Maxime
1
évidemment dans le but de le distinguer de Caton d’Utique, ou Major,
qui se trouve dans le titre du De Senectute de Cicéron, ou encore Senex, comme
il est fréquemment nommé, de même qu’Ennius et d’autres de ses
contemporains, par les écrivains postérieurs
2
.
Ce qui a pu contribuer à l’erreur de Plutarque, ou de l’historien latin auquel il a
probablement emprunté ce détail, c’est que Priscus était un véritable surnom
3
, et
qu’il appartenait même à une famille de la maison Porcia, comme le prouvent
deux inscriptions de Gruter
4
. Mais cette famille ne semble pas avoir joué de rôle
dans l’histoire, et il n’est jamais question d’elle chez aucun écrivain. Faudrait-il
s’étonner qu’un historien, connaissant l’existence des Porcius Prisons, et
rencontrant le mémo surnom accolé au nom de notre héros, eût cru que ce
dernier appartenait à la même famille
Un second cognomen de Caton, c’est celui de Censorius
5
ou plus rarement
Censor
6
, qui lui vient de l’éclat avec lequel il avait géré la censure
7
. Au lieu de
Censorius, on lit aussi Orator
8
, en souvenir des nombreux discours qu’il a écrits
ou prononcés, ou Sapiens
9
, à cause de son expérience des affaires.
Malgré les contradictions des anciens, on peut fixer avec assez de certitude la
date de la naissance de Caton. On sait par des témoignages positifs qu’en 149, il
accusa devant le peuple Servius Galba
10
; ce fut aussi, d’après Cicéron qui sur
ce point n’a jamais été démenti, la date de sa mort. Il avait alors, selon l’orateur,
85 ans ; par con, séquent il serait né en 234. Mais ici commence le désaccord.
Tite-Live, et avec lui Plutarque, disent formellement qu’il avait 90 ans quand il
accusa Galba, ce qui reporterait sa naissance à l’année 239, et Valère Maxime,
sans être aussi explicite, semble cependant être du même avis
11
. Il n’y a pas à
1
Valère Maxime, 3, 2, 16 ; 3, 7, 7 ; 4, 3, 11 ; 8, 15, 2. Cf. 3, 4, 6, où Caton d’Utique est
appelé posterior Cato.
2
Cicéron, p. Sull., 7, 23 ; de off., 2, 25 ; de Rep., 2, 1 ; Charis. p. 202 K ; id., pp. 206,
215, 219 ; Cæcil. Balb. de nug. phil., éd. Wöllflin, p. 13.
3
Suétone, Tibère, 42, et Pline le Jeune, dont plusieurs correspondants portent le nom de
Priscus. Prisci, dit Niebuhr, était le nom propre des conquérants aborigènes, qui devint
plus tard adjectif, de même que Casci. (Hist. Rom., introd.)
4
Thesaurus Inscriptionum, p. 458, 6, et surtout 121, 1. Cette dernière inscription est
reproduite et commentée par Gesner dans son édition du Re Rustica de Caton.
5
Pline, H. N., præf. 26 ; 7, 12 et 31 ; 19, 6 ; 36, 53 ; Aulu-Gelle, 13, 9, 6 et 13, 23 ;
Tacite, Ann., 3, 66 ; Sénèque, ep. 87 ; Florus, 2, 17, 19 ; Quintilien, 1, 17, 23 ; 3, 1, 19
; 9, 4, 39 ; 12, 1, 35 ; 12, 11, 23. Dans Aurelius Victor on lit Censorinus, mais peut-être
la leçon est-elle fautive, de même que dans Gruter p. 458, 4.
6
Pline, H. N., 8, 78.
7
C’est l’opinion générale. Ammien Marcellin, 16, 5, est d’un autre avis : Tusculanus
Cato, cui Censorii cognomen castior vitæ indidit cultus.
8
Justin, 33, 21.
9
Cicéron, de amic., 2 : Cato quia multarum rerum usum habebat, multa ejus et in
senatu et in fore vel acta constanter vel responsa prudenter ; propterea quasi cognomen
jam habebat in senatu sapientis. L’idée de sagesse philosophique n’était nullement
contenue dans ce mot, pas plus que dans celui de Cato. — V. encore Cicéron, Verr., 2, 2,
et 5, 70 ; Legg. Agr., 2, 24 ; de Legg., 2, 2 ; de off., 3, 4 ; Aulu-Gelle, 14, 2, 21 ;
Quintilien, 12, 7, 4 ; Tertullien, Apologétique, 11.
10
Tite-Live, 39, 40 ; Plutarque, 15 ; Cicéron, Brut., 15, 61, et 20, 80 et 90 ; Valère
Maxime, 8, 7, 1 ; Aurelius Victor, 47 ; Pline, 14, 44 et 29, 12 ; Velleius Paterculus, 1, 13.
11
Valère Maxime, 8, 7, 1 : Cato sextuor et octogesimum annum agens.... ab inimicis
capitali crimine accusatus suam causam egit.... Quin etiam in ipso diutissime actæ vitæ
fini disertissimi oratoris Galbæ accusation defensionem suam pro Hispania opposuit. Au