Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume II, n° 6, décembre 1998
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de sites et par la variabilitŽ des crit•res uti-
lisŽs dans la dŽfinition des modifications
dÕoptions thŽrapeutiques. LÕinterprŽtation
des rŽsultats de la littŽrature doit donc res-
ter prudente. Ce chapitre concerne essen-
tiellement les tumeurs neuro-endocrines
ilŽales, dont la prŽsentation est le plus sou-
vent mŽtastatique. MalgrŽ une sensibilitŽ
de lÕordre de 80 %, lÕimpact de la SRS
dans le bilan dÕextension de ces tumeurs
est ŽvaluŽ de fa•on discordante dans la lit-
tŽrature.
Une sous-estimation des localisations
secondaires hŽpatiques a ŽtŽ rapportŽe par
plusieurs travaux. NŽanmoins, lÕŽtude et la
recherche de tumeurs abdominales semblent
particuli•rement performantes avec la SRS
(1, 8, 9). Nos rŽsultats dans ce domaine
situent clairement la SRS comme une ima-
gerie de deuxi•me intention. Elle sous-esti-
me le volume tumoral chez un patient sur
deux, en particulier pour lÕatteinte hŽpa-
tique. En revanche, la prŽsence dans 18 %
des cas de donnŽes complŽmentaires ˆ
lÕimagerie conventionnelle incite ˆ cerner
un sous-groupe de patients pour lesquels le
rendement de la SRS serait ŽlevŽ. Dans
notre expŽrience, la prŽsence dÕune tumeur
neuro-endocrine bien diffŽrenciŽe localisŽe
et la recherche de localisations tumorales
abdominales ou mŽdiastinales semblent
des indications privilŽgiŽes de la SRS.
DÕautres Žquipes ont montrŽ que les per-
formances de la SRS dans les tumeurs
neuro-endocrines Žtaient meilleures dans
les TNE sŽcrŽtantes.
TNE bronchopulmonaires
Leur diagnostic initial peut •tre portŽ soit
devant lÕexistence dÕune sŽcrŽtion hormo-
nale ectopique, soit devant la dŽcouverte
dÕune image pulmonaire anormale ou de
localisations secondaires. Le rendement de
la SRS pour le diagnostic du si•ge initial de
la tumeur demeure mal ŽvaluŽ, et les rŽsul-
tats concernent essentiellement des cas iso-
lŽs. Des rŽsultats comparables ˆ ceux des
tumeurs ilŽales sont retrouvŽs pour le bilan
dÕextension de ces tumeurs. Pour les tumeurs
bronchiques ˆ petites cellules, la SRS est peu
sensible (60 %) et nÕa pas dÕintŽr•t pour leur
diagnostic ni leur surveillance.
Autres indications de la SRS
Sonde de détection per-opéra-
toire et radiothérapie métabo-
lique
LorsquÕun traitement chirurgical curatif est
envisagŽ, la SRS permet de sŽlectionner les
patients pour lesquels une dŽtection per-
opŽratoire (par sonde optimisŽe pour lÕin-
dium 111) pourra •tre envisagŽe. Elle per-
mettrait Žgalement de sŽlectionner les
patients qui pourraient bŽnŽficier dÕune
radiothŽrapie mŽtabolique.
Traitement par analogues de la
somatostatine
Si la positivitŽ dÕune SRS est de bon augure
pour le contr™le de la sŽcrŽtion tumorale par
les analogues de la somatostatine, cet exa-
men ne constitue bien entendu pas le seul
prŽ-requis ˆ lÕutilisation de ce type de traite-
ment chez un patient atteint de TNE. Les
caractŽristiques de diffŽrenciation et dÕagres-
sivitŽ tumorales doivent Žgalement •tre Žva-
luŽes et prises en compte dans la prescription
dÕun tel traitement. La sŽlection des patients
peut Žgalement •tre envisagŽe sur la base de
tests thŽrapeutiques par analogues de la
somatostatine, qui renseignent de plus sur la
fonctionnalitŽ de ces rŽcepteurs. Une immu-
no-histochimie ciblŽe dirigŽe contre les
rŽcepteurs de la somatostatine ÒmŽdiantÓ
lÕeffet thŽrapeutique de la somatostatine
(essentiellement les sous-types 2 et 5) four-
nirait un argument supplŽmentaire de choix
de stratŽgie thŽrapeutique. En effet, il nÕy a
pas de parallŽlisme strict entre la positivitŽ
de la SRS et la prŽsence du sous-type 2 du
rŽcepteur de la somatostatine (10). Dans ces
conditions, il nous semble que lÕindication
dÕune SRS ne se justifie pas au seul vu
dÕune Žventuelle prescription dÕanalogues
de la somatostatine pour un patient atteint
de TNE.
SRS et caractérisation tissulaire
Il est important de rappeler que lÕexpression
de rŽcepteurs de la somatostatine nÕest pas
spŽcifique des TNE. Elle peut se rencontrer
dans dÕautres tumeurs ou pathologies
bŽnignes inflammatoires ou granuloma-
teuses. Une SRS positive ne peut donc pas
ˆ elle seule permettre de poser le diagnostic
de TNE. LÕexpression membranaire de
rŽcepteurs de la somatostatine est plus frŽ-
quente dans les TNE bien diffŽrenciŽes,
mais nÕest pas absente des TNE peu diffŽ-
renciŽes. Cette caractŽrisation tissulaire
doit donc rester lÕapanage de lÕanalyse his-
tologique qui, en plus des caractŽristiques
de diffŽrenciation, permet dÕapporter des
renseignements sur lÕagressivitŽ tumorale.
Conclusion
La SRS ne peut •tre une modalitŽ unique
dÕimagerie des TNE. Sa place dans lÕexplo-
ration de ces tumeurs reste, dans tous les cas,
complŽmentaire de lÕimagerie convention-
nelle. La stratŽgie optimale dÕimagerie de
ces tumeurs reste discutŽe, en particulier
pour les tumeurs digestives et bronchiques.
NŽanmoins, la place de la SRS en premi•re
intention de lÕexploration des TNE, gastri-
nomes et paragangliomes de la t•te et du cou
est actuellement bien Žtablie. Ë lÕopposŽ,
cette technique dÕimagerie ne doit plus •tre
employŽe dans lÕexploration des cancers
mŽdullaires de la thyro•de. Pour toutes les
autres TNE, la complŽmentaritŽ de la SRS et
de lÕimagerie conventionnelle incite ˆ dŽfinir
une population cible pour laquelle le rende-
ment de la SRS serait maximal. Dans tous
les cas, le cožt de la SRS incite ˆ Žvaluer
avec prŽcision ses performances, notamment
en la comparant ˆ une imagerie convention-
nelle standardisŽe. Une telle dŽmarche per-
mettra de situer au mieux la place de la SRS
dans la stratŽgie dÕimagerie des TNE. ■
Remerciements
Sylvie David pour l’aide de secrétariat,
et les infirmières et manipulateurs
du service de médecine nucléaire.