Projet de référentiel — Troubles spécifiques du langage écrit, CSDM Annexe 2, page 3
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ACTEURS GÉNÉTIQUES
La présence de dyslexie chez les membres d’une même famille suggère, mais ne prouve pas
l’origine génétique. «En effet, les familles partagent non seulement une partie de leurs gènes,
mais également un certain environnement. Nous pouvons imaginer que des parents qui ne lisent
pas constituent, pour leurs enfants, un environnement peu favorable à l’apprentissage de la lecture
(…) L’héritabilité de la dyslexie est comprise entre 50 % et 65 %. Ces données permettent
d’établir qu’il y a bien une contribution génétique aux troubles spécifiques des apprentissages,
mais n’identifient pas les facteurs génétiques et n’expliquent pas leur mode d’action. La
multiplicité des sites chromosomiques identifiés suggère que les troubles spécifiques des
apprentissages sont, dans la plupart des cas, des déficits ayant une composante génétique
complexe dans laquelle plusieurs gènes sont impliqués. Il est important de souligner que, si
l’usage en génétique veut que l’on désigne ces gènes comme des « gènes de la dyslexie », il s’agit
là d’un abus de langage, en fait d’un raccourci pour désigner des « gènes dont certains allèles
augmentent le risque de dyslexie ». Il va de soi qu’aucun de ces gènes n’est propre à la dyslexie et
qu’il ne s’agit pas non plus de gènes de la lecture, ni même du langage oral». Ce qui les relie plus
spécifiquement à la dyslexie, c’est le fait d’être aussi impliqués dans un stade particulier du
développement cérébral, et notamment dans la mise en place de certaines aires cérébrales qui
seront bien plus tard recrutées par l’apprentissage de la lecture. Un grand nombre de facteurs
environnementaux (biochimiques, traumatiques, linguistiques, socio-éducatifs, pédagogiques)
peuvent moduler l’expression des facteurs génétiques, positivement ou négativement.
En résumé, nous constatons que plusieurs modèles explicatifs existent et qu’il est possible que
plusieurs causes différentes entraînent des dyslexies. Nous remarquons néanmoins que la majorité
des personnes atteintes de dyslexie ont un déficit de langage (déficit phonologique) qui influence
la lecture. L’analyse de l’INSERM conclut qu’« une anomalie du développement d’aires
cérébrales notamment impliquées dans la représentation et le traitement des sons de la parole (la
phonologie) est la plus rencontrée et constitue l’hypothèse majoritairement admise pour la
dyslexie ». « Le constat d’un caractère familial de la dyslexie suggère l’existence de facteurs
génétiques ». « Il ne s’agit en aucun cas de gènes de la dyslexie mais de facteurs de risque de
développer une dyslexie qui interagissent avec de très nombreux autres acteurs environnementaux
(autres facteurs biologiques, linguistiques, socio-éducatifs psychologiques). Évoquer une cause
génétique n’a donc aucune justification. En revanche, la concordance d’arguments en faveur
d’une participation génétique à certains troubles d’apprentissage constitue une avancée vers une
meilleure compréhension de ces troubles. L’expression de la dyslexie chez l’enfant résulte à la
fois de dysfonctionnements cérébraux et cognitifs (dont les causes peuvent être multiples) et de
l’influence de nombreux facteurs environnementaux parmi lesquels l’environnement linguistique,
la plus ou moins grande régularité du système orthographique et probablement bien d’autres
caractéristiques, non encore identifiées, de l’environnement de l’enfant au cours de son
développement. »
L’INSERM a récemment produit un document vidéo portant sur les données scientifique sur la
dyslexie. Il peut être vu à l’adresse suivante :
http://www.dailymotion.com/video/x9xpck_dyslexiebilan-des-donnees-scientifiques-tech.