Homélie du 11 Décembre – 3
ème
dimanche de l’Avent
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Homélie du 4 Décembre 2016
3
ème
dimanche de l’Avent
Jc 5, 7-10
Mt 11, 2-11
Le temps de l’Avent, c’est le temps de la patience et Saint Paul nous l’a bien rappelé dans la deuxième
lecture : « Frères, en attendant la venue du Seigneur, prenez patience ! »
Être patient, c’est savoir attendre, mais nous n’aimons pas attendre comme le dit si bien le Père Jean Debruyne
dans cette prière que je livre à votre méditation :
Dieu, tu as choisi de te faire attendre tout le temps d'un Avent. Moi je n'aime pas attendre dans les files
d'attente. Je n'aime pas attendre mon tour. Je n'aime pas attendre le train. Je n'aime pas attendre pour juger.
Je n'aime pas attendre le moment. Je n'aime pas attendre un autre jour. Je n'aime pas attendre parce que je
n'ai pas le temps et que je ne vis que dans l'instant.
Tu le sais bien d'ailleurs, tout est fait pour m'éviter l'attente : les cartes bleues et les libre-services, les ventes à
crédit et les distributeurs automatiques, les coups de téléphone et les photos à développement instantané, les
télex et les terminaux d'ordinateur, la télévision et les flashes à la radio... Je n'ai pas besoin d'attendre les
nouvelles : elles me précèdent.
Mais Toi, Dieu, tu as choisi de te faire attendre le temps de tout un Avent. Parce que tu as fait de l'attente
l'espace de la conversion, le face à face avec ce qui est caché, l'usure qui ne s'use pas.
L'attente, seulement l'attente, l'attente de l'attente, l'intimité avec l'attente qui est en nous parce que seule
l'attente réveille l'attention et que seule l'attention est capable d'aimer.
Tout est déjà donné dans l'attente, et pour Toi, Dieu, attendre se conjugue comme Prier.
Si la patience est l’art d’attendre, comment la cultiver en nous ?
Pour répondre, je vais faire rimer patience avec d’autres mots en « ance » : espérance, confiance, endurance,
persévérance, souffrance, résistance, tolérance, bienveillance, vigilance…
La patience suppose l’espérance : espérer c’est croire à l’avenir, à un avenir meilleur, c’est même être r
que l’avenir sera meilleur. Si on croit à un avenir meilleur, si on en est même sûr on n’aura pas de mal à
attendre cet avenir, donc à être patient. Si on désespère, si on dit que tout est perdu, qu’on va vers la
catastrophe, on va perdre patience, on ne va plus rien attendre, on va tout laisser aller.
Le temps de l’Avent, c’est le temps de la patience parce qu’on espère que le Seigneur va venir, qu’il va nous
sauver, nous donner un avenir meilleur pour nous, pour notre monde. Le temps de l’Avent c’est le temps de
la patience que donne l’Espérance.
La patience suppose la confiance, la confiance en nous, la confiance en Dieu. Avoir confiance, c’est
dire : « Je vais y arriver, je vais porter des fruits, je vais obtenir des résultats espérés… Avec Dieu, tout est
possible, rien n’est impossible à Dieu, donc avec lui je vais y arriver… » Plus j’ai cette confiance, plus j’attends
facilement, plus je suis patient. Le temps de l’Avent, c’est le temps de la patience que donne la confiance.
Et St Paul nous donne comme exemple de patience confiante la patience du cultivateur qui fait confiance à la
nature : « Voyez le cultivateur : il attend les fruits précieux de la terre avec patience, jusqu’à ce qu’il ait fait la
récolte précoce et la récolte tardive. »
La patience suppose l’endurance : la patience n’est pas naturelle. Comme on l’a dit tout à l’heure, on n’aime
pas attendre, naturellement on n’aime pas attendre. Naturellement on est comme les enfants, on est
capricieux : on veut tout tout de suite et quand on n’a pas tout tout de suite, on fait un caprice, on se met en
colère, on rouspète ; La patience suppose donc des efforts, des efforts pour se maîtriser, des efforts pour
apprendre à attendre. Et il faut durer dans ces efforts, autrement dit il faut être endurant avant d’avoir ce qu’on
veut. Saint Paul le disait tout à l’heure : « Frères prenez pour modèles d’endurance et de patience les
prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur… » La patience va avec l’endurance, avec l’effort durable,
avec l’effort qui dure longtemps, avec l’effort qui dure tant que l’attente n’est pas comblée.
La patience suppose la persévérance : vous connaissez tous cette fameuse phrase : « Cent fois sur le métier
remettez votre ouvrage ». Pour arriver à un bon travail, un travail parfait, il faut recommencer mille fois ce qu’on
a fait pour l’améliorer, le perfectionner. Pour réussir un chant ou un morceau de musique, il faut répéter,
répéter, c’est-à-dire sans cesse recommencer à apprendre pour mieux chanter, mieux jouer.
Pour réussir une performance sportive, il faut s’entraîner, s’entraîner, recommencer mille fois les mêmes
gestes, les mêmes efforts. C’est cela la persévérance : recommencer à l’infini les mêmes choses, le même
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travail, les mêmes efforts jusqu’à ce que les résultats arrivent. La patience n’est pas passive, elle est active,
elle suppose la persévérance, le courage d’agir, de recommencer sans cesse ce qu’on a fait tant qu’on
n’a pas obtenu ce qu’on souhaitait.
La patience suppose la souffrance ou plutôt la résistance, le courage de supporter la souffrance. Un
médecin dit qu’il a des « patients », qu’il soigne des patients, des gens qui souffrent. La patience c’est donc l’art
de tenir bon dans la souffrance, de lutter contre la souffrance. La vie n’est pas facile, nous le savons tous : nous
avons tous à affronter chaque jour des difficultés, des contrariétés, des épreuves, des souffrances physiques,
psychiques, affectives, morales, spirituelles. Être patient c’est supporter ces souffrances, ne pas se laisser
abattre, tenir bon, tenir ferme, tenir debout comme Marie au pied de la Croix. Et Saint Paul l’a bien précisé tout
à l’heure : « Prenez patience, vous aussi et tenez ferme. » Tenir ferme, c’est résister, serrer les dents, tenir
bon, tenir ferme même dans les pires souffrances jusqu’à ce qu’on en soit délivré et qu’on vive la vie qu’on
souhaite avoir.
La patience suppose la tolérance et la bienveillance : la patience ne s’exerce pas seulement vis à vis de
nous mais des autres et Saint Paul l’a bien dit dans la deuxième lecture : « Ne gémissez pas les uns contre les
autres ! » Être patient, c’est supporter les autres, leurs travers, leur sale caractère, leurs critiques ; c’est tolérer,
c’est-à-dire accepter leurs idées, leur comportement, leur mode de vie, leurs différences même si tout cela nous
gêne, même si on n’est pas d’accord avec ce qu’ils pensent, ce qu’ils disent, ce qu’ils font, ce qu’ils croient. Être
patient, c’est supporter, tolérer les autres, et c’est même pardonner, leur pardonner le mal qu’ils peuvent nous
faire. C’est leur vouloir du bien même quand ils nous veulent du mal ou nous font du mal, c’est donc être
bienveillant à leur égard. La patience s’exerce donc aussi par rapport aux autres et elle s’associe alors à
la tolérance et à la bienveillance !
Enfin la patience suppose la vigilance : Être patient, c’est attendre ce qu’on espère, les fruits, les résultats
qu’on espère, encore faut-il savoir voir ces fruits et ces résultats, quand ils arrivent et parfois ils ne sont
pas évidents, il faut donc être très vigilants, très attentifs. On a tous cette expérience : quand on attend,
comme le cultivateur les fruits de notre travail, s qu’on en aperçoit quelques-uns, cela nous donne courage,
cela donne confiance et on redouble donc de patience au lieu de désespérer et de baisser les bras.
Le temps de l’Avent est par excellence le temps de la veille, de la vigilance, de l’attention la plus totale pour
repérer les signes avant-coureurs de celui qui vient nous sauver. On attend le Sauveur mais si des signes nous
montrent qu’il est bien là, alors notre attente devient joyeuse, notre patience est libérée, dynamisée,
démultipliée. Et c’est ce qui s’est passé pour Jean-Baptiste : il attendait le Messie, il préparait ses chemins, il
attendait, attendait mais commençait à perdre patience. Du coup il décide d’envoyer des disciples vers
Jésus : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » Et Jésus, en guise de réponse,
invite Jean Baptiste et nous-mêmes à voir les signes de son action de salut : « Allez annoncer à Jean ce que
vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les
sourds entendent, les morts ressuscitent et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle ! »
Pour être patients nous-mêmes aujourd’hui, pour continuer d’attendre ce qu’on espère, une vie meilleure pour
nous, un monde meilleur pour tous, soyons vigilants, faisons attention, regardons dans tout ce qui se passe à
l’extérieur de nous, dans les évènements, ou en nous, dans nos sensations intérieures, regardons dans tout
cela les signes qui nous révèlent Dieu qui vient, le Christ qui est là, sa force, son amour qui produisent des
choses qu’on ne peut attribuer qu’à Lui. Si nous savons comme Jean-Baptiste voir les signes de Dieu,
alors notre patience redoublera de vigueur et d’élan, notre attente sera sûre de n’être pas déçue !
Pendant ce temps de l’Avent, cultivons donc cette vigilance qui nous permettra de voir déjà là celui qu’on attend
et cultivons tout ce qui donnera un nouveau souffle à notre patience : cultivons la confiance, l’endurance, la
persévérance, la résistance, la tolérance, la bienveillance, et bien sûr avant tout l’Espérance : oui, notre patience
portera des fruits, les fruits du salut, le Sauveur est là, à notre porte, celui qui doit venir vient, celui qu’on espère nous
comblera bientôt.
Amen
Père René Pichon
Retrouvez un commentaire vidéo du Père Pichon sur l’Évangile du jour sur sa page facebook : le sport de l’âme –
d’autres vidéos du Père Pichon sur le site de la Paroisse : http://marthe-marie.paroisse.net
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