REGARDS SUR L’ACTUALITÉ
N° 371
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règles et de disciplines permettant de contenir les déséquilibres interna-
tionaux (défi cits extérieurs des uns, excédents des autres) à l’intérieur
de certaines limites et de répartir sur une base claire et consensuelle la
charge de l’ajustement entre pays excédentaires et pays défi citaires, par
une régulation défectueuse de la création des liquidités internationales,
par des crises fi nancières à répétition, etc. En même temps pointent
des éléments faisant système, les uns relevant de la continuité vis-à-vis
du système de Bretton Woods (exemple : les privilèges persistants du
dollar, monnaie de réserve par excellence), d’autres relevant de tenta-
tives, souvent peu effi caces, de régulation via les exercices de coordina-
tion internationale menés depuis le milieu des années 1970 dans le cadre
du G7/G8.
Tous ces thèmes ne sont pas nouveaux. Déjà, au début des années 1960,
c’est-à-dire à l’apogée du système de Bretton Woods, le général de Gaulle
et Jacques Rueff, son principal conseiller économique, dénonçaient les
défi cits américains et les privilèges du dollar. Des commentaires que
l’on retrouve, à partir de mars 2009, dans les propos du Gouverneur de
la Banque centrale de Chine, même si la formulation a bien sûr un peu
changé.
Avec l’accord du Plaza de septembre 1985 (3) et celui du Louvre en
février 1987 (4), des tentatives ont eu lieu pour contenir l’instabilité
des taux de change. Celles-ci se sont révélées éphémères, car mises
en défaut par la très imparfaite coordination internationale des poli-
tiques macro-économiques nationales. On y retrouve l’incontournable
« triangle d’incompatibilité » mis en évidence par le prix Nobel Robert
Mundell (5) et par le regretté Tommaso Padoa-Schioppa (6) : on ne peut
pas avoir à la fois des changes fi xes, une parfaite mobilité internationale
des capitaux (engendrée par la libéralisation fi nancière) et des politiques
monétaires nationales autonomes. Si l’on veut réduire la volatilité des
changes sans toucher à la mobilité des capitaux, il faut plus et mieux
coordonner les politiques monétaires…
En 2009 et 2010, le G20 a surtout parlé de régulation bancaire et fi nan-
cière. Il a permis d’avancer sur certains dossiers comme la nouvelle
réglementation prudentielle des banques (passage de Bâle 2 à Bâle 3 en
relevant les exigences de fonds propres pour les banques par exemple).
Mais, puisque la crise mondiale enclenchée à partir d’août 2007, aggravée
par la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 et non achevée
à ce jour, a été alimentée, entre autres facteurs, par les déséquilibres
3. Du nom de l’hôtel de New York où il a été conclu, le 22 septembre 1985, entre les ministres des Finances des États-Unis, du
Japon, de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni (G5), l’accord du Plaza essaie de réguler le recul du dollar (NDLR).
4. Suite à l’accord du Plaza, le G5 passa une autre convention, l’accord du Louvre, le 22 février 1987, afi n de limiter les fl uctuations
des taux de change de leur monnaie dans des fourchettes jugées économiquement souhaitables (NDLR).
5. Robert Alexander Mundell (1932-) est un économiste canadien connu notamment pour avoir participé à l’élaboration de la
théorie des zones monétaires optimales (NDLR).
6. Tommaso Padoa-Schioppa (1940-2010) est un économiste italien, qui fut ministre de l’Économie et des Finances du gouverne-
ment Romano Prodi, après avoir été membre du directoire de la Banque centrale européenne (NDLR).
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