Article original
Évaluation des souvenirs
des événements publics contemporains
dans leur composante sémantique
et épisodique dans la maladie de Parkinson
Assessment of memories for public events
in Parkinsons’disease
CATHERINE THOMAS ANTÉRION
1
HÉLÈNE VIOUX
1
CÉLINE BORG
1
AURÉLIA POUJOIS
2
BERNARD LAURENT
2
1
Unité de neuropsychologie-
CM2R,
<catherine.thomas@chu-st-
etienne.fr>
2
Service de neurologie,
CHU Bellevue,
Saint-Étienne
Tirésàpart:
C. Thomas Antérion
Résumé. Un grand nombre de patients parkinsoniens ont des troubles cognitifs subtils qui
expliquent la fréquence de leur plainte cognitive. Dans la littérature, les études neuropsy-
chologiques ont essentiellement mis en évidence, chez les patients non déments, des
légères difficultés dans le domaine de la mémoire et des fonctions exécutives. Nous
rapportons les performances de 12 patients parkinsoniens âgés en moyenne de 72 ans et de
12 témoins appariés en ce qui concerne la mémoire des événements publics passés. À la
batterie française EVE 30, leurs scores étaient inférieurs à ceux des témoins dans 4 tâches :
l’évocation, les questions de détail, la datation et la reconnaissance de la date. Ils avaient
également des difficultés pour classer chronologiquement 8 événements. Par contre, leurs
performances étaient comparables à celles des sujets témoins dans la tâche de reconnais-
sance des événements. Les souvenirs flashs, c’est-à-dire la capacité de rappeler le contexte
épisodique dans lequel les sujets se trouvaient quand ils ont appris les événements, étaient
moins fréquents chez les patients que chez les témoins (23 % versus 34 %). Enfin, dans le
groupe des patients, le score total à la batterie EVE (et le score des questions) était corrélé
au score de rappel antérograde ainsi qu’aux tâches évaluant les fonctions exécutives (score
d’initiation). La production de souvenirs flashs était corrélée au score de rappel antéro-
grade. Les patients parkinsoniens non déments semblent ainsi présenter des difficultés
modérées concernant la mémoire rétrograde épisodique et sémantique des événements
publics. Une difficulté particulière intéressant les paramètres temporels (évocation, recon-
naissance de date et classement chronologique) a été également mise en évidence. Ces
déficits d’accès très globaux pourraient être liés à un dysfonctionnement frontal dû au
retentissement de la déplétion en dopamine du striatum.
Mots clés : maladie de Parkinson, mémoire des événements publics, souvenir flash,
fonction exécutive, mémoire du passé, mémoire antérograde
Abstract. Many patients with Parkinson’s disease (PD) have subtle cognitive impairment
which often contribute to explain their cognitive complaint. In the literature, neuropsycho-
logical studies showed few difficulties for memory and executive functions. We report the
performance of 12 PD patients and 12 controls subjects for public events memory. On a
30-item French scale battery (EVE-30), their scores were lower than those of the controls in 4
tasks: evocation, questions, datation and date recognition. They also had difficulties to
perform a chronological classification of 8 events. No difference was found between PD
patients and control subjects in the events recognition task. Flash bulb memories (FBM)
were less frequent in PD patients than in control subjects: 23 % versus 34 % of cases. A
correlation was observed between the scores on the EVE total scale, questions scale, FBM
scale and the score on the anterograde recall. Scores on the EVE total scale, questions scale
were correlated to the scores on the executive function (initiation) scale. PD patients
without dementia seemed to have a low cognitive impairment of retrograde public event
memory for episodic and semantic components. Specific difficulties were observed for date
evocation and recognition, and chronological classification. These very global deficits to
recuperate information can be related to the striatal dopamine depletion which affects the
prefrontal functions.
Key words:Parkinson’s disease, public events memory, flash bulb memories, executive
functions, remote memory, anterograde memory
Psychol NeuroPsychiatr Vieil 2007;5(3):235-42
doi: 10.1684/pnv.2007.0094
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 5, n° 3, septembre 2007 235
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Le souvenir des événements publics concerne le
rappel de faits récents ou anciens, avec un
maintien plus ou moins important de détails du
contexte de survenue initiale. Le plus souvent, leur
rappel fait appel au système de la mémoire sémanti-
que. Dans d’autres cas, la capacité qu’ont certains
sujets, face à certains événements, de rappeler leur
date précise [1], un certain nombre de détails vivaces
ou de générer un souvenir flash (SF) [2], c’est-à-dire de
rappeler ce qu’ils faisaient, où ils se trouvaient, à quelle
heure du jour et dans quel état d’esprit ils se trouvaient
lorsqu’ils ont appris celui-ci, suggère que leur recon-
struction nécessite aussi le système de la mémoire
épisodique. Le souvenir flash fait partie, selon de nom-
breux auteurs, de la mémoire autobiographique épiso-
dique en ce qu’il est indissociable d’une dimension
émotionnelle qui permettrait en partie sa création et
son maintien à long terme [2, 3]. Des liens entre l’inten-
sité émotionnelle et l’importance du souvenir flash ont
été évoqués et il est probable également que l’exposi-
tion aux médias joue un rôle déterminant [3]. Ce phé-
nomène serait plus incomplet chez les sujets âgés [4, 5]
ce qui témoignerait d’un déficit de la mémoire source
mis en lien avec le déclin progressif et normal du fonc-
tionnement frontal [6, 7], même si toutes les études ne
démontrent pas directement de relation entre une
réduction des capacités frontales et une diminution des
souvenirs flashs [8, 9]. Très peu d’études, à notre
connaissance, ont traité des souvenirs événementiels
et de la génération éventuelle de souvenirs flashs dans
la maladie de Parkinson.
Les patients présenteraient des difficultés spécifi-
ques sur le plan neuropsychologique et ce, de façon
subtile, dès le début de la maladie dans 90 % des cas
[10]. La dégénérescence massive du système dopami-
nergique nigriostriatal entraîne, en effet, une interrup-
tion des circuits striato-frontaux sous-tendant le syn-
drome sous-cortico-frontal. Parmi les composantes
cognitives altérées par cette dysconnexion se trouvent
principalement le domaine visuospatial, la mémoire,
les fonctions exécutives et l’attention [11]. Les fonc-
tions exécutives sont modifiées très tôt dans la maladie
[9] et, particulièrement, la planification, le shifting et les
séquences des actions [12]. Les difficultés mnésiques
des patients dépendraient du niveau d’auto-
organisation de la tâche à effectuer et des ressources
attentionnelles requises. Les patients ont, par exemple,
tendance à avoir du mal à développer des stratégies
d’apprentissage dans le California verbal learning test
[13] ou dans des épreuves d’apprentissage verbal [13]
ou spatial [14]. Il a été également rapporté une disso-
ciation entre le maintien de la trace mnésique et l’orga-
nisation défectueuse de cette trace pour les souvenirs
anciens, qu’il s’agisse de souvenir épisodique ou
sémantique, biographiques ou collectifs [10]. Les
patients avaient, dans plusieurs travaux concernant la
mémoire du passé, des performances en reconnais-
sance normales mais une organisation temporelle
défectueuse [14, 15]. Fama et al. [16] ont ainsi évalué
des patients avec le test des Présidents. Les patients ne
se distinguaient pas des témoins pour rappeler le nom
des candidats à l’élection, pour les reconnaître en choix
multiple, pour les classer chronologiquement et ne se
distinguaient des contrôles que pour reconnaître les
dates concernant la période récente. Sagar et al. [17] en
utilisant le test des Scènes célèbres ont évalué le sou-
venir d’événements publics présentés visuellement.
Les patients se distinguaient des témoins dans leur
capacité à évoquer les événements, à les dater et à
reconnaître les dates en choix multiple. Seule l’épreuve
de reconnaissance de l’événement en choix multiple ne
les distinguait pas des témoins. Des données concer-
nant la persistance d’un gradient temporel ont été rap-
portées pour les patients parkinsoniens présentant une
démence [15, 17, 18] et ce pour les décennies les plus
récentes [15], mais ce gradient n’a cependant pas été
systématiquement retrouvé dans tous les travaux de la
littérature.
Nous nous sommes intéressés au fonctionnement
de la mémoire des faits publics dans la maladie de
Parkinson en utilisant une batterie permettant d’analy-
ser précisément la qualité du rappel d’un événement et
de rechercher des souvenirs flashs, ce qui n’avait pas
été fait à notre connaissance. Le moindre fonctionne-
ment frontal de ces patients, en terme de processus de
contrôle, de jugement de plausibilité et de mémoire
source [19] nous paraît pouvoir prédire des difficultés
de reconstruction des souvenirs événementiels dans
leurs composantes sémantique et épisodique et expli-
quer certaines plaintes des patients ayant le sentiment
de moins enregistrer de souvenirs et d’oublier certai-
nes choses.
Sujets et méthodes
Population
L’étude a été menée auprès de 24 sujets répartis en
deux groupes indépendants.
Le premier groupe était constitué de 12 patients
parkinsoniens (7 hommes et 5 femmes). La moyenne
d’âge était de 72 ± 4,16 ans. Ce groupe comprenait 6
sujets de niveau 1 (certificat d’études), 3 sujets de
C. Thomas Antérion, et al.
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niveau 2 (brevet et baccalauréat) et 3 sujets de niveau 3
(études supérieures) qui ont été examinés par un neu-
rologue et une neuropsychologue et répondaient aux
critères requis par l’échelle d’évaluation unifiée pour la
maladie de Parkinson (l’UPDRS) (1985) et l’échelle de
Hoehn & Yahr (1967). Tous les patients étaient en cours
de traitement et neuf d’entre eux recevaient une dopa-
thérapie. La durée de la pathologie était située entre 2
et 12 ans (durée moyenne : 4,75). Aucun patient n’avait
de trouble cognitif interférant avec son autonomie. Les
patients ont obtenu un score au MMS supérieur ou égal
à 28 (score moyen : 29 ± 0,85) et un score à l’échelle de
Mattis supérieur ou égal à 130 (score moyen :
138,8 ± 4,63).
Ce groupe de patients a été strictement apparié
pour l’âge et le sexe à un groupe de 12 sujets témoins
âgés de 72,08 ± 4,62 ans. Six avaient un niveau socio-
culturel 1, 5 un niveau 2 et 1 un niveau 3 (tableau 1).
Il a été contrôlé que tous les participants étaient de
langue maternelle française et avaient tous vécu en
France métropolitaine. Tous les participants s’étaient
portés volontaires pour cette étude.
Matériel : la batterie EVE 30
Nous avons utilisé 27 événements publics de la batte-
rie EVE 30, survenus entre 1939 et 2005, c’est-à-dire tous
contemporains des sujets [20, 21]
, et présentés verbale-
ment. Les événements sont répartis en 3 par décennie
et sont au nombre de 9 au-delà des années 2000.
Ces événements ont été sélectionnés dans une ency-
clopédie et représentent des faits marquants publics,
scientifiques, culturels, artistiques, politiques ou spor-
tifs. Pour chacun des événements, la batterie est com-
posée de 4 subtests : Évocation, Reconnaissance,
Question de détails, Datation. De cette façon, chaque
participant doit en premier lieu évoquer l’événement.
Une cotation de 0, 1 ou 2 est effectuée en fonction de
la précision de la réponse. Ensuite, 3 propositions
sont soumises, parmi lesquelles le sujet doit recon-
naître l’événement. Une réponse correcte est cotée 1
point. Deux questions de détails sont alors posées,
valant chacune 1 point. Enfin, les participants doivent
dater l’événement avec une précision de 10 ans pour
les plus anciens et 2 ans pour la dernière période,
avec 1 point par bonne réponse. Nous avons ajouté,
par rapport à la batterie de référence, une modalité de
reconnaissance pour la datation (0 ou 0,5 point) pour
laquelle le sujet avait le choix entre 3 dates. Les parti-
cipants devaient en outre rappeler les circonstances
personnelles dans lesquelles ils avaient appris l’évé-
nement pour la première fois : où, quand, comment et
avec qui ils étaient. Les réponses devaient être préci-
ses, par exemple les sujets devaient, pour la donnée
temporelle, rappeler la date de l’événement si cela
s’avérait possible ou la période de l’année et le
moment de la journée dans lequel ils se trouvaient.
Les trois premières informations sont des données
canoniques. Chaque question a été cotée 1,5 point
permettant aux sujets d’obtenir un score maximum
de 6. Il a été considéré qu’un souvenir flash était
obtenu quand les réponses étaient obtenues pour les
3 dimensions canoniques c’est-à-dire que le score
était déjà, sans la dernière dimension, à 4,5 [22]
. Ainsi,
nous contrôlons que les sujets n’ont pas seulement un
souvenir de la source d’apprentissage mais bien un
souvenir épisodique de la source [23, 24].
Enfin, nous avons sélectionné 8 événements et
nous les avons proposés individuellement, inscrits sur
des cartons, en demandant aux sujets de les classer de
façon chronologique. Les événements en question
étaient : le Front populaire (1936), Hiroshima (1945), la
victoire de Mimoun (1956), le premier pas de l’homme
sur la Lune (1969), la mort de Claude François (1978),
Tchernobyl (1986), la coupe du monde de football
(1998), l’attentat du World Trade Center (2001). L’ordre
de présentation des cartes a été présenté aléatoire-
ment.
Statistique
Les analyses réalisées sont des analyses de
variance effectuées à l’aide du logiciel SuperAnova,
Tableau 1.A
ˆge moyen, sexe ratio, score au MMSE et à
l’échelle de Mattis (score global, attention, initiation, concept,
mémoire).
Table 1. Mean age, sex ratio, scores on the MMSE and Mattis
scale (global score, subscores of attention, initiation, concep-
tualization, memory). PK = patients with Parkinson’s disease;
TM = control subjects.
PK
n=12
TM
n=12
A
ˆge 72 (± 4,16) 72,08 (± 4,62)
Sexe ratio (M/F) 7/5 7/5
MMS
(score moyen/écart-type)
29 (± 0,85) 29,41 (± 0,66)
Mattis (score global
moyen/écart-type)
138,8 (± 4,63)
Score attention
(score moyen/écart-type)
35,71 (± 1,11)
Score initiation
(score moyen/écart-type)
36,28 (± 0,75)
Score concept
(score moyen/écart-type)
38,85 (± 2,5)
Score mémoire
(score moyen/écart-type)
24 (± 1,41)
Souvenirs dans la maladie de Parkinson
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 5, n° 3, septembre 2007 237
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Abacus Concepts (1989). Des analyses a posteriori ont
été menées, de façon complémentaire, avec le logiciel
StatView, SAS Institute (1992). Les corrélations ont été
recherchées avec le test rho de Spearman.
Résultats
Mémoire du passé : EVE 30
Une première Anova à 3 facteurs (Groupe)
2
* (Sub-
test)
5
* (Période)
7
en mesures répétées pour les deux
derniers facteurs a été effectuée sur les taux de répon-
ses (en pourcentage) obtenus au questionnaire événe-
mentiel. Le facteur Subtest comporte 5 modalités : Évo-
cation (E), Reconnaissance (R), Question de détails (Q),
Datation (D) et Reconnaissance de la date (RD) ; le fac-
teur Période comprend 7 périodes : 1940-49, 1950-59,
1960-69, 1970-79, 1980-89, 1990-99, 2000-2005.
L’analyse révèle 2 effets principaux, le premier concer-
nant le facteur Groupe (F(1,20) = 22,02 ; p = 0,0001), le
deuxième le facteur Subtest (F(4,80) = 56,61 ;
p = 0,0001). On observe aussi une interaction entre les
facteurs Groupe et Subtest, F(24,480) = 6,63, p = 0,0001
(figure 1).
Une analyse a posteriori (t de Student), qui contri-
bue à souligner la différence entre les groupes pour
chacune des conditions, a montré un écart significatif
entre les sujets parkinsoniens (PK) et les sujets témoins
(TM) dans les conditions suivantes : évocation (t (20) =
- 4,58 ; p = 0,0002) ; question de détails (t (20) = - 2,01 ;
p = 0,05) ; datation (t (20) = - 3,85 ; p = 0,001), ainsi
qu’en reconnaissance de date (t (20) = - 6,12 ;
p < 0,0001), et ce toujours en faveur des sujets contrô-
les. En revanche, cette interaction ne révèle pas de
différence significative entre les PK et les TM pour la
condition reconnaissance.
L’analyse de la variance a mis en avant un effet prin-
cipal du facteur Période (F(6,120) = 3,59 ; p = 0,002). On
peut retenir que quel que soit le groupe de sujets, les
périodes de 1940-49 (79 % de BR), 1980-89 (80 % de BR)
et 2000-2005 (78 % de BR) obtiennent les meilleures
performances. Plus précisément, les événements com-
pris dans la décennie 1940-49 sont significativement
mieux rappelés que ceux inscrits dans les périodes
suivantes : 1950-59 (F(1,120) = 12,38 ; p = 0,001) ;
1970-79 (F(1,120) = 5,12 ; p = 0,03) et 1980-89
(F(1,120) = 3,59 ; p = 0,002). De même, la période 1980-89
est mieux restituée que les périodes suivantes : 1950-59
(F(1,120) = 14,47 ; p = 0,0002) ; 1960-69 (F(1,120) = 4,56 ;
p = 0,03) et 1970-79 (F(1,120) = 6,74 ; p = 0,01). Enfin, les
années 2000 sont mieux rappelées que les décennies
suivantes : 1950-59 (F(1,120) = 11,77 ; p = 0,002) et
1970-79 (F(1,120) = 4,94 ; p = 0,02). Par contre, aucune
différence significative n’a été observée entre les
patients TM et PK en fonction de ce facteur.
0
20
40
60
80
100
Pourcentage de bonnes réponses
ERQDRD
témoins
Parkinson
Figure 1. Pourcentage de bonnes réponses dans la batterie EVE 30 dans 5 scores rapportés sur la ligne d’abscisse : Évocation (E),
Reconnaissance (R), Questions (Q), Évocation de la date (D), Reconnaissance de la date (RD) de 12 patients parkinsoniens et de
12 témoins.
Figure 1. Percentage of correct responses on the EVE battery in patients with Parkinson’s disease (white) and control subjects (blue) for
evocation (E), recognition (R), questioning (Q) , date evocation (D), and date recognition (RD).
C. Thomas Antérion, et al.
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 5, n° 3, septembre 2007238
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Classement chronologique
Concernant le classement chronologique des 8 évé-
nements, un t de Student a révélé que les patients PK
avaient plus de difficultés à retrouver l’ordre chronolo-
gique des événements, comparativement aux témoins
(t (20) = - 4,18 ; p = 0,0005). La comparaison a concerné
dans les deux groupes le nombre de bonnes réponses.
Souvenirs flashs
Une analyse de variance à deux facteurs Groupe *
Périodes, en mesures répétées pour le deuxième fac-
teur, a été réalisée sur les taux de réponses (en pour-
centage) aux souvenirs flashs. L’analyse révèle que les
patients PK évoquaient moins de souvenirs flashs
(23 %) que les témoins (34 %), F(1,20) = 4,21 ; p = 0,05.
Elle montre aussi un effet du facteur Période,
F(6,120) = 24,19 ; p = 0,0001. Enfin, on n’observe pas
d’interaction entre les facteurs Groupe et Période
(F(6,120) = 1,94 ; p = 0,07) (figure 2).
Nous avons cherché à déterminer quels événe-
ments parmi les 30 de la batterie suscitaient un souve-
nir flash dans les 2 groupes. Pour le groupe des
témoins, les souvenirs flashs, définis par un score 3
et une évocation par au moins 50 % des sujets, ont
concerné 13 événements. Pour le groupe de patients
PK, 7 événements ont essentiellement suscité un sou-
venir flash. Plus précisément, le World Trade Center a
suscité un souvenir flash pour 100 % des TM et 91 %
des PK. Pour la coupe du monde de football et le tsu-
nami de l’océan Indien, 91 % des témoins ont rapporté
un souvenir flash contre 82 % des PK. Le vote pour
Jean-Marie Le Pen a généré un souvenir flash pour
82 % des deux populations ; 54 % des PK ont évoqué
un souvenir flash pour l’assassinat de John Kennedy
contre 82 % des TM. Le premier pas sur la Lune a
généré un souvenir flash pour 64 % des PK. Enfin, la
chute du mur de Berlin (91 %), la mort de Claude Fran-
çois (54 %) et de Lady Di (54 %), l’attentat de Madrid
(54 %), Le drame de Saint-Nazaire (54 %), le crash du
Concorde (54 %) et Tchernobyl (54 %) sont les événe-
ments qui ont été relevés uniquement pour la popula-
tion des témoins. Cette analyse qualitative fait apparaî-
tre un nombre supérieur d’événements générant des
souvenirs flashs dans le groupe témoin.
Nous avons considéré les événements qui étaient
fortement associés à un souvenir flash (dont le score
est 4,5) et ceux qui ne l’étaient que modérément avec
une ou deux dimensions canoniques (dont le score
est 3). À partir de cette analyse, il a été montré que le
score moyen événementiel était plus élevé lorsque
l’événement était associé à un souvenir flash important
et ce, quel que soit le groupe de sujets ; en d’autres
termes, le score moyen événementiel était plus élevé
lorsqu’il était associé à un souvenir flash important
(score moyen de 4,6), comparativement à lorsqu’il ne
l’était pas (score moyen de 4,05), F(1,20) = 9,98 ;
p = 0,004. Aucune interaction n’est apparue en fonction
du facteur Groupe, ce qui signifie que les deux groupes
ne différaient pas l’un de l’autre.
Corrélation entre la batterie EVE 30
et l’échelle de Mattis
Nous avons mis en évidence trois corrélations posi-
tives entre le score de rappel (de deux phrases) de la
Mattis et le score total d’EVE 30 (r = 0,78 ; p = 0,04), le
score des questions (r = 0,78 ; p = 0,04) et le score de
souvenirs flashs (r = 0,77 ; p = 0,04) et une corrélation
positive entre le score « mémoire » de l’échelle de Mat-
tis et le score total d’EVE 30 (r = 0,77 ; p = 0,04).
Deux corrélations positives ont été trouvées entre le
score « initiation » de l’échelle de Mattis et le score
total d’EVE 30 (r = 0,75 ; p = 0,04) et le score des ques-
tions (r = 0,93 ; p = 0,007).
La corrélation entre le score de rappel et le score
d’initiation était à la limite de la significativité (r = 0,71 ;
p = 0,08).
Discussion
On peut noter en premier lieu que les patients PK
parvenaient relativement bien à répondre à l’ensemble
des 5 questions événementielles (68 % de bonnes
réponses) et, en tout cas, mieux que ne le font les
patients présentant une maladie Alzheimer ou un mild
cognitive impairment [23], ce qui confirme les données
de la littérature qui rapportent des difficultés moindres
dans la maladie de Parkinson que dans la maladie
d’Alzheimer [16].
Par ailleurs, les performances des deux groupes
avaient le même profil : l’épreuve la plus facile était la
reconnaissance et l’épreuve la plus difficile celle des
questions de détails. Néanmoins, les patients mon-
traient de moins bonnes performances que les témoins
dans toutes les tâches, à l’exception de la reconnais-
sance des événements, ce qui permet de situer leurs
difficultés au niveau des processus de récupération des
informations stockées en mémoire. La normalité des
performances en reconnaissance est une donnée habi-
tuelle [14, 15]. Dans notre étude, nous avons observé
l’existence d’un déficit aux épreuves Évocation et
Questions de détails. Ces conditions se référent au
Souvenirs dans la maladie de Parkinson
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