Classement chronologique
Concernant le classement chronologique des 8 évé-
nements, un t de Student a révélé que les patients PK
avaient plus de difficultés à retrouver l’ordre chronolo-
gique des événements, comparativement aux témoins
(t (20) = - 4,18 ; p = 0,0005). La comparaison a concerné
dans les deux groupes le nombre de bonnes réponses.
Souvenirs flashs
Une analyse de variance à deux facteurs Groupe *
Périodes, en mesures répétées pour le deuxième fac-
teur, a été réalisée sur les taux de réponses (en pour-
centage) aux souvenirs flashs. L’analyse révèle que les
patients PK évoquaient moins de souvenirs flashs
(23 %) que les témoins (34 %), F(1,20) = 4,21 ; p = 0,05.
Elle montre aussi un effet du facteur Période,
F(6,120) = 24,19 ; p = 0,0001. Enfin, on n’observe pas
d’interaction entre les facteurs Groupe et Période
(F(6,120) = 1,94 ; p = 0,07) (figure 2).
Nous avons cherché à déterminer quels événe-
ments parmi les 30 de la batterie suscitaient un souve-
nir flash dans les 2 groupes. Pour le groupe des
témoins, les souvenirs flashs, définis par un score ≥3
et une évocation par au moins 50 % des sujets, ont
concerné 13 événements. Pour le groupe de patients
PK, 7 événements ont essentiellement suscité un sou-
venir flash. Plus précisément, le World Trade Center a
suscité un souvenir flash pour 100 % des TM et 91 %
des PK. Pour la coupe du monde de football et le tsu-
nami de l’océan Indien, 91 % des témoins ont rapporté
un souvenir flash contre 82 % des PK. Le vote pour
Jean-Marie Le Pen a généré un souvenir flash pour
82 % des deux populations ; 54 % des PK ont évoqué
un souvenir flash pour l’assassinat de John Kennedy
contre 82 % des TM. Le premier pas sur la Lune a
généré un souvenir flash pour 64 % des PK. Enfin, la
chute du mur de Berlin (91 %), la mort de Claude Fran-
çois (54 %) et de Lady Di (54 %), l’attentat de Madrid
(54 %), Le drame de Saint-Nazaire (54 %), le crash du
Concorde (54 %) et Tchernobyl (54 %) sont les événe-
ments qui ont été relevés uniquement pour la popula-
tion des témoins. Cette analyse qualitative fait apparaî-
tre un nombre supérieur d’événements générant des
souvenirs flashs dans le groupe témoin.
Nous avons considéré les événements qui étaient
fortement associés à un souvenir flash (dont le score
est ≥4,5) et ceux qui ne l’étaient que modérément avec
une ou deux dimensions canoniques (dont le score
est ≤3). À partir de cette analyse, il a été montré que le
score moyen événementiel était plus élevé lorsque
l’événement était associé à un souvenir flash important
et ce, quel que soit le groupe de sujets ; en d’autres
termes, le score moyen événementiel était plus élevé
lorsqu’il était associé à un souvenir flash important
(score moyen de 4,6), comparativement à lorsqu’il ne
l’était pas (score moyen de 4,05), F(1,20) = 9,98 ;
p = 0,004. Aucune interaction n’est apparue en fonction
du facteur Groupe, ce qui signifie que les deux groupes
ne différaient pas l’un de l’autre.
Corrélation entre la batterie EVE 30
et l’échelle de Mattis
Nous avons mis en évidence trois corrélations posi-
tives entre le score de rappel (de deux phrases) de la
Mattis et le score total d’EVE 30 (r = 0,78 ; p = 0,04), le
score des questions (r = 0,78 ; p = 0,04) et le score de
souvenirs flashs (r = 0,77 ; p = 0,04) et une corrélation
positive entre le score « mémoire » de l’échelle de Mat-
tis et le score total d’EVE 30 (r = 0,77 ; p = 0,04).
Deux corrélations positives ont été trouvées entre le
score « initiation » de l’échelle de Mattis et le score
total d’EVE 30 (r = 0,75 ; p = 0,04) et le score des ques-
tions (r = 0,93 ; p = 0,007).
La corrélation entre le score de rappel et le score
d’initiation était à la limite de la significativité (r = 0,71 ;
p = 0,08).
Discussion
On peut noter en premier lieu que les patients PK
parvenaient relativement bien à répondre à l’ensemble
des 5 questions événementielles (68 % de bonnes
réponses) et, en tout cas, mieux que ne le font les
patients présentant une maladie Alzheimer ou un mild
cognitive impairment [23], ce qui confirme les données
de la littérature qui rapportent des difficultés moindres
dans la maladie de Parkinson que dans la maladie
d’Alzheimer [16].
Par ailleurs, les performances des deux groupes
avaient le même profil : l’épreuve la plus facile était la
reconnaissance et l’épreuve la plus difficile celle des
questions de détails. Néanmoins, les patients mon-
traient de moins bonnes performances que les témoins
dans toutes les tâches, à l’exception de la reconnais-
sance des événements, ce qui permet de situer leurs
difficultés au niveau des processus de récupération des
informations stockées en mémoire. La normalité des
performances en reconnaissance est une donnée habi-
tuelle [14, 15]. Dans notre étude, nous avons observé
l’existence d’un déficit aux épreuves Évocation et
Questions de détails. Ces conditions se référent au
Souvenirs dans la maladie de Parkinson
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 5, n° 3, septembre 2007 239
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