
Les troubles de l’humeur tardifs 25
doute subsiste. Il est diffi cile de faire la part des choses,
dans l’évolution démentielle, entre les épisodes dépressifs,
les troubles maniaques, les traitements…
La présence de troubles cognitifs au moment de l’épi-
sode dépressif est également un facteur péjoratif d’évolu-
tion démentielle. Certains auteurs ont même évoqué qu’un
épisode dépressif ou des symptômes dépressifs pourraient
être une manifestation prodromique de la démence.
Confl its d’intérêts
N. Bazin : aucun
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Trois études de suivi intéressantes ont exploré le deve-
nir cognitif de sujets selon la présence ou non de symp-
tômes dépressifs. La première de ces études [11, 15] a
étudié des sujets âgés normaux, avec ou sans symptômes
dépressifs, suivis durant 4 ans ; les auteurs montrent que
les patients présentant des symptômes dépressifs au début
de l’étude avaient, à l’issue du suivi, un plus grand déclin
cognitif (-3 points au MMS), et évoluaient plus fréquem-
ment vers une démence.
Dans la seconde étude [6] les auteurs ont suivi durant
3 ans 114 sujets âgés présentant des troubles cognitifs
débutant (MCI ou mild cognitive impairment). À l’issue du
suivi, 59 de ces sujets présentaient une démence (51,7 %) ;
mais la proportion de sujets déments à l’issue du suivi pas-
sait de 24 % en absence de symptôme dépressifs au début
de l’étude, à 85 % en présence de symptômes dépressifs, le
risk ratio lié aux symptômes dépressifs étant de 2,6.
Enfi n, la troisième étude [10] a porté sur 7869 sujets
âgés de plus de 65 ans, et suivis durant 4 ans : à l’issue de
ce suivi, 214 présentaient une démence, et le risque appa-
raissait nettement augmenté en cas de symptômes dépres-
sifs au début de l’étude.
Troubles délirants et évolution démentielle
Une autre information importante apportée par les études
est le fait que la présence de troubles délirants est un fac-
teur d’évolution vers un trouble démentiel. Un travail
d’Ostling et al. [8] a suivi sur 3 ans, 347 sujets âgés non
déments, âgés de 85 ans et plus. La prévalence des troubles
psychotiques était de 10 % (hallucinations 6,9 % ; idées déli-
rantes 5,5 % ; idées délirantes et hallucinations : 2,3 %).
L’évolution comparative des 2 populations (patients déli-
rants vs patients non délirants) montre que le risque d’évo-
lution démentielle est considérablement plus marqué chez
les patients délirant (risque de 65 % : 23 sujets sur 35) que
chez les patients non délirants (risque de 15.5 % : 46 sujets
sur 297). Dans cette même étude, la présence d’hallucina-
tions multipliait par 3 le risque d’évolution démentielle, et
la présence d’idées délirante par 2,5. Le risque de morta-
lité à 3 ans était, quand à lui, multiplié par 3 lorsqu’exis-
taient des hallucinations.
Une seconde publication de la même équipe [7] portant
sur 392 sujets suivis durant 20 ans, entre 70 et 90 ans et
non déments, montre que 64 % de ceux qui présentent des
hallucinations deviennent déments, 30 % de ceux qui pré-
sentent des idées délirantes, et seulement 25 % de ceux ne
présentant pas de symptôme psychotique.
Conclusion
Le risque d’évolution démentielle apparaît donc augmenté
chez le sujet âgé en cas de symptômes délirants, et sans
doute aussi en cas de symptômes dépressifs – même si un