CESAR, La guerre des Gaules, VII, 20, 21
Accusé de trahison à Avaricum, Vercingétorix retourne la situation
[7,20] Vercingetorix, cum ad suos redisset,
proditionis insimulatus, quod castra propius
Romanos mouisset, quod cum omni equitatu
discessisset, quod sine imperio tantas copias
reliquisset, quod eius discessu Romani tanta
opportunitate et celeritate uenissent: non
haec omnia fortuito aut sine consilio
accidere potuisse; regnum illum Galliae
malle Caesaris concessu quam ipsorum
habere beneficio--tali modo accusatus ad
haec respondit: Quod castra mouisset,
factum inopia pabuli etiam ipsis hortantibus;
quod propius Romanos accessisset,
persuasum loci opportunitate, qui se ipsum
munitione defenderet: equitum uero operam
neque in loco palustri desiderari debuisse et
illic fuisse utilem, quo sint profecti.
Summam imperi se consulto nulli
discedentem tradidisse, ne is multitudinis
studio ad dimicandum impelleretur; cui rei
propter animi mollitiem studere omnes
uideret, quod diutius laborem ferre non
possent. Romani si casu interuenerint,
fortunae, si alicuius indicio uocati, huic
habendam gratiam, quod et paucitatem
eorum ex loco superiore cognoscere et
uirtutem despicere potuerint, qui dimicare
non ausi turpiter se in castra receperint.
Imperium se ab Caesare per proditionem
nullum desiderare, quod habere uictoria
posset, quae iam esset sibi atque omnibus
Gallis explorata: quin etiam ipsis remittere,
si sibi magis honorem tribuere, quam ab se
salutem accipere uideantur. "Haec ut
intellegatis," inquit, "a me sincere
XX. Vercingétorix, de retour près des
siens, fut accusé de trahison, pour avoir
rapproché son camp des Romains, pour
s'être éloigné avec toute la cavalerie,
pour avoir laissé sans chef des troupes si
nombreuses, et parce qu'après son départ
les Romains étaient accourus si à propos
et avec tant de promptitude. "Toutes ces
circonstances ne pouvaient être arrivées
par hasard et sans dessein de sa part, il
aimait mieux tenir l'empire de la Gaule de
l'agrément de César que de la
reconnaissance de ses compatriotes." Il
répondit à ces accusations "qu'il avait
levé le camp faute de fourrage et sur leurs
propres instances; qu'il s'était approché
des Romains, déterminé par l'avantage
d'une position qui se défendait par elle-
même; qu'on n'avait pas dû sentir le
besoin de la cavalerie dans un endroit
marécageux, et qu'elle avait été utile là
où il l'avait conduite. C'était à dessein
qu'en partant il n'avait remis le
commandement à personne, de peur
qu'un nouveau chef, pour plaire à la
multitude, ne consentît à engager une
action; il les y savait tous portés par cette
faiblesse qui les rendait incapables de
souffrir plus longtemps les fatigues; si les
Romains étaient survenus par hasard, il
fallait en remercier la fortune, et, si
quelque trahison les avaient appelés,
rendre grâce au traître, puisque du haut
de la colline on avait pu reconnaître leur
petit nombre et apprécier le courage de
ces hommes qui s'étaient honteusement
retirés dans leur camp, sans oser
combattre. Il. ne désirait pas obtenir de
César par une trahison une autorité qu'il
pouvait obtenir par une victoire qui
n'était plus douteuse à ses yeux ni à ceux
des Gaulois; mais il est prêt a s'en
démettre, s'ils s'imaginent plutôt lui faire
honneur que lui devoir leur salut; "et
pour que vous sachiez;" dit-il, "que je
parle sans feinte, écoutez des soldats