L`effort chez Bergson, chez ses prédécesseurs et ses contemporains

1
UNIVERSITÉ CHARLES DE GAULLE LILLE 3
U.F.R. DE PHILOSOPHIE
UNIVERSITÉ DE IOANNINA (GRÈCE)
DÉPARTEMENT DE PHILOSOPHIE
Cotutelle de THESE pour obtenir le grade de DOCTEUR de l'Université de Ioannina et
de l'Université de Lille 3
Spécialité : PHILOSOPHIE
Présentée et soutenue publiquement par Theologia Kanteraki en 2014
Titre de la thèse :
''L’effort chez Bergson, chez ses prédécesseurs et ses contemporains''
Co-directeurs de thèse :
Frédéric WORMS, professeur de philosophie à l’Université de Lille 3
Ioannis PRÉLORENTZOS, professeur de Philosophie à l'Université de Ioannina
2
Je remercie tout particulièrement Monsieur Frédéric WORMS, Professeur de Philosophie à l’Université
de Lille 3, pour avoir accepté de diriger cette thèse de doctorat. Sans vos entretiens très éclairants,
vos précieuses idées, votre disponibilité, ce travail n’aurait pas été possible. Votre enseignement a
été pour moi essentiel et il m’a réellement ouvert de nouveaux horizons. Veuillez trouver, dans ces
pages, le témoignage de ma profonde gratitude.
Je remercie très chaleureusement Monsieur Ioannis PRÉLORENTZOS, Professeur de Philosophie à
l’Université de Ioannina, pour l’aide, le soutien et la patience qui ont été nécessaires à la réalisation
du présent travail. Veuillez accepter mes remerciements les plus respectueux ainsi que l’expression
de ma profonde reconnaissance.
Je remercie infiniment Madame Anne DEVARIEUX, Maître de conférences en Philosophie à
l'Université de Caen, pour l’aide qu’elle a bien voulu m’apporter et pour les remarques très claires et
très structurantes dont j’ai eu la chance de bénéficier.
Mes remerciements vont également à Madame Golfo MAGGINI, Professeure adjointe de
philosophie à l’Université de Ioannina, pour ses conseils constructifs.
Merci encore à Monsieur Arnaud François, Maître de conférences en Philosophie à l'Université de
Toulouse 2 Le Mirail, qui a accepté de lire ce travail ainsi que pour ses justes et très utiles
remarques.
Enfin, je remercie tous ceux qui ont accompagné et encouragé ce travail par leur amitié.
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ABRÉVIATIONS
Œuvres de Bergson
DI : Essai sur les données immédiates de la conscience
MM : Matière et mémoire
R : Le rire
EC : L'évolution créatrice
ES : L'énergie spirituelle
DSMR : Les deux sources de la morale et de la religion
PM : La pensée et le mouvant
Œuvres de Biran
I : Influence de l'habitude sur la faculté de pensée
MDP : Mémoire sur la décomposition de la pensée
A : De l'aperception immédiate
E : Essai sur les fondements de la psychologie et sur ses rapports avec l'étude de la nature
RPM : Rapports du physique et du moral de l'homme
DEA : Dernière philosophie: existence et anthropologie
Œuvres de William James
EPs : Essays in Psychology
ERE : Essays in Radical Empiricism
EPR : Essays in Psychical Research
ERM : Essays in Religion and morality
ECR : Essays, Comments and Reviews
PBC : Psychology: The Briefer Course
P : Pragmatism
PP : The Principles of Psychology (vol. I et II)
PU : A Pluralistic Universe
TT : Talks to teachers on Psychology
VRE : The Varieties of Religious Experience
WB : The Will to Believe and other Essays in Popular Philosophy
4
INTRODUCTION
La question sur la volonté chez Henri Bergson (1859-1941) est étroitement liée à celle de la durée
; la volonté doit être envisagée comme une force (et non seulement comme une faculté mentale) au sein
du temps créateur. Dans une telle perspective, le terme de l'effort ou bien plutôt le sentiment d'effort
constitue l'élément essentiel de la volonté. Notre recherche a comme but principal de démontrer
l’affinité entre l’effort volontaire, qui n'a pas été étudié de façon systématique, et la conception
bergsonienne du temps comme invention
1
.
La question portée sur l'effort chez Bergson doit se mettre en liaison non seulement avec la
volonté, mais surtout avec la mémoire. Dans ce cadre, le sujet de l’effort rejoindra la notion qui occupe
la place centrale de la pensée bergsonienne, celle de la durée, de la continuité indivisible de
changement
2
. La durée dans la pensée bergsonienne est conçue à l’inverse de l’espace ; ainsi le temps
psychologique se distingue-t-il du temps homogène, du temps qui se projette dans l'espace. Aussi la
distinction entre la durée et l'espace est-elle la distinction fondamentale du bergsonisme en constituant
la base d'une série de notions et de dualités notionnelles qui sont fondamentales dans l'œuvre de
Bergson : continuité - discontinuité, interpénétration - (con)jonction, hétérogénéité - homogénéité,
intériorité - extériorité, indivisibilité - divisibilité, qualité quantité, moi
profond/fondamental/concret/intérieur - moi superficiel/extérieur/social
3
.
Notre étude a comme premier objet l'interrogation sur l'effort dans la philosophie bergsonienne.
Le traitement de cette notion longtemps attendu répond à une lacune de la recherche en histoire de la
philosophie : la place de la question et le lien qu'elle permet d'établir entre la pensée bergsonienne et
d'autres philosophies. Ainsi, en parallèle avec l'étude de la notion d'effort chez Bergson (et des notions
qui vont de pair avec elle, comme la durée, la mémoire, la liberté, la morale close et ouverte), nous
essaierons de faire une comparaison de l'effort bergsonien avec les conceptions de la même notion chez
Maine de Biran (1766-1824) et chez William James (1842-1910). Pour cette raison, comme l'indique le
titre de notre travail où nous plaçons Bergson au premier plan, nous partirons toujours de la position de
Bergson dans nos analyses, avant d'examiner, suivant chaque thématique, celles de Biran et de James.
1
Voir à titre d’exemple, EC, Œuvres, p. 784/341.
2
Voir « The problem of personality », p. 1062/1079. Pour les abréviations des titres, la pagination et l’édition de référence
des Œuvres de Bergson, voir la bibliographie à la fin de notre étude.
3
Cf. G. Deleuze, Le bergsonisme, p. 11. Pour les références bibliographiques, voir la bibliographie à la fin de notre étude.
5
Plus précisément, nous nous proposons d'examiner la notion d’effort au sein de l'ensemble de la
philosophie bergsonienne et à travers elle, depuis l’Essai jusqu’aux Deux sources ainsi que de
nombreux textes non retenus dans les livres à la réserve de l’ouvrage Durée et simultanéité. Nous
aurons beaucoup moins recours aux Cours. Nous nous serons tout particulièrement appuyés sur
l'édition critique récente des œuvres de Bergson en 9 volumes, sous la direction de Frédéric Worms
la collection « Quadrige » des P.U.F.), ainsi que sur les quatre volumes apparus jusqu'ici de la nouvelle
édition commentée des œuvres de Bergson établie sous la direction de Paul-Antoine Miquel (aux
éditions GF Flammarion).
Nous aborderons la question de l'effort chez Bergson de manière interne sous les termes de la
durée, c'est-à-dire en suivant l'indication de Bergson lui-même, selon laquelle, son fil conducteur est
l'intuition de la durée ; celle-ci transforme en profondeur la pensée bergsonienne et la réflexion donc du
philosophe sur l'effort comme condition primordiale non seulement de l'être humain mais du vivant
voire de la vie en sa totalité.
Comme nous le constaterons, l’effort chez Bergson consiste dans une relation entre les deux
facteurs de la personnalité, la mémoire et la volonté, dont l’existence se rapportera à la dualité de la
conscience, à son existence entre ses deux aspects, celui de l’intériorité et celui de l’extériorité. En
partant de la thèse, selon laquelle, l'effort est un premier terme de l'existence personnelle, nous allons
examiner les différentes formes de l'action humaine, les diverses manières dont se manifeste la volonté
selon la différenciation de l'effort.
Comme nous attirerons notre attention sur le thème du corps humain chez Bergson (dont
l'existence détermine la perception du monde extérieur et notre action sur ce monde), notre
interrogation sur l’effort bergsonien rencontrera les pensées de Biran et de James. Plus spécifiquement,
le sujet de l'effort musculaire nous conduira à comparer la théorie bergsonienne avec celle de Biran qui
est connu comme le philosophe de l’effort
4
. Aussi, le débat autour du sentiment d'innervation nous
montrera comment la théorie de Bergson se rapproche de la psychologie de James
5
.
4
Voir A. Devarieux, « Gabriel Tarde lecteur de Maine de Biran ou “la difficulté formidable” », in Gabriel Tarde, Maine de
Biran et l'évolutionnisme en psychologie, p. 13 ; voir également Α. Devarieux, Maine de Biran. L'individualité
persévérante, p. 14.
5
En ce qui concerne le rapport (philosophique et personnel) entre les deux philosophes, voir Henri Bergson, Sur le
pragmatisme de William James, p. XXIII-XXXIX (éd. crit., présentation).
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