Introduction aux formes modulaires
Bruno Winckler (cours de Loïc Merel)
3 mars 2010
Table des matières
1 Formes modulaires classiques 1
1.1 Réseaux de C............................... 1
1.2 Formes modulaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.3 Séries d’Eisenstein . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.4 Le groupe modulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.5 Dimension de Mk............................. 5
1.6 Opérateurs de Hecke . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.7 Le produit scalaire de Petersson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.8 Fonctions L................................ 13
1.9 Le polynôme des périodes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.10 Cohomologie de SL2(Z)......................... 16
1.11 Polynômes des périodes et produit scalaire . . . . . . . . . . . . . 19
1.12 Application aux opérateurs de Hecke . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2 Le langage adélique 24
2.1 Adèles ................................... 25
2.2 La topologie des adèles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.3 Théorèmes d’approximation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.4 Analyse de Fourier locale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.5 Analyse de Fourier sur les adèles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.6 Idèles.................................... 30
2.7 Caractères et quasi-caractères du groupe des idèles . . . . . . . . 31
2.8 Le demi-plan vu comme espace symétrique . . . . . . . . . . . . . 34
2.9 Les réseaux de A2............................ 34
2.10 Le groupe GL2(A)............................ 35
1 Formes modulaires classiques
1.1 Réseaux de C
Un réseau de Cest un Z-module libre, discret, de rang 2 de C(autrement
dit, il existe une base (e1,e2)sur Zlibre sur R). Un tel réseau s’écrit Ze1+Ze2.
1
On peut considérer Rl’espace des réseaux. Il est muni d’une action de GL2(R)
par u(Ze1+Ze2)=Zu(e1)+Zu(e2). Le stabilisateur de tout réseau est GL2(Z).
Remarque : Si Λ est un réseau de C, on peut considérer CΛ, qui est une
courbe elliptique sur C(et une surface de Riemann, un groupe algébrique, etc.).
Ces objets ainsi obtenus grâce à Λ et Λsont isomorphes si, et seulement si il
existe λCtel que λΛ=Λ.
On a donc une action de Csur R. Le réseau Ze1+Ze2s’écrit e1Z+e2
e1Zet
e2Z+e1
e2Z. On choisit de telle sorte que Ze1+Ze2=ei(Z+Zτ)avec I(τ)>0.
Soient τet τdans Hle demi-plan des nombres complexes de partie imagi-
naire strictement positive. À quelle condition a-t-on Z+ZτZ+Zτmod C?
Si, et seulement si il existe a b
c d  ∈ GL2(Z)tel que +b
+d=τ. Comme
τ, τH, on a a b
c d SL2(Z).
Une fonction Fsur Rdéfinit une fonction fsur Hpar f(τ)=F(Z+Zτ).
Soit kun entier. On dit que FRCest homogène de poids ksi on a
F(λΛ)=λkF(Λ)pour tout λCet tout Λ. Cela se traduit ainsi sur f: soit
a b
c d SL2(Z). On a
f+b
+d=(+d)kf(τ).
On note aussi a b
c d τ=+b
+d. Pour α β
γ δ  ∈ GL2(R),αδ βγ >0 et
fHC, on pose
fkα β
γ δ (τ)=(γτ +δ)kdetα β
γ δ k2
f α β
γ δ τ.
Le fait que FRCsoit une fonction homogène de poids kse traduit par
fka b
c d =f,a b
c d  ∈ SL2(Z),f∶ H C. On aimerait imposer deux
restrictions supplémentaires : l’holomorphie selon τ, et le comportement asymp-
totique lorsque τse rapproche du bord de H.
1.2 Formes modulaires
Soit kN. Une forme modulaire de poids kest une fonction f∶ H C
holomorphe qui vérifie fka b
c d =fpour a b
c d SL2(Z). En particulier,
pour a b
c d =1 1
0 1 ,fk1 1
0 1 (τ)=f(τ+1), donc fs’écrit
f(τ)=
nZ
anqn, q =e2τ , anC.
2
Alors, on impose de plus f(τ)=n0anqn(c’est l’holomorphie à l’infini). On a
f(τ)a0quand τ.
Le bord de Hest constitué de P1(Q). On prolonge la topologie de HàH
P1(Q)de la façon suivante : GL2(Q)agit sur P1(Q)par homographies. Une base
de voisinages de xP1(Q),xest formée par l’intérieur d’un horocycle. Si x=
, une base de voisinages est l’ensemble des demi-plans supérieurs horizontaux.
On note Mkle C-espace vectoriel des formes modulaires de poids k. On note
M0
k={f=n0anqnMka0=0}. C’est le sous-espace des formes modulaires
paraboliques. On a codim(M0
k) ≤ 1. On peut se limiter à kpair dans la suite
du cours, car si fest une forme modulaire de poids kimpair, on a f(τ) =
(−1)kf(τ)=f(τ)(en prenant a b
c d =I2), donc f(τ)=0 pour tout τ.
Si fet fsont modulaires de poids ket krespectivement, f fest modulaire
de poids k+k. On peut considérer k0Mkqui est l’algèbre graduée des formes
modulaires.
1.3 Séries d’Eisenstein
Soit k>2 pair, et Λ un réseau de C. On pose ˜
Gk(Λ)=
λL
1
λk, homogène
de poids ksi elle est définie. Si Λ =Z+τZ, on pose
Gk(τ)= (k1)!
2(2)k˜
Gk(Λ)= (k1)!
2(2)k
(m,n)∈Z2{(0,0)}
1
(+n)k.
Alors :
Gk(τ)= 1
2ζ(1k)+
k=1
σk1(n)qn,
σk1(n)=dndk1.
(Note personnelle : à partir d’ici, et jusqu’au paragraphe « Compléments »,
j’ai perdu mes notes de cours ; par conséquent, les preuves ne sont probablement
pas les mêmes que celles du cours de M. Merel, et il manque peut-être quelques
propriétés)
Preuve : On part de la formule bien connue :
πcotan(πz)= 1
z+
m=11
z+m+1
zm,
qui peut par exemple se déduire du développement en série de Fourier de la
fonction tcos(αt)définie sur [π, π]puis prolongée par 2π-périodicité, dans
laquelle on pose ensuite t=πet x=απ.
On a de plus πcotan(πz)=πcos(πz)
sin(πz)=q+1
q1=2
1q=2
n=0qn.
Alors, en comparant les deux égalités, et par dérivations successives, on obtient :
mZ
1
(m+z)k=1
(k1)!(2)k
n=1
nk1qn.
3
Or
Gk(τ)=(k1)!
2(2)k
(m,n)≠(0,0)
1
(+n)k=(k1)!
2(2)k2ζ(k)+2
n=1
mZ
1
(+n)k.
Alors, d’après ce qu’on vient d’établir :
2(2)k
(k1)!Gk(τ)=2ζ(k)+2(2)k
(k1)!
n=1
a=1
ak1qan =2ζ(k)+2(2)k
(k1)!
n=1
σk1(n)qn.
À l’aide de ceci, on obtient le résultat après simplifications.
Remarque : Si on pose Ek=Gk
2ζ(k), on a Ek(τ)=1+(1)k22k
Bk
n=1σk1(n)qn,
Bk=k!
2k1πkζ(k)est le k-ième nombre de Bernoulli.
On a donc des formes modulaires pour tout k>2 pair. Les séries d’Eisenstein
de poids les plus bas sont E4et E6. Il s’avère qu’ils engendrent l’algèbre des
formes modulaires, comme on le verra plus tard. Notons
=603G3
427 1402G2
6.
On vérifie que ∆()=0. Autrement dit, est une forme parabolique de poids
12.
1.4 Le groupe modulaire
Notons P SL2(Z)=SL2(Z){±1}. Soient S=0 1
1 0 et T=1 1
0 1
deux éléments de P SL2(Z). On a Sz =1
z,T z =z+1, S2=1, (ST )3=1. Soit,
d’autre part, l’ensemble Ddes complexes zvérifiant z1 et R(z)1
2. Alors :
Théorème 1 1. Pour tout zH, il existe gP SL2(Z)tel que gz D.
2. Si deux points distincts z,zde Dsont congrus modulo P SL2(Z), alors
soit R(z)=±12et z=z±1, soit z=1et z=1
z.
3. StabP SL2(Z)(z)={1}, sauf si z=i(auquel cas c’est {1, S}) ou z=j(au-
quel cas c’est {1, ST, (ST )2}), ou z=¯
j(auquel cas c’est {1, T S, (T S)2}).
Corollaire 1 L’application canonique DHP SL2(Z)est surjective. Sa res-
triction à l’intérieur de Dest injective.
Théorème 2 P SL2(Z)est engendré par Set T.
Preuve du théorème 1 :Soit Gle sous-groupe de P SL2(Z)engendré par Set T,
et soit zH. Montrons qu’il existe gGtel que gz D. Si g=a b
c d G,
on a
I(gz)=I(z)
cz +d2,
4
et comme cet dsont entiers, le nombre de couples (c, d)tels que cz +dsoit
inférieur à un nombre donné est fini. On en conclut qu’il existe gGtel que
I(gz)soit maximal. Il existe d’autre part un entier ntel que Tngz soit de
partie réelle entre 12 et 12. Alors, Tngz appartient à D, car si Tngz<1,
alors ST ngz aurait une partie imaginaire strictement plus grande que I(Tngz),
ce qui est impossible. Alors, g=Tngrépond à la question.
Pour les deuxième et troisième points : soient zDet g=a b
c d G
tels que gz D. Quitte à remplacer (z, g)par (gz, g1), on peut supposer que
I(gz)I(z), c’est-à-dire que cz +d1. Ceci est impossible pour c1, donc
on étudie les cas c{0,±1}.
Si c=0, on a d=±1 et gest une translation par ±b. Comme R(z)et R(gz)
sont entre 12 et 12, on a soit b=0 et g=1, soit b=±1, auquel cas l’un des
nombres R(z)et R(gz)doit être égal à 12 et l’autre à 12.
Si c=1, alors d=0, sauf si z=j(ou ¯
j), et dans ce cas on peut avoir d=0
ou 1 (ou d=0 ou 1). Le cas d=0 donne z1, d’où z=1. Comme ad bc =1,
b=1, donc gz =a1zet la première partie de la discussion montre que a=0,
sauf si R(z)=±12, c’est-à-dire si z=jou ¯
j, auquel cas on peut prendre
a=0,1 ou a=0,1. Le cas z=j,d=1 donne ab=1 et gj =a1(1+j)=a+j,
d’où a=0 ou 1. On traite de même le cas z=¯
jet d=1.
Enfin, le cas c=1 se ramène au cas c=1 en changeant les signes des
coefficients de g.
Preuve du théorème 2 : Soit gun élément de P SL2(Z). Soit z0=2iet z=
gz0. Il existe gGtel que gzD. Alors, z0et gz=ggz0sont congrus modulo
P SL2(Z), et l’un d’eux est intérieur à D. Alors, ces points sont confondus et
gg=1. Donc gG.
Ceci montre entre autres que pour vérifier qu’une fonction est modulaire, il
suffit de le vérifier pour Set T. Revenons aux réseaux :
Proposition 1 RCHP SL2(Z)via Z+τZτ.
On remarque que P SL2(Z)peut être remplacé par SL2(Z)dans cette proposi-
tion.
1.5 Dimension de Mk
Si fest une fonction méromorphe sur H, non identiquement nulle, on note
vp(f)l’ordre de fen p, qui est l’entier ntel que f(zp)nsoit holomorphe et
non nulle en p. De plus, si f=nanqn, notons vp()=min{nan0}.
Théorème 3 Soit fune fonction modulaire de poids k, non identiquement
nulle. On a
v(f)+1
2vi(f)+1
3vj(f)+
i,jz∈H
vz(f)=k
12.(1)
Preuve : Cela résulte de l’intégration de ffsur un contour convenable. Voir
[Ser] par exemple.
5
1 / 39 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !