Propos recueillis par Tanina Ait
En définitive, on rappellera que, pour confirmer la nature
endocrinienne, on procède à l’examen histologique, une
fois la tumeur primitive détectée, ou en cas de métas-
tases.
Voilà, donc, un bilan complet, à la lumière duquel le pa-
tient sera classé, pour recevoir un traitement adéquat.
Qu’en est-il justement du traitement ?
Pour le gastro-entérologue, la première étape du traite-
ment demeure symptomatique; mais, essentiellement,
chez le patient qui présente des tumeurs fonctionnelles
symptomatiques comme, par exemple, le syndrome car-
cinoïde; car, ce type de patient risque de faire une compli-
cation très grave, dans la mesure où l’on devrait procéder
à une biopsie, il fera, alors, une crise carcinoïde, qui met-
tra en jeu son pronostic vital.
Aussi, doit-on stabiliser le patient, pour un traitement
symptomatique, qui est, soit la Somatuline, soit l’octréo-
tide, action retard, sous forme LP.
Si nous sommes face à un gastrinome, on prescrit, essen-
tiellement, des IPP, afin d’éviter ses complications hémor-
ragiques. Ce traitement soulage les patients, en attendant
de l’orienter vers la chirurgie. En conséquence, dans le cas
d’une tumeur localisée, il faudra l’enlever. Si c’est métas-
tasé on aura recours à la chimiothérapie, à titre palliatif.
Quelles sont l’incidence et la prévalence des TNE ?
Nous ne possédons pas de registre, à l’heure actuelle, ni
au niveau régional, ni national et c’est à ce niveau que
réside la diculté.
Cependant, les structures d’anatomie-pathologie re-
çoivent les pièces opératoires et ce peut être, là, un départ
d’analyse statistique.
A l’échelle internationale, la prévalence est inférieure à 1%.
Concernant l’Algérie, je ne saurais vous le dire; mais, sans
aucun doute, la prévalence est sous-estimée.
Quelles sont les TNE les plus fréquentes ?
Les plus fréquentes sont celle de l’intestin grêle, puis, celle
du pancréas; néanmoins, on n’y retrouve pas, toujours, la
tumeur primitive, bien que les patients nous arrivent avec
un tableau clinique de syndrome fonctionnel évident.
Est-ce que tous les moyens humains et matériels sont
présents et disponibles, pour diagnostiquer les TNE ?
Concernant le diagnostic, les moyens existent; mais,
pas susamment. Les dosages biologiques, comme la
chromogranine, se font au CPMC;
par contre, ceux de
la gastrinémie s’établissent de manière irrégulière et à
titre externe, auprès des laboratoires privés et envoyés à
l’étranger, pour interprétation. Ces examens sont onéreux
et au frais du patient.
S’agissant des endoscopies, on ne constate pas de di-
cultés, pour le scanner et l’IRM. Quant à l’octréoscan, il n’y
a, malheureusement, que deux centres à Alger; à savoir, le
CHU Amine Debaghine, en médecine nucléaire (ceci de-
meure insusant, au vu de la forte demande) et au niveau
de l’hôpital de Ain Naâdja; mais, l’accès reste restreint.
Par ailleurs, de temps en temps, nous constatons des rup-
tures de consommables et de tout le matériel qui va avec
* Professeur Nassima Bounab,
service gastro-entérologie - CHU Mustapha Bacha – Alger.
Bientôt, l’élaboration
d’un registre de TNE,
à l’ouest du pays
Dr Nadia Ameziane*, à Santé Mag,
Santé Mag: Quel est l’état des lieux de la prise en charge des
TNE, à l’Ouest du pays ?
Dr Nadia Ameziane: Au niveau d’Oran, nous sommes en train
de lancer la prise en charge des TNE, afin déjà d’aboutir à un
registre y aérent, nécessaire à sa codification. Les TNE sont,
certes, des maladies rares et nous recevons 4 à 5 malades, par
an, au niveau de notre service; mais, leur thérapie nécessite une
approche pluridisciplinaire: oncologues, chirurgiens viscéra-
listes, gastro-entérologues, endocrinologues, radiologues etc…
Qu’en est-il des moyens de diagnostic et des médicaments
des TNE ?
Au plan de l’imagerie médicale, nous ne disposons pas, encore,
au CHU, de tout le matériel nécessaire; notamment, fonctionnel.
Aussi, doit-on disposer, au plus vite, de ce type d’équipement;
sinon, tous nos eorts seront vains, pour la prise en charge thé-
rapeutique, bien que les médicaments soient disponibles.
Y a-t-il une tranche d’âge plus touchée que d’autres, par les
TNE ?
La tranche d'âge la plus concernée se situe autour de 60 ans;
mais, comme il a été dit, par les diérents intervenants, il peut
être constaté des cas beaucoup plus jeunes; voire, 25 ans ou
beaucoup plus vieux avec, toutefois, une prédominance glo-
bale féminine et ce dernier point n’est pas, encore, élucidé.
Un mot, pour conclure….
Je souhaite, fortement et également, une plus grande concer-
tation entre les diérents spécialistes, impliqués dans le traite-
ment des TNE, pour en améliorer la prise en charge
* Docteur Nadia Ameziane,
maître-assistante, au CHU d’Oran.
Santé-MAG
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