Préambule.
« La nature aime la symétrie. » L’intérêt principal de cet aphorisme est d’être inter-
prété (voire réfuté, en particulier par les notions d’achiralité et de brisure de symétrie).
Nous le comprendrons au sens que les plus beaux 1objets géométriques sont souvent ceux
qui admettent de nombreuses symétries. Les espaces de phase de dimension finie en phy-
sique classique ou relativiste sont munis de structures géométriques par les équations de
la physique qui y prennent place. Le but de ce cours est d’introduire les groupes de trans-
formations de ces espaces préservant ces structures, qui portent le nom de groupes de Lie,
même si Sophus Lie 2a surtout considéré leur avatar local, voir [Lie1,Lie2]. Du point de
vue mathématique, nous revenons ainsi à la conception moderne de la géométrie : Felix
Klein2, dans son programme d’Erlangen (1872) préparé pour sa nomination en tant que
professeur à l’université d’Erlangen en 1872 à l’âge de 23 ans, définit (voir les références
[Kle,Zub1]) la géométrie comme l’étude des espaces munis d’actions de groupes préser-
vant des structures, et des invariants de ces transformations, considérant ainsi groupes et
géométries comme deux pluriels synonymes.
La notion de symétrie et de groupes de symétrie joue un rôle crucial dans de nombreux
domaines de la physique, comme la crystallographie, la physique des particules 3, la cosmo-
logie et la relativité restreinte, voir par exemple [Zub2,Gou,Del,Sch,Gil]. Dans ce cours,
nous ne nous intéresserons pas aux groupes finis ou discrets de symétries, comme (voir les
dessins ci-dessous)
•le groupe fini des symétries de la molécule C60 de fullérenne (le groupe de l’icosa-
èdre d’ordre 120, extension par le groupe Z/2Zd’ordre 2du groupe A5des permutations
alternées d’un alphabet à 5lettres) ou
•le groupe du pavage en nid d’abeille du graphène (extension du produit direct Z2
de deux copies du groupe infini cyclique Zpar le groupe diédral D3d’ordre 6), qui est
engendré par les symétries par rapport à deux droites vectorielles d’angle π
3.
1. Lire par exemple Montesquieu2(Charles-Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu),
Essai sur le goût (1757).
2.
Lie
(1842-1899) (1849-1925)
Montesquieu
(1689-1755)
3. Pour usage ultérieur, donnons une description botanique des particules. Les particules élémentaires,
qui sont les briques de base permettant de fabriquer les particules composées, sont réparties en deux
familles, les fermions (les particules élémentaires suivant la statistique de Fermi-Dirac, qui sont de spin
demi-entier) et les bosons (les particules élémentaires suivant la statistique de Bose-Einstein, qui sont de
spin entiers). Les fermions sont répartis en deux familles, les 12 leptons (qui sont les fermions insensibles à
l’interaction forte, électron e, muon µ, tauon τ, et trois neutrinos νe,νµ,ντ, chacun venant avec une anti-
particule) et les quarks (qui sont les fermions sensibles à l’interaction forte, u(haut), d(bas), s(étrange),
c(charme), b(beauté), t(vérité), chacun venant avec trois couleurs et chaque quark coloré ayant une anti-
particule). Parmi les particules composées, on appelle baryons celles composées de trois quarks (comme les
nucléons : le proton duu et le neutron ddu).
4