquente, sauf en cas de traitement bêtabloquant. L’exploration échographique retrouve en général une augmentation des diamètres télédiastolique et télésystolique La Lettre du Cardiologue - n° 400 - décembre 2006 avec un volume d’éjection systolique normal ou plutôt augmenté, et un débit cardiaque augmenté. Les épaisseurs pariétales sont normales ou augmentées et la masse ventriculaire est accrue. La pression télédiastolique ventriculaire gauche et la pression capillaire pulmonaire (PCP) sont en général normales ou discrètement augmentées. La fraction d’éjection ventriculaire gauche reflétant la capacité de vidange du ventricule gauche tend à être normale ou augmentée. Cette augmentation modérée de la PCP associée à l’augmentation du volume systolique rend compte d’une élévation fréquente de la pression artérielle pulmonaire (PAP) systolique et moyenne qui ne doit pas faire croire nécessairement à une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) primitive ou portopulmonaire. En effet, le calcul des résistances vasculaires pulmonaires montre que celles-ci sont normales. Il n’existe par ailleurs pas, dans ces conditions, de gradient entre la PAP diastolique et la PCP. La bradycardie en cas de traitement bêtabloquant tend également à majorer la pression pulsée pulmonaire. Il faut donc être prudent avant de conclure à une HTAP vraie – définie par une augmentation de la PAP moyenne ou, mieux, des résistances pulmonaires – devant une augmentation de la vitesse d’une insuffisance tricuspide au doppler. Les traitements, enfin, peuvent modifier le profil cardiaque des cirrhoses : les vasodilatateurs majorent encore le débit cardiaque et la diminution de pression artérielle. Surtout, le bêtabloquant utilisé dans le traitement de l’hypertension portale ralentit la fréquence cardiaque, ce qui tend à augmenter encore le volume télédiastolique. L’effet inotrope négatif tend également à diminuer le volume d’éjection systolique. Mise au point M ise au point ATTEINTE MYOCARdIquE lATENTE dES CIRRHOTIquES La cirrhose peut s’associer à une altération intrinsèque de la contractilité myocardique. Celle-ci est compréhensible en cas de cirrhose alcoolique car l’alcool a une toxicité cardiaque bien connue (myocardiopathie alcoolique, réversible au sevrage). Cette atteinte peut toutefois s’observer même chez les patients non alcooliques ; elle a été rapportée à une toxicité des acides biliaires et à l’hyperactivité hormonale. La production accrue d’angiotensine II et d’aldostérone a également des effets toxiques sur le cœur : production de radicaux libres, apoptose, augmentation de la fibrose interstitielle... Une augmentation de la NO synthase inductible au niveau cardiaque a également été impliquée : elle pourrait intervenir dans l’altération de la contractilité et de la distensibilité. Le problème, pour le clinicien, devant une cirrhose alcoolique ou non, est de détecter une éventuelle altération de la fonction myocardique masquée. On l’a vu, une dilatation modérée du volume cardiaque peut s’observer en dehors de toute altération de la contractilité. Surtout, la vasodilatation artérielle, qui favorise l’éjection du ventricule gauche, peut masquer une altération myocardique latente : les conditions circulatoires du cirrhotique sont finalement celles d’un patient traité par des vasodilatateurs qui sont justement les médicaments de référence de l’insuffisance 2 Mise au point M ise au point cardiaque. Or, cette atteinte cardiaque, si elle est méconnue, peut se démasquer à l’occasion : – d’un bêtabloquant initié trop rapidement ; – de la création d’un TIPS (transjugular intrahepatic portosystemic stent shunt : shunt portosystémique par mise en place par voie jugulaire d’une endoprothèse intrahépatique) ou d’une dérivation péritonéo-jugulaire ; – d’une transplantation hépatique. COMMENT dÉPISTER uNE ATTEINTE MYOCARdIquE lATENTE CHEZ uN CIRRHOTIquE ? L’examen des paramètres de structure et de fonction peut suffire. Si la fraction d’éjection est basse, inférieure à 50 %, si le diamètre télésystolique est augmenté, si le volume d’éjection systolique est abaissé, si l’épaisseur pariétale est diminuée, si la PCP est significativement augmentée, il faut se méfier d’une altération de la contractilité. Le calcul d’indices de contractilité relativement fins, indépendants des conditions de charge (dp/dt, relation fraction d’éjection/contrainte, indice de Tei au Doppler), peut alors être demandé au cardiologue pour détecter cette atteinte. On peut également faire un test dynamique pour démasquer une altération de la fonction cardiaque, comme un remplissage brutal (7), l’injection de substances vasoconstrictrices, voire une échocardiographie de stress. Les choses pourraient également changer dans les années à venir avec d’autres marqueurs. En effet, le BNP (brain natriuretic peptide), s’il est élevé dans les cirrhoses, dépasse rarement des valeurs de 200 pg/ml (fi gure 1) ; des valeurs supérieures à ce seuil doivent faire craindre une atteinte cardiaque. De même, le Doppler tissulaire, qui se généralise, permet de mesurer la vitesse de contraction longitudinale des parois myocardiques indépendamment des conditions de charge. Il est ainsi possible que le Doppler tissulaire permette de dépister des altérations myocardiques latentes. 300 250 BNP (pg/ml) 200 150 100 50 0 Cirrhoses IVG Greffés BPCO IC n = 4 n = 37 n = 6 n = 5 diastolique n=3 Témoins n=8 IVG : insuffisance ventriculaire gauche. Greffés : greffés cardiaques. BPCO : bronchopneumopathie chronique obstructive. Figure 1. Taux de BNP dans diverses pathologies, dont la cirrhose (d’après []). 30 Rappelons également que la maladie coronaire, principale cause de l’insuffisance cardiaque en France, peut également s’observer chez le cirrhotique. Si le sujet est fumeur, s’il existe des anomalies à l’électrocardiogramme ou de la cinétique segmentaire à l’échocardiographie, il ne faudra pas hésiter à faire une coronarographie. quElS SONT lES RISquES d’uNE MÉCONNAISSANCE dE l’ATTEINTE CARdIAquE du CIRRHOTIquE ? Une insuffisance cardiaque peut ainsi se démasquer en cas de traitement bêtabloquant rapidement mis en route à doses pleines. Des perfusions massives d’albumine peuvent également, en augmentant brutalement la précharge, entraîner un œdème pulmonaire. En cas de TIPS (10) ou de dérivation péritonéojugulaire, on crée artificiellement un retour veineux brutal au niveau des cavités cardiaques droites. En cas d’altération de la fonction contractile, ces manœuvres s’apparentent à un remplissage massif qui peut entraîner, notamment si le cœur est déjà dilaté et/ou en cas de traitement bêtabloquant qui obère la réponse adaptative chronotrope et inotrope sympathique, un œdème pulmonaire. La transplantation hépatique, en corrigeant l’insuffisance hépatique, s’accompagne d’une régression de la vasodilatation systémique. Ainsi, dans les suites de la transplantation, une atteinte cardiaque latente peut être démasquée. L’insuffisance cardiaque peut donc se révéler après la chirurgie et être aggravée, notamment par l’hypertension artérielle sous ciclosporine ou tacrolimus. THÉRAPEuTIquE Les modifications cardiaques de la cirrhose ne nécessitent pas de traitement particulier. Dans certains cas, on assiste à un véritable tableau d’hyperdébit qui réagit bien au traitement bêtabloquant. Un traitement par inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) n’est pas logique du fait de la vasodilatation existante. Enfin, en cas d’altération intrinsèque de la fonction myocardique, un traitement par IEC s’impose ; on peut éventuellement prescrire un traitement bêtabloquant s’il existe une hypertension portale, en employant alors de faibles doses, débutées de façon progressive, et éventuellement en utilisant un bêtabloquant validé dans la cirrhose et l’insuffisance cardiaque comme le carvédilol, par exemple (11). Les diurétiques de l’anse, la spironolactone font partie du traitement de base de l’insuffisance cardiaque et seront utilisés. À l’inverse, l’existence d’une cirrhose hépatique perturbe le traitement de l’insuffisance cardiaque : la digitaline, retirée depuis peu, était éliminée en partie par le foie ; les risques du traitement anticoagulant sont majorés. De même, la toxicité hépatique de l’amiodarone est accrue. Finalement, s’il est fréquent d’observer un gros cœur et des œdèmes en présence d’une cirrhose hépatique, le cœur est généLa Lettre du Cardiologue - n° 400 - décembre 2006 ralement innocent dans cette pathologie et les modifications observées ne sont que des conséquences de la vasodilatation et de l’hypervolémie. Néanmoins, il peut exister une atteinte myocardique latente qu’il est important de dépister correctement afin d’éviter des complications périopératoires parfois graves. lE SYNdROME HÉPATOPulMONAIRE Le syndrome hépatopulmonaire est défini par l’association d’une maladie chronique du foie avec une hypertension portale, d’une hypoxémie (PaO2 < 70 mmHg en air ambiant et/ou gradient alvéolo-artériel > 20 mmHg) et d’une vasodilatation pulmonaire. Il s’agit d’une complication rare, observée chez 5 % des cirrhotiques environ. L’hypoxémie résulte directement de la vasodilatation pulmonaire avec un flux sanguin fortement accéléré dans les capillaires pulmonaires, limitant les échanges en oxygène. Il semble qu’il existe aussi une ouverture de shunts pulmonaires. Cette hypoxie doit être différenciée de celle due à une hyper- tension artérielle portopulmonaire (habituellement modérée) ou à la réouverture d’un foramen ovale (PFO). La scintigraphie de perfusion pulmonaire avec des macro-agrégats d’albumine marqués permet le plus souvent d’établir le diagnostic. À l’état normal, les macroagrégats d’albumine injectés dans une veine périphérique restent bloqués dans les capillaires pulmonaires et marquent essentiellement le poumon. En cas de syndrome hépatopulmonaire, la vasodilatation pulmonaire s’accompagne d’un passage précoce du marqueur à travers le filtre pulmonaire vers d’autres organes tels que le cerveau (fi gures 2 à 4). Cet examen ne permet toutefois pas de préciser le niveau du shunt. C’est l’échocardiographie de contraste qui permet généralement Mise au point M ise au point Figure 3. Artère pulmonaire : importante fibrose intimale de l’artère proximale. Hypertrophie de la média : une hypertrophie majeure de la média de l’artériole sans dilatation avec fibrose intimale quasi obstructive. Figure 2. Scintigraphie aux macroagrégats d’albumine marquée : après injection dans une veine périphérique, on observe une fixation intense au niveau des deux champs pulmonaires ainsi qu’une fixation cérébrale et thyroïdienne, traduisant le passage précoce du marqueur à travers les capillaires pulmonaires dilatés. La Lettre du Cardiologue - n° 400 - décembre 2006 Figure 4. Coupe tomodensitométrique après injection de produit de contraste montrant une importante dilatation du tronc de l’artère pulmonaire ainsi que des branches droites et gauches chez un patient ayant une hypertension portopulmonaire avancée. 31 Mise au point M ise au point le diagnostic : en cas de PFO, outre la visualisation directe de celui-ci, le passage de bulles de droite à gauche est immédiat. En cas de shunt intrapulmonaire, les cavités gauches sont opacifiées avant le 5e ou 6e battement cardiaque. Le traitement de référence est la transplantation hépatique, qui s’accompagne d’une régression du shunt et d’une correction de l’hypoxémie en quelques mois, dans la quasi-totalité des cas. l’HYPERTENSION ARTÉRIEllE PORTOPulMONAIRE Comme le syndrome hépatopulmonaire, l’hypertension portopulmonaire est une complication rare de la cirrhose. Elle est définie par l’association d’une maladie chronique du foie avec une hypertension portale, d’une HTAP (avec une PAP moyenne > 25 mmHg, une PCP < 15 mmHg et des résistances vasculaires pulmonaires > 120 dyn.s.cm-5), en l’absence d’autre cause d’hypertension artérielle pulmonaire. Au plan hémodynamique, il s’agit d’une hypertension artérielle pulmonaire précapillaire qui ne se différencie pas des autres HTAP primitives. Le mécanisme est incertain. Il pourrait être lié à la circulation dans les artères pulmonaires de substances vasoconstrictrices qui ne sont plus inactivées ou bloquées par le filtre hépatique défaillant (sérotonine par exemple). Le mécanisme ressemble donc à celui des HTAP secondaires à la prise d’anorexigènes. L’HTAP, une fois présente, peut évoluer pour son propre compte. Au cours des formes évoluées, il existe une insuffisance cardiaque droite avec une dilatation majeure des cavités droites et une réduction significative de l’index cardiaque. L’hypertension portopulmonaire contre-indique les traitements bêtabloquants. Une amélioration significative peut être obtenue par la perfusion intraveineuse continue de prostacycline. Une transplantation hépatique peut 32 être envisagée à condition que l’hypertension portopulmonaire soit modérée (PAPm < 40 mmHg) et en sachant que la réversibilité est inconstante. ■ RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1. Ma Z, Lee SS. Cirrhotic cardiomyopathy: getting to the heart of the matter. Hepatology 1996;24:451-9. 2. Moller S, Henriksen JH. Cirrhotic cardiomyopathy: a pathophysiological review of circulatory dysfunction in liver disease. Heart 2002;87:9-15. 3. 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