Analyse économique et organisationnelle de l’éducation thérapeutique dans la prise en charge des maladies
chroniques
Haute Autorité de santé - Service évaluation médico-économique et santé publique
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INTRODUCTION
L’éducation thérapeutique du patient (ETP) n’est pas une discipline bioclinique classique.
C’est une pratique et un domaine scientifique jeune, évolutif, aux confins de la médecine,
des sciences de l’éducation, de la pédagogie de la santé, et plus largement des sciences
humaines et sociales (pédagogie, psychologie de la santé, sociologie, anthropologie, etc.).
De plus en plus, les professionnels de santé et leurs instances (sociétés savantes, collèges,
etc.), les patients, leurs proches et leurs associations, ainsi que les institutionnels (ministère
de la santé, caisses d’assurance maladie) souhaitent à la fois, un développement ou une
pérennisation de l’éducation thérapeutique du patient (ETP) en tant qu’élément
indispensable de la prise en charge d’une maladie chronique, la définition des bonnes
pratiques, une prise en charge financière, et dans le même temps une évaluation en termes
d’efficacité et d’efficience.
Tout cela concourt à la nécessité d’apporter des réponses sur ces différents points aux
acteurs concernés par l’ETP. C’est pourquoi la demande initiale de la Caisse nationale
assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS), d’élaboration de recommandations
concernant l’ETP, a donné lieu à des travaux complémentaires, dont une analyse des
conditions organisationnelles et financières du développement de l’éducation thérapeutique
en France.
L’analyse des conditions dans lesquelles l’éducation thérapeutique est actuellement
proposée montre que l’offre est diversifiée mais peu coordonnée, que les programmes
développés sont hétérogènes et ne suivent pas systématiquement les étapes identifiées d’un
programme de qualité, et que le financement n’est pas adapté. Il semble que seule une
faible proportion de patients atteints d’une maladie chronique a effectivement accès à une
ETP. Parallèlement, on observe une volonté institutionnelle forte de développer une
démarche d’ETP de qualité, adaptée à la problématique des maladies chroniques.
La HAS a souhaité compléter cet état des lieux par une enquête dont l’objectif est une
description des modalités organisationnelles et financières de l’éducation thérapeutique dans
le secteur des soins de ville. En effet, ce secteur n’avait jusqu’à lors fait l’objet d’aucune
étude spécifique, au contraire du secteur hospitalier. Plus exactement, l’enquête est centrée
sur les structures mobilisant des professionnels libéraux non hospitaliers. Elle comporte une
enquête téléphonique sur la base d’un questionnaire semi-directif et l’étude monographique
de cinq actions.
L’enquête téléphonique, qui porte sur 59 structures, a pour objectifs : de mieux cerner le
champ d’intervention et le type de programmes mis en œuvre par des structures ancrées
dans le secteur ambulatoire ; de mesurer l’implication des professionnels de santé libéraux
dans des programmes structurés d’éducation thérapeutique et d’appréhender les différents
modes de rémunération de ces professionnels.
Afin de mieux observer les dynamiques en jeu dans la mise en place de tels programmes
dans le secteur ambulatoire, il était intéressant d’approfondir l’analyse sur un petit nombre de
structures. Nous avons ciblé cinq structures pour lesquelles l’éducation thérapeutique est le
principal levier d’action, en fonction de leur capacité à produire des informations qualitatives
et quantitatives sur leur activité.