Évaluation des souvenirs des événements publics contemporains

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Article original
Psychol NeuroPsychiatr Vieil 2007 ; 5 (3) : 235-42
Évaluation des souvenirs
des événements publics contemporains
dans leur composante sémantique
et épisodique dans la maladie de Parkinson
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 24/05/2017.
Assessment of memories for public events
in Parkinsons’disease
CATHERINE THOMAS ANTÉRION1
HÉLÈNE VIOUX1
CÉLINE BORG1
AURÉLIA POUJOIS2
BERNARD LAURENT2
1
Unité de neuropsychologieCM2R,
<[email protected]>
2
Service de neurologie,
CHU Bellevue,
Saint-Étienne
Tirés à part :
C. Thomas Antérion
Résumé. Un grand nombre de patients parkinsoniens ont des troubles cognitifs subtils qui
expliquent la fréquence de leur plainte cognitive. Dans la littérature, les études neuropsychologiques ont essentiellement mis en évidence, chez les patients non déments, des
légères difficultés dans le domaine de la mémoire et des fonctions exécutives. Nous
rapportons les performances de 12 patients parkinsoniens âgés en moyenne de 72 ans et de
12 témoins appariés en ce qui concerne la mémoire des événements publics passés. À la
batterie française EVE 30, leurs scores étaient inférieurs à ceux des témoins dans 4 tâches :
l’évocation, les questions de détail, la datation et la reconnaissance de la date. Ils avaient
également des difficultés pour classer chronologiquement 8 événements. Par contre, leurs
performances étaient comparables à celles des sujets témoins dans la tâche de reconnaissance des événements. Les souvenirs flashs, c’est-à-dire la capacité de rappeler le contexte
épisodique dans lequel les sujets se trouvaient quand ils ont appris les événements, étaient
moins fréquents chez les patients que chez les témoins (23 % versus 34 %). Enfin, dans le
groupe des patients, le score total à la batterie EVE (et le score des questions) était corrélé
au score de rappel antérograde ainsi qu’aux tâches évaluant les fonctions exécutives (score
d’initiation). La production de souvenirs flashs était corrélée au score de rappel antérograde. Les patients parkinsoniens non déments semblent ainsi présenter des difficultés
modérées concernant la mémoire rétrograde épisodique et sémantique des événements
publics. Une difficulté particulière intéressant les paramètres temporels (évocation, reconnaissance de date et classement chronologique) a été également mise en évidence. Ces
déficits d’accès très globaux pourraient être liés à un dysfonctionnement frontal dû au
retentissement de la déplétion en dopamine du striatum.
doi: 10.1684/pnv.2007.0094
Mots clés : maladie de Parkinson, mémoire des événements publics, souvenir flash,
fonction exécutive, mémoire du passé, mémoire antérograde
Abstract. Many patients with Parkinson’s disease (PD) have subtle cognitive impairment
which often contribute to explain their cognitive complaint. In the literature, neuropsychological studies showed few difficulties for memory and executive functions. We report the
performance of 12 PD patients and 12 controls subjects for public events memory. On a
30-item French scale battery (EVE-30), their scores were lower than those of the controls in 4
tasks: evocation, questions, datation and date recognition. They also had difficulties to
perform a chronological classification of 8 events. No difference was found between PD
patients and control subjects in the events recognition task. Flash bulb memories (FBM)
were less frequent in PD patients than in control subjects: 23 % versus 34 % of cases. A
correlation was observed between the scores on the EVE total scale, questions scale, FBM
scale and the score on the anterograde recall. Scores on the EVE total scale, questions scale
were correlated to the scores on the executive function (initiation) scale. PD patients
without dementia seemed to have a low cognitive impairment of retrograde public event
memory for episodic and semantic components. Specific difficulties were observed for date
evocation and recognition, and chronological classification. These very global deficits to
recuperate information can be related to the striatal dopamine depletion which affects the
prefrontal functions.
Key words: Parkinson’s disease, public events memory, flash bulb memories, executive
functions, remote memory, anterograde memory
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 5, n° 3, septembre 2007
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C. Thomas Antérion, et al.
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L
e souvenir des événements publics concerne le
rappel de faits récents ou anciens, avec un
maintien plus ou moins important de détails du
contexte de survenue initiale. Le plus souvent, leur
rappel fait appel au système de la mémoire sémantique. Dans d’autres cas, la capacité qu’ont certains
sujets, face à certains événements, de rappeler leur
date précise [1], un certain nombre de détails vivaces
ou de générer un souvenir flash (SF) [2], c’est-à-dire de
rappeler ce qu’ils faisaient, où ils se trouvaient, à quelle
heure du jour et dans quel état d’esprit ils se trouvaient
lorsqu’ils ont appris celui-ci, suggère que leur reconstruction nécessite aussi le système de la mémoire
épisodique. Le souvenir flash fait partie, selon de nombreux auteurs, de la mémoire autobiographique épisodique en ce qu’il est indissociable d’une dimension
émotionnelle qui permettrait en partie sa création et
son maintien à long terme [2, 3]. Des liens entre l’intensité émotionnelle et l’importance du souvenir flash ont
été évoqués et il est probable également que l’exposition aux médias joue un rôle déterminant [3]. Ce phénomène serait plus incomplet chez les sujets âgés [4, 5]
ce qui témoignerait d’un déficit de la mémoire source
mis en lien avec le déclin progressif et normal du fonctionnement frontal [6, 7], même si toutes les études ne
démontrent pas directement de relation entre une
réduction des capacités frontales et une diminution des
souvenirs flashs [8, 9]. Très peu d’études, à notre
connaissance, ont traité des souvenirs événementiels
et de la génération éventuelle de souvenirs flashs dans
la maladie de Parkinson.
Les patients présenteraient des difficultés spécifiques sur le plan neuropsychologique et ce, de façon
subtile, dès le début de la maladie dans 90 % des cas
[10]. La dégénérescence massive du système dopaminergique nigriostriatal entraîne, en effet, une interruption des circuits striato-frontaux sous-tendant le syndrome sous-cortico-frontal. Parmi les composantes
cognitives altérées par cette dysconnexion se trouvent
principalement le domaine visuospatial, la mémoire,
les fonctions exécutives et l’attention [11]. Les fonctions exécutives sont modifiées très tôt dans la maladie
[9] et, particulièrement, la planification, le shifting et les
séquences des actions [12]. Les difficultés mnésiques
des patients dépendraient du niveau d’autoorganisation de la tâche à effectuer et des ressources
attentionnelles requises. Les patients ont, par exemple,
tendance à avoir du mal à développer des stratégies
d’apprentissage dans le California verbal learning test
[13] ou dans des épreuves d’apprentissage verbal [13]
ou spatial [14]. Il a été également rapporté une disso-
236
ciation entre le maintien de la trace mnésique et l’organisation défectueuse de cette trace pour les souvenirs
anciens, qu’il s’agisse de souvenir épisodique ou
sémantique, biographiques ou collectifs [10]. Les
patients avaient, dans plusieurs travaux concernant la
mémoire du passé, des performances en reconnaissance normales mais une organisation temporelle
défectueuse [14, 15]. Fama et al. [16] ont ainsi évalué
des patients avec le test des Présidents. Les patients ne
se distinguaient pas des témoins pour rappeler le nom
des candidats à l’élection, pour les reconnaître en choix
multiple, pour les classer chronologiquement et ne se
distinguaient des contrôles que pour reconnaître les
dates concernant la période récente. Sagar et al. [17] en
utilisant le test des Scènes célèbres ont évalué le souvenir d’événements publics présentés visuellement.
Les patients se distinguaient des témoins dans leur
capacité à évoquer les événements, à les dater et à
reconnaître les dates en choix multiple. Seule l’épreuve
de reconnaissance de l’événement en choix multiple ne
les distinguait pas des témoins. Des données concernant la persistance d’un gradient temporel ont été rapportées pour les patients parkinsoniens présentant une
démence [15, 17, 18] et ce pour les décennies les plus
récentes [15], mais ce gradient n’a cependant pas été
systématiquement retrouvé dans tous les travaux de la
littérature.
Nous nous sommes intéressés au fonctionnement
de la mémoire des faits publics dans la maladie de
Parkinson en utilisant une batterie permettant d’analyser précisément la qualité du rappel d’un événement et
de rechercher des souvenirs flashs, ce qui n’avait pas
été fait à notre connaissance. Le moindre fonctionnement frontal de ces patients, en terme de processus de
contrôle, de jugement de plausibilité et de mémoire
source [19] nous paraît pouvoir prédire des difficultés
de reconstruction des souvenirs événementiels dans
leurs composantes sémantique et épisodique et expliquer certaines plaintes des patients ayant le sentiment
de moins enregistrer de souvenirs et d’oublier certaines choses.
Sujets et méthodes
Population
L’étude a été menée auprès de 24 sujets répartis en
deux groupes indépendants.
Le premier groupe était constitué de 12 patients
parkinsoniens (7 hommes et 5 femmes). La moyenne
d’âge était de 72 ± 4,16 ans. Ce groupe comprenait 6
sujets de niveau 1 (certificat d’études), 3 sujets de
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 5, n° 3, septembre 2007
Souvenirs dans la maladie de Parkinson
Tableau 1. Âge moyen, sexe ratio, score au MMSE et à
l’échelle de Mattis (score global, attention, initiation, concept,
mémoire).
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Table 1. Mean age, sex ratio, scores on the MMSE and Mattis
scale (global score, subscores of attention, initiation, conceptualization, memory). PK = patients with Parkinson’s disease;
TM = control subjects.
Âge
Sexe ratio (M/F)
MMS
(score moyen/écart-type)
Mattis (score global
moyen/écart-type)
Score attention
(score moyen/écart-type)
Score initiation
(score moyen/écart-type)
Score concept
(score moyen/écart-type)
Score mémoire
(score moyen/écart-type)
PK
n = 12
TM
n = 12
72 (± 4,16)
7/5
29 (± 0,85)
72,08 (± 4,62)
7/5
29,41 (± 0,66)
138,8 (± 4,63)
35,71 (± 1,11)
36,28 (± 0,75)
38,85 (± 2,5)
24 (± 1,41)
niveau 2 (brevet et baccalauréat) et 3 sujets de niveau 3
(études supérieures) qui ont été examinés par un neurologue et une neuropsychologue et répondaient aux
critères requis par l’échelle d’évaluation unifiée pour la
maladie de Parkinson (l’UPDRS) (1985) et l’échelle de
Hoehn & Yahr (1967). Tous les patients étaient en cours
de traitement et neuf d’entre eux recevaient une dopathérapie. La durée de la pathologie était située entre 2
et 12 ans (durée moyenne : 4,75). Aucun patient n’avait
de trouble cognitif interférant avec son autonomie. Les
patients ont obtenu un score au MMS supérieur ou égal
à 28 (score moyen : 29 ± 0,85) et un score à l’échelle de
Mattis supérieur ou égal à 130 (score moyen :
138,8 ± 4,63).
Ce groupe de patients a été strictement apparié
pour l’âge et le sexe à un groupe de 12 sujets témoins
âgés de 72,08 ± 4,62 ans. Six avaient un niveau socioculturel 1, 5 un niveau 2 et 1 un niveau 3 (tableau 1).
Il a été contrôlé que tous les participants étaient de
langue maternelle française et avaient tous vécu en
France métropolitaine. Tous les participants s’étaient
portés volontaires pour cette étude.
Matériel : la batterie EVE 30
Nous avons utilisé 27 événements publics de la batterie EVE 30, survenus entre 1939 et 2005, c’est-à-dire tous
contemporains des sujets [20, 21], et présentés verbalement. Les événements sont répartis en 3 par décennie
et sont au nombre de 9 au-delà des années 2000.
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 5, n° 3, septembre 2007
Ces événements ont été sélectionnés dans une encyclopédie et représentent des faits marquants publics,
scientifiques, culturels, artistiques, politiques ou sportifs. Pour chacun des événements, la batterie est composée de 4 subtests : Évocation, Reconnaissance,
Question de détails, Datation. De cette façon, chaque
participant doit en premier lieu évoquer l’événement.
Une cotation de 0, 1 ou 2 est effectuée en fonction de
la précision de la réponse. Ensuite, 3 propositions
sont soumises, parmi lesquelles le sujet doit reconnaître l’événement. Une réponse correcte est cotée 1
point. Deux questions de détails sont alors posées,
valant chacune 1 point. Enfin, les participants doivent
dater l’événement avec une précision de 10 ans pour
les plus anciens et 2 ans pour la dernière période,
avec 1 point par bonne réponse. Nous avons ajouté,
par rapport à la batterie de référence, une modalité de
reconnaissance pour la datation (0 ou 0,5 point) pour
laquelle le sujet avait le choix entre 3 dates. Les participants devaient en outre rappeler les circonstances
personnelles dans lesquelles ils avaient appris l’événement pour la première fois : où, quand, comment et
avec qui ils étaient. Les réponses devaient être précises, par exemple les sujets devaient, pour la donnée
temporelle, rappeler la date de l’événement si cela
s’avérait possible ou la période de l’année et le
moment de la journée dans lequel ils se trouvaient.
Les trois premières informations sont des données
canoniques. Chaque question a été cotée 1,5 point
permettant aux sujets d’obtenir un score maximum
de 6. Il a été considéré qu’un souvenir flash était
obtenu quand les réponses étaient obtenues pour les
3 dimensions canoniques c’est-à-dire que le score
était déjà, sans la dernière dimension, à 4,5 [22]. Ainsi,
nous contrôlons que les sujets n’ont pas seulement un
souvenir de la source d’apprentissage mais bien un
souvenir épisodique de la source [23, 24].
Enfin, nous avons sélectionné 8 événements et
nous les avons proposés individuellement, inscrits sur
des cartons, en demandant aux sujets de les classer de
façon chronologique. Les événements en question
étaient : le Front populaire (1936), Hiroshima (1945), la
victoire de Mimoun (1956), le premier pas de l’homme
sur la Lune (1969), la mort de Claude François (1978),
Tchernobyl (1986), la coupe du monde de football
(1998), l’attentat du World Trade Center (2001). L’ordre
de présentation des cartes a été présenté aléatoirement.
Statistique
Les analyses réalisées sont des analyses de
variance effectuées à l’aide du logiciel SuperAnova,
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C. Thomas Antérion, et al.
Mémoire du passé : EVE 30
(TM) dans les conditions suivantes : évocation (t (20) =
- 4,58 ; p = 0,0002) ; question de détails (t (20) = - 2,01 ;
p = 0,05) ; datation (t (20) = - 3,85 ; p = 0,001), ainsi
qu’en reconnaissance de date (t (20) = - 6,12 ;
p < 0,0001), et ce toujours en faveur des sujets contrôles. En revanche, cette interaction ne révèle pas de
différence significative entre les PK et les TM pour la
condition reconnaissance.
Une première Anova à 3 facteurs (Groupe)2 * (Subtest)5 * (Période)7 en mesures répétées pour les deux
derniers facteurs a été effectuée sur les taux de réponses (en pourcentage) obtenus au questionnaire événementiel. Le facteur Subtest comporte 5 modalités : Évocation (E), Reconnaissance (R), Question de détails (Q),
Datation (D) et Reconnaissance de la date (RD) ; le facteur Période comprend 7 périodes : 1940-49, 1950-59,
1960-69, 1970-79, 1980-89, 1990-99, 2000-2005.
L’analyse révèle 2 effets principaux, le premier concernant le facteur Groupe (F(1,20) = 22,02 ; p = 0,0001), le
deuxième le facteur Subtest (F(4,80) = 56,61 ;
p = 0,0001). On observe aussi une interaction entre les
facteurs Groupe et Subtest, F(24,480) = 6,63, p = 0,0001
(figure 1).
Une analyse a posteriori (t de Student), qui contribue à souligner la différence entre les groupes pour
chacune des conditions, a montré un écart significatif
entre les sujets parkinsoniens (PK) et les sujets témoins
L’analyse de la variance a mis en avant un effet principal du facteur Période (F(6,120) = 3,59 ; p = 0,002). On
peut retenir que quel que soit le groupe de sujets, les
périodes de 1940-49 (79 % de BR), 1980-89 (80 % de BR)
et 2000-2005 (78 % de BR) obtiennent les meilleures
performances. Plus précisément, les événements compris dans la décennie 1940-49 sont significativement
mieux rappelés que ceux inscrits dans les périodes
suivantes : 1950-59 (F(1,120) = 12,38 ; p = 0,001) ;
1970-79
(F(1,120) = 5,12 ;
p = 0,03)
et
1980-89
(F(1,120) = 3,59 ; p = 0,002). De même, la période 1980-89
est mieux restituée que les périodes suivantes : 1950-59
(F(1,120) = 14,47 ; p = 0,0002) ; 1960-69 (F(1,120) = 4,56 ;
p = 0,03) et 1970-79 (F(1,120) = 6,74 ; p = 0,01). Enfin, les
années 2000 sont mieux rappelées que les décennies
suivantes : 1950-59 (F(1,120) = 11,77 ; p = 0,002) et
1970-79 (F(1,120) = 4,94 ; p = 0,02). Par contre, aucune
différence significative n’a été observée entre les
patients TM et PK en fonction de ce facteur.
Abacus Concepts (1989). Des analyses a posteriori ont
été menées, de façon complémentaire, avec le logiciel
StatView, SAS Institute (1992). Les corrélations ont été
recherchées avec le test rho de Spearman.
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Résultats
Pourcentage de bonnes réponses
100
80
témoins
60
Parkinson
40
20
0
E
R
Q
D
RD
Figure 1. Pourcentage de bonnes réponses dans la batterie EVE 30 dans 5 scores rapportés sur la ligne d’abscisse : Évocation (E),
Reconnaissance (R), Questions (Q), Évocation de la date (D), Reconnaissance de la date (RD) de 12 patients parkinsoniens et de
12 témoins.
Figure 1. Percentage of correct responses on the EVE battery in patients with Parkinson’s disease (white) and control subjects (blue) for
evocation (E), recognition (R), questioning (Q) , date evocation (D), and date recognition (RD).
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Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 5, n° 3, septembre 2007
Souvenirs dans la maladie de Parkinson
Classement chronologique
Concernant le classement chronologique des 8 événements, un t de Student a révélé que les patients PK
avaient plus de difficultés à retrouver l’ordre chronologique des événements, comparativement aux témoins
(t (20) = - 4,18 ; p = 0,0005). La comparaison a concerné
dans les deux groupes le nombre de bonnes réponses.
l’événement était associé à un souvenir flash important
et ce, quel que soit le groupe de sujets ; en d’autres
termes, le score moyen événementiel était plus élevé
lorsqu’il était associé à un souvenir flash important
(score moyen de 4,6), comparativement à lorsqu’il ne
l’était pas (score moyen de 4,05), F(1,20) = 9,98 ;
p = 0,004. Aucune interaction n’est apparue en fonction
du facteur Groupe, ce qui signifie que les deux groupes
ne différaient pas l’un de l’autre.
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Souvenirs flashs
Une analyse de variance à deux facteurs Groupe *
Périodes, en mesures répétées pour le deuxième facteur, a été réalisée sur les taux de réponses (en pourcentage) aux souvenirs flashs. L’analyse révèle que les
patients PK évoquaient moins de souvenirs flashs
(23 %) que les témoins (34 %), F(1,20) = 4,21 ; p = 0,05.
Elle montre aussi un effet du facteur Période,
F(6,120) = 24,19 ; p = 0,0001. Enfin, on n’observe pas
d’interaction entre les facteurs Groupe et Période
(F(6,120) = 1,94 ; p = 0,07) (figure 2).
Nous avons cherché à déterminer quels événements parmi les 30 de la batterie suscitaient un souvenir flash dans les 2 groupes. Pour le groupe des
témoins, les souvenirs flashs, définis par un score ≥ 3
et une évocation par au moins 50 % des sujets, ont
concerné 13 événements. Pour le groupe de patients
PK, 7 événements ont essentiellement suscité un souvenir flash. Plus précisément, le World Trade Center a
suscité un souvenir flash pour 100 % des TM et 91 %
des PK. Pour la coupe du monde de football et le tsunami de l’océan Indien, 91 % des témoins ont rapporté
un souvenir flash contre 82 % des PK. Le vote pour
Jean-Marie Le Pen a généré un souvenir flash pour
82 % des deux populations ; 54 % des PK ont évoqué
un souvenir flash pour l’assassinat de John Kennedy
contre 82 % des TM. Le premier pas sur la Lune a
généré un souvenir flash pour 64 % des PK. Enfin, la
chute du mur de Berlin (91 %), la mort de Claude François (54 %) et de Lady Di (54 %), l’attentat de Madrid
(54 %), Le drame de Saint-Nazaire (54 %), le crash du
Concorde (54 %) et Tchernobyl (54 %) sont les événements qui ont été relevés uniquement pour la population des témoins. Cette analyse qualitative fait apparaître un nombre supérieur d’événements générant des
souvenirs flashs dans le groupe témoin.
Nous avons considéré les événements qui étaient
fortement associés à un souvenir flash (dont le score
est ≥ 4,5) et ceux qui ne l’étaient que modérément avec
une ou deux dimensions canoniques (dont le score
est ≤ 3). À partir de cette analyse, il a été montré que le
score moyen événementiel était plus élevé lorsque
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 5, n° 3, septembre 2007
Corrélation entre la batterie EVE 30
et l’échelle de Mattis
Nous avons mis en évidence trois corrélations positives entre le score de rappel (de deux phrases) de la
Mattis et le score total d’EVE 30 (r = 0,78 ; p = 0,04), le
score des questions (r = 0,78 ; p = 0,04) et le score de
souvenirs flashs (r = 0,77 ; p = 0,04) et une corrélation
positive entre le score « mémoire » de l’échelle de Mattis et le score total d’EVE 30 (r = 0,77 ; p = 0,04).
Deux corrélations positives ont été trouvées entre le
score « initiation » de l’échelle de Mattis et le score
total d’EVE 30 (r = 0,75 ; p = 0,04) et le score des questions (r = 0,93 ; p = 0,007).
La corrélation entre le score de rappel et le score
d’initiation était à la limite de la significativité (r = 0,71 ;
p = 0,08).
Discussion
On peut noter en premier lieu que les patients PK
parvenaient relativement bien à répondre à l’ensemble
des 5 questions événementielles (68 % de bonnes
réponses) et, en tout cas, mieux que ne le font les
patients présentant une maladie Alzheimer ou un mild
cognitive impairment [23], ce qui confirme les données
de la littérature qui rapportent des difficultés moindres
dans la maladie de Parkinson que dans la maladie
d’Alzheimer [16].
Par ailleurs, les performances des deux groupes
avaient le même profil : l’épreuve la plus facile était la
reconnaissance et l’épreuve la plus difficile celle des
questions de détails. Néanmoins, les patients montraient de moins bonnes performances que les témoins
dans toutes les tâches, à l’exception de la reconnaissance des événements, ce qui permet de situer leurs
difficultés au niveau des processus de récupération des
informations stockées en mémoire. La normalité des
performances en reconnaissance est une donnée habituelle [14, 15]. Dans notre étude, nous avons observé
l’existence d’un déficit aux épreuves Évocation et
Questions de détails. Ces conditions se référent au
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contenu précis de l’événement et certaines questions
concernent même le contexte de survenue. Dans la
littérature, les patients PK ne présentent pas de difficultés à ce niveau [14]. Le paradigme utilisé était toutefois
bien différent. Il portait sur les candidats à l’élection
présidentielle américaine depuis 1920. Quatre tâches
étaient proposées aux sujets : le rappel libre du nom
des candidats et de leur parti politique, ainsi que de la
date à laquelle ils ont brigué l’investiture ; la reconnaissance des candidats et de la date ; une tâche dans
laquelle les patients devaient classer les différents candidats de chaque parti en fonction de périodes données
et, enfin, une tâche de reconnaissance visuelle sur
matériel photographique. Cette étude diffère de la
nôtre sur plusieurs plans. Outre l’écart d’âge entre les
deux populations (63,1 ± 7,1 versus 72 ans ± 4,16 dans
notre étude) et pour le niveau du score au MMSE (score
moyen : 27,4 ± 2,6 versus 29 ± 0,85 dans notre étude),
le type même d’épreuve différait par sa nature et ses
caractéristiques. En effet, notre étude faisait appel à un
champ beaucoup plus vaste de connaissances d’événements situés dans un contexte spatiotemporel dans
divers domaines versus le souvenir unique des candidats aux élections présidentielles. Nous avons, dans un
travail antérieur, montré que les sujets témoins, les
patients présentant une maladie d’Alzheimer et, particulièrement, les sujets atteints de mild cognitive
impairment étaient plus performants pour rapporter
des connaissances sur des personnalités (faits sémantiques) que des détails contextuels concernant des événements (faits épisodiques) [20]. De plus, les tâches
proposées dans l’étude de Fama et al. [16] ne
s’appuyaient pas sur des questions de détails. Identifier
la couleur politique d’un candidat reste très facile, le
choix étant grandement réduit du fait de la bipolarisation de la politique américaine. Selon Mayes et al. [24],
il paraît d’ailleurs nécessaire de ne pas se contenter,
pour évaluer la mémoire du passé, d’une tâche d’évocation et d’une tâche de reconnaissance et il convient
de réaliser une évaluation plus profonde avec des
questions qui permettent d’avoir une meilleure appréciation de la qualité d’évocation des sujets. Ceci semble
bien être le cas dans notre travail et s’est vérifié chaque
fois que l’on s’est intéressé à des groupes pathologiques ayant des difficultés minimes [20, 21].
Les difficultés de mémoire dans la batterie EVE en
terme de score global et pour l’épreuve la plus difficile
(les questions) étaient corrélées aux capacités de rappel de l’échelle de Mattis, ce qui témoigne d’une difficulté des patients pour reconstruire des souvenirs. Le
score global d’EVE 30 et l’épreuve des questions
240
étaient également corrélés au score d’initiation, suggérant que les difficultés de reconstruction mnésique
pouvaient être liées à des difficultés d’accès à l’information du fait d’un certain degré d’amnésie frontale.
Enfin, conformément à certaines études [14, 16],
nos résultats ont mis en évidence un déficit au niveau
des processus de datation. En fait, il existe trois
niveaux de difficultés temporelles. Au-delà de la difficulté usuelle de datation, les patients de notre étude
avaient des difficultés dans la tâche de reconnaissance
de la datation, tâche difficile, y compris pour les
témoins, mais néanmoins significativement mieux réalisée par ces derniers. En outre, les difficultés temporelles s’accompagnaient de difficultés à retrouver l’ordre
chronologique des événements lorsqu’il s’agissait de
les classer. Il peut s’agir ici d’un déficit contextuel, mais
également d’un déficit au niveau des fonctions exécutives. On peut rapprocher ces données de l’étude de
Mangel et al. [25] qui soulignait que même de petites
lésions focales dans la région frontale pouvaient
engendrer des difficultés dans les tâches qui requièrent
les capacités de séquençage et d’ordonnancement
dans le temps. En ce qui concerne le classement chronologique, classer des événements et classer des présidents ne demande pas les mêmes repères temporels.
La littérature suggère que l’on classe les événements
en les comparant à d’autres ou à des événements de
vie personnelle, alors que les personnes célèbres illustrent des périodes de temps. Ceci permet d’expliquer
que nos sujets avaient du mal à classer chronologique-
Groupes*Périodes
Taux de bonnes réponses (%)
100
80
60
40
20
0
D1
D2
D3
Parkinson
D4
D5
D6
D7
témoins
Figure 2. Pourcentage de génération des souvenirs flashs selon
7 périodes de temps contemporaines des sujets, rapportées en
abcisse : 1940, 1950, 1960, 1970, 1980, 1990 et les années
2000, et les groupes évalués (patients Parkinson et témoins).
Figure 2. Percentage of flashbulb memories generated by
patients (blue) and controls (black) for seven period of time: 1940,
1950, 1960, 1970, 1980, 1990 and therafter.
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 5, n° 3, septembre 2007
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Souvenirs dans la maladie de Parkinson
ment les événements comme ils avaient du mal à les
dater et à reconnaître les dates, puisqu’ils présentaient
des difficultés spécifiques pour les repères temporels,
le contrôle ou l’ordonnancement du temps, à la différence des patients de Fama et al. [16] qui classaient
bien les présidents. Nous n’avons pas observé de corrélation avec les scores de mémoire de l’échelle de
Mattis, ce qui suggère qu’il s’agit d’un problème qui ne
relève pas d’un oubli de la date, mais bien d’une perte
de repère temporel. L’absence de corrélation avec le
score d’initiation suggère que les composantes de
l’échelle de Mattis n’évaluent ni la capacité à séquencer
ni celle de classer temporellement les informations et
suggère la nécessité d’autres travaux sur ce point précis.
De plus, conformément aux données de la littérature [14, 15], l’évolution des souvenirs événementiels
chez les patients PK non déments, était comparable à
celle des témoins, ce qui suggère une difficulté de
reconstruction assez globale et non une amnésie pour
les faits les plus récents, comme dans d’autres pathologies, par exemple la maladie d’Alzheimer [23, 26]. De
ce fait, aucun gradient temporel n’a été observé.
Cependant, dans notre étude, trois périodes se démarquaient pour les deux groupes : 1940-49, 1980-89 et
2000-2005. Cet accroissement du rappel pour les événements publics (79 % de bonnes réponses) survenus
entre 1940 et 1949 correspond à des événements très
marquants (Hiroshima, le procès de Nuremberg et la
mort de Marcel Cerdan), dont la mémorisation a pu être
favorisée par l’âge auquel ces événements ont été
encodés (enfance et adolescence). Ce phénomène correspondrait à un pic de réminiscence. Régulièrement
observé dans les études sur la mémoire autobiographique [27], ce pic de réminiscence peut aussi être associé
à l’importante dimension émotionnelle qui caractérise
cette époque. Les performances élevées pour la
période 2000-2005 bénéficieraient d’un effet de
récence.
Les recherches sur les souvenirs flashs portent
généralement sur un seul souvenir associé à un événement particulièrement marquant. Il n’existe aucune
recherche qui, à notre connaissance, a étudié, en
même temps, plusieurs souvenirs flashs chez des
patients PK et très peu chez des sujets âgés. Cette
étude a permis de montrer que l’évocation des souvenirs flashs est déficitaire chez les patients (23 % versus
34 % chez les sujets contrôles). Nous mettons en lien ce
déficit avec l’altération du contexte temporel et les difficultés d’accès aux souvenirs. Pour Sagar et al. [19], le
déficit de mémoire contextuelle observé chez les par-
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 5, n° 3, septembre 2007
Points clés
• Des modifications cognitives subtiles (mais
gênantes) existent dès le début de la maladie de
Parkinson.
• L’évocation des souvenirs des événements publics
contemporains est déficiente, en particulier dans les
paramètres temporels : date (évocation et reconnaissance), classement chronologique.
• Les patients génèrent également moins de souvenirs flashs.
• Ces difficultés semblent pouvoir être expliquées
par un déficit du contrôle exécutif – principalement
en ce qui concerne l’organisation temporelle – en
rapport avec un dysfonctionnement frontal.
kinsoniens viendrait d’un dysfonctionnement frontal.
Enfin, il est intéressant de noter que les souvenirs
flashs associés aux périodes récentes avaient tendance
à être mieux restitués que ceux des périodes plus
anciennes dans les deux populations, ce qui témoigne
de l’absence de difficultés plus grandes pour la période
récente chez les patients. La capacité de rappeler des
souvenirs flashs était corrélée à la capacité de rappeler
un événement public et à celle de rappeler les phrases
de l’échelle de Mattis. La première corrélation confirme
l’hypothèse selon laquelle l’encodage du contexte
d’une information aide à sa mémorisation et facilite
ainsi son rappel ultérieur. Dans les deux populations
étudiées, on observait que plus le souvenir flash était
rappelé précisément, plus les événements qui y étaient
liés étaient facilement restitués, ce qui soutient les
théories épisodiques de la mémoire, le contexte permettant de rendre une trace plus spécifique et plus
facilement réactivable. De même, le fait que les événements qui éveillent un souvenir flash permettent un
rappel plus précis de ce souvenir tend à valider le
postulat [28, 29] selon lequel il existe un continuum
entre la mémoire autobiographique et la mémoire événementielle. De plus, la maladie de Parkinson ne modifie pas le profil qualitatif des réponses. Les deux corrélations suggèrent enfin que la capacité de générer un
souvenir flash, composante épisodique des souvenirs
événementiels, est corrélée chez les patients à la capacité globale de récupérer le souvenir dans sa composante sémantique et à la capacité plus générale de
rappeler des nouvelles informations.
Cette étude met en avant les difficultés à rapporter
des événements historiques contemporains chez les
patients PK. Les questions évaluant la datation étaient
particulièrement perturbées. Les performances étaient
241
C. Thomas Antérion, et al.
abaissées lorsqu’il s’agissait de générer un souvenir
flash. Néanmoins, malgré cet infléchissement, le profil
de réponse des patients restait le même que celui des
témoins. Ces difficultés plaident en faveur de l’existence de difficultés, globales mais discrètes, de reconstruction mnésique pour les faits sociaux et biographiques, anciens et récents, épisodiques et sémantiques,
difficultés néanmoins suffisantes pour donner aux
patients le sentiment d’être moins performant du point
de vue cognitif. Ceci suggère d’évaluer plus tôt dans la
maladie les patients du point de vue cognitif et d’introduire dans l’expertise l’évaluation de la mémoire
sémantique et temporelle.
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