BASSE-TERRE À L’ABRI DES ALIZÉS ’archipel guadeloupéen, situé dans l’arc des Petites L Antilles, est formé des îles de la Grande-Terre, de la Basse-Terre, des Saintes, de Marie-Galante et de la Désirade. OUTRE-MER Guadeloupe Ville d’art et d’histoire (1995) 12 410 habitants 600 hectares LA CATHÉDRALE Les Capucins, établis dès 1673, sont à l’origine du quartier de Saint-François, sur la rive droite de la rivière aux Herbes, et de la paroisse du même nom, fondée en 1713. L’église Notre-Damede-Guadeloupe y fut construite en 1736 et érigée en cathédrale après la création de l’évêché en 1850. La façade ouest, entièrement bâtie en pierre de taille volcanique, emprunte son vocabulaire à l’architecture classique. Au XIXe siècle, l’édifice connaît plusieurs transformations – agrandissement des collatéraux, adjonction de trois chapelles : celles du Sacré-Cœur, de la Sainte-ViergeNotre-Dame- de Guadeloupe et du Saint-Sépulcre. La cathédrale et le clocher de 1837, classés monuments historiques, ont fait l’objet de plusieurs campagnes de restauration. 638 La ville de Basse-Terre, qui tire son nom d’un terme de marine du XVIIe siècle désignant les terres et les côtes abritées des alizés, figure dans le sud-ouest de la Basse-Terre, au pied du massif volcanique de la Soufrière (1 467 mètres). Face à la mer des Antilles, le site s’étend sur une rade ouverte aux vents du large et s’organise sur un important réseau hydrographique. Chef-lieu de région, capitale administrative, la cité tente depuis quelques années de revitaliser ses centres anciens. HISTOIRE D’UNE VILLE CHRISTOPHE COLOMB OUVRE LA VOIE. Les premiers contacts entre Européens et Caraïbes ont lieu en 1493. Christophe Colomb, ouvrant la voie aux galions espagnols, parvient alors à ce site, occupé par les Précolombiens vers 500 av. J.-C. Les Français, menés par L’Olive et Du Plessis, débarquent dans le nord de l’île en 1635, et le gouverneur Charles Houël construit son «chasteau» sur la rive droite de la rivière du Galion en 1650. C’est dans cet édifice, principal poste de défense insulaire, qu’Européens et Caraïbes signent un traité de paix en 1660. L’ESSOR DU XVIIIe SIÈCLE. La culture et la transformation de la canne à sucre stimulent le développement du «bourg de la Basseterre». À la fin du XVIIe siècle, toutes les fonctions politiques, militaires, religieuses et économiques y sont concentrées. Au XVIIIe siècle, tandis que le conflit francoanglais fait rage (la Guadeloupe est occupée de 1759 à 1763), l’essor de l’industrie sucrière favorise l’intensification de la traite négrière et de l’esclavage, codifié dès 1685. Encouragés par cette prospérité, des aménagements urbains sont réalisés, notamment en 1749 avec le tracé en damier du bourg SaintFrançois, relié au bourg principal par un pont en pierre. Entre 1765 et 1780 sont créés la promenade du cours Nolivos, le Champ-de-Mars et la «nouvelle ville », établie au-dessus du «bourg de la Basseterre». LES CONVULSIONS DU XIXe SIÈCLE. En 1794, les événements révolutionnaires aboutissent à la première abolition de l’esclavage. Il sera rétabli, en 1802, quand la rébellion menée par le colonel Delgrès aura été écrasée sur ordre du Premier consul, Napoléon Bonaparte. À ces troubles intérieurs s’ajouteront les cyclones de 1825 et 1865, l’incendie de 1844 et les épidémies de choléra de 1865 et 1866. L’esclavage est définitivement aboli en 1848, conduisant les «nouveaux libres» à s’installer sur les mornes non urbanisés. UN ÉLAN DE MODERNITÉ. Le XXe siècle est marqué par l’élan bâtisseur qui suit le cyclone de 1928 et par la requalification des centres anciens à partir des années 1960. Dans les années 1930, l’architecte du ministère des Colonies, Ali-Georges Tur, reconstruit les bâtiments publics dévastés, appliquant à son vaste chantier les principes architecturaux issus du courant moderniste. La technique du béton armé lui permet de réaliser des édifices majeurs tels que la préfecture, le palais de justice et le conseil général de Basse-Terre. VERS UN RENOUVEAU. En 1960, l’exportation de la banane est source d’un nouvel essor économique. On édifie des infrastructures portuaires ainsi que le boulevard maritime. Mais, dès 1974, le transfert de la Compagnie guadeloupéenne maritime vers le port de Jarry, plus adapté pour la conteneurisation de la banane, provoque le déclin économique de Basse-Terre. L’évacuation de la population vers la Grande-Terre lors de l’éruption de la Soufrière, en 1976, accentue encore ce phénomène. Le contrat de Plan 1994-1999 s’efforce d’y remédier en prévoyant le rééquilibrage du territoire comme axe majeur du développement de la Guadeloupe. Basse-Terre se tourne alors vers le tourisme et la valorisation de son patrimoine historique. Ci-dessus, la Soufrière, l’un des neuf volcans actifs des Petites Antilles. Page de gauche, une maison traditionnelle en bois, aux couleurs solaires. DANS LA VILLE, DES CRÉATIONS CONTEMPORAINES Des édifices modernes signés par des architectes guadeloupéens sont venus enrichir le patrimoine architectural de Basse-Terre. Ainsi, le marché intercommunal, la gare routière et la promenade du littoral, avec son kiosque et la statue de Gerty Archimède, première Antillaise avocate et députée, sont dus à Pascal Berthelot et JeanMichel MockaCélestine. Tandis que L’Artchipel, scène nationale de la Guadeloupe, a été conçu et réalisé par Alain Nicolas en 1995. Cet espace polyvalent, dont la forme rappelle le dôme du volcan de la Soufrière, s’intègre parfaitement à son environnement. 639